Des hôpitaux et hospices civils de la ville de Paris
78 pages
Français

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Des hôpitaux et hospices civils de la ville de Paris , livre ebook

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Description

L’organisation des secours publics e st une grave et importante question qui se rattache, par divers côtés, aux problèmes les plus compliqués de l’économie sociale. La solution en est d’autant plus difficile, que l’économie sociale, à peine débarrassée des langes de la première enfance, marche, d’un pas incertain encore, dans des voies jusqu’à présent non frayées, et dans lesquelles elle n’a, pour se guider, que les instincts qui poussent l’humanité à chercher un remède à ses maux, un soulagement à ses souffrances.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 1
EAN13 9782346128631
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
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Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Ange Blaize
Des hôpitaux et hospices civils de la ville de Paris
DES HOPITAUX ET HOSPICES CIVILS DE LA VILLE DE PARIS
L’organisation des secours publics e st une grave et importante question qui se rattache, par divers côtés, aux problèmes les plus compliqués de l’économie sociale. La solution en est d’autant plus difficile, que l’économie sociale, à peine débarrassée des langes de la première enfance, marche, d’un pas incertain encore, dans des voies jusqu’à présent non frayées, et dans lesquelles elle n’a, pour se guider, que les instincts qui poussent l’humanité à chercher un remède à ses maux, un soulagement à ses souffrances. L’homme étouffe dans la lourde atmosphère des intérêts individuels, des passions égoïstes, sous le ciel d’airain qui pèse sur son âme attristée, comme la pierre d’un tombeau. Il voudrait soulever le poids de ses peines, fouler d’un pied libre le sol arrosé de ses sueurs, moissonner le champ fécondé par son travail, se redresser enfin, courbé qu’il est vers la terre par l’esclavage et la détresse.
Il y a bientôt un siècle, la science entreprit de briser la chaîne qui rive le peuple à la misère, de détruire les priviléges, et d’améliorer la condition des classes laborieuses. Telle fut la tendance de l’économie politique dirigée par Quesnay et Turgot, tendance qui conduisait, à travers des réformes politiques et sociales, à la réhabilitation de l’homme moral, au règne de l’égalité par la liberté. C’est en vertu de ces principes que la révolution a jeté les bases des secours publics. Sa législation se distingue par l’ampleur des vues, la générosité des idées et la grandeur qui caractérisaient, à cette époque, l’esprit public en France. Dans les temps antérieurs, les gouvernements s’en étaient rapportés, sur ce point, à la charité particulière ; la charité légale était à créer, et avec elle une administration vigoureuse qui centralisât les ressources, et leur donnât une direction utile et féconde.
Le paupérisme n’avait été considéré par la monarchie qu’au point de vue de la répression ; les mesures que lui suggéra son égoïsme furent trop souvent injustes et atroces. Par une ordonnance du 13 juillet 1777, Louis XVI, ce roi débonnaire, envoyait aux galères tout homme valide, de seize à soixante ans, n’ayant aucun moyen d’existence et n’exerçant pas de profession. Des édits antérieurs condamnaient à la hart les mendiants et les vagabonds, et faisaient jeter dans la rivière les malades atteints d’affections vénériennes.
L’Assemblée Nationale étudia, jusque dans ses détails, la question du paupérisme ; les rapports de la Rochefoucauld-Liancourt, au nom du comité de mendicité, résument ces admirables travaux, qu’il était réservé à la Convention de compléter et d’ériger en lois. Les gouvernements qui succédèrent au pouvoir révolutionnaire tronquèrent ces lois, et, de leurs lambeaux, formèrent la législation actuelle des secours publics, législation sans unité, sans prévoyance, sans efficacité, hérissée de contradictions, et qui révèle l’esprit étroit, égoïste et réactionnaire de ses auteurs.
