Xman est back en Huronie
138 pages
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Xman est back en Huronie , livre ebook

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Description

«C’est l’air de fin d’été qui me donne les blues. La plupart des jeunes venus travailler en Huronie pour la saison estivale sont repartis et la région prend un coup de vieux. Je prends un coup de vieux. Moi, je reste, car c’est fini le temps des jobs d’été. J’ai une vraie job. C’est plus qu’un boulot, c’est une mission ! Responsable du Musée de la francophonie qui va ouvrir à l’hiver. Une première dans la région. Holy Smoke ! Ça devrait plutôt être un vieux de la quarantaine qui prend une telle charge et non un jeune taon de vingt-sept ans qui entame sa première vraie job. Le pire, c’est que par moments, je suis convaincu que mes patrons ne se rendent absolument pas compte de la gravité de mettre une culture en boîte. Si c’est pas fait avec doigté, l’hommage risque d’être vu comme un enterrement. En plus, le musée fait partie d’une chaîne de six musées lancée à travers la province. C’est pas rien ! C’est un moment historique dans l’histoire franco-ontarienne.»

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 septembre 2011
Nombre de lectures 1
EAN13 9782895972129
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

XMAN EST BACK EN HURONIE
Joëlle Roy
Xman est back en Huronie


ROMAN
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Roy, Joëlle, 1961-
Xman est back en Huronie / Joëlle Roy.
(Indociles) ISBN 978-2-89597-171-9
I. Titre. II. Collection : Indociles
PS8635.O91133X43 2011 C843’.6 C2011-902408-X

ISBN format ePub : 978-2-89597-212-9

Les Éditions David
335-B, rue Cumberland
Ottawa (Ontario) K1N 7J3

Téléphone : 613-830-3336 / Télécopieur : 613-830-2819

info@editionsdavid.com
www.editionsdavid.com

Tous droits réservés. Imprimé au Canada.
Dépôt légal (Québec et Ottawa), 2 e trimestre 2011

Les Éditions David remercient le Conseil des Arts du Canada, le Secteur franco-ontarien du Conseil des arts de l’Ontario, la Ville d’Ottawa et le gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada.
Merci aux docteurs de l’Université de la Louisiane à Lafayette qui ont soigné mon apprentissage : Docteurs Clifton, Barry, Serhane, Allain, Waggoner, Kocher, Leroy et surtout à mon docteur de famille, Barry Ancelet.

Special thanks to the Queen Regina, the Heart of the Departement. If only you could rule the world…
ROMAN
1
On a train bound… non
On a warm summer’s eve
On a train bound to nowhere

Comment ça va encore ? Dad la joue en A avec sa grosse voix de wanta be Johnny Cash . J’aurais dû prendre une guitare. Si je la jouais, les paroles viendraient avec. Mais on peut pas tout avoir ! Ça va revenir. Si c’est moindrement comme le paysage, ça va revenir. Je commence à me demander si ça fait deux cents champs que je vois ou ben si c’est toujours le même qui finit pus… Heureusement que le train se pose pas trop de questions. Il a l’habitude. C’est l’habitude qui tait les questions ? Je saurais pas, j’ai pas l’habitude.
Go , mon petit Canadien Pacifique ! Traverse les Prairies et file vers l’Ouest comme le vieux rêve d’aller faire fortune de l’autre côté de la forêt ontarienne. Go West, young man ! Mais moi, je cherche pas la fortune. Je me sauve. Pas comme un voleur. Comme un pissou ! Well… est-ce que je suis un pissou si je veux juste revivre les derniers mois avec une certaine distance ?
J’ai l’impression que le voyage va faire la job. Déjà, je vois pus ma province du même œil. Depuis que je zieute l’immense beauté monotone des Plaines, j’apprécie mieux la variété naturelle de l’Ontario : une petite côte, une courbe, un champ, un lac. L’Ontario, c’est un collier aux perles multicolores. So , si ça marche pour le paysage, j’ai bon espoir que mon escapade vers l’Ouest va me remettre les idées en place. J’ai besoin de comprendre ce qui s’est passé et pourquoi ça m’a atteint comme ça.
C’est sûr que les réponses viendront. Y a rien pour me distraire. C’est plat et c’est plate ! J’ai entendu quelque part que les Prairies ont un effet atténuant sur l’imagination des personnes qui y habitent. Je comprends. Si les gens en viennent à ressembler à leur animal préféré, ils doivent bien prendre les couleurs de leurs paysages. Ça doit faire des grandes faces de carême ! Wo ! J’ai… comme… ri ! C’est la première fois depuis un bon bout de temps que je me suis pas fait rire. Et pourtant, je suis mon meilleur public. Enfin, deux minutes complètes à ne penser ni au départ de Willie ni au foutu musée.
C’est peut-être l’effet du grand espace de la prairie qui fait que les éléments s’éparpillent. Il y a un endroit et un temps pour chaque pensée, chaque geste, chaque sensation. Les Plaines seraient-elles plus vastes que mon désarroi ? Le font-elles paraître plus insignifiant ? Impossible. Chaque plaine a sa clôture, sa rivière, sa montagne qui la délimitent, aussi vaste soit-elle. Le désarroi, c’est infiniment grand et sans limites. C’est une grosse doudou lourde et grise, presque confortable tellement elle enveloppe complètement. Puisque le désarroi englobe tout, rien d’autre peut arriver. On est en sécurité et immunisé contre les autres malheurs.

