Je suis toujours favela
127 pages
Français

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Description


Entre fiction et réalité, un recueil pour lire, sentir, appréhender la favela moderne.



18 nouvelles


Des histoires qui montrent une favela libérée des préjugés, consommatrice, hyper active, amoureuse, débrouillarde, mais toujours violente, exclue. Je suis toujours favela est un mélange de genres, de styles, de talents et de regards. Lisez les nouvelles dans l'ordre que vous voulez !



Ce recueil de nouvelles, titre phare des éditions Anacaona, est le 2e sur la favela, après Je suis favela (2011) et avant Je suis encore favela (2018). Chaque volume est totalement indépendant - parce que la favela change constamment - et est le reflet d'une époque.



Un collectif d’auteurs


Ils sont favelas mais pas muets. Engagés, dissidents, confirmés ou débutants : la parole leur est donnée.



7 articles et entretiens


Le Brésil a changé ces dix dernières années. Croissance du PIB, réduction des inégalités... Les avancées économiques ont eu des retombées sociales dans la favela. Cette société brésilienne émergente perdurera-t-elle ?


Pour comprendre le Brésil d’aujourd’hui, des articles sur : la pacification des favelas, les manifestations de 2013, la nouvelle classe moyenne, les Noirs au Brésil, la littérature dans les favelas.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 avril 2014
Nombre de lectures 28
EAN13 9782918799542
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Éditions Anacaona 2014 pour la traduction française ISBN PAPIER : 978-2-918799-49-8 ISBN NUMÉRIQUE : 9978-2-918799-54-2 Mise en pages : Clarisse Deubel Assistante éditoriale : Matilde Maini Traduction des articles pages 176 (A. Rodrigues), 202 (M. Paixão), 228 (J. Ludemir) : Matilde Maini Photo de couverture :Photo de couverture : © Vincent Rosenblatt / Agencia Olhares eBook Design : Studio Numeriklivres Œuvre publiée avec le soutien du ministère de la Culture du Brésil/ Fundação Biblioteca Nacional. Obra publicada com o apoio do Ministério da Cultura do Brasil/ Fundação Biblioteca Nacional
Introduction
Je suis favela est sorti en 2011.
Trois ans plus tard, voici Je suis toujours favela .
Nous le disions déjà dans Je suis favela : « La nouveauté la plus importante de la culture brésilienne de ces dix dernières années est l’apparition de la périphérie sur la scène publique nationale, et surtout le fait qu’elle s’exprime maintenant haut et fort, et partout. »
En 2014, la favela continue son explosion – économique, culturelle, sociale, politique – et littéraire.
La fiction : 18 nouvelles
Vous lirez au fil du livre une favela solidaire, qui étudie, qui rêve, qui consomme frénétiquement… Qui se sent parfois exclue, comme un poisson hors de l’eau, seule…
Vous verrez à côté de certains auteurs le logo FLUPP. La FLUPP est une fête littéraire qui cherche à faire entrer la littérature dans les favelas. Des ateliers d’écriture y sont organisés. J’ai sélectionné six histoires, écrites par ces habitants de la favela, novices, qui ont pris leur courage à deux mains, leur stylo, leur feuille de papier... Et ont couché leurs émotions.
À côté des novices, il y a aussi des auteurs confirmés qui ont déjà publié plusieurs livres, ont reçu des prix littéraires.
À côté des auteurs originaires de la favela (du morro ), il y a aussi des auteurs originaires de la classe moyenne (de l’ asfalto ).
Et à côté des auteurs – beaucoup d’auteures, au féminin.
Je suis toujours favela est un mélange de genres, de styles, de talents et de regards. Lisez les histoires dans l’ordre que vous voulez !
La partie documentaire : 7 articles et entretiens
Le Brésil a changé ces dix dernières années. Croissance du PIB, réduction des inégalités... Les avancées économiques ont eu des retombées sociales. Cette société brésilienne émergente perdurera-t-elle ?
Ce nouveau Brésil a vu son pouvoir d’achat augmenter, mais revendique aujourd’hui une citoyenneté à part entière, où son droit de vote sert ses besoins directs : infrastructures, santé, éducation et transport. Ce nouveau Brésil veut être reconnu dans sa diversité géographique, ethnique, culturelle.
Ils ont changé. Mais ils sont toujours favela. Paula Anacaona, mars 2014
Communauté XXI e siècle
Elle arrive avec son sujet prêt : « Communauté XXI e siècle ». Elle veut une source fiable, pour témoigner et donner de la crédibilité à son article. Elle demande à droite à gauche et finit par apprendre l’existence d’une certaine dona Benedita, la plus vieille habitante de la favela. Une femme respectée pour son histoire personnelle, son esprit critique, que l’on trouve devant sa porte en bois, assise sur sa chaise à bascule.
