À l ombre du carreau
173 pages
Français

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À l'ombre du carreau , livre ebook

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Description

Installé à la terrasse d'un café, un vieil homme, David Farman, se souvient… Il se souvient de ses premières années dans l'atelier de couture de son père, son premier emploi au Carreau du Temple auprès d'un commerçant de tissus et de vêtements, la reprise de ce négoce au nom des Farman.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 25
EAN13 9782812914485
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’univers de la mode, oùJoseph Farnelévolua au contact des plus grands noms de la haute couture, l’aura vu diriger une célèbre maison de prêt-à-porter et lancer les prestigieuses marques J.H. Farnel et Renoma. Il est également un auteur prolifique puisqu’il a déjà signé près d’une vingtaine d’ouvrages. Ses écrits, qui appellent à la tolérance entre les nations, les peuples et les religions, ont souvent été récompensés par des prix. Il a une passion particulière pour le polar et a même créé un personnage récurrent, le détective privé Georges Lernaf.
ÀL'OMBRE DUCARREAU
Du même auteur Aux éditions De Borée
La Ballade du petit Joseph, prix Lucien Dufils 2007, Terre de poche Pour un geste de femme, prix Crédit agricole et médaille d’honneur de la ville d’Aumale 2008, Terre de poche
Autres éditeurs
Crimes sur Cène Escort girls à louer F comme flic, P comme privé Il court, il court le privé L’Homme du Mossad La Malédiction de Sarah La Valse blanche Le Bon Dieu sans confection Le Butin du Vatican, prix du Lions Club 2011 Le Pétrole du Mossad Le Voisin du dessus Les Secrets du Mossad Madame veuve Émilie, prix littéraire 2013 de Les Pieux Only you. Seulement toi Opération David, le Mossad en otage Un jour pour aimer, prix du livre romantique de Cabourg 1993
En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20 rue des Grands-Augustins, 75006 Paris. © , 2015
JOSEPHFARNEL
ÀL'OMBRE DU CARREAU
I
’ÉTAIT UN PRINTEMPSqui ressemblait davantage à un automne qu’à un C renouveau. Ce mois de juin était ennuyeux de pluie, de vent, d’orage, et n’incitait nullement à la promenade. Pourtant, cet homme âgé était, comme à l’habitude et toujours à la même heure, sorti de ch ez lui accompagné de sa gouvernante qui l’avait quitté, sur ses instruction s, au coin de la rue Charlot et de la rue du Forez. Elle lui avait demandé si, ainsi q u’elle le faisait à chaque fois, elle devait venir le chercher. Il avait refusé, lui disant que cela ne serait pas nécessaire. Elle le regarda mi-surprise, mi-inquièt e, puis finalement se résigna à faire demi-tour. Elle se retourna pour le voir s’él oigner. Il marchait d’un pas pesant que martelait en écho son parapluie qui lui servait de canne. Le ciel de cette fin d’après-midi s’était enfin dégagé de ses nuages encombrants et le soleil était encore haut. Une légère brise agitait les bra nches feuillues des arbres de la rue Perrée, dans le 3e arrondissement de Paris, qui semblaient jouer avec le soleil. L’ombre étirée du vieil homme se projetait devant lui. Il marchait comme s’il voulait la piétiner, pareil à ces moments où, petit garçon, il essayait en vain de la rattraper. Ce souvenir le fit sourire. Cette ombre fuyante, il la connaissait bien, c’était