Sur la route des sentiments
244 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Sur la route des sentiments , livre ebook

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244 pages
Français

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Description

Cette histoire, aux couleurs autobiographiques, relate la vie mouvementée de Sophie, personnage principal d'une vaste saga familiale. Les circonstances de la vie et l'amour la propulsent dans diverses parties du monde, et au sein de milieux sociaux et culturels parfois très différents. Au travers de ses profonds remous sentimentaux, une constante, la recherche d'un père à peine connu, puis devenu introuvable ou innaccessible, jusqu'à ce qu'une quête inlassable trouve enfin, brièvement, sa récompense.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2012
Nombre de lectures 24
EAN13 9782296490963
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sur la route des sentiments
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-96981-0
EAN : 9782296969810

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Jacqueline P AYSSAN


Sur la route
des sentiments


Roman
Prologue I
« Les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes. Pour les uns, qui voyagent, les étoiles sont des guides. Pour d’autres, elles ne sont rien que de petites lumières… »
Antoine de Saint-Exupéry


Ce matin-là, Paris s’éveillait sous un ciel blafard. Une bise perçante soufflait dans les arbres qui paraissaient frissonner. Peut-être sanglotaient-ils encore après les terribles émeutes consécutives à l’Affaire Stavisky, qui n’était vieille que de quelques jours. Nous étions en février 1934.
Levée tôt, Isabelle, une pétillante jeune femme aux airs de Ginger Rogers, avait passé un temps infini à choisir sa toilette. Finalement, elle avait opté pour une robe, en jersey beige, qui la moulait comme une seconde peau. Prête à sortir, elle enfila une redingote en drap de laine rouge érable, puis, devant son miroir, ajusta une toque assortie, dont la bordure de loutre marron sublimait la douceur de son charmant visage. Dehors, un froid implacable ajouta deux grosses gouttes dans l’océan de ses yeux bleus.
Dans la rue La Bruyère, pratiquement déserte, on ne remarquait que son élégante silhouette, pressant ses pas légers jusqu’au métro de la Place Clichy. Elle arriva très en avance devant la grille principale de l’hôpital Lariboisière. Elle connaissait bien ces grands bâtiments, vieux d’une centaine d’années, où elle avait subi deux opérations qui avaient particulièrement retenu l’attention du personnel médical. C’est lors de la première intervention qu’elle avait rencontré Eduardo, jeune étudiant en médecine, alors stagiaire en chirurgie. Tout au long de sa convalescence, il l’avait beaucoup aidée. Et l’intérêt qu’ils avaient éprouvé l’un pour l’autre s’était peu à peu mué en un sentiment plus profond, puis en une relation suivie.
En attendant Eduardo, des pensées vinrent l’assaillir.
Jusqu’à présent, manifestement, il ne tenait pas à la mettre en présence de sa famille, au sujet de laquelle il lui avait donné quelques détails. Sa mère, fille d’un consul italien, et son père, fils d’un homme d’affaires grec, s’étaient rencontrés dans Athènes. Quelques années plus tard, après avoir fondé un foyer, ils quittèrent la Grèce pour l’Amérique du Sud, afin d’y rejoindre une partie de leur famille. Arrivé à Bogota, dès l’âge de cinq ans, Eduardo y fréquenta une école française, tenue par des religieux. Puis, ses parents décidèrent de revenir en Europe, à Paris, non seulement pour raisons professionnelles mais aussi pour l’éducation de leurs enfants. Eduardo poursuivit alors ses études jusqu’au baccalauréat. Son père souffrait d’une affection qui le rongeait à petit feu, ce qui l’avait incité, ensuite, à devenir médecin, dans l’espoir de ne plus rester spectateur impuissant devant la détresse de la maladie. Voilà tout ce qu’elle savait de lui. Présentement, il habitait toujours chez ses parents. Et le monde d’Eduardo, sans lui être vraiment connu, lui semblait bien loin du sien, lui donnant parfois l’impression d’un espace infranchissable.
