El Mektoub… Le Destin
79 pages
Français

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Description

Bernadette Herman est née en Belgique en 1944 et jouit maintenant d'une retraite bien méritée.


Abdelkader Boucharba est né en Algérie en 1956. Il est le patron d'une petite gargote où il sert : du thé, des jus de fruits et des calenticas.


Ce livre est le deuxième d'une trilogie Nord-Sud, écrit en co-écriture par deux auteurs qui communiquent uniquement via le Net. Leur façon de vivre leur passion pour l'écriture en duo n'est pas banale. Car, même après la rédaction de ce deuxième roman, ils ne se connaissent toujours pas et continuent à communiquer par courriels.


Dans El Mektoub, Bernadette et Abdelkader, nous font revivre les moments de tristesse et d'espoir qui ont jalonné la vie, aussi bien des Algériens que celle des Français vivant là-bas, laissant derrière eux, des amis très chers où encore un amour rendu impossible par l'éloignement et l'absence. Ces derniers quittaient avec regret, une vie et un pays, pour plonger dans l'inconnu d'un nouveau destin qui s'annonçait parfois bien précaire. On y trouve aussi l'épisode chaotique des temps incertains de la fin d'une guerre meurtrière et de la naissance de l'indépendance algérienne. Après bien des aléas, l'amour de deux jeunes gens triomphera des frontières et des préjugés ridicules qui, de nos jours, encore, animent quelquefois certains esprits chagrins.


Ces deux auteurs atypiques signent ici leur deuxième œuvre et n'ont nullement l'intention d'en rester là, malgré les milliers de kilomètres qui les séparent.


L'inspiration est une source, une oasis intarissable qui, parfois, jaillit par-delà les limites et les frontières.



Philippe Coulée, journaliste.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 9
EAN13 9782376920410
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’esprit des aigles
Chaussée de Forest, 22
1060 Saint Gilles
Bruxelles
http://espritdesaigles.e-monsite.com
http://qasida.e-monsite.com/

ISBN (version papier) : 978-2-37692-041-0

Versions eBooks réalisées par IS Edition via son label Libres d’écrire .
Tous droits de traduction et d’adaptation réservés.

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur, de ses ayants-droits, ou de l’éditeur, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes de l’article L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Chapitre I
En Algérie, l’été 1962 n’est pas comme les autres étés. Pas parce que les fortes chaleurs ne sont pas au rendez-vous, que les immenses champs de blé ne promettent pas une riche moisson ou que les moineaux désertent son ciel bleu. Mais parce qu’il est marqué par la fin d’une atrocité : La guerre !

C’est la fin d’une époque et la naissance d’une nation, une nouvelle Algérie née dans la douleur. Ce bouleversement historique est visible sur le visage des populations autochtones et européennes. Les politiques d’Evian ont décrété le cessez-le-feu. C’est la fin des hostilités. Le soldat, l’appelé du contingent, est toujours là. Il a gagné la paix. Le maquisard est là, moins visible, mais présent lui aussi. Il a gagné la paix. Et pourtant, ils se sont fait la guerre. Une guerre inutile ayant coûté des centaines de milliers de vies humaines. La déchirure est grande et le drame sans commune mesure. Mais la paix ne vient pas comme vient la guerre. Elle ne s’installe pas avec aisance dans le tissu de la société. Elle doit d’abord pénétrer les cœurs, habiter les âmes et aider à la réconciliation. Par contre : la guerre est une machine aveugle, alimentée par les calculs stratégiques et économiques des hommes politiques. Son carburant, c’est la force, la violence, la poudre. Son produit, c’est la ruine, les rancœurs et la misère.

Dès l’annonce du cessez-le-feu, c’est le grand départ. Des milliers d’Européens sont rapatriés par vagues successives et des milliers d’autres restent dans l’expectative. Ils ne peuvent s’imaginer quitter un si beau pays. Un pays où ils sont nés et où ils ont grandi.
Au lycée des jeunes filles, Françoise est la première à remettre la copie de sa dissertation à monsieur Bernard, le professeur de français. Elle espère quitter la classe et aller retrouver Yacine.

Depuis un moment, elle le voit par la fenêtre de la salle de cours. Il l’attend sous la porte d’entrée principale. Elle se lève doucement de sa chaise, en essayant de faire le moins de bruit possible, afin de ne pas déranger les autres élèves. Mais surtout pour ne pas attirer l’attention du professeur. Celui-ci a toujours de petites corvées à faire exécuter par les plus rapides.
Ouf ! La chance est au rendez-vous. Plongé dans la lecture du journal local, monsieur Bernard ne s’aperçoit même pas de la sortie de Françoise.
Le cœur joyeux à l’idée de l’après-midi qu’ils vont passer ensemble, elle franchit en vitesse le grand couloir la séparant de la cour et s’en va retrouver Yacine. A la vue des cannes à pêche, elle comprend tout de suite où leurs pas vont les mener. A leur endroit fétiche, juste sous le grand pont qui enjambe le Cheliff. Un beau cours d’eau, le plus long d’Algérie. A sa vue, le visage de Yacine s’anime de son plus beau sourire. Bientôt, elle est près de lui.
– Tu m’avais vu ? lui demande-t-il, heureux.
– Bien sûr, je te guettais par la fenêtre entre deux réponses à mon devoir de français.
– J’espère que tu n’as pas bâclé ta copie à cause de moi, dit-il, d’un air qu’il voulait sérieux.
– Mais non, ne t’inquiète pas. Et toi, tu n’as pas séché les cours, au moins ?
– Non, non, je n’ai pas séché. Le prof est malade. Je suis sorti plus tôt. Partons vite. Le poisson n’attend pas, lui !

