Visa pour le froid
141 pages
Français

Visa pour le froid , livre ebook

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141 pages
Français

Description

C'est une joie sans mélange lorsque naît enfin, chez les Comara, le fils tant attendu. Tout ce qui peut se pencher sur un berceau : famille, voisins, griot, sorcier... est unanime : Ngama est appelé à une vie pleinement réussie. Dans la république subsaharienne de "Maraoué", la vie est rude. Ngama n'est pas "un enfant ordinaire". Sorte d'Ulysse en âge d'assurer sa propre survie, Ngama commence ses errances.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2007
Nombre de lectures 157
EAN13 9782296157217
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Visa pour le froid

Du même auteur

AÏDANSÉLA BLANCHE
ChezPublibook(éditeur électronique)

© L'HARMATTAN,2006
5-7,ruede l'École-Polytechnique; 75005Paris

L'HARMATTAN, ITALIAs.r.l.
Via DegliArtisti 15;10124Torino
L'HARMATTANHONGRIE
Könyvesbolt ;KossuthL.u. 14-16 ;1053Budapest
L'HARMATTANBURKINAFASO
1200logements villa96 ;12B2260 ;Ouagadougou12
ESPACEL'HARMATTANKINSHASA
Faculté desSciencesSociales, PolitiquesetAdministratives
BP243, KIN XI;Université deKinshasa–RDC
L'HARMATTANGUINEE
AlmamyarueKA028
En face du restaurantLecèdre
OKB Agency
Conakry-Rép. deGuinée
BP3470

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN :978-2-296-01499-2
EAN :9782296014992

Ibrahim DOUMBIA

Visa pour le froid

L’Harmattan

EcrirelFAfrique
Collection dirigée parDenisPryen

Déjàparus

Tidjéni BELOUME,LesSanyd’Imane, 2006.
Mamady KOULIBALY,La cavale dumarabout, 2006.
Mamadou Hama DIALLO,Le chapeletde DèbboLobbo, 2006.
Lottin WEKAPE,www.romeoetjuliette.unis.com, 2006.
Grégoire BIYIGO,Orphée négro, 2006.
Grégoire BIYIGO,Homoviator, 2006.
Yoro BA,LetonneaudesDanaïdes, 2006.
Mohamed ADEN,Roblek-Kamil,un hérosafar-somali de
Tadjourah, 2006.
Aïssatou SECK,Età l’aubetu t’en allais, 2006.
Arouna DIABATE,Les sillonsd’une endurance, 2006.
Prisca OLOUNA,La force detoutesmesdouleurs, 2006
Salvator NAHIMANA, Yobil’enfantdescollines, 2006.
Pius Nkashama NGANDU,Marianasuivi deYolena,2006.
Pierre SEME ANDONG, Le sous-chef, 2006.
Adélaïde FASSINOU,Jeté enpâture, 2005.
Lazare Tiga SANKARA,Lesaventuresde Patinde,2005.
Djékoré MOUIMOU,Le candidatau paradis refoulé,2005.
KoumanthioZEINAB DIALLO,Les riresdu silence,2005.
KoumanthioZEINAB DIALLO,Leshumiliées...,2005.
Amaka BROCKE,La fille errante,2005.
Eugénie MOUAYINI OPOU,Sa-Mana aucroisementdes
bourreaux,2005.
LottinWEKAPE,Leperroquetd’Afrique,2005.
André-HubertONANA-MFEGE,Monvillage, c’estle monde,
2005.
LoroMAZONO,Laquatrièmepoubelle,2005.
KamdemSOUOP,Hcomme h…,2005.
Sylvie NTSAME,Malédiction,2005.
Blaise APLOGAN,Sètchémé,2005.
Bernard ZONGO,Meurtrissures,2005.

Tousmes remerciements
à la familleLEFEBVRE

Le chaud soleil couchant de la savane arborée
venait de disparaître à l’horizon, laissant derrière lui une
soirée rafraîchissante à Boukro dans la République de la
Maraoué. Et très vite la nuit s’avança sous un ciel éclairé
de lune et d’étoiles. Les lampadaires des voies publiques
illuminaient peu à peu la ville. Dans une chambre au fond
d’une cour située dans un quartier populaire de la ville,
une femme était sur le point d’entrer en gésine. Elle fut
transportée de toute urgence à la maternité du quartier.
Une heure après, elle donnait naissance à un Comara. Une
immense joie dans toute la famille. L’enfant qui venait
d’arriver au monde était porteur d’espoir : né un vendredi,
jour vénérable des musulmans, sous un ciel plein d’étoiles,
et le premier fils du chef de la grande famille Comara. Des
signes qui ne trompaient pas. Des sacrifices furent
commandés pour éclairer et rendre limpide et propice la
destinée du nouveau-né.

