Tourments de polygamie
182 pages
Français

Tourments de polygamie , livre ebook

-

182 pages
Français

Description

Chacun des enfants réalisait au quotidien qu'il était d'abord un enfant de sa mère et rien que de sa mère, et tous observaient avec des jugements personnels, souvent mal étouffés, les querelles entre les mamans. C'était cela la réalité de la famille polygamique, la famille de Konta Kampa. C'est de ce contexte qu'il allait s'élancer comme pour fuir la misère dans une longue aventure, transportant, aux confins du monde, les images d'une mère maladive et attachante qui a influencé la construction de son destin.


Découvrez toute la collection Harmattan Cameroun !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 février 2015
Nombre de lectures 26
EAN13 9782336369167
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SHANDA TONME
TOURMENTS DE POLYGAMIE Un enfant de sa mère Roman
Lettres camerounaises
Tourments de polygamie
Lettres camerounaises Collection dirigée par Gérard-Marie MessinaLa collectionLettres camerounaises présente l’avantage du positionnement international d’une parole autochtone camerounaise miraculeusement entendue de tous, par le moyen d’un dialogue dynamique entre la culture regardante – celle du Nord – et la culture regardée – celle du Sud, qui devient de plus en plus regardante. Pour une meilleure perception et une gestion plus efficace des richesses culturelles du terroir véhiculées dans un rendu littéraire propre, la collectionLettres camerounaises s’intéresse particulièrement à tout ce qui relève des œuvres de l’esprit en matière de littérature. Il s’agit de la fiction littéraire dans ses multiples formes : poésie, roman, théâtre, nouvelles, etc. Parce que la littérature se veut le reflet de l’identité des peuples, elle alimente la conception de la vision stratégique. Déjà parus Séverin Modeste MEBENGA EKOMBA, L’ombre éclairée, 2014. Rodrigue FOTSO SOP,Au cœur d’un engrenage, 2014. Daniel KENGNI TIOMO,Un chemin incertain, 2014. Mariette Blanche EKOUME,L’inconnu sur la toile ou rencontre avec Khaled M.,2014. Gérard ESSOMBA MANY,Le zouave de Raspoutine. La faillite d’une élite, 2014. MARGO,Cette femme-là…,2014. Eli MEMVOUTA,Blues au village, 2014. André Léonard TIAGNI,Une apparition surnaturelle, 2014. Christian TIAKO,L’albinos, 2014. Tekam TAGNE,Intrigues de couloir dans le marché du bâtiment, 2014. Béatrice AMMERA MENDO, La vie se moque d’être aigre-douce, 2014. Gabiel TAGNE,Cellule, 2014.
SHANDA TONMETourments de polygamie
Un enfant de sa mère Roman
© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-05444-5 EAN : 9782343054445
À toutes les mères du monde, dont l'amour, l'affection, et les égards pluriels, constituent le plus précieux des trésors et la plus intarissable des richesses de l'humanité
Konta Kampa réalisait à cet instant ce que sa mère avait représenté pour lui, ce qu’elle avait fait pour lui, sa place et toute son ingéniosité maternelle durant ces décennies importantes et inoubliables de sa tendre enfance, de son adolescence et de sa vie d’adulte. Tout ce que sa mère avait été durant ses quatre-vingt-cinq années sur terre prenait fin ce jour. Elle était couchée là, vêtue de blanc, les mains et les pieds enfouis dans ces ornements de fée. Tout cela semblait dignes des meilleurs films de fiction et bousculait tout dans l'univers quotidien. Il n’aurait jamais voulu que cela se passe ainsi. Il n’aurait jamais voulu qu’on l’expose face à tout le village et à tous ces visiteurs venus de loin. Il ne la voulait certainement pas dans cette foire d’hommes et de femmes vêtus de noir en témoignage et en magnificence du moment de deuil. Il ne la voulait pas en objet de célébration de la mort bien qu’elle fût morte. Il ne la voulait pas dans le rôle d’actrice inconsciente et involontaire des mille pensées et des pénibles travers de la mort. Pourtant, c'était bien une morte, et c'était un moment de deuil.
