Des grémillons pour les canards
252 pages
Français

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Des grémillons pour les canards , livre ebook

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Description

Une famille comme tant d'autres, catholique, pratiquante, accrochée à la terre de sa métairie. Survient un enchaînement d'événements : la famine plusieurs années de suite, la révolution de 1789, la chasse aux prêtres, une conscription avec une levée en masse de 300.000 hommes, la révolte des conscrits, la révolte des paysans, les émeutes, la guerre, les guerres… Cette famille se trouve alors broyée, et sous la violence des hommes et du pouvoir en place éclate. Les parents, les grands-parents, les enfants, chacun de son côté connait l’horreur. Et tous se doivent de survivre et de lutter, loin des autres... Survivre aux tueries, survivre aux guerres, survivre à la folie des hommes, garder la foi et l’espoir… Le souvenir et l’amour seront les liens entre tous avant que ne revive le pays dévasté et que la famille n’entame une autre vie avant de redécouvrir le bonheur.

Informations

Publié par
Date de parution 27 octobre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312035062
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0017€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Des grémillons pour les canards
Daniel Guillon
Des grémillons pour les canards
Les survivants d’Étusson












LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2014 ISBN : 978-2-312-03506-2
Sans Marielle, ce document n’aurait jamais vu le jour.

Oublier c’est trahir…

Avant-Propos
Je suis né dans le sud-est du Maine et Loire, à Montreuil-Bellay. Mes ancêtres maternels sont originaires du sud du département et du nord des Deux Sèvres avec comme épicentre Étusson.
Depuis de nombreuses années avec mon épouse nous recherchons notre généalogie, et au-delà nos racines. Depuis 25 ans, j’ai été amené à travailler longuement sur les archives de ces communes et découvrir un peu de l’histoire de mes aïeux.
Un oncle maternel, historien et écrivain, a travaillé sur l’histoire des communes de cette région, et sur les évènements qui marquèrent les lieux et les hommes et particulièrement la révolution et la grande guerre de 1793… Plusieurs de ses travaux furent édités. Il me donna envie de mieux connaître les faits, et m’encouragea à « chercher »…
Depuis 40 ans j’ai cette passion de découvrir et faire découvrir l’Histoire et au-delà la petite histoire de nos anciens.
Les communes de Montreuil-Bellay et d’Étusson, comme plus de 700 autres, eurent à vivre certains épisodes des guerres de l’ouest, dites guerres de Vendée qui ont enflammé les campagnes à partir de 1793.
Mes ancêtres Louis et Marie Anne ont survécu à ces évènements dramatiques et pourtant méconnus.
J’ai voulu lutter contre cet oubli.
A partir des registres d’état civil et archives nationales, j’ai tenté de découvrir le détail des évènements, de mieux connaître les hommes et femmes de ce pays. Ce livre est la restitution romancée, naturellement, de leur vie.
L’utilisation des patois locaux est également une manière de lutter contre la disparition d’une partie de nos racines…
Alors suivez-moi dans cette histoire peu banale, qui s’incruste avec tant de force dans l’Histoire de notre pays. Outre mon roman, je vous propose de retrouver en Appendice de ce livre, un résumé de cette portion de l’histoire de la France.
Partons maintenant retrouver les Hurteau, dans leur métairie d’Étusson, appelée La Maisonnette.
La Nouël 1793
Le vent souffle dans les chênes voisins. Les lamentations des branches agressées qui s’entrechoquent couvrent le sifflement de ce vent qui hurle depuis toute une journée. La maison souffre sous les charges, on entend la charpente grincer de douleur. La nuit est tombée depuis plusieurs heures sur le bois de la Maisonnette, mais on devine le ciel bas, chargé de tant de nuages hostiles et noirs de deuil. La métairie semble écrasée par les éléments qui l’environnent. A l’intérieur, il y règne un grand calme. A la lumière tremblotante de la lampe, Magdeleine regarde la petite Agathe endormie sur sa paillasse.
C’est une petite brunette bouclée, avec le teint de ceux qui vivent au grand air, les yeux marron toujours en mouvement et prêts à dénicher le détail, à détecter l’insolite. L’enfant s’agite dans le sommeil de ses huit ans. Elle geint, et paraît faire des cauchemars. Magdeleine s’approche de sa fille et lui passe tendrement la main sur la joue. Elle se penche et effleure le front de l’enfant d’un doux baiser, ce qui l’apaise un instant.
