Considérations sur le système colonial et plan d abolition de l esclavage
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Considérations sur le système colonial et plan d'abolition de l'esclavage , livre ebook

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Description

DEPUIS plusieurs années, le sort de la race noire a été l’objet de vives préoccupations. La question d’émancipation des esclaves, si vaste, si compliquée, a été envisagée sous toutes ses faces. On a même examiné si les nègres, considérés en corps social, étaient susceptibles d’arriver à la civilisation. Mais la raison publique, sans se préoccuper de cet élément physiologique de controverse, a vu dans le nègre l’homme ayant une destinée commune à la race blanche, et dans l’esclavage une institution violatrice des droits de la nature humaine.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 7
EAN13 9782346112579
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
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Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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E. Sully-Brunet
Considérations sur le système colonial et plan d'abolition de l'esclavage
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AVANT-PROPOS
T out le régime colonial est menacé.
E n particulier, la cause des nègres est jugée, l’esclavage s’en va. Il faut travailler à conduire à bonne fin cette grave question.
A cet effet, divers systèmes sont produits :
C elui qui consiste à entrer dans les voies émancipatrices par des mesures détachées prises au gré des nécessités de chaque jour, est un système fatal, en ce qu’il livre le présent au provisoire et l’avenir aux hasards.
C elui contraire qui s’appuie sur la liberté simultanée, me paraît devoir être le principe d’une désorganisation de l’ordre social, et de perturbation dans le régime économique.
L ’indemnité actuelle, que ce second mode d’émancipation imposerait à l’état, deviendrait un sacrifice sans dédommagement.
D ’un autre côté, vouloir laisser au temps le soin de résoudre heureusement ce problème, ce serait se créer d’étranges illusions. Désormais, le temps ne se résoudrait qu’en malheurs, car la situation me paraît forcée.
L es exigences métropolitaines sont devenues d’autant plus vives que la résistance des conseils coloniaux a été plus grande. Il en résulte que la froide raison a moins d’empire sur l’action des hommes politiques qui s’occupent des affaires coloniales.
Dans le conflit, d’ailleurs, le nègre ne se serait-il pas accoutumé à l’idée que la France veille pour lui ?
Il est temps, je crois, de mettre un terme à cette fâcheuse situation ; et l’on ne pourra y parvenir qu’en adoptant une organisation complète.
Dans cette législation, il me paraît convenable de poser pour bases principales :
Un délai fixe polir la cessation de l’esclavage ;
Le droit du colon à être indemnise ;
Des conditions de liberté progressive, sérieuses et graduées, pour le temps intermédiaire,
La participation légale du colon à la transformation de la société ;
Enfin l’emploi des deniers de l’état, d’abord comme élément accidentel, et, au terme définitif ; pour complément de l’indemnité.
Un plan combiné dans ces conditions me semble offrir plus de chances de succès que celui qui consisterait : à détruire entièrement le lien entre les deux races, à abolir l’esclavage brusquement et sans préparation, et à n’accorder de liberté réelle que lorsque le nègre aurait remboursé à l’état le montant de l’indemnité.
Mon œuvre est pleine de détails fatigants, je l’avoue ; cependant ceux qui s’occupent sérieusement de la cause noirs me liront, car ils pourront, peut-être, trouver quelques données utiles dans un travail fruit de l’expérience.
CONSIDÉRATIONS SUR LE SYSTÈME COLONIAL ET PLAN D’ABOLITION DE L’ESCLAVAGE
DEPUIS plusieurs années, le sort de la race noire a été l’objet de vives préoccupations. La question d’émancipation des esclaves, si vaste, si compliquée, a été envisagée sous toutes ses faces. On a même examiné si les nègres, considérés en corps social, étaient susceptibles d’arriver à la civilisation. Mais la raison publique, sans se préoccuper de cet élément physiologique de controverse, a vu dans le nègre l’homme ayant une destinée commune à la race blanche, et dans l’esclavage une institution violatrice des droits de la nature humaine.
