The avenue in the rain
35 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

The avenue in the rain , livre ebook

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35 pages
Français

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Description


Dans la série : Raconte-moi une photo.


L’image est celle de la femme éternelle. Une image qui se fiche des controverses sur la réalité ou le fantasme de cette « féminité » idéale : de la place de chaque sexe sur le vaisseau de la vie. Cette femme, c’est celle qui naît de la vision d’un homme ; il ne cherche pas en elle son semblable, son égale : en elle, il voit l’espérance, l’amour qui l’attend, un jour, quelque part, en dépit du temps qui passe et des aléas de la vie. Ou bien l’amour qu’il a perdu, manqué. Femme, sœur, marraine, mère... elle est là jusque dans la défaite : jusqu’à la fin.


Fixée en une seule et belle image, cette femme éternelle est l’allégorie de la vie. Force et douceur. Attirance. Respect. Mystère. Elle est notre désir.


En quatre textes, sur une photo emblématique, c’est cette figure de proue, cette égérie qui est illustrée, espérée, fantasmée. Remerciée. « Tout est sauvé, une femme est avec nous », écrivait Victor Hugo, dans sa correspondance, en 1853. Ainsi soit-il.


***



Extrait :


Elle lui tournait le dos, regardant par la fenêtre quelque chose qu’il ne pouvait voir – sans doute tout simplement la pluie... Elle portait sa robe blanche, dont le col, évasé, était ajouré en motifs de dentelle, un peu à la façon d’un macramé ; de sa main gauche, elle tenait en un chignon improvisé ses cheveux blonds, découvrant sa nuque où pointait un grain de beauté. Il apercevait le lobe de son oreille droite, auquel était accrochée une boucle d’oreille fantaisie en métal argenté, constituée d’un arceau de nacre agrémenté d’un sautoir de miniperles et d’une plume de faisan vénéré. Elle ne pouvait pas être là, il le savait. Elle avait disparu, comme les autres. Pourtant, sa présence s’obstinait, à la fenêtre.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9791034808441
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

The avenue in the Rain
Et autres nouvelles
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Arnauld Pontier
 
 
 
The avenue in the Rain
Et autres nouvelles
 
Raconte-moi une photo
 
 
Couverture : Maïka
Crédit photo : Marc Bailly , modèle photo : Claire Falmagne
 
 
Publié dans la Collection Anthologia,
Dirigée par Marc Bailly
 
 
 

 
 
 
© Evidence Editions 2018

 
 
 
 
 
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Une image. Une photographie. Une inspiration. À travers ce projet riche et foisonnant, Marc Bailly propose à des écrivains de tous horizons d’investir de leur plume une de ses photographies. Avec un instantané comme seul support, c’est tout un univers qui se développe, pour offrir aux lecteurs un moment d’évasion, entre image… et imagination. “ Raconte-moi une photo ”, là où l’image vous prend… aux mots !
 
Déjà publié dans la série Raconte-moi une image
 
–  Neige de Michael Fenris
 
 
 
 
 
 
The avenue in the rain
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
« Dans le deuil, dans le noir et le vide des rues la pluie ; elle s’égoutte à travers nos remords comme les pleurs muets des choses disparues, comme les pleurs tombant de l’œil fermé des morts, dans le deuil, dans le noir et le vide des rues »
 
[G. Rodenbach, Le Règne du Silence, Paysages de ville .]
 
