Sur le fleuve, une calebasse
148 pages
Français

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Description

Wafi, petit orphelin, vit dans un village du Mali, près de son grand-père, figure tutélaire. Etudiant, il séjourne un moment en Côte d’Ivoire puis à Paris. Après un drame dans le village voisin, on le retrouve, adulte, à Toulouse. Il est arrivé dans l'urgence, avec "ses" deux enfants. Il se nomme désormais Aristide. Il rencontre Emeline, jeune femme douce. Leur vie en commun est tumultueuse, due en particulier aux tourments d'Aristide. La naissance de leur fille va-t-elle apaiser cet homme? Ils se séparent. Il disparait après une forte dispute. Où est-il allé se réfugier ? Va-t-il changer ?


L’action se déroule entre le Mali et la France, à Toulouse.







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Informations

Publié par
Nombre de lectures 13
EAN13 9791091294140
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sur le fleuve, une calebasse

CHRISTINE PUEL






Dépôt légal : février 2016
ISBN :979 10 91294 14 0
Couverture : Jeanne Roy www.roy-design.com
www.edition-auzas.fr

De la même auteure :
Le lézard regardait l’étoile
Éditions Mon Petit Éditeur, juillet 2011.
Un dromadaire dans le cœur
Éditions Auzas, février 2012
Que les Maliens et tous les amoureux de
l’Afrique me pardonnent l’intrépidité qui
m’a amenée à imaginer ce roman !

Toute ressemblance avec des personnages
existants ne serait que pur fruit du hasard.
Voilà une histoire qui révèle aux lecteurs l'amour que vous ressentez pour mon cher pays : le Mali. Comme Le Lézard regardait l’étoile , votre premier roman, il laisse transparaître cette connaissance du pays qui ne s'acquiert qu'après de longues années passées dans ses entrailles.
Et j'ai été très émue à la lecture de ce roman car il m’a ramenée à quelques mois en arrière, où le Mali était Paix et Amour, Tolérance et Ouverture, Harmonie et Sérénité !
Un Mali où l’étranger découvrait pleinement le sens du mot « Diatiguiya », la fameuse hospitalité malienne, un Mali, avec ses histoires et ses légendes, qui a toujours séduit à travers les siècles !
Et je suis convaincue que les lecteurs du Sur le fleuve, une calebasse auront envie de découvrir ce beau pays tel qu’il a été et tel qu'il sera encore et non ce pays dévasté et déchiré, sous le joug des envahisseurs animés par les démons de la division sous le prétexte fallacieux de la religion !

Merci Christine et bonne lecture aux lecteurs !
À Bamako, le 30 juillet 2012.

