VERS L INFRAMONDE   RECITS
140 pages
Français

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VERS L'INFRAMONDE RECITS , livre ebook

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Français

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Description

La littérature est cette pratique d'un langage par quoi hommes et dieux sont réconciliés avant de revenir à ces luttes et à ces combats qui ne cesseront pas de ne pas cesser. Ce livre offre les visions de ces mondes perdus et retrouvés : inframonde où errent les ombres des morts et de ceux qui ne sont pas encore nés.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 59
EAN13 9782296466012
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

VERS L’INFRAMONDE
Dominique ROUCHE


VERS L’INFRAMONDE


L’Harmattan
DU MÊME AUTEUR


Hiulques Copules. Editions Gallimard. Paris 1973

Phasmes suivi de Sortes. Editions Fourbis. Paris 1995

Dieue. Editions Que. Bruxelles. 2005

Phantôme suivi de Le Janséniste travesti. L’Harmattan. Paris. 2010


Publié avec le concours du Centre National du Livre


© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55319-4
EAN : 9782296553194

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Ainsi les deux mondes.
La création d’un nouveau ciel, et nouvelle terre.
Nouvelle vie, nouvelle mort.
Toutes choses doublées et
les mêmes noms demeurent.

Pascal
Pensées (LG 624)
S’anéantir en Dieu dans l’extase froide du suicidé : cela, il l’aurait imaginé volontiers. Il n’est donc pas étonnant que, dans l’enfer glacé où nous sommes plongés, il entre soudain en cette chambre retirée où la littérature survit à ses effets. Puis déchoit de son autorité : hormis un seul qui vous sera montré.
TRÔNE
Que ce trône défunt s’élève enfin dans l’accablante nuée dissimulant encore mon destin prédiqué. La Grâce est infinie de ce royaume oublié où j’erre, tenant entre mes mains enchaînées, le livre absolu par quoi j’aurai marqué la révélation immanente de ce monde bientôt oublié. Le ciel, pourfendu de sa propre causalité, pèse comme un bloc de marbre sur ma poitrine oppressée cependant que le rêve ouvre la fenêtre obscure de cet univers que j’aurai parcouru dans l’errance d’une royauté ici enfin reniée. Le monde est un astre déchu que j’entrevois entre les barreaux de la prison où mon corps est enfermé, dans les décombres d’une âme détestée pour avoir autrefois péché dès son origine illuminée.
Je suis un esprit errant dans les ruines du passé, dans cette vallée où le fleuve de l’évidence sacrée serpente entre les rives d’un discours ténébreux et glacé. Je vois la chambre singulière où je suis allongé contemplant, au plafond, les ombres que j’aurai toujours préférées à son impure clarté. La lettre consacrée scintille dans l’obscurité et j’entrevois ces deux corps ramper comme des créatures que la Grâce n’aurait jamais touchées. Il est en mon cœur partagé un autre cœur que j’entends frapper à la porte de l’âme où je suis prisonnier. La nuit, où je suffoque et hante les chambres désolées du château de la pureté, se lève comme un rideau de fumée et dévaste la puissance et la gloire de ce dieu controuvé que je me plais ici à renier.
Il meurt, il défaille et sa tête renversée bientôt s’écroule sur ses épaules flagellées qu’une main invisible et gantée, armée du fouet et des lanières ensanglantées, frappe et renvoie contre le pilier auquel il est enchaîné. Cette effigie monstrueuse et défigurée, je l’évoque pour mieux m’en désenchanter, s’abat sur le sol tourmenté cependant que sa grâce et sa sainteté battent des ailes poussiéreuses et décolorées. Le pur fantôme du dieu évanoui dans les fumées d’une raison accablée s’envole par la fenêtre obscure de l’être qui reste à définir et à nommer. Le rêve, de cette beauté hallucinée, est déchiré comme les pages de ce livre condamné à révoquer les ombres dont il émanait, dans la fureur et l’apothéose figée d’un dieu évanescent et bientôt dilapidé.