Magdeleine souffle alors le lampion de ce jour de louange et de fête. Nous sommes à la Noël, la Noël 1793, nivôse doit-on dire maintenant. A Étusson et dans ses alentours, ce jour est un Noël de tristesse. Car si l’on fête la naissance de l’Enfant Dieu, la fête est d’une grande retenue, bien terne. On ne peut être dans l’allégresse quand les restrictions apportent plus de ventres vides que de cœurs joyeux.
On ne peut non plus se réjouir alors que l’on attend des nouvelles de l’homme parti à la guerre, et pour lequel les cœurs battent d’espoir et de doutes. Dans la plupart des foyers, en ce jour, les pensées vont vers les absents ou les disparus des derniers mois. Ce Noël est un jour de prières et de grand recueillement.
Magdeleine reste seule dans le noir, écoutant sa respiration, celle saccadée de Marie, sa mère, ainsi que celle redevenue plus calme de sa fille aînée. Depuis quatre générations, la première des filles de chaque famille se prénomme Marie. Elle-même a été baptisée Marie Magdeleine Philippe et sa mère l’a toujours appelée Magdeleine. Elle a eu trois enfants, un garçon Louis, et puis deux filles. La plus vieille a été portée sur les fonts baptismaux par le bon curé Dillon, chargé de la paroisse d’Etusson, sous les beaux prénoms de Marie Louise Christoflette. Son frère, attendri devant ce tout petit bout de chou, l’a immédiatement surnommée Toflette. Ce surnom lui est resté. La plus jeune s’appelle Agathe Jeanne Marie. Les joues rondes de fillette pas encore dépouponnée, rehaussant ses yeux noirs effilés en amande, Agathe a une belle chevelure très brune, légèrement ondulante, tombant sur les épaules, comme sa sœur et sa mère.
Marie, la mère de Magdeleine est une fille Gourdon de La Plaine. Dès l’âge de douze ans, elle a commencé à travailler comme domestique dans une des grandes exploitations de la famille Des Marchais, ces propriétaires ayant mis le couple Pichaux à la gérance de leurs terres. C’était une belle et grande exploitation de culture et d’élevage, installée sur de la bonne terre bien riche. Il y avait sacrée grande maisonnée, avec neuf enfants. Les domestiques étaient huit. Une cuisinière, une lingère, un cocher jardinier, et cinq journaliers laboureurs. Marie avait toujours été, tant du temps du grand père que de celui du père, la servante attitrée au linge.
La maîtresse de maison était bien un peu maniaque pour tout ce qui était repassage et rangement de son linge. Mais Marie connaissait bien les souhaits de sa patronne. La famille avait de beaux draps marqués en broderie, des nappes avec des liserés dentelés. Madame avait un superbe linge personnel, avec surtout des chemisiers et des dentelles blanches de qualité. Marie aimait repasser ces sortes de trésors, rêvant d’une certaine manière qu’il s’agissait de son propre linge. Elle prenait plaisir à ce que tout soit bien plié, rangé comme il faut dans le grand cabinet de Madame.
Ce qu’elle aimait moins, c’était le transport depuis le lavoir. Cela cassait le dos, tant par le poids du linge dégoulinant, surtout ces grands draps de coton encore bien mouillés malgré de nombreuses torsions d’essorage, que par la position au lavoir… Elle n’était pas faite non plus pour des dos fatigués par les ans et par les tâches rudes.
L’hiver les mains se retrouvaient pleines de crevasses. Au froid, elles attrapaient l’onglée, et rapidement la lavandière avait le plus grand mal à tenir son battoir. Par contre quelle que soit la saison, ce lavoir c’était le lieu de rendez-vous des domestiques, un lieu d’échange de nouvelles. En général il y régnait une bonne entente et l’on entendait le plus souvent des rires accompagner le rythme des battoirs. Mais il était arrivé quelques fois que deux femmes s’y crêpent vaillamment le chignon… Des jeunes femmes, des filles en fin de compte et se disputant pour un garçon ou une broutille. Marie avait l’habitude de dire que c’était une histoire de bonnes femmes, et que les gars du village s’intéresseraient à celle qui allait dominer. Et oui, c’était sûrement la plus robuste, donc la plus vaillante et sûrement le meilleur parti à épouser quant à la qualité de l’aide aux travaux des champs, ou alors la plus roublarde, et c’était pour un homme un défi à relever !
Marie aimait bien ses maîtres, et ils lui rendirent bien. A la Saint Michel suivant son mariage avec André, le gars Frogeray, un gars du pays, de la ferme de la Bosse, ce dernier fut également pris comme journalier par les Pichaux. Les maîtres mirent à disposition une petite métairie pour le nouveau couple de domestiques. Ceux-ci devaient payer en gibier chassé sur les terres des maîtres et en blé cultivé sur le terrain mis à leur disposition. André fit pousser du blé, du seigle, quelques pieds de vigne. Il éleva quelques lapins et quelques poules.
Grâce à leur travail chez les Pichaux, André et Marie purent élever leurs cinq enfants. Avec un j

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