Joseph-Elzéar Bernier : Capitaine de l’Arctic

Alain Raimbault

Description

Joseph-Elzéar Bernier est un des plus illustres explorateurs et navigateurs du Canada. Né en 1852 à L’Islet-sur-Mer dans une famille de grands navigateurs, il deviendra lui-même capitaine à l’âge de 17 ans seulement. Animé d’une passion sans borne pour l’Arctique, il mènera plus de dix expéditions sur les mers du Nord entre 1906 et 1925. Le 1er juillet 1909, Joseph-Elzéar Bernier dépose une plaque sur l’île de Melville proclamant la souveraineté du Canada sur les îles de l’Arctique.

Sujets

• Histoire
• History
• Arctique

Informations

• Publié par: Éditions de l'Isatis
• Date de parution: 01 juin 2015
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782924309438
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

J OSEPH-ELZÉAR BERNIER
C apitaine de l’ Arctic
J OSEPH-ELZÉAR BERNIER
C apitaine de l’ Arctic
Direction éditoriale : Angèle Delaunois Édition électronique : Hélène Meunier Adjointe à l’édition : Aline Noguès

Illustration de la couverture : Sybiline Illustrations intérieures : Adeline Lamarre

Conversion au format ePub : Studio C1C4

© 2015 : Alain Raimbault et les Éditions de l’Isatis

Collection Bonjour l’histoire n o 14 Dépôt légal : 2 e trimestre 2015 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Raimbault, Alain, 1966-
Joseph-Elzéar Bernier, capitaine de l’ Arctic
(Bonjour l’histoire ; 14) Comprend des références bibliographiques et un index. Pour les jeunes de 10 à 12 ans.
ISBN 978-2-924309-42-1 (imprimé) ISBN 978-2-924309-43-8 (EPUB)
1. Bernier, J. E., 1852-1934 - Ouvrages pour la jeunesse. 2. Arctique - Découverte et exploration canadiennes - Ouvrages pour la jeunesse. 3. Capitaines de navire - Québec (Province) - Biographies - Ouvrages pour la jeunesse. I. Titre. II. Collection : Bonjour l’histoire ; 14.
G635.B44R34 2015 j910.92 C2015-940084-8
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Alain Raimbault

J OSEPH-ELZÉAR BERNIER
C apitaine de l’ Arctic
4829, avenue Victoria Montréal (Québec) H3W 2M9 www.editionsdelisatis.com
*
L es mots d’époque suivis d’un astérisque sont expliqués dans le glossaire du dossier Kondiaronk.

F iche d’activités pédagogiques téléchargeable gratuitement depuis le site www.editionsdelisatis.com
« Homme libre, toujours tu chériras la mer… » Charles Baudelaire À mes enfants A.R.
Chapitre 1
TENDRE ENFANCE


L e 1 er janvier 1852 naît Joseph-Elzéar Bernier à L’Islet, face à l’lsle-aux-Grues, en pleine tempête de neige. C’est un beau bébé de douze livres. Très fier, son grand-père dit de lui :
— C’est un costaud… un vrai Bernier !
Joseph-Elzéar Bernier descend d’une longue lignée de matelots québécois. Son grand-père est déjà capitaine au long cours* au début du XIX e siècle. Ses oncles, son père et de nombreux cousins prendront tous la mer, souvent sur des brigantins* ou des goélettes*. Ils navigueront sur des voiliers de bois, puis sur des bateaux à vapeur. Ils seront militaires dans la marine anglaise, pilotes sur le Saint-Laurent ou grands capitaines sur les mers du globe.
Joseph-Elzéar effectue son premier voyage au long cours sur le brigantin familial, le Zillah , à l’âge de deux ans. Sa mère, Célina Paradis, et sa cousine font partie du voyage. Son père Thomas, le capitaine, tient la barre. En route pour Cuba, le navire affronte deux terribles tempêtes. De plus, le climat tropical ne réussit pas à Joseph-Elzéar qui a de plus en plus de mal à respirer. En décembre 1854, le bambin, note sa mère dans son journal, manque presque d’étouffer dans la chaleur humide.