Dr Kadidia Oumar Touré
Chirurgien dentiste
Bamako, Mali
AFRIQUE
Enfance
Wafi avait toujours été très proche de son grand-père. Il avait perdu ses parents quand il était tout jeune. Sa mère était décédée alors qu’il avait trois ans, et son père peu de temps après. À ce propos, il disait en situant ces deuils de façon floue dans le temps :
– Je crois que j’avais entre cinq et six ans, alors je n’ai pas beaucoup connu mon père. ?
De son enfance, il disait :
– Bon, j’ai perdu mes parents, j’ai grandi presque tout seul dans ma tête.
Son unique sœur était de deux ans son aînée. Leurs parents formaient un couple monogame, aussi les deux orphelins s’étaient-ils retrouvés sans frères et sœurs d’un autre lit. Certes, ils avaient été pris en charge par les habitants de Nyènafindougou, "village de la Nostalgie". Ils avaient toujours eu de quoi manger, mais l’absence d’une mère avait été difficile à vivre. Leur cœur était resté balafré. Il subsistait une cicatrice, de celles dont nul ne guérit, faite d’incertitudes, des petites peurs que seule une mère aurait su apaiser. Les femmes du village qui avaient pris soin d’eux n’avaient pas eu le temps de s’intéresser à leurs angoisses enfantines. Il leur avait fallu vivre et grandir avec la sensation d’une perte infinie, qui du reste ne fut jamais nommée. Les évènements arrivaient et il fallait s’en accommoder, le sentiment de fatalité permettait d’endurer le quotidien.
Wafi parlait peu de ces deuils qui avaient eu pour conséquence un éclatement de la famille : très tôt, sa sœur avait été promise à un jeune homme, appelé Bouya. Il appartenait au village voisin nommé Nôfètadougou, "le village suivant". Elle avait été envoyée chez sa future belle-mère, à l’âge de onze ans. Cette dernière s’occupait d’elle, la logeait, la nourrissait et lui apprenait les gestes à faire et les attitudes à avoir pour devenir une bonne épouse. Dans la réalité, elle n’arrêtait pas de travailler, de laver le linge de la famille, de s’occuper des petits enfants, de piler le sorgho ou le mil. Le frère et la sœur se voyaient néanmoins de façon régulière. Ils ne se plaignaient pas de leur sort. Ils se sentaient proches l’un de l’autre, même s’ils ne se parlaient pas beaucoup.
Wafi était resté dans le village de ses parents, là où vivait le père de son père. C’était un garçonnet intelligent. Il avait été décidé qu’il irait à l’école. Quand on vit en communauté, ce n’est pas la personne qui est importante, c’est le groupe. L’individu est le membre indispensable qui permet au clan de survivre, ses désirs doivent se soumettre aux besoins de la collectivité. Il est demandé à chacun, selon les traditions familiales et ses dispositions, de savoir faire quelque chose. Il doit en quelque sorte acquérir une spécialité qui servira à tous, le but étant que le groupe soit bénéficiaire. Ainsi, l’un sera tailleur, l’autre apprendra le métier de tisserand, un autre deviendra forgeron et maîtrisera le feu, un seul devra pouvoir lire et écrire. En quoi cela aiderait-il la communauté si tous savaient lire et écrire ? Il suffisait d’un pour rédiger le courrier administratif indispensable au vingtième siècle, même dans un village du fin fond du Mali.
Le lettré actuel devenant peu à peu aveugle, Wafi avait été désigné comme l’enfant qui prendrait la suite.
Il y avait eu, certes, d’autres garçons qui avaient commencé des études. Malheureusement, l’un était mort de façon brutale, un autre s’était révélé tout à fait sot, incapable d’apprendre l’alphabet, le troisième s’était évaporé. Le soir de sa disparition, le village avait commencé les recherches, il s’était avéré qu’il n’avait pas mis les pieds à l’école, on ne l’avait jamais retrouvé. Enfin, si ! Wafi, lui, l’avait revu. Il était tombé sur lui par hasard, un matin où il avait quitté la concession et se trouvait aux abords du village. Wafi était passé depuis peu dans la "classe d’âge" des cadets. Cette classe d’âge se composait des enfants âgés de six ans, comme lui, à douze ans. Zéli avait onze ans quand il disparut. Une même classe d’âge regroupe les garçons pour les préparer à la vie communautaire qui leur donne une éducation destinée à compléter celle de leur famille. Durant toute sa vie, le jeune reste fidèle aux principes de son flan-ton, l’association divisée en classes d’âge. Même en changeant de résidence, il n’en perd pas pour autant les avantages du flan-ton , ainsi que l’aide et l’assistance dont il aura besoin. Le membre du flan-ton est accueilli partout comme un frère et considéré comme tel, sous réserve qu’il se fasse reconnaître par certains signes et mots de passe appropriés.
Avant l’aube, Wafi était parti à la recherche d’une plante que son grand-père lui avait réclamée et qui ne pouvait être coupée qu’au soleil levant. Il se tenait le dos courbé, ses yeux cherchaient à percer l’obscurité. C’était encore le silence de la nuit. Les chèvres ne s’étaient pas égaillées, les insectes restaient endormis dans les creux de la terre.
Aussi Wafi sursauta-t-il quand il entendit un sifflement près de ses oreilles. Il ne voyait rien, mais apparemment, lui, était observé ! C’était Zéli revenu pour la nuit aux alentours des cases. Il interpella son "adjoint" par le mot de passe :
– Hé, séré !
Wafi sut immédiatement qu’il ne devrait rien lui refuser. Zéli expliqua qu’il s’était enfui et qu’il ne pourrait jamais revenir au village. Il lui avoua qu’il avait commis "une chose" si grave que si on l’attrapait, il serait sans aucun doute tué ou exclu du village. Aussi préférait-il disparaître.
Durant les conversations qu’ils eurent le soir noir ou le matin qui ne connaissait pas encore les couleurs du jour, Zéli raconta peu à peu à Wafi le crime qu’il avait commis et pour lequel il craignait les pires châtiments. Il n’osa pas le lui décrire d’un seul coup. À chaque rencontre, il lui donnait des bribes et Wafi put reconstituer l’affaire :
Zéli avait suivi en cachette le chef de village quand celui-ci était sorti des concessions et s’était dirigé vers le tamarinier, cet arbre fétiche qui "attache la bouche des mauvais esprits" pouvant nuire au village. Il protège le village, ses habitants et leurs biens contre tous ceux qui veulent leur c

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