L’esquisse de l’organisation des secours publics en France en donnerait la preuve triste et incontestable ; mais tel n’est pas l’objet que nous nous proposons aujourd’hui. Frappé de la mauvaise administration des hôpitaux et hospices civils de Paris, des abus déplorables qui compromettent, chaque jour, la santé et la vie de milliers de citoyens, nous avons cru qu’il était de notre devoir de les signaler à l’attention publique, et de demander, dans le régime des établissements hospitaliers, des réformes absolument indispensables.
Des réflexions douloureuses nous sont souvent venues à l’esprit, dans le cours de ce travail ; elles étaient provoquées par le mauvais vouloir, la résistance opiniâtre que l’on rencontre dans les administrations publiques, toutes les fois qu’il s’agit des intérêts du peuple, du soulagement à apporter à ses souffrances. Il n’y a rien là cependant qui doive étonner. Le monde officiel, étant pris en dehors du peuple, étant constitué dans un intérêt essentiellement distinct de l’intérêt du peuple, étant conduit par des principes en opposition avec les principes sur lesquels reposent les droits du peuple, ne considère pas les secours qu’il lui accorde comme une dette sacrée, une obligation sociale : c’est, de sa part, un acte de nécessité politique. Il faut des hôpitaux comme il faut des prisons, une voirie, dans l’intérêt de ce qu’on est convenu d’appeler le bon ordre.
Loin de nous la pensée que, pris isolément, les individus qui composent le monde officiel soient dépourvus de tout sentiment d’humanité : nous croyons le contraire. Si nous exceptons quelques monstres, qui se produisent dans l’ordre moral comme dans l’ordre physique, et qui ne font que confirmer la règle générale, tous les hommes possèdent à peu près les mêmes vertus et les mêmes vices ; car la nature humaine est une ; mais il y a au fond des institutions de secrètes et fatales influences qui réagissent sur un état social donné : les actes publics en sont l’expression. Ces influences, dans une certaine mesure, dominent les individus eux-mêmes : ils peuvent avoir des intentions droites, des vertus privées ; mais ils ne sauraient se soustraire complétement aux conditions générales de leur existence politique ; et les actes les plus exorbitants peuvent quelquefois leur paraître des actes de justice et d’humanité. Pendant longtemps, la traite des noirs n’a-t-elle pas été considérée comme une œuvre de miséricorde ? N’a-t-on pas dit les droits féodaux ?
Madame de Sévigné, racontant à sa fille, avec sa verve enjouée et d’une façon toute plaisante, la penderie qui se fit à Rennes en 1667, et les brigandages des soldats envoyés en Bretagne pour la levée de l’impôt, semblerait, si on la jugeait par sa manière de dire les choses, inaccessible aux émotions de l’âme, méchante jusqu’à la cruauté. Et quelle femme fut plus tendre, plus aimante ? Vit-on jamais un esprit plus fin, plus délicat, doué d’un naturel plus parfait, de plus de qualités précieuses ?
Il y avait tout un monde de faits et d’idées entre la noblesse et le peuple ; et c’est ce qui explique sa manière de voir et de sentir. La gent corvéable et taillable, que l’on pendait, pour entretenir la justice, et aussi les coffres du roi et les folles dépenses d’une cour dépravée, n’était pas de race noble ; elle n’avait pas même de nom :«  On a chassé et banni une grande rue, et défendu de les recueillir. » Habitué à supporter les charges les plus lourdes et les plus injurieuses, tous les mépris, toutes les vexations, l’être sans nom, qui était le peuple, pouvait par. fois inspirer de la pitié, jamais de la sympathie. Ses longues souffrances tournaient au profit de la noblesse, qui avait fini par les trouver naturelles. Il en doit être ainsi là où l’inégalité des droits et des devoirs crée des catégories et des classes dans la société. De cette division, radicalement vicieuse et fausse, naissent des haines instinctives et profondes, qui altèrent, dans leur source, les sentiments purs et élevés, la raison, la conscience elle-même. Les institutions exercent donc une puissante action sur l’intelligence des hommes et sur leur moralité ; et c’est par ces effets surtout qu’il faut les juger.
Dans l’ancienne société, la classe dominante était, jusqu’

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