la même après laquelle il avait couru toute sa vie sans jamais l’atteindre, sans jamais l’étreindre. Ce morceau de lui-même qui lui donnait l’envie de courir, d’espérer, de se battre. Tout au long d’une longue vie où les combats avaient été multiples, où l’ambition de gag ner était si forte qu’il avait réussi, parfois, à atteindre son but. Aujourd’hui c ette ombre n’était plus un défi, mais le souvenir d’une complicité qui l’avait toujo urs accompagné dans sa solitude. Il s’en était fait une alliée et, tout en souriant, se disait qu’elle ne le quittait pas, qu’elle ne le quitterait jamais. Elle était sienne, lui appartenait comme il lui appartenait. Il s’y était habitué et s avait pertinemment que, lorsqu’elle disparaîtrait, il n’aurait plus la forc e de la chercher, seulement de ne faire plus qu’un avec elle. Attachés l’un à l’autre , il avait parfois l’envie de lui parler, de lui raconter. Ils avaient tant de souven irs en commun. Son chemin, toujours le même, le dirigeait vers la terrasse du café Les Templiers, juste en face de l’entrée principale du Carreau du Temple. Il y avait ses habitudes de vieil homme. Il aimait s’asseoir p rès de la paroi en verre qui délimitait l’endroit afin de ne pas se trouver dans les courants d’air. L’été, il buvait régulièrement un Vittel-menthe; l’hiver, toujours à la terrasse, mais chauffée, il commandait un thé-citron. Le serveur, qui le connaissait depuis toujours, lui apporterait sa boisson sans avoir besoin de le lui demander. C’était comme un r ite, le vieil homme lui sourirait. Le garçon lui demanderait comment il all ait. Invariablement, il lui répondrait: «Bien, mais ça irait mieux si j’avais vingt ans d e moins.» Le serveur sourirait, passerait un chiffon mouillé sur la tabl e, se retirerait. Le nonagénaire remuerait de sa cuillère son Vittel-menthe, le rega rd fixé sur l’entrée du Carreau du Temple. Il resterait ainsi, comme tous les jours , une petite heure, se lèverait en laissant le prix de sa consommation sur la table , ferait un geste de la main à l’attention du serveur, pointerait du doigt la tabl e pour indiquer que l’argent s’y trouvait. Mais cette fin d’après-midi n’était pas c omme à l’habitude. Le garçon avait bien posé la question sur sa santé, mais le v ieil homme s’était contenté de le regarder en faisant un léger signe de ses paupiè res comme pour dire qu’il allait bien. Le serveur avait semblé inquiet mais n ’avait rien voulu faire voir. Il
était entré dans le café et avait dit au patron que M. David lui donnait l’impression d’être fatigué. Il n’est plus tout jeune, lui avait répondu André, le propriétaire du bistrot. Il a bien le droit d’être fatigué. Quand même, lui avait répondu le garçon. C’est bien la première fois que je le vois comme ça. Pendant ce temps-là, David Farman continuait de reg arder la porte du marché, mais ses paupières s’étaient fermées légèrement com me un rideau de fer qu’on ne baisserait qu’à demi. Il s’efforçait de les main tenir ouvertes, mais on voyait bien qu’il luttait contre un certain sommeil où la fatigue de l’âge était omniprésente. Pourtant, le bruit des travaux de rén ovation et de transformation du Carreau du Temple aurait dû le tenir éveillé. De fait, plus les travaux avançaient, plus les souvenirs lui revenaient. Le C arreau, il l’avait connu il y a bien longtemps.