Si le colon comprend bien la position, il ne fera pas d’efforts pour chercher à faire reculer l’opinion ; et il n’espérera pas la voir dominer par certaines éventualités politiques : toutes les commotions que la France pourrait éprouver ne feraient que hâter le terme final de l’émancipation, et multiplier les embarras. Il faut subir les nécessités de l’époque : il s’agit de réhabiliter l’homme noir ; c’est une pensée philosophique qui est le produit de ces maximes d’égalité qui agissent sur notre siècle.
De plus, cette sourde fermentation, qui se manifeste au sein des populations coloniales, annonce que l’équilibre de leur édifice n’existe plus.
Enfin, la faiblesse relative de la race blanche, et son aggrégation à la grande famille ne lui permettent pas d’avoir une volonté à elle. Elle devrait comprendre que ce n’est qu’à l’aide d’un esprit de sagesse et d’un concours sincère aux vues de la métropole, qu’elle peut espérer de conjurer les dangers qui la menacent.
D’un autre côté, l’esclavage est l’œuvre d’un passé que nous avons adopté. Dire qu’il est le produit d’un crime, c’est flétrir l’histoire de tous les peuples. Prétendre que les générations qui nous ont précédés n’ont pas eu le droit de régler, comme elles l’ont voulu, les conditions de leur association, c’est méconnaître la souveraineté des nations, et ôter aux générations présentes le droit de réforme.
N’incriminons donc point l’héritage de nos pères ; prenons les faits comme ils sont ; modifions les institutions qui ne sont plus en harmonie avec nos moeurs ; détruisons le droit de propriété sur l’homme ; mais, en proclamant notre loi d’amour, restons justes envers tous ceux qui ont vu, dans la loi, la volonté du pays, et qui s’y sont livrés avec confiance.
La métropole, agissant envers ses provinces faibles et sans défense, se doit de ne rien faire qui ressemble à un abus de la force.
Dans une circonstance analogue à celle où nous nous trouvons, une illustre assemblée, par son décret du 28 mars 1791, déclarait sa pensée et ses vues en ces termes : « L’assemblée nationale ne connaît point le langage et les détours d’une politique artificieuse. Elle ignore, elle méprise surtout les moyens de captiver les peuples autrement que par la justice : attachement réciproque, avantages communs, inaltérable fidélité, voilà, peuples des colonies, ce qu’elle vous promet, ce qu’elle vous demande. »
La métropole en se plaçant, aujourd’hui encore, sur ce terrain, pourra compter sur le concours des colons.
L’esclavage colonial ! personne ne peut plus raisonnablement le vouloir ; mais il a donné naissance à un état de choses que la légalité couvre de son égide : établi par la métropole, dans son intérêt, avec son appui, au moyen de ses encouragements, il a, depuis deux siècles, constitué dans des pays soumis à son autorité, « une société complète, civilisée, ancienne, qui a des mœurs, des souvenirs, une histoire. (M. de Rémusat, Rapport à la chambre des députés du 12 juin 1858.) »
Il s’agit aujourd’hui de résoudre le grand problème de l’émancipation ; et, pour y parvenir, il convient de se fixer sur le caractère de l’esclavage colonial, et d’examiner les phases qu’il a parcourues.
89 a proclamé des doctrines tendant à la régénération de l’humanité ; 1850 les a adoptées.
Lorsque, sous la restauration, dans ce temps de prospérité et de calme pour les colonies, ces pays croyaient ressaisir leurs anciennes coutumes, renversées le 16 pluviose an II, réédifiées le 20 mai 1802, ils s’abusaient sur leur situation : l’influence des idées nouvelles s’était manifestée chez eux ; et par suite, le colon, de lui-même, préparait cette révolution dont il combat actuellement l’imminence. Ce travail des idées, quoique s’opérant dans une sphère supérieure à l’esclave, n’en devait pas moins miner la vieille organisation coloniale.
D’où vient donc cette vive résistance que l’émancipation rencontre chez les colons ? D’abord, ils n’ont trouvé dans le gouvernement ni force, ni volonté. En second lieu, ils croyaient apercevoir dans le langage de quelques philantropes ardents la pensée de tous. Enfin, ils sont effrayés du précédent qui, dans St-Domingue, s’offre à eux comme le résultat obligé de la libération des nègres.
Comment, d’ailleurs, ne pas excuser les appréhensions du colon, lorsqu’à l’autorité des fa

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