Vivace
154 pages
Français
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Description

Trois événements quasi simultanés se produisent dans la vie d'Aurore Beltrán en ce début du mois de mars. Le 9, elle fête ses quarante-cinq ans. Le 10, elle dépose à la Sorbonne ses deux tomes de thèse de doctorat pour laquelle la soutenance est annoncée en mai. Le 15, elle est hospitalisée d'urgence car elle vient d'apprendre qu'elle souffre d'un cancer de la moelle osseuse à un stade avancé et que seule une greffe assortie de traitements très durs peut la sauver.

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Publié par
Date de parution 01 octobre 2015
Nombre de lectures 26
EAN13 9782336392363
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Violette Faro Hanoun
Trois événements quasi simultanés se produisent
dans la vie d’a urore Beltrán en ce début du mois de
mars. Le 9, elle fête ses quarante-cinq ans. Le 10,
elle dépose à la Sorbonne ses deux tomes de thèse
de doctorat pour laquelle la soutenance est annoncée
en mai. Le 15, elle est hospitalisée d’urgence car
elle vient d’apprendre qu’elle soufre d’un cancer
de la moelle osseuse à un stade avancé et que seule
une grefe assortie de traitements très durs peut la
sauver.
« Cancer ou pas cancer, je soutiendrai cette thèse, putain
de bordel de merde !! »
Violette F H est docteur en sciences du langage. Elle a travaillé de
nombreuses années à l’étranger dans le domaine de la coopération culturelle et
linguistique (Bulgarie, Roumanie, Hongrie, Turquie, Mexique, Guatemala,
Uruguay). De retour à Paris, elle a enseigné sa spécialité - les politiques
linguistiques - à l’université avant de se consacrer à des travaux littéraires,
notamment en traduisant en 2013 Matricule 246 de l’écrivain uruguayen Marcelo
Estefanell.
Récit
illustration de couverture : Yan Bourde
iSBN : 978-2-343-07375-0
16 €
HC_FARO_11,5_VIVACE.indd 1 21/09/15 17:43:01
Violette Faro Hanoun
Vi Vace






VIVACE




























































© L’HARMATTAN, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-343-07375-0
EAN : 9782343073750 Violette HANOUN FARO







VIVACE




































































À Edmond-Claude









































PROLOGUE



Vivre pour la raconter.
La vie ce n’est pas ce qu’on a vécu
mais ce dont on se souvient pour le raconter.
Gabriel García Márquez