Né en 1922, le 17mai, un an presque jour pour jour avant que les Allemands officialisent la fête des Mères qui trouve son fond ement dans la Grèce antique. Lui ne connaîtra pas sa mère ni ne la fêtera, décéd ée au cours de sa naissance. Il n’avait jamais été bercé par les bras maternels mais par ceux, bien occasionnels, des voisines qui rendaient service ou des amies de passage de son père. Il n’avait pas de famille. Ni grand-père, ni grand-mère, ni frère, ni sœur, pas même un cousin éloigné. Rien ni personne. Son p ère, afin d’être au plus près de son fils, avait choisi d’être un ouvrier ta illeur à domicile. Ainsi il pouvait s’en occuper. Bien souvent il lui avait raconté qu’ il lui donnait le biberon assis à sa machine à coudre. David était un enfant sage. Se s souvenirs sont remplis de la voix de son père qui lui racontait des histoires du pays d’où il était originaire tandis qu’assis par terre sur une coupe de tissu il jouait avec des bobineaux de fil. Il n’y avait seulement que cinq ans que la Pre mière Guerre mondiale était terminée et les restrictions encore présentes. Samu el, le père de David, était un homme courageux. Il travaillait nuit et jour. Aussi loin que remontaient ses souvenirs, il le revoyait courbé sur sa machine noi re et luisante de marque Singer. Les relations franco-allemandes étaient plu tôt houleuses en raison du non-respect des engagements que cette dernière avai t pris au titre des réparations dues à la France. Les armées françaises et belges occupaient la Ruhr et réquisitionnaient le charbon, les poteaux t élégraphiques et autres matériels. Le temps passa. En 1936, la France se trouva paraly sée par les grèves. Le travail se faisait rare. Le père de David allait fa ire le porteur de nuit à la gare de Lyon pour rapporter quelques sous à la maison. Bien qu’il fût un très bon élève, David quitta l’école nanti de son certificat d’étud es et de deux années au lycée Turgot. Il était dans sa quatorzième année, l’âge d ’entrer en apprentissage dans n’importe quel domaine d’activité. Il se fit vendeu r au Carreau du Temple. Engagé par un homme âgé, il devint très rapidement son homme à tout faire. Il négociait avec lui l’achat des vêtements d’occasion que les gens aisés ne voulaient plus porter ou ceux que les ouvriers vend aient pour se faire un peu d’argent. À cette époque, au Carreau du Temple, on ne trouvait que de la fripe. La clientèle était surtout constituée de provinciau x qui venaient spécialement habiller la famille entière. Les femmes les raccomm oderaient, les ravauderaient.
Un seul voyage pour tous valait le déplacement. Et puis peut-être que ces gens pauvres ne voulaient pas acheter de vieilles frusqu es dans leur ville de province afin de ne pas montrer à quel point ils étaient ind igents. Quoi qu’il en soit, au bout de quelque temps, David était devenu un excell ent négociateur et un vendeur de premier ordre. En fait, il aimait ça. Ac heter et vendre lui plaisait. Il avait, selon son patron, la bosse du commerce et n’ avait pas manqué de le dire à son père qui en était fier. David savait, dès lor s, que les métiers du commerce seraient son avenir. Si bien que chaque fin de mois , le jour de la paie, il apportait fièrement à son père quelques francs, sur lesquels ce dernier prélevait un pécule pour son argent de poche. Deux ans plus tard, David gagnait maintenant plus d’argent que son père qui s’échinait nuit et jour s ur sa machine à coudre ruisselante de sa sueur. Mais ces mêmes deux années plus tard, c’étaient aussi les bruits de botte qui se faisaient entendre d’un bout à l’autre de l’Europe. L’antisémitisme allemand prenait racine en France. La chasse aux Juifs dont les viviers avaient leurs sources dans les pays de l’Es t tels que la Pologne, la Russie soviétique et ses satellites. Les camps de c oncentration qui deviendront très vite des camps d’extermination s’ouvraient. Ad olf Hitler en était le chantre. Les nouvelles qui provenaient de l’Est étaient alar mantes et le Troisième Reich faisait peur. Malgré le chômage, la dureté de la vi e, les guerres qui se profilaient à l’horizon, David avait réussi à mettre de côté qu elques économies qui lui permirent de racheter à son patron, trop vieux pour continuer ce travail harassant, sa carte de marchand. Il était trop jeun e pour en être le titulaire et ce fut son père qui figura sur le registre de commerce . Tu vois, papa, maintenant tu vas pouvoir travailler à ton compte. Tu vas fabriquer des vêtements que je vendrai au Carreau. Tu tiendras la caisse. D’ici à deux mois, on pourra prendre un logement plus confo rtable. On aura chacun une chambre avec, si possible, une salle de bains et le s toilettes à l’intérieur. Pas sur le palier. Tu ne travailleras plus le samedi. Tu fe ras comme les bourgeois, tu profiteras de ton week-end. Tu pourras aller de tem ps en temps au cinéma sur les Grands Boulevards et, puisque tu y seras, t’ass eoir comme un homme aisé à la terrasse d’un grand café, prendre une consommati on et regarder les gens passer. Tu as bien le droit de te reposer à ton tou r. Mais, mon petit David, lui répondit son père d’une voix douce tandis que des larmes de bonheur perlaient à ses yeux sans s’en dé tacher, tu n’as que seize ans et déjà tu te conduis comme un homme. Mais je suis un homme, papa. Regarde sous mon nez, on commence à voir de la moustache. C’est vrai, mon petit. Je l’avais remarqué. Je vais t’acheter un rasoir mécanique de sûreté Gillette. En attendant, tu peux te servir du mien. Je te montrerai comment faire. Mais, dis voir, je ne comp rends pas. Au Carreau, on ne vend que des vêtements d’occasion. Que viendront fa ire des vêtements neufs? Il n’y aura pas d’acheteur. C’était vrai avant, mais depuis quelque temps certa ins marchands proposent du neuf moins cher que dans les magasins. Si toi tu les fabriques, pas besoin de les acheter chez des confectionneurs et c e sera tout bénéfice. Nous serons, c’est certain, les moins chers du Carreau. De plus, ne t’inquiète pas, j’achèterai des beaux tissus en fin de série. Pas b esoin de quantité puisque toi tu les fabriqueras à l’unité.