Elle – tout sourire. Dona Dita – sérieuse. Elle lui explique sa profession, présente son journal, raconte brièvement l’objectif de son sujet : parler des transformations, des améliorations dans la vie de la communauté :
— Communauté, non. Favela, l’interrompt dona Dita.
— J’ai l’impression qu’aujourd’hui les gens préfèrent dire communauté…
— Pas moi. Moi, je préfère parler de favela. Je vois encore la misère, l’occupation policière, la violence – et ça, c’est la favela. Vous, les chercheurs, les journalistes, vous aimez bien mettre des jolis noms pour masquer la réalité des choses. La favela, c’est la favela. Tant que je verrai autour de moi pauvreté, peur, insécurité, j’appellerai ça favela.
Cette réponse inattendue la trouble. Elle perd un peu de son aplomb, le fil de sa pensée s’interrompt. Elle demande à s’asseoir et pense : « Parfait. J’ai trouvé la bonne personne pour donner un peu de piquant à mon article ». Elle continue :
— Dites-moi, dona Benedita… Et les améliorations autour de vous : les rues goudronnées, les bicoques en bois remplacées par des maisons en dur…
— Goudronner les rues, faire des travaux d’assainissement : tu ne trouves pas que c’est le strict minimum, ma chérie ? Tu ne peux pas parler d’amélioration des conditions de vie en partant de cela : c’est la base ! Et tu me parles des maisons ? D’accord, ce ne sont plus des bicoques, mais regarde : la plupart n’ont même pas de crépi, de peinture, les parpaings sont à nu. Et le travailleur se serre la ceinture pendant deux ans pour rajouter un étage, et il lui faudra deux ans de plus pour mettre du carrelage sur les murs, et encore cinq ans pour la peinture, et ainsi de suite.
— Et tous ces jeunes, qui ont des portables dernier cri ? Vous ne trouvez pas que…
— Du vol.
— Pardon ?
— Oui, ces portables, c’est du vol. Que ça vienne des voleurs ou des patrons.
— Comment cela, vous pouvez m’expliquer ?
Dona Dita sent que la conversation va être longue. Elle remue sur sa chaise, remet son coussin derrière le dos, s’incline un peu vers l’avant.
— Vous enregistrez ?
— Oui.
— Vous ne m’avez pas demandé la permission, et vous enregistrez déjà ?
— Excusez-moi, c’est que…
— Tudo bem , ma chérie. Je sais comment ça fonctionne chez vous, et je sais aussi que ta patience n’est pas illimitée. Mais attention, hein ?! Dans ton article, je ne veux pas que tu coupes une ligne, d’accord ? Tu ne modifies pas ce que je vais te dire, hein ? Et je n’ai pas peur, tu peux citer mon nom. Tout ce que je vais dire, je l’ai déjà dit et tout le monde le sait.
— Entendu.
— Alors, voilà ce que je veux que tu comprennes : ces portables dernier cri, c’est du vol, que tu l’achètes chez les voleurs ou chez les patrons – qui sont d’ailleurs les pires des voleurs. Les voleurs, ils te vendent des portables à 50, 60, 70 balles, grâce aux combines, aux petits trafics des jeunes du coin, tu vois ? Les patrons aussi te les vendent à 50, 60 ou 70 balles – tous les mois, parce que c’est du crédit en 15, 20 prestations. Et maintenant, dis-moi une chose : tu trouves qu’avoir un portable dernier cri acheté en 15 ou 20 mensualités, c’est du progrès ?
En effet, peut-être que non. Mais dans sa tête, tout était clair, le sujet était prêt, ses arguments aussi. Pour tout dire, elle avait même commencé à rédiger une première version de son article. Et tout son travail allait être, d’une certaine façon, contesté, déconstruit, ligne après ligne, paragraphe après paragraphe, par cette dame ? Et le cahier spécial « Progrès dans la communauté » que lui avait commandé la rédaction ? Ah non…
— Aujourd’hui, les jeunes sont presque tous scolarisés, le pouvoir d’achat a augmenté, les gens mangent mieux, s’habillent mieux, ils arrivent à se payer une voiture…
— Mouais…
— Les études le montrent : plus de trente millions de personnes sont sorties de la misère ces dernières années, plusieurs dizaines de millions d’autres sont passées de la classe populaire à la classe moyenne…
— C’est des bobards.
— Des bobards, dona Dita ? Enfin, il y a des études, des chiffres, qui prouvent tout cela !
— Ma fille, autrefois, quand on disait que quelqu’un faisait partie de la classe moyenne, c’est qu’il gagnait bien sa vie, avait un bon salaire, des enfants scolarisés dans une bonne école – soit dans une école publique parce qu’autrefois c’était pas comme aujourd’hui, soit dans un établissement privé. Il avait une bonne mutuelle, il économisait pour se payer ses vacances d’été ou de fin d’année, il était propriétaire de sa maison, il avait payé l’emprunt de sa voiture, il vivait bien, quoi. Maintenant, le gouvernement, les études, ils viennent nous dire qu’on est « classe moyenne » parce qu’on gagne deux fois, trois fois le salaire minimum ?! Ce salaire minimum, c’est vraiment le minimum, d’abord parce qu’un salaire entier suffit même pas 

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