La pluie, peut-être, n’est qu’un peu de buée sur le miroir…
Il écrivait, ne relevant la tête que de temps en temps pour se regarder. Dehors, il pleuvait doucement, une pluie fine, presque comme un voile de coton. Un sale temps. Un temps pénétrant dans les interstices des portes, des fenêtres et de la peau. Dans les replis de l’âme.
Comment imaginer qu’il ne pleuvait que pour lui ? Que pour lui. La phrase lui sauta au visage, lui déforma. Il releva la plume du papier.
Des mois qu’il pleuvait sans trêve. Une pluie surnaturelle. Il se leva et éteignit le poste de radio, qui grésillait sans qu’il en ait seulement conscience. En bas, quelques Andros nettoyeurs circulaient entre les bancs du square ; ils ressemblaient à de jeunes chiens s’ébrouant dans une flaque de lumière ; le temps ne perturbait pas leur labeur — tant que leur pile à combustible fonctionnerait, ils accompliraient leur tâche, insensibles à tout. Un réverbère, qui ne s’était pas tout à fait encore éteint, inondait d’une lueur blafarde ce coin étrangement peuplé. Il empocha son carnet de notes, chaussa ses bottes, mit son pardessus et sortit. Il se mit au volant de sa voiture, démarra, s’éloignant de l’appartement. Il n’y reviendrait plus. Maintenant, il savait ce qu’il avait à faire.
La route s’étirait devant lui, grise, enclavée entre deux murs de brouillard laiteux, posée entre terre et quelque chose d’autre, qui devait être le ciel, bas, lisse comme le dessous d’un dôme métallique. À cette idée, il laissa échapper un grognement, les yeux à la recherche d’un mouvement autre que celui de la pluie et des deux traînées de phares, devant. Mais rien, personne. Juste cette route droite, sans horizon. Sans but. Sans raison. Il songea fugacement à un livre qu’il avait lu, des années auparavant, qui l’avait marqué : The Wind From Nowhere 1 . Un vent qui soufflait sur la Terre avec une force s’amplifiant de jour en jour : tout ce qui se trouvait en surface finissait en décombres, en poussière ; les survivants se réfugiaient dans des tunnels, des grottes, des égouts… S’il pleuvait encore, il n’y aurait bientôt plus aucun refuge. No Shelter . Il frissonna puis ses yeux tombèrent sur la jauge d’essence de la Cadillac : l’aiguille était au plus bas. Il soupira. Il fallait trouver une station-service, un camion-citerne ou un autre véhicule encore en état de marche. Avec un peu de chance avec un réservoir plein.
 
Le premier jour avait été comme les autres. Comme les précédents. C’était un bel été. Un dimanche. L’un des rares où il n’était pas au travail, mais où il était demeuré dans sa résidence. Il n’avait pas remarqué le soleil, là-haut, dans le ciel, au-dessus du Washington Monument : il faisait beau depuis plusieurs semaines. Il était dans l’atelier, à peindre, quand il avait entendu un grondement d’orage, et il n’y avait pas autrement prêté attention : une averse, ça arrive. Ça ferait du bien à la terre. Aux nappes phréatiques. Le bruit de l’eau, dehors, avait ensuite fini par s’imposer. Puis par se taire, en fin de journée. Brusquement. Il avait presque sursauté. À cause du silence. Son cœur. Il entendait son cœur. Il faisait comme un poids sur sa poitrine. Il sortit de l’atelier, traversa le grand salon, la salle à manger, le corridor. Les couloirs et l’entrée étaient déserts ; il ouvrit la porte.
Lorsqu’il reprit connaissance, il était allongé sur le perron. Seul. Il ne savait pas depuis combien de temps il était là, combien de temps s’était écoulé sans qu’il en ait conscience. Ni ce qui s’était passé, mais la pluie, dehors, bouillait sur le sol et un épais nuage de vapeur blanche montait de la terre, masquait les marches, l’allée, le bassin, l’horizon…
Les téléphones ne répondaient pas. Il n’y avait plus personne autour de lui. Il en fut comme pétrifié. Il s’enferma deux jours et deux nuits dans l’atelier, accablé, anéanti. Enfin, le troisième jour, il sortit, titubant comme un homme ivre. Dehors, le sol était toujours inondé, mais la pluie avait cessé de bouillir.
Il conduisait. Il se souvenait. Il était sorti, l’eau fumait encore. La terre avait dû s’ouvrir quelque part, la lave échappée du magma chauffer l’eau jusqu’à ébullition sur des centaines de milliers, sur des millions d’hectares… Cinquante centimètres. Il était revenu pour mettre des bottes. Première tentative. Il avait fait demi-tour après quelques pas : l’eau était encore bien trop chaude. Il s’était brûlé. Il avait alors passé son waders, offert par l’ American Sportfishing Association , pour une pêche en rivière à laquelle il ne s’était jamais rendu. Par chance, il ne l’avait pas encore vendu aux enchères, sous quelque...

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