Ceci lui rappela sa propre famille. Son père, Sébastien, avait été gazé dans l’enfer des tranchées de la guerre 1914-1918, et avait disparu quelques années plus tard. Sa mère, Edwige, une belle et plantureuse Alsacienne, dotée d’un caractère bien trempé et d’un courage à toute épreuve, après avoir été « Première » dans la Haute Couture parisienne, s’était mise à son compte. Sa petite entreprise tournait bien, grâce à une fidèle clientèle de femmes aisées et de quelques artistes. Du lundi au samedi, elle se levait aux aurores, afin de préparer les tâches respectives des quelques ouvrières qu’elle employait. L’ancienne nounou d’Isabelle, affectueusement appelée Mémène, en réalité Germaine, devenue bonne à tout faire, leur cuisinait les repas de midi, toujours simples mais goûteux et copieux. Edwige y tenait, prétendant que pour bien travailler il fallait avoir le ventre bien plein ! Elle avait refait sa vie avec Bernard, un robuste Auvergnat qui séduisait son entourage par son charme nourri de sourires ravageurs, qu’une fine moustache soigneusement entretenue rehaussait. Depuis son mariage avec lui, Edwige avait décidé de louer un studio pour sa fille, à quelques pas de chez eux. C’est donc là, en même temps très près et très loin de sa mère, qu’Isabelle habitait, seule.
Le peu d’heures libres que lui laissaient ses études, Eduardo les lui consacrait. A chacun de leurs rendez-vous, il lui réaffirmait la sincérité de ses sentiments. Malgré cela, il n’avait, jusque-là, pas voulu prononcer de paroles qui eussent pu ressembler à un engagement définitif.
L’arrivée d’Eduardo la détourna de ses pensées.
Comme à son habitude, elle se jeta dans ses bras et posa un instant la tête sur son épaule, tout en fermant les yeux. Puis, ils se dirigèrent vers la station de métro toute proche et, ayant échangé un long baiser en haut de l’escalier, ils en dégringolèrent joyeusement les marches, tous deux grisés de leur bonheur partagé. Elle aimait cette odeur chaude et si singulière qui se dégageait des bouches du métro parisien. Lui, la détestait, ce qu’elle trouvait surprenant.
Parvenus jusqu’au Boulevard Saint-Germain, ils rendirent visite à des amis, puis ils firent une promenade sur les quais embrumés de la Seine. Et le soir venu, ils allèrent dîner dans leur restaurant favori, près du Square d’Anvers, où l’aimable patronne, aussi plantureuse que ses bons plats, avait fini par les surnommer affectueusement « mes p’tits trésors ».
Au cours du repas, Eduardo annonça la nouvelle qui allait précipiter un nouveau tournant dans leur relation. Ses parents, avait-il dit, conscients des problèmes économiques graves et de l’épidémie d’intolérance qui s’abattait sur l’Europe, avaient pris la décision de vendre leur résidence parisienne pour s’installer, cette fois-ci définitivement, en Amérique du Sud. Eduardo demeurerait, jusqu’à la fin de ses études, chez Louise, une tante de nationalité française, qui habitait le même immeuble.
Définitivement – ce mot seul allait tout bouleverser. Isabelle eut un sombre pressentiment : celui de voir Eduardo disparaître dans cette lointaine Colombie, et pour toujours, dès qu’il aurait décroché son diplôme. Ayant hérité le tempérament déterminé de sa mère, qui disait ce qu’elle pensait et faisait ce qu’elle disait, elle planta ses yeux dans ceux d’Eduardo, pour lui déclarer sans détour :
Chéri, quoi qu’il arrive, je veux un enfant de toi !
Un désir, une demande, d’une irresponsabilité folle, vu les circonstances.
Eduardo, profondément ému par le ton sur lequel elle avait prononcé cette phrase, et alors que « l’enfant » n’était encore qu’une lumière dans les yeux de sa bien-aimée, en accepta l’idée :
Tu l’auras, répondit-il, sans la moindre hésitation.
En prononçant ces deux petits mots, qu’avait-il vraiment dans la tête ? Avait-il l’intention, avant d’aller rejoindre ses parents, d’offrir un enfant comme on offre un cadeau à la femme que l’on aime, comme on laisserait un souvenir de vacances, fût-il d’or ou de chair ? Et elle, n’avait-elle pas pris cette décision, par crainte d’un déclin de leur soleil ?
Ce n’est que bien plus tard, lorsqu’Eduardo entama sa dernière année à la Faculté de médecine, qu’Isabelle se trouva enceinte. Edwige, qui n’avait cessé d’entretenir sa fille, fut choquée et furieuse de cette grossesse. Qui plus est, elle n’avait jamais vraiment accepté cet étudiant étranger, elle qui s’était accrochée à ses racines françaises plutôt qu’allemandes. Son mari afficha une totale indifférence. En Colombie, les parents d’Eduardo n’en furent point informés. Louise fut la seule mise dans la c

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