Stendhal secret
101 pages
Français

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Stendhal secret , livre ebook

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Description

« Qui suis-je ? » s'interroge Stendhal à longueur de pages, que ce soit dans ses écrits de jeunesse, sa correspondance, les marges des livres de sa bibliothèque ou encore ses romans. Acquérir une connaissance impartiale de soi-même, parvenir à la vérité pour toucher à l'idéal de la vie humaine, telle est la quête qui sous-tend l'intégralité de l'oeuvre de l'écrivain grenoblois. Pour autant cette aspiration n'est pas immédiatement perceptible. La célèbre dédicace "To the happy few" ne serait alors qu'un avertissement destiné à inviter les quelques heureux, susceptibles d'accéder à ce second sens, à décrypter chaque allusion en apparence superfétatoire afin que l'intégralité de l'ouvrage se révèle à eux.

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Informations

Publié par
Date de parution 11 décembre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336858456
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Dernières parutions
Approches littéraires

Cette collection réunit des essais et travaux divers dans les domaines des études et de l’histoire littéraires, dont des monographies.

Dernières parutions

Armelle DE LAFFOREST, En-quête à Bagatelle sur Tristan Corbière (1845-1875), 2018.
Lahoucine EL MERABET, Abdelkébir Khatibi, La sensibilité pensante à l’œuvre dans Le Livre du sang, 2018.
Henri DESOUBEAUX, Promenades butoriennes, 2018.
Alekou STELLA, Médée et la rhétorique de la mémoire au féminin, 2018.
Étienne GALLE, Connaître Wole Soyinka, 2018.
Jacques LAYANI, Romanciers populaires. André Caroff, Ian Fleming, Boileau-Narcejac, Jean-Claude Izzo, 2018.
Gilles GONTIER, Sur le poème jamais écrit, En lisant Pascal Quignard, 2018.
Jean-Claude MARY, Aldous Huxley, le prophète oublié et Michel Houellebecq en contrepoint, 2018.
Piero LATINO, La Promenade de Nerval, Souvenir et rêve, 2018.
Didier CHRISTOPHE, L’imaginaire et l’inconscient chez Jean de La Ville de Mirmont. Création littéraire et psychanalyse, 2017.
William SOUNY, Warsan Shire, Une voix poétique féminine de la diaspora somalienne, 2017.
Marie-Christine BRIÈRE, Jusqu’à ce que l’enfer gèle. Hommage à Thérèse Plantier , 2017.
Ali ABASSI, Flaubert dans le texte, Études sur la poétique romanesque , 2017.
Maya OMBASIC, Paysages urbains et mélancolie chez Ohran Pamuk, 2016.
Mamadou Abdoulaye LY, Malraux et la poésie, 2016.
Gilles GONTIER, L’Ermite et le Renégat , 2016.
José FONTAINE, La gloire secrète de Joseph Malègue, 2016.
Anne-Aurore Inquimbert






Stendhal secret

To the happy few
Copyright



























© L’Harmattan, 2018
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-85773-2
Exergue


