Sony Labou Tansi
392 pages
Français

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Sony Labou Tansi , livre ebook

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Description

L'écriture de Sony Labou Tansi est une écriture subversive, "J'écris pour qu'il fasse peur en moi" dit-il dans la préface de La vie et demie. Les dictatures sont toujours abjectes, elles humilient les hommes. Décrire la violence aveugle qu'elles engendrent suscite un sentiment d'horreur. Sony Labou Tansi n'épargne donc pas son lecteur, mais loin d'attendre de lui de l'empathie, il préfère le bousculer, le déranger, le déstabiliser dans ses habitudes mêmes de lecteur. L'esthétique sonyenne renouvelle ainsi les codes traditionnels du roman pour les mettre au service d'une vision du monde. Le défi de Sony Labou Tansi est aussi un défi littéraire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2010
Nombre de lectures 210
EAN13 9782296934931
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SONY LABOU TANSI

La subjectivation du lecteur dans l’œuvre romanesque
Approches littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet .

Dernières parutions

B. CHAHINE, Le chercheur d’or de J. M. G. Le Clézio, problématique du héros , 2010.
Y. OTENG, Pluralité culturelle dans le roman francophone , 2010,
Angelica WERNECK, Mémoires et Désirs. Marguerite Duras/Gabrielle Roy , 2010.
Agnès AGUER, L’avocat dans la littérature du Moyen Âge et de la Renaissance , 2010.
Sylvie GAZAGNE, Salah Stétié, lecteur de Rimbaud et de Mallarmé. Regard critique, regard créatif , 2010.
Élodie RAVIDAT, Jean Giraudoux : la crise du langage dans La guerre de Troie n’aura pas lieu et Électre , 2010.
A. CHRAÏBI, C. RAMIREZ, L’héritage des Mille et une nuits et du récit oriental en Espagne et en Occident , 2009.
Gloria SARAVAYA, Un dialogue interculturel , 2009.
Nelly MAREINE, Henri Miller, Biaise Cendrars. Deux âmes sœurs , 2009.
Christian PAVIOT, Césaire autrement. Le mysticisme du Cahier d’un retour au pays natal , 2009.
Liza STEINER, Sade-Houellebecq, du boudoir au sex-shop , 2009.
Jamal ZEMRANI, Sémiotique des textes d’Azouz Begag , 2009.
May FAROUK, Tahar Ben Jelloun. Etude des enjeux réflexifs dans l’œuvre , 2008.
Christian MBARGA, Emile Zola : les femmes de pouvoir dans Les Rougon-Macquart , 2008.
Jeanne FOUET-FAUVERNIER, La Mère du printemps, de Driss Chraïbi. Etude pédagogique , 2008.
Emeline PIERRE, Le caractère subversif de la femme antillaise dans un contexte (post) colonial , 2008.
Eric SHIMA, A. Césaire, Cahier d’un retour au pays natal et Tchicaya U Tam’si. Approche comparative , 2008.
Claude LEIBENSON, Federico Garcia Lorca : images de feu, images de sang , 2006.
Sonia EUZENOT-LE MOIGNE


SONY LABOU TANSI

La subjectivation du lecteur dans l’œuvre romanesque


L’H ARMATTAN
À mon père.


© L’H ARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12061-7
EAN : 9782296120617