Yacine s’empara du sac pendant que Françoise portait fièrement les cannes à pêche. Puis, ils se dirigèrent en riant vers le pont se trouvant à une centaine de mètres du lycée.
Le soleil chauffait de tous ses rayons. Bientôt, ils seraient seuls à l’ombre des vieilles pierres et pourraient goûter à la fraîcheur dispensée par l’eau du grand fleuve.
D’autres pêcheurs étaient assis sous les hauts eucalyptus. De vieilles personnes, des retraités, jouaient patiemment du moulinet en attendant qu’un poisson vienne mordre à leurs hameçons. Sans trop se parler, ils semblaient être en pleine compétition. Comme il n’avait pas plu depuis fin avril, les eaux du Cheliff étaient très claires et moins poissonneuses. Il n’était donc pas aisé de remonter de grosses prises.

Françoise et Yacine se servaient de vers de terre comme appâts. D’après les vieux, l’alose, un poisson facile à prendre, en raffolait. Ils creusèrent un grand trou, puis le remplirent d’eau. Dès qu’ils en attrapaient un, ils le mettaient dans cet aquarium improvisé pour le maintenir en vie. Souvent, lorsque leur pêche était médiocre, ils rendaient leur prise aux flots de l’oued et passaient le reste de l’après-midi à se baigner ou à marcher sur la rive pour observer la faune aquatique. Une semaine encore et les grandes vacances seraient là.

Depuis tout petit, Yacine passait le plus gros de cette période chez ses grands-parents à la montagne. Mais, vu la férocité de la guerre, ce grand plaisir lui était interdit depuis quatre ans.

De son côte, dès la remise des résultats scolaires, Françoise se rendait souvent chez de proches parents en Normandie. Elle rentrait en Algérie quelques jours avant la rentrée. Tous deux, élèves brillants en classe de première lettre, ils savaient l’année suivante plus difficile. Une année redoutée, celle du baccalauréat.

Durant toute la partie de pêche, Françoise semblait plongée dans de sombres pensées. Lorsque Yacine lui murmurait quelques mots, elle lui répondait par un vague sourire. Peu Communicative ce jour-là, elle semblait avoir un secret accroché au fond de la gorge.
Yacine en était conscient, mais il n’osait pas lui demander la raison de ce silence inhabituel.
Puis tout à coup elle lança :
– La guerre est finie maintenant…
– Oui, le cessez-le-feu est en vigueur, répondit Yacine.
– Tu y crois à cette paix ?
– Bien sûr, j’y crois !

Depuis qu’ils étaient amis, jamais Françoise n’avait posé pareilles questions. « La guerre est l’affaire des soldats et des hommes politiques », pensait-t-elle. Comme le sujet était sensible, elle ne cherchait jamais à émettre une quelconque opinion.
– Tu sais, mes parents pensent partir vivre en France. Je dois les suivre.
– Quoi ? C’est déjà décidé ?
– J’aimerais bien rester ici. Là-bas, je me sentirai étrangère. Je le sais ! Puis on ne se verra plus, dit-elle, d’une voix tremblante de désespoir.
Ne sachant plus cacher son émotion, Yacine lui prit la main en la serrant tellement fort qu’elle laissa échapper un petit cri de douleur. Cela ramena directement le jeune homme à la réalité.
– Oh ! Pardon. Je ne voulais pas te faire mal. Mais à la pensée qu’un jour prochain tu t’en iras, le chagrin m’envahit.
– De toute façon, s’ils en ont décidé ainsi, rien ne les fera changer d’avis. Que vais-je devenir dans cette France inconnue ? Ne plus te voir sera pour moi tellement difficile. Quand j’y pense, j’ai envie de pleurer.
– Et si tu leur demandais de rester encore un an ici en prétextant le baccalauréat. Cela serait mieux pour tes études. Ils comprendront.
– Ca ne changera pas grand chose à leur décision. Mais je peux toujours essayer.

Ils ne pensaient même plus à leurs cannes à pêche abandonnées au bord l’eau. Ils continuaient à marcher sans but, plongés dans leurs pensées. Puis, toujours en silence, ils s’assirent à même le sol, les yeux perdus dans le vague de leurs âmes déjà orphelines.
Tout doucement Yacine lui reprit la main alors qu’elle posait sa tête au creux de son épaule. De grosses larmes roulaient sur ses joues sans qu’elle ne fasse rien pour les arrêter. Ils étaient comme deux enfants perdus ne sachant pas très bien ce que l’avenir leur réservait. Il sortit un mouchoir de sa poche et le lui tendit en disant :
– Il faut qu’on trouve une solution. Tu ne peux pas partir comme ça, pas si vite. Jamais je ne le supporterai !
– Mais que veux-tu que j’y fasse ? Je n’ai que dix-sept ans. S’ils décident de retourner en France, je serai obligée de les suivre. Ce sont mes parents.

Ils restèrent s

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