Ainsi fut fait. Trois mois plus tard, ils gagnèrent suffisamment d’argent pour déménager dans un immeuble en pierres de taille du quartier. Certes l’appartement, malgré ses quatre pièces, était peti t, mais ils avaient enfin chacun leur chambre, une petite salle de bains sans baigno ire mais avec une douche à eau chaude et froide qui fonctionnait au gaz. Un vr ai luxe dont ils jouissaient pleinement et, bien entendu, ces fameux W.-C. dans l’appartement. Une petite cuisine où ils prenaient leurs repas et, comble de bonheur, une pièce servant de salon où ils avaient installé deux fauteuils en cui r achetés au marché aux puces d’où, confortablement assis, ils pouvaient écouter Radio Paris sur la T.S.F., ainsi que d’autres petits meubles d’appoint. La plus gran de pièce, bien claire, était réservée à l’atelier où le père de David régnait en maître absolu. Ce dernier avait bien émis des doutes concernant les frais engagés, précisant que, bien que pas très cher, le loyer était plus important que celui de leur précédent logement. Mais il avait cédé face à l’assurance de David. Celui-ci travaillait dur. Il se levait le matin dès l’aube, parfois même avant que le jour se lève, afin d’être présent parmi les premiers marchands pour la distribution d es places normalement tirées au sort et qui débutait au son de la cloche. David s’était fait un ami du fonctionnaire en charge à qui il donnait parfois de s cadeaux, s’attirant ainsi ses bonnes grâces pour l’emplacement de son étal. Il fa llait le voir, à peine le jour levé, poussant à grande vitesse sa grosse panière e n osier, munie de quatre roues à billes comme celles des patins à roulettes et remplie des costumes et pardessus fabriqués par son père. À 2heures, lorsqu e le marché fermait, David poussait sa panière afin de la ranger dans une remi se dont il avait la clé. Lorsqu’il y avait du soleil, il reprenait son jeu d ’enfant, poussant pour essayer de rattraper l’ombre projetée par sa banne. L’après-mi di, il courait les marchands de tissus à la recherche de la bonne affaire. Souvent le soir, après le dîner, lui et son père, enfoncés dans leurs fauteuils, écoutaient les nouvelles émises par leur joli poste de radio ou lisaient, lui un livre, son père le journal. Ce dernier voulait parfois se remettre à sa machine à coudre afin d’av ancer son travail, mais David s’y opposait formellement, lui faisant comprendre q ue c’était de la fatigue inutile, qu’ils avaient suffisamment de stock et qu’il pouva it souffler un peu. Tu comprends, disait le père, si on a trop de vêtem ents, on peut très bien les vendre à d’autres marchands, en consentant un p rix bien entendu. En gagnant moins sur chaque pièce mais en prenant tout de même un petit bénéfice, et si ça marche bien, je prendrai un aide . Qu’en penses-tu? David réfléchissait. L’idée n’était pas mauvaise. I ls engagèrent une jeune fille comme finisseuse. Elle était chargée d’une grande p artie du travail à la main, permettant ainsi au père de David de dégager du tem ps pour couper et coudre davantage à la machine. Les affaires marchaient ron dement et David prenait de l’assurance, d’autant que, faisant plus que son âge , il inspirait confiance aux fournisseurs ainsi qu’à la clientèle. Il était deve nu un bel adolescent et remarquait bien le manège des filles qui lui tourna ient autour. Il