« Mais Beyle qu’avez-vous donc ? Que veut dire tout ce que vous faites ? »
S TENDHAL
A VANT-PROPOS
Né le 23 janvier 1783 à Grenoble, Marie Henri Beyle est le deuxième fils de Chérubin Beyle, avocat au Parlement de Grenoble et d’Henriette, née Gagnon. Dauphinois de par son ascendance paternelle – les Beyle étaient originaires du Vercors – et méridional de par son ascendance maternelle, Henri est un enfant sensible et solitaire. L’éducation bourgeoise, rigide et étroite, qu’il reçoit après la mort de sa mère en 1790, exacerbe les traits de son caractère et le contraint à se réfugier dans l’imaginaire. Très vite, il parvient à puiser dans les livres et en lui-même ce que les siens semblent incapables de lui donner. Seul son « excellent grand-père », Henri Gagnon (1728-1813), trouve grâce à ses yeux. Médecin libéral et progressiste, c’est lui qui éveille le jeune Beyle à la « connaissance du cœur humain 1 ». Si bien que dans ses dernières années, celui qui est devenu l’écrivain Stendhal ne cesse de lui rendre hommage. Dans ses manuscrits, il évoque et dessine volontiers la « lanterne grand paternelle 2 » ou encore déclare ouvertement être son « véritable petit-fils ». En 1839, il le fait apparaître dans l’un de ses plus célèbres romans, La Chartreuse de Parme, sous les traits du personnage de l’abbé Blanès. Henri Gagnon est un humaniste. Derrière son désir d’initier son petit-fils à cette « connaissance du cœur humain » se trouve une question universelle ; celle que Stendhal ne cessera de se poser : « Qui suis-je ? »
Acquérir une connaissance impartiale de soi-même, parvenir à la vérité pour toucher à l’idéal de la vie humaine, telle est la quête qui sous-tend l’intégralité de l’œuvre de l’écrivain grenoblois. Mais, comme il se doit, celle-ci n’est pas immédiatement perceptible. Ainsi, à l’instar des cultes à Mystères de l’Antiquité – dont le sens premier accessible au plus grand nombre cachait un sens second qui ne se révélait qu’aux initiés – le roman stendhalien contient une dimension ésotérique. Dès lors, la célèbre dédicace « To the happy few » ne serait qu’un avertissement destiné à inviter les « quelques heureux », susceptibles d’accéder à ce second sens, à pénétrer chaque scène étrange, à décrypter chaque allusion en apparence superfétatoire ou chaque mot a priori incongru afin que l’intégralité de l’ouvrage se révèle à eux. L’appartenance d’Henri Beyle à la franc-maçonnerie, son goût sans limite pour les pseudonymes et la cryptographie, sa manie du secret, mais aussi ses vastes connaissances philosophiques, littéraires, artistiques et religieuses sont autant d’éléments permettant d’attester de sa capacité à s’investir dans un tel travail. Armance, Le Rouge et le Noir et La Chartreuse de Parme sont trois romans initiatiques à la fin desquels Stendhal dévoile le degré d’accomplissement de soi auquel ses principaux personnages sont arrivés. Si ces trois romans, publiés de son vivant, sont traversés par un idéal spirituel similaire, ils diffèrent néanmoins sur un point : celui de la place accordée à la symbolique maçonnique. Il faut attendre La Chartreuse de Parme pour que Beyle s’autorise à y faire de nombreuses références. Ce dernier ouvrage, mentalement abouti avant sa rédaction – il prend sa forme définitive en cinquante-deux jours de dictée fin 1838 –, semble clore un long voyage intérieur débuté à l’aube du XIX e siècle.
« (Je lis avec beaucoup de plaisir l’Esprit des lois. J’ai été reçu franc-maçon vers le 3 août) (123 livres) 3 . » C’est avec cette unique phrase écrite entre parenthèses et insérée dans son Journal , à la date du 20 août 1806, qu’Henri Beyle évoque, au-delà de l’intérêt qu’il porte alors à Montesquieu, son appartenance à la franc-maçonnerie. Aucune autre allusion relative à celle-ci n’apparaît distinctement dans ses différentes œuvres autobiographiques y compris dans les plus emblématiques que sont les Souvenirs d’égotisme et la Vie de Henry Brulard. Aussi, gênés par la matière quasi-inexistante laissée par l’écrivain, les stendhaliens de toutes les époques n’évoquent que très rarement le fait que Beyle a appartenu à la loge Sainte-Caroline du Grand Orient de France. Il suffit de consulter les chronologies biographiques figurant à la fin des rééditions de ses ouvrages, et ce quelque soit l’éditeur, pour remarquer que l’année 1806 est généralement vierge de toute mention relative à sa « réception ». Quant aux rares commentateurs qui ont décidé de l’aborder, ils précisent souvent que Stendhal fut un franc-maçon peu assidu tout en négligeant tout ou partie des rares sources disponibles. Seuls Annie Collet, Dieter Diefenbach, Pierre Alain Bergher et Lydia Bauer se sont risqués à montrer que la franc-maçonnerie et l’alchimie tenaient une place évidente dans l’œuvre de Stendhal 4
La dédicace « To the happy few » indiquait pourtant, dès son apparition en 1817, une possible voie interprétative. Puisée selon toute vraisemblance chez Shakespeare, « We few, we happy few, we band of brothers… » ( Henri V, acte IV, scène 3), cette dédicace peut être rapprochée du refrain d’une chanson maçonnique du XVIII e siècle que Beyle a retranscrit de mémoire, en 1818, dans l’un de ses manuscrits. En outre, vivant en Italie à cette époque, cette retranscription tend à prouver qu’il était affilié à une loge milanaise du Grand Orient d’Italie :
« Après le repas on chante :
Per questa mistica dolce catena
Sempre s’uniscano i nostri cuor.
Joignons-nous mains en mains,
Tenons-nous ferme ensemble,
Rendons grâces aux Destins
Du nœud qui nous rassemble 5 . »
1818 est aussi la date à laquelle ses amis italiens (qui, pour la plupart, appartenaient à la franc-maçonnerie et à la charbonnerie) créent clandestinement le journal Il Conciliatore dont la finalité était de contrer la propagande conservatrice de l’Autriche en Italie. Une terrible répression s’abat sur eux. Si bien qu’en juin 1821, Stendhal est à son tour suspecté par la police milanaise d’ap

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