Tonton Tontaine Tonton
23 pages
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Tonton Tontaine Tonton , livre ebook

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Description

Épais recueil de fictions sur le thème de la chasse publié en 1864. Son auteur était un ami d'Alexandre Dumas avec qui il avait coutume de chasser.

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 101
EAN13 9782820621832
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection
«Contes & nouvelles»

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ISBN : 9782820621832
Sommaire


Avant-propos
Le cauchemar d’un chasseur
LÉON BERTRAND
Avant-propos
Mon cher Léon, il faut, en vérité, toute ton amitié pour penser à me dédier ces souvenirs de chasses : hélas ! je suis complètement disparu du monde cynégétique ; mes derniers coups de fusil ont été tirés dans le Caucase, où j’ai tué deux vautours, qui descendaient peut-être de ceux qui avaient dévoré le foie de Prométhée ; une de ces belles antilopes qui portent les cornes en forme de lyre ; et où, grâce à mes faucons kalmouks, j’ai traversé les steppes des Tatars-Nogaïs sans mourir de faim, tout en regorgeant d’outardes et d’oies sauvages.
Ah ! le beau pays, mon ami, et comme j’ai regretté de n’avoir pas pour compagnon mon Léon, à l’œil si sûr et au jarret si infatigable. Comme il aurait, tandis que je suivais la vallée, escaladé ces belles rampes qui surmontent les sommets neigeux du Chat-Abrous et du Kassbek, où s’enlèvent par volées les faisans et les francolins, et où de chaque buisson que l’on frappe du pied on est sûr de faire partir un lièvre, qui s’en va au petit trop et qui, à trente pas, s’arrête pour vous regarder, tout étonné qu’il est d’avoir été troublé dans son gîte et dans son rêve.
Puis, dans l’intérieur de la vieille Russie, tu eusses vu de ces chasses fantastiques comme en peuvent donner seuls les boyards moscovites ou les nababs de l’Inde : de ces chasses où mille paysans embrassent cinq ou six lieux de terrain, et vous rabattent, pour deux chasseurs, placés à cent pas l’un de l’autre, un spécimen complet du genre animal, volatile et quadrupède. À l’extrémité de ce cercle nous étions postés, mon ami Nariskine et moi, chacun avec six fusils à deux coups que nous déchargions à notre caprice sur une espèce de sortie de l’arche dont cette battue nous donnait la représentation exacte : figure-toi tout un monde d’animaux divers, lièvres, renards, chevreuils, fuyant ensemble, et par-dessus lesquels bondissait quelque grand loup effaré, à l’œil sanglant et aux dents blanches. C’était, je te le jure, un beau spectacle.
En revenant, j’ai fait à l’envers le voyage de Jason, et j’ai découvert le mythe de la toison d’or. Le Phase, que j’ai descendu dans presque toute sa longueur, roule dans ses eaux des paillettes d’or ; et encore aujourd’hui les peuples de l’Imeritie, du Gouriel et de la Colchide, qui bordent ses rives, pour recueillir ce sable précieux, étendent au fond du fleuve, retenues par quatre piquets de bois enfoncés à leurs extrémités, des peaux de moutons qu’ils retirent, au bout de huit jours, resplendissantes comme celle du bélier chrysomallon. Voilà l’histoire.
Or, devine, mon cher ami, quels oiseaux nous avons tués par milliers sur le Phase, la fusillade à laquelle nous avons usé deux livres de poudre et six livres de plomb ? Des canards sauvages. C’est un gibier bien réaliste pour un fleuve si poétique et si fabuleux ; mais que veux-tu ? La vérité est la vérité, et si les chasseurs s’en écartent parfois à l’endroit des Philistins, ils la respectent toujours à l’égard l’un de l’autre, et tout confrère en Saint-Hubert, essayant d’induire en erreur un de ses confrères, mériterait d’être chassé de l’ordre.
Depuis mon retour du pays de Jason, je n’ai eu qu’une véritablement belle journée de chasse, mais aussi tu vas voir que je l’avais bien gagnée. C’était après la campagne de Sicile, le 10 septembre 1860, quatre jours après le départ de François II de Naples, et trois jours après l’entrée de Garibaldi. J’avais écrit à ce dernier en réponse à une lettre où il me remerciait de quelques services rendus, et où il me demandait ce qu’il pourrait faire pour moi :