n’était pas non plus insensible à la cousette qui n’avait pas vingt ans, blonde aux yeux bleus, qui œuvrait dans l’atelier de son père. Elle avait un sourire éclatant, riait très souvent et semblait apprécier la compagnie de David qui s’asseyait parfois près d’elle pour faire la conversation. Le père avait d’ ailleurs remarqué le manège et souriait dans sa barbe. «Mon fils est en train de devenir un homme», se disait-il. Une fin d’après-midi, Samuel se changea pour s’habi ller de propre ainsi qu’il le disait. Il resta un long moment dans la salle de ba ins et en ressortit tout beau,
tout neuf. Ses cheveux noirs ondulés tirés en arriè re bien peignés, bien gominés. Une odeur d’eau de Cologne l’embaumait. Ses chaussu res de sortie bien cirées, brillantes comme un sou neuf. Il s’adressa à David d’un air qui se voulait décontracté: J’ai fait de l’avance, j’en profite pour aller voir des amis. Nous allons certainement, comme d’habitude, jouer à la belote. C’est pour jouer aux cartes que tu t’es habillé com me un prince? lui répondit David en souriant. De fait, David avait remarqué que son père sortait le soir au moins une fois par semaine, toujours habillé de propre et pour, disait -il, aller jouer aux cartes avec ses amis. David n’était pas dupe mais faisait, bien entendu, semblant de le croire. Où jouez-vous? lui demanda-t-il pour le titiller. Chez un ami. Et vous dînez où? Toi, tu veux tout savoir et rien payer. Chez l’ami qui nous reçoit. Sa femme nous prépare un bon repas. Elle cuisine merveilleus ement bien, ajouta-t-il pour faire plus vrai. Pourquoi ne faites-vous pas une soirée à la maison? Ici, ce serait sympa. Et qui nous cuisinerait un bon dîner? Moi! Toi? Tu ne sais pas même faire cuire un œuf sur le pla t. C’est toujours moi qui fais la cuisine. Ben voilà, c’est toi qui la feras. C’est ça, ça va! Pour que je perde mes amis s’ils mangent mal. Bon ? Je peux partir maintenant? Oui, papa, tu peux. Fais attention à ne pas perdre, ajouta David en l’embrassant. Arrivé sur le pas de la porte, Samuel se retourna. J’oubliais de te dire, la fille… Quelle fille? Celle qui joue à la belote? Mais non. T’es bête ou quoi? La finisseuse à l’atelier… Je ne me souviens jamais de son nom. Eulalie? Oui. Tu parles d’un prénom. On peut se demander où ses parents sont allés chercher un nom pareil, qu’on a du mal à retenir. Oui, alors quoi Eulalie? ré. Elle a du travail en retard.Elle reste un peu à l’atelier. Je lui ai tout prépa Elle restera peut-être une heure ou deux, pas plus. Si tu sors, ferme bien les portes à clé. Oui, papa. Bonne belote, lui répondit David en clig nant de l’œil. Samuel lui tourna le dos en haussant les épaules. D avid se mit à la fenêtre pour le voir partir. Arrivé sur le trottoir, il aju sta son chapeau, de sa main balaya une poussière, sur son épaule, qui n’existait pas. Il releva la tête, vit son fils le regarder. Il lui fit un signe de la main. David lui répondit en lui envoyant un baiser. Il attendit qu’il tourne le coin de la rue et rentra dans l’atelier où Eulalie cousait. La journée avait été très chaude. La fenêt re était grande ouverte, mais il n’y avait pas d’air. David prit place en face d’ell e. Elle le regarda, lui sourit. Elle était en sueur et avait déboutonné plus qu’il ne le fallait son corsage. David
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