C’est sa mère qui justifiait toutes ces dispositions de fête triste et de mines compatissantes. On était venu pour lui et non pour sa mère. On était là pour lui rappeler et lui vanter les nombreuses amitiés qu'il avait construites et qui s'entretenaient même par-delà sa volonté.
Tout avait commencé très tôt le dimanche matin par des appels incessants et insistants sur ses deux téléphones portables et sur le téléphone fixe de la maison. C’était devenu chez lui presque une ligne de vie de fermer ces jouets au coucher. Mais spécialement, depuis quelques jours, depuis qu'il avait rendu la dernière visite à sa mère à Douala une semaine avant, il les laissait ouverts. Il savait, il pouvait savoir, il avait toujours su qu'il saura le moment venu, qu'il ne ratera pas le pronostic, tant le souffle de la mort et de la
7
vie pouvait s’afficher librement et sereinement dans le regard de cette femme qui avait été malade tout le temps depuis quarante ans.
- Mais pourquoi ne décroches-tu pas tes téléphones? tempête Alisata son épouse.
- Occupe-toi de tes propres téléphones et laisse-moi tranquille.
- Oui, mais dans ce cas, tu les éteints tout simplement comme tu en as l’habitude. Moi, je dois dormir et je ne veux plus être embêtée.
Les sonneries ne s’interrompaient pas, et Alisata était dans une colère effroyable.
- Franchement, je ne sais pas ce qui te prend. Tu ne sais pas qui appelle ni pourquoi, et tu restes de marbre. C’est tout de même bizarre.
- J’ai dit que je ne prends pas de téléphone et c’est tout. Je ne vois pas qui doit me donner quoi ou qui chercherait à me donner des ordres chez moi un dimanche matin. Qui que ce soit, la personne doit attendre que je me décide à mon heure et selon ma convenance. D’ailleurs, tu sais bien que je n’allume jamais mes téléphones avant d’avoir terminé ma toilette matinale et m’être vêtu. Donc, pas question.
Il était neuf heures sur l’écran de la grande pendule qui orne innocemment la salle de bains, quand il a finalement décroché son téléphone. Au bout fil, son jeune frère Kountcha, celui qu'il considère comme un véritable premier ministre de gouvernement et son représentant partout où il faut défendre les intérêts de la famille en son absence.
8
Oui, papa bonjour !
- Comment vont les choses à Douala ?
- Ah papa, je ne sais pas si quelqu’un t’a déjà informé. La mère est finalement décédée ce matin à 6 heures. Présentement, je suis en route pour l’hôpital où je dois accomplir les formalités d’usage et régler les dernières factures.
- C’est très bien, mon fils. Je ne me faisais aucune illusion et je savais que c’était juste une affaire de quelques jours, voire de quelques heures avant qu’elle ne nous quitte. Effectivement, j’ai reçu de nombreux appels ce matin, mais n’ai répondu à aucun. Je constate d’ailleurs que ce sont des gens qui n'ont pas fait signe de vie durant la maladie, qui s’exhibent pour se faire bonne conscience, de vrais croque-morts. Je déteste ces bêtises opportunistes et ostentatoires.
- Vraiment papa, laisse seulement, ne pense plus à tout cela. C’est chaque fois la même chose. Les gens parlent, mais quand il faut contribuer, personne ne sort cinq francs. Je cherche un distributeur et une fois que j’aurai tiré des sous de mon compte, je foncerai à l’hôpital.
- Vas-y mon fils, et courage. Surtout, tiens-moi informé de toutes les dépenses et je t’envoie le nécessaire très tôt demain matin. Pour le reste, il faut la mettre à la morgue de l’hôpital de district de Deido qui est plus proche de la maison. Nous allons l’enterrer samedi prochain sans faute.
- Merci papa, tu as pris une décision très sage, parce que je commençais à entendre des choses du genre : « on la garde d’abord durant deux semaines pour bien préparer les obsèques ». Quelles obsèques quand quelqu’un a tant souffert et s’en va à un âge avancé. Nous avons aimé notre mère et
9
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents