L Opposition dynastique
68 pages
Français

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L'Opposition dynastique , livre ebook

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Description

Il faut se décider. — La France est divisée en deux camps. — Coup d’œil rétrospectif sur la démocratie. — La réaction et la révolution. — Le suffrage universel. — Politique intérieure de 1852 à 1859. — Les décrets du 24 novembre. — Netteté des paroles de l’Empereur : Interprétation de son gouvernement. — Le mal de l’inconnu. — La responsabilité ministérielle et le ministère d’Etat. — Les élections et M. de Persigny : leur résultat. — Conclusion.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346093694
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Antoine-Léonce Guyot-Montpayroux
L'Opposition dynastique
SITUATION POLITIQUE

Il faut se décider. — La France est divisée en deux camps. — Coup d’œil rétrospectif