27 septembre 1987

Le vol Paris/Buenos-Aires/Montevideo est particulièrement
long, en raison de la durée de l’escale argentine. Alors qu’un
saut de puce sépare Buenos Aires de Montevideo, il faut
attendre la connexion avec le vol de Santiago, et un nouvel
équipage qui repart pour Paris. La compagnie dépose alors les
passagers pour l’Uruguay au vol retour.
L’avion vient de décoller de Buenos Aires. Quelques
minutes plus tard, il survole le Rio de La Plata masqué par un
épais brouillard. Je somnole, – ces vingt-deux heures de voyage
m’ont éreintée – l’appareil attaque un de ces virages où la
passagère angoissée que je suis pense toujours qu’elle va
basculer dans le vide. Le commandant de bord annonce
l’approche mais avec une durée d’attente compte tenu du
brouillard. L’avion décrit des cercles pendant une bonne
demiheure. Tout à coup, le rio apparaît dans une déchirure de
nuages : il est vraiment dans un mauvais jour et charrie une eau
chocolatée. Le Rio de la Plata ! Il aurait pu faire un effort le
fleuve d’argent ! De fortes pluies venues du Mato Grosso ont
arraché des berges de la terre rougeâtre et une végétation qui
descend vers l’océan : îlots flottant au gré des vagues, petits
arbustes. Rien qui invite à la baignade.
Va savoir quelles bestioles sont cachées dans ces îlots.
J’ai eu, quelques années plus tard, l’occasion de voir un jour
le fleuve totalement recouvert de camalotes, ces fameuses îles
flottantes, et d’y rencontrer les bestioles en question. Grâce aux
mises en garde de mes voisins qui m’ont conseillé de poser des
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serpillières au bas de toutes les ouvertures de notre maison
située au bord du fleuve pour empêcher l’entrée des tarentules
et des petits serpents… Sur la plage, avec eux, nous nous
sommes livrés au sauvetage de petits singes affolés, de loutres
et de tortues terrestres… et même de ratons laveurs (des
vrais !), toute une ménagerie transportée au zoo.
Ironie du sort, le yacht-club de la ville avait organisé ce
jourlà une régate qui prit le départ alors que les premières îles
flottantes arrivaient à Montevideo. Les organisateurs n’avaient
pas pris la mesure de ce qui se passait en amont du fleuve. Une
heure après, il était totalement recouvert d’îlots qui empêchaient
les bateaux de circuler, enchevêtrés dans des racines de
mangrove. Fin de la régate au prix de nombreuses gesticulations
des équipages piégés.
Depuis l’aéroport, la capitale, Montevideo, s’étale sans fin le
long d’une route côtière, la Rambla, bordée de quartiers
résidentiels. Le taxi longe Carrasco, Punta Gorda, Malvin, dont
l’espace est occupé par des maisons individuelles avec jardins,
Pocitos, autrefois petit hameau constitué autour de nombreuses
sources d’eau claire où les lavandières venaient laver le linge
des maisons bourgeoises, devenu aujourd’hui un petit
Copacabana local, aux immeubles datant des années
soixantedix, nommés Biarritz, Trouville, Cannes, Cézanne, Melville…
au bord d’une plage superbe, puis Punta Carretas, le Club de
Golf, et derrière la plage Ramirez, le Parque Hôtel, palace des
années trente, aujourd’hui fort déclassé. Deux ambassades –
celle des États-Unis et celle d’Allemagne – y tournent le dos à
la mer, puis le Barrio Sur, quartier pauvre des noirs et du
candombé les jours de fête, enfin des immeubles populaires, le
terminus des cars urbains, les bâtiments de la douane et de la
Marine nationale mettent un point final à la Rambla.
La vieille ville, dont l’architecture s’est inspirée de Madrid,
de Marseille, de Paris et de l’ordonnancement urbain
colonial, se niche tout contre le port. Elle est dotée d’édifices
autrefois rutilants mais, en 1987, à demi abandonnés et
décrépis. À cette époque de l’année, le printemps austral débute
tout juste. L’air est frais, mais la végétation indique que les
hivers sont peu rigoureux : les glycines, les hibiscus côtoient les
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jasmins, les gardénias, les bougainvilliers et de nombreux
palmiers.

La voiture bifurque pour attaquer une rue coupée à angle
droit selon les plans de toute ville coloniale espagnole. Nous
atteignons l’avenue du Libertador et l’auto s’arrête devant un
magnifique immeuble des années quarante, tout de marbre brun
et rose, aux plaques de cuivre rutilantes et dont les immenses
miroirs du hall, posés face à face, multiplient les silhouettes à
l’infini.
Don Fermin, un vieux portier installé derrière son comptoir,
s’empresse aussitôt.
– Vous êtes Mme Beltrán ?
– Oui.
– Don Miguel Roca de la Sierna m’a téléphoné hier pour
m’annoncer votre arrivée et sa gouvernante Doña Celestina a
préparé votre repas. Je vous accompagne.
Je lui confie volontiers ma valise laquelle, en dépit de ses
roulettes, pèse une tonne. Je remercie intérieurement mon ami
Roca de la Sierna, diplomate uruguayen en poste à Ottawa, qui
m’a prêté son appartement. L’ascenseur nous conduit au
huitième étage.
– Don Miguel m’a demandé aussi de vous montrer
l’appartement de ses amis Testoni, c’est trois portes plus loin,
là-bas. Ils viendront vous saluer demain et

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