Fabrication numérique : Socprest, 2012
INTRODUCTION
La vie et demie est une fable. Sony Labou Tansi y insiste. La fable est violente, dérangeante, féroce et déroutante, la vigueur d’écriture est telle qu’elle séduit autant qu’elle désarçonne. L’écrivain fait preuve d’inventivité et son réalisme ne peut que bouleverser le lecteur peu habitué à basculer dans un univers aussi brutal. L’œuvre est très originale. Même si ces cinq autres récits publiés sont tous très différents, à l’image de ses poèmes et ses pièces de théâtre, le lecteur sait toujours quand ce qu’il lit est signé Sony Labou Tansi.
Dans un entretien avec Bernard Magnier, en 1993, il récuse le mot « roman » pour qualifier ses six récits. Dans un article sans titre, publié dans L’autre monde par les éditions Revue noire (p. 38) il affirme cependant : « Je vais vous donner la raison principale pour laquelle j’écris : j’écris parce qu’il faut remettre à plus tard la mort du roman (…) l’inexistence du roman africain ». Le mot « roman » serait problématique.
Les mots à choisir sont toujours le fruit de choix difficiles pour Sony Labou Tansi comme si pour cet écrivain, les mots pouvaient être invalides, comme s’ils avaient le plus grand mal à identifier, à nommer sans trahir ou déformer, comme si les mots n’avaient rien de sémantiquement stables. La tension qui associe les opposés fragilise le langage. Sony Labou Tansi en fait le ressort principal de son œuvre marquée par la nécessité de donner aux mots couchés sur le papier toute leur force d’expression. Le nom de la forme littéraire à donner aux narrations de l’écrivain est ainsi à définir.
La voix très personnelle de cet artiste congolais entraîne d’abord son lecteur dans les méandres d’un véritable univers dont la littérature est l’expression. Poèmes, pièces de théâtre, nouvelles, fables et récits, articles, la voix de Sony Labou Tansi, mort en 1995 est audible parce que ce conteur a d’abord les mots comme sujet à travailler et que le lecteur comprend très vite que lui aussi va devoir les interroger. Il sera placé à ses côtés.
Ouvrir La vie et demie , sans doute le texte le plus singulier, le plus original parmi ses récits, invite à entrer dans l’histoire de Chaïdana. Le livre commence comme un conte dont on reconnaît d’abord la facture, mais le sentiment de sécurité qui naît de la familiarité avec des formes littéraires connues est très vite ébranlé au point d’être dérangé, bousculé quand le récit bascule dans la violence la plus crue, la plus réaliste et que l’on assiste à une scène de torture interminable. Certes, les contes sont très souvent violents, mais ici Sony Labou Tansi n’épargne rien à son lecteur des souffrances atroces que subit longuement Martial. Lire devient dérangeant, met mal à l’aise sans que jamais pourtant l’envie de fermer le livre ne l’emporte sur l’envie de découvrir plus avant l’extraordinaire inventivité du texte.
L’anté-peuple avant lui avait décrit le passage à tabac de Dadou par les bérets, L’État Honteux après lui, décrit le lent travail de « Maître Rognons » pour faire parler les opposants. La violence et même l’extrême violence sont bien présentes dans l’œuvre narrative de Sony Labou Tansi même si les séances de torture des premiers textes laissent la place au meurtre, celui d’Estina Benta par son mari dans Les sept solitudes de Lorsa Lopez , par exemple. Les corps y sont maltraités, découpés comme celui de « la petite » ou de « Laure et la Panthère » par Martillimi Lopez dans L’État Honteux , comme si mettre le corps en pièces était l’expression charnelle d’une forme littéraire qui chercherait à dire la violence destructrice d’un monde inacceptable et inéluctablement moribond. Sony Labou Tansi est un écrivain du XX° siècle qui ne peut, à l’évidence, détourner les yeux de la réalité d’un siècle marqué par les génocides. Au lecteur de la regarder en face avec lui.
Les Yeux du Volcan , puis Le Commencement des douleurs {1} après lui sont, de ce point de vue, moins insoutenables parce que ce motif terrible du dépeçage laisse la place à une forme de violence moins cruelle tout en étant encore très douloureuse. Le colosse et Benoît Goldmann dans le premier de ces textes, Hoscar Hana et la population de Hondo-Noote dans le second sont des personnages tout aussi découpés, morcelés, mais la violence qu’ils subissent est cette fois métaphorique de leur perte d’identité. Ce motif est déjà présent dans E et S. La référence aux différents baptêmes qu’ont subis les pays d’Afrique aux cours des derniers siècles et aux profondes difficultés qu’ils n’ont pas manqué d’engendrer est explicite. Sony Labou Tansi rédige des fables dit-il, mais ses fables ne sont jamais moins réalistes que l’actualité contemporaine.
L’écrivain congolais fait le choix d’une verve exhibitionniste qui bouleverse les codes narratifs parce qu’une telle réalité ne peut se conformer à des cadres qui assagissent les mots. Pour dire la violence, les mots eux-mêmes doivent être violentés pour qu’ils finissent par avouer leur ambiguïté coupable. Les mots eux-mêmes ont le statut de personnages principaux de l’œuvre de Sony Labou Tansi.
V raconte l’histoire de Chaïdana, fille de Martial au moment où la forêt a laissé sa place au béton qui l’a couverte comme elle a figé les cerveaux des Hommes. Pour avoir refusé de se plier aux lois scélérates du Guide Providentiel, son père, sa famille avec lui, vont être torturés, disloqués sans que jamais le dictateur ne parvienne à étouffer la voix de l’opposant et de ses partisans. Les œuvres de Sony Labou Tansi font entendre des cris qui ne sont pas seulement ceux des suppliciés mais qui sont ceux de qui ne veulent pas se taire, qu’ils soient victimes ou bourreaux. L’écriture sonyenne n’est donc jamais marquée par l’apaisement, elle est toujours tendue entre des pôles qui bandent dans des sens opposés. La tension qui en résulte est tellement puissante que la lecture ne peut pas être confortable : non pas au point de ne pas pouvoir distinguer les coupables des victimes, sûrement pas, mais parce que c’est le lien qui s’établit dans ce rapport de forces qui est à observer. Il est imprévisible. Pourquoi, en effet Dadou, directeur modèle d’une école de jeunes filles devient-il si vite l’homme qui a sombré totalement dans l’alcool dans A ? Pourquoi, le révolutionnaire Benoît Goldmann dans Y, ne tire-t-il plus que sur des souris avec sa vieille pétoire ? Non pas p

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