L’apostasie, le blasphème, le déni, rampent dans ce sang répandu où je salue cette vérité renaissante dans le déclin d’une mystique éperdue de souffrance et d’évidence reniée. La Grâce, inutile et refusée, s’élève dans le ciel vide où je suis appelé à figurer le monde ancien auquel j’ai voué un oubli sans regret. La couleur effacée de l’outremonde où je suis, pour quelque temps encore, enfermé, revient éternellement me hanter et le spectre que je veux encore adorer fuit enfin le rivage désolé où le monstre s’enfonce, renversant le char du héros bien aimé. Que le ciel s’ouvre alors dans l’apothéose d’un néant figuré par la face du seul dieu que j’aurai adoré puis auquel j’aurai renoncé, dans l’éclat de la raison et de la liberté contemplant l’infinité de ce monde oublié rendu enfin à son immanente vérité.

Ce discours convenu offre un monde vide, un astre livide et l’éclipse finale, le voile déchiré emportent le corps transfiguré en lequel j’aurai placé encore l’offrande inutile de mon espoir et de ma vérité. Ma face, suffocante et glacée, ne supporte le blasphème auquel je vais me livrer, saluant enfin la liberté que nul n’a su encore démontrer : la grâce est vaine en effet si l’acte ne la vient consacrer. Quelle voix est en moi pour inventer une parade forcenée ? Quelle inutile espérance ou quelle désuète charité pourrait enfin advenir au milieu du fleuve transgressé où le baptiste décapité continue de prophétiser.
Une femme, en vérité, évanescente et ruisselante de beauté, reste à adorer sous les murs dévastés d’où je contemple le monde ancien où je n’ai que trop erré. Que je hante plutôt la plaine de la désolation et de la révélation encore différée par quoi le corps du maître reste encore incarné dans la terre où il n’est pas inhumé. La gloire, la puissance d’adorer, que j’aurai convoitées à l’égal d’un corps trop aimé que j’aurai en moi suscité, me dépouillent de ma vérité. J’offre ma privauté au souffle de l’improbable Paraclet qui monte à l’horizon de la pensée comme une divination prophétisée. Que le ciel s’ouvre alors sur la certitude d’être aimé dans cette création innommée : qu’aucun dieu nouveau n’apparaisse en qui je puisse retrouver les traits d’un mort que j’ai odieusement rejeté dans le néant d’où je vais enfin ressusciter.
EMPIRE
Ce sang improbable que je ne verrai plus couler, cette face, inaccessible en sa vérité désincarnée, monte à l’horizon de tout aspect le plus vénéré d’une histoire qui advient en sa terminaison compliquée par le retour éternel de la volonté advenant en ce déduit où je suis enfermé. Les portes lentement s’ouvrent sur ce corps supplicié et la lumière, tout entière consumée par cette écriture hallucinée, advient en la toute obscurité du spectre de cette passion déshéritée. Le monde est un passage, une transition inanimée où le sommeil d’une raison oubliée poursuit le fantôme d’un prince enfin détrôné.
Le sang coule, d’une promesse, d’un avenir compliqué en le passé le plus reculé et je vois soudain les cortèges oubliés s’avancer sous les arches de cet empire immortel et désormais ruiné. Je veux la volonté, le désir immortel de revenir à cette face aimée dont les traits incendiés remontent à la surface de cette page illuminée. De cette nuit où j’adviens dans ma vérité enfin dédiée au dieu inconnu que je peux maintenant nommer et qui se révélera comme un soleil effacé dans le ciel que sa haute vérité découvre et consume en cette prophétie qui gagne ici sur cette écriture révélée sur la page où le scribe restera incliné.
Il voit la fin de cet empire où les foules s’enfoncent dans l’obscurité d’une seule lettre projetée à la surface trop haute de la nuit transfigurée. L’inspiration forcenée de cet instant dernier comme le souvenir advient avec le passé effacé d’une passion qui le presse en ce temps nouveau qui ne fait que commencer.
Enonce ici le cercle invisible où l’autre dieu est enfermé, énonce la couleur absolue qui ne transparaît en aucun spectre apparu soudain dans cette apocalypse advenant par le détour d’une écriture hallucinée où le temps dévoile peu à peu son

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