Zakaria le père Comara, avait épousé Madjouma
pendant la période coloniale et seize ans après, elle lui
donnait ce fils. Madjouma était une femme docile,
soumise, une épouse exemplaire pour les Comaras.Son
pagne était solidementattaché: une battante, une dévouée
dans son mariage et à la cause de son mari. Elle avait
même cautionné, organisé, les mariages de ses coépouses
pour le bonheur de Zakaria. Avait-elle le choix ? Car, pour
se faire aimer, elle se faisait tort. C’est la femme indigne,
sans courage qui s’oppose à l’arrivée d’une nouvelle
femme de son mari, disait-elle. Fallait-il la croire? Cette
situation de partage d’homme lui rongeait l’esprit, car la
nouvelle venue était toujours choyée par Zakaria. Elle
avait combattu, résisté à toutes ses coépouses dans une
cohabitation hérissée. Aucune des trois femmes épousées
après Madjouma n’avait pu offrir un fils à Zakaria. Toutes
les trois avaient quitté le foyer. Elles étaient venues et

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avaient trouvé Madjoumalà et sont parties lalaissant là,
commele baobab au milieudelasavanequi résiste àtous
les feuxde brousse :unefut répudiée,l’autre abandonna
son mariage à cause delarivalitéquotidienne, et la
dernièrepartitavecunautrehomme,fuyant lapolygamie.
Madjoumalafidèle à Zakariavenaitdevoir ses longues
annéesdemariagerécompensées par lanaissance de ce
fils tantdésiré.Et pourtant, Madjouma avaitdéjà deux
fillesdanscemariage, et les frèrescadetsde Zakaria
avaient tousdes fils sauf lui,ilsétaient fécondscomme
des souris.Madjoumavenaitdemettrefinà cesouci:
avoir un garçon.

Unbaptêmehonorablefut organiséunesemaine
après sanaissance :unbélier, beaucoupde colas, des
friandises,la boisson « gnamakoudji » (jusdegingembre)
àflots, del’argent, beaucoupderiz,pour les invités.
Madjoumafutcouverte depagnesetd’argent par les
Comaras (père,oncles,tantes, cousins,frères).Ilsétaient
tous fiersdelagénitrice dubébé.Les tam-tamset les
griots faisaient partie delafête.Lenomdu nouveau-né
proclamélorsdela cérémoniefutNagama cequi voulait
dire :venu pourça.Levenu pourçaindiquait le bonheur,
la chance,laréussite,larésistance aux malheursetàla
malchance.Unepolémiquese déclencha, car lesComaras
étaientdes grands fidèlesd’Allah, et lenomdeleur fils ne
venait pasduCoran.L’arrière arrièregrand-père du
nouveau-néportait lenomde Nagama.Il fut unComara
puissantdeson l’époque :un homme distingué, brave et
sans faille.Sa baraka avait nourri toutesa descendance.
Pour lafamille,les signes propices quientouraient la
naissance du tout petit indiquaient laréincarnationde
l’arrière arrièregrand-père :unautregrand Comara à
l’image del’ancêtre.Légitimequ’il porteson nom.Malgré

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les critiques, l’enfant garda le nom Nagama, le futur
sauveur des Comaras.
Nagama commença à marcher à quatre pattes deux mois
plus tôt que les autres enfants de son âge. La famille
voyait ainsi la confirmation de l’augure exprimé à sa
naissance. Seulement, un an et demi après, il ne se tenait
pas debout comme les autres et ne marchait pas encore.
Pire, il arrêta de marcher à quatre pattes et se déplaçait sur
sa fesse droite.Àlongueur de journée, Nagama sillonnait
toute la cour sur sa fesse nue, durcie comme la peau d’un
éléphant.
Madjouma commença à s’inquiéter sérieusement.Elle
apporta son fils chez le chasseur Koné, voyant et
guérisseur.Des amulettes furent fabriquées et attachées à
la hanche et au pied droit de Nagama. Koné voyait une
main de sorcier qui voulait stopper et anéantir la
progression du petitComara. On lavait Nagama matin et
soir de décoction de plantes mises en marmite de terre
cuite par Koné. Nagama fut même emmené une fois au
cimetière en pleine nuit pour une cure de désenvoûtement.
Des sacrifices, encore des sacrifices pour faire décoller les
fesses de Nagama du sol.Àtrois ans, il ne se tenait
toujours pas sur ses pieds. Le père Zakaria traita
Madjouma de femme maudite, bradant son fils à toutes les
portes.Elle était responsable de ce qui arrivait à Nagama.
Zakaria soupçonnait même sa femme d’appartenir à une
association de sorcières quimangeaientà petit feu l’âme
de leur fils. La sorcellerie était très complexe : ne pouvait
êtremangépar les sorciers, que celui qui avait un parent
sorcier et membre de la sorcellerie. Zakaria étant
convaincu qu’il n’était pas sorcier, le sorcier de leur enfant
ne pouvait être que Madjouma. La mère malheureuse se
battait nuit et jour pour que son enfant ressemble aux
autres enfants. On l’appelaitla marcheuse: celle qui allait
nuit et jour rendre visite aux voyants, aux guérisseurs, aux

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féticheurs, aux marabouts. Madjouma la marcheuse avait
épuisé toutes ses économies, s’était endettée, mais son fils
restait co

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