Poursuis les fouilles de Pompéia, et donne-moi une permission de chasse pour Capodimonte.
Et, en effet, le jour même de son entrée à Naples, Garibaldi avait ordonné la continuation des fouilles, et m’avait envoyé ma permission de chasse. En conséquence, le 9, après mon déjeuner, j’avais pris mon fusil, et m’étais fait conduire avec mon aide de camp, Muratori, à Capodimonte.
Il faut te dire, cher ami, que Capodimonte est une maison de chasse, bâtie par cet illustre maçon couronné qu’on appelle Charles III. Le lieu était solitaire et renommé pour le passage des becfigues ; l’architecte fit au roi un devis de trois cent mille francs, ce qui était déjà raisonnable quand on mesure le but ; il y dépensa douze millions. En supposant que Charles III y ait tué cent mille becfigues, ce qui est un assez joli chiffre, tu en conviendras, chaque becfigue, sans compter la poudre et le plomb, lui revenait à cent vingt francs ; et les Napolitains se plaignaient qu’on leur faisait payer quarante francs d’impôts par homme ! Ce qui m’étonne, c’est qu’on ne leur en ait pas fait payer le double.
Aujourd’hui les becfigues, effarouchés par Charles III et par Ferdinand IV, ont été remplacés par les faisans, les paons et les lièvres ; or, c’était sur ces faisans, ces paons et ces lièvres, que j’avais demandé à faire quelques coups de fusil.
J’arrivai vers deux heures avec mes deux pauvres chiens Valdin et Touche, dont j’ai le regret de t’annoncer la mort, mais qui n’ont disparu de ce monde, au moins, qu’après avoir peuplé Naples d’une race de magnifiques braques que s’arrachent les amateurs.
À la vue de la signature de Garibaldi, je fus reçu à Capodimonte comme huit jours auparavant l’eût été le roi François II en personne : on ouvrit les grilles à deux battants, et l’on m’offrit de me faire rabattre le gibier par une vingtaine de rabatteurs.
Je répondis que j’étais plein de gratitude pour M. le gouverneur du château, mais que je comptais faire une simple promenade dans le parc, une espèce de reconnaissance, voilà tout.
On me salua respectueusement, et l’on me laissa libre de tout exterminer.
Tu sais mieux que moi ce que c’est qu’un vrai chasseur : il ne chasse pas pour tuer, mais pour s’amuser. Après une promenade d’une heure, j’avais tué six coqs, et je ralliai Muratori dont j’entendais les cris et la fusillade.
Muratori avait tiré vingt-cinq coups de fusil, et avait tué trois poules.
Je grondai Muratori, je lui expliquai que la poule faisane était un animal sacré, et que dans toute chasse bien organisée, il y avait vingt francs d’amende pour le maladroit qui tuait une poule au lieu d’un coq, puis je revins me promettant bien de ne plus le conduire à la chasse.
Le lendemain j’allai voir Garibaldi.
Eh bien ! me dit-il, il paraît que tu as fait une fameuse chasse hier.
Est-ce parce que je ne t’ai pas envoyé de mes faisans que tu dis cela ?
Ma foi non ! est-ce que je mange des faisans, moi ? Je te dis cela parce que l’on m’a fait un rapport sur ton compte.
Un rapport ?
Oui.
Et que diable a-t-on pu te dire ?
On m’a dit que tu avais tout tué : faisans dorés, faisans argentés, paons, poules, poussins, que sais-je, moi ?
Race de laquais ! m’écriai-je.
Tu dis ?
Es-tu disposé à me croire plutôt que celui qui t’a fait cette belle histoire ?
Je suis disposé à te croire toujours.
Eh bien ! mon cher ami, j’ai tué six coqs faisans, et je me suis fâché tout rouge contre Muratori qui avait tué trois poules, voilà la vérité ; maintenant, au revoir ; ne crois pas au rapport que l’on t’a fait ce matin, mais crois à celui qu’on te fera demain soir.
Je ne comprends pas.
Je dis que je retournerai demain à la chasse, et que, comme ce sera pour la dernière fois, je m’en donnerai à cœur-joie.
Tu as toute liberté.
Je le sais bien et j’en userai.
En effet, le lendemain, j’emportai mon déjeuner dans ma carnassière ; je mis cent cartouches dans mes poches et je partis à sept heures du matin ; à huit j’entrais en chasse ; à midi j’avais tiré mes cent cartouches, tué cinquante-sept faisans, quinze lièvre et huit paons, ce qui me faisait quatre-vingts pièces bien comptées.
Je pris six gamins, je leur m

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