Quelques semaines plus tard, lors d’une escale sur l’île, la famille Bernier découvre la dure réalité de l’esclavage. Les Noirs mal nourris et habillés de haillons travaillent sans repos pour de riches propriétaires logés dans de vastes demeures. Célina confie à son journal la tristesse qui l’accable, et son impuissance.
Les cales* chargées de sucre, le Zillah accoste bientôt à Boston, en plein cœur de l’hiver. Alors que Thomas décide de quitter le port avec une cargaison de rhum et de tabac destinée à l’armée britannique stationnée à Malte, en Méditerranée, les glaces immobilisent le navire. L’équipage le dégage à l’aide de longues scies.
Une fois arrivé à destination, le navire est escorté par les frégates* anglaises armées de nombreux canons jusqu’en mer Noire, car la guerre de Crimée fait rage entre d’un côté les Anglais et les Français alliés aux Turcs, et de l’autre les Russes. La livraison effectuée en zone de guerre se passe sans problème, mais non sans danger. Le navire quitte finalement la Méditerranée, chargé de blocs de marbre à destination de Boston. Célina note un événement tragique auquel elle assiste horrifiée : le cuisinier d’un navire anglais, apercevant un requin à la surface de l’eau décide de l’attirer avec une nappe. Le requin mange bien la nappe, mais entraîne aussi le cuisinier avec lui, lequel ne survivra pas.
Joseph-Elzéar se souviendra d’un autre accident pendant la traversée du retour : un marin tombé à la mer. Il revoit sa mère et sa cousine en larmes, l’imaginant mort, puis le sauvetage miraculeux du matelot par son père.
Les mésaventures de ce premier voyage ne sont pas encore terminées. Des blocs de marbre se détachent sous l’effet du gros temps, et viennent endommager les mâts. Le retour est beaucoup plus long que prévu.
À Boston, le Zillah entre en collision avec un autre navire handicapé dans ses manœuvres par une épaisse couche de glace. Pour couronner le tout, un voleur s’introduit dans le navire et vole de l’argent au capitaine. En s’enfuyant, il tente de mettre le feu au bateau, mais l’incendie est vite maîtrisé.
— Je n’en peux plus, s’exclame alors Célina, épuisée par ce voyage sans fin.
Elle rentre en train jusqu’à Lévis avec son fils et sa nièce, puis termine le trajet en traîneau jusqu’à L’Islet.
Deux ans plus tard, à l’âge de cinq ans, Joseph-Elzéar retourne dans la mer des Caraïbes avec sa mère, toujours sur le Zillah piloté par son père. Cette fois, ce dernier va chercher un chargement de sel aux îles Turques où l’enfant s’émerveille devant le spectacle des poissons volants.

Son père lui offre un petit singe, qui chaparde tout ce qui lui tombe sous la main, au grand dam de l’équipage. Arrivé à Boston le 4 juillet, son père vend bien vite l’animal malgré les larmes de l’enfant. Son chagrin s’évanouit aussitôt devant les feux d’artifice tirés en journée et le soir pour célébrer l’anniversaire d’indépendance des États-Unis. L’enfant s’émerveille également en découvrant les ballons dirigeables qui sillonnent le ciel.
Fin juillet, la famille Bernier rentre à la maison et Joseph-Elzéar notera plus tard dans ses mémoires : « C’était la fin de la première partie de ma vie de marin. J’avais alors cinq ans et neuf mois. »
Ce qui peut alors sembler extraordinaire deviendra finalement le quotidien de Joseph-Elzéar.
Chapitre 2
JEUNESSE


À la fin de l’été 1859, le petit garçon devient pensionnaire au collège de L’Islet, une école chrétienne tenue par les frères des Écoles chrétiennes. La seule matière qui l’intéresse vraiment est la géographie car, il le sait depuis toujours, il sera marin.