We were both too tired to sleep
We took turns at staring
Out the window at the darkness

Comment Willie a-t-il réussi à sauter le train ? Pis où est-ce qu’il se cachait ? Sûrement pas sur le toit comme dans les films de cowboys. Faudra pourtant un jour que j’invente des réponses si je les trouve pas. Faut avoir des guts quand même. Mathieu trouve que j’ai des guts de partir comme ça avec si peu d’arrangements de faits. Lui, il aurait jamais pu partir avec un numéro de téléphone, une adresse et l’espoir que tout allait bien se passer.
Ce que Mat ne réalise pas, c’est que je me fous que ça se passe bien ou mal. J’ai juste besoin de m’éloigner et mettre de l’ordre dans ma petite tête. Que je comprenne pas les autres, ça se peut, mais il faut que je me comprenne moi-même. Minimum ! Et Willie l’a bien dit, les voyages, ça déniaise et, si jamais ça écœure, j’aurai retrouvé l’envie de rentrer ou whatever . What friggin’ ever !

Know when to walk away
Know when to run

Je suis ben tata ! J’ai mon Blackberry. J’ai juste à googler la chanson The Gambler . À nous deux, mon vieux gambler . Tu vas brasser les cartes pendant que j’écris quelques pages. Tu vois, j’ai une histoire à confronter. Si je couche l’histoire du musée sur papier, je pourrai la regarder en face puis lui parler dans le blanc des yeux. J’ai deux mots à lui dire.
Brasse, brasse, on va veiller tard…
2
Le soleil brille de tout son éclat sur la capitale et sefout éperdument des malheurs que nous, le commun des mortels, pouvons vivre. D’ailleurs, il sefout du monde entier. Pas son problème, le mondeentier. Il ronronne dans le ciel à longueur de journée et ce qu’on en fait, ce qu’on en pense, il ne s’enpréoccupe pas du tout. Tel l’allumeur de réverbèredu Petit Prince et, comme bien d’autres, il fait sa job . De son insouciance brille un printemps resplendissant. L’université achève et, malgré lestress de la fin de session, un vent de liberté inciteles gens à ouvrir les fenêtres, à balayer les trottoirs,à transplanter des fleurs et à siffler à tue-tête.
J’ai de la misère à reprendre mon souffle tellement j’ai couru avec l’énergie du désespoir. Enfait, c’était plutôt l’énergie de l’espoir. Il faut quej’aie cette discussion avec Amy avant de me mettreà paqueter. Et qui sait, peut-être qu’elle va meconvaincre de rester. On peut juste pas se laisser ensauvages de même. Pour une fois, je suis à l’heure,même quatre minutes à l’avance. Come on Xman,go get her ! Amy, faut que je te parle !
— Xman, what’s the rush ? Slow down, you’regonna fall off your shoes !
L’épicier qui installe son étalage extérieur semble deviner le désespoir de Xavier. Sûrement, ilpressent la pointe de l’iceberg de la fin de relationamoureuse qui fond sous les rayons solaires et leTitanic de petit cœur qui braille. Monsieur Bobest assis aux premières loges du vaudeville bienorchestré avec un timing digne d’un Labiche degrand dimanche. À peine a-t-il vu Amy tourner lecoin de la rue d’un pas précipité, que Xavier apparaît à l’autre intersection. Seul le protagoniste decette pièce de théâtre arrangée avec le gars desvues n’apprécie pas la comédie et trouve de bienmauvais goût l’absence d’Amy malgré qu’il soit àl’heure pour une fois.
Il fait rapidement deux tours de l’appartementet cherche en vain une note qu’elle aurait pu luilaisser. Telle une chatte qui a perdu ses chats, ilflaire les moindres indices de sa présence dans l’appartement. Il voit bien les traces d’une douche priseà cent milles à l’heure. Le plat de Misty déborde, cequi signifie qu’Amy n’a pas l’intention de revenirde sitôt. Xavier ramasse la vaisselle du souper dela veille laissée sur la pseudo-table de salon. Lestrois caisses de lait renversées et soigneusementrecouvertes d’un tissu qui les cache à peu prèstémoignent de l’horaire trop chargé des deux étudiants. La fin de session a laissé sa marque un peupartout dans l’appartement et aussi sur les traitsallongés de Xavier. En route vers la cuisine, les brasencombrés des épaves alimentaires, il aperçoit unenote laissée par Amy.
Essay à remettre. Had to go.
Yeah, right ! Anyway … Si t’insistes à ce point-làpour qu’on se parle pas, peut-être qu’on a rien àse dire. T’as décidé que tout est décidé, que toutest fait. Ben laisse faire d’abord. Et pis va chier !Va chier, mange d’la marde ! Ah non ! Not thistime. Not this friggin’ time . Reprenez votre trou, leslarmes ! J’ai fini de brailler comme une Madeleine.
Cette fois-là, l’expression de sa peine rencontreune résistance féroce. Xavier décide de se prendreen main et de tasser le petit cœur pour le tempsqu’il faudra. Trop à faire en trop peu de temps.
Faut que je me brasse. Tiens, je vais me garrocher sur une liste de choses à faire. As if… Dieu merci, les petits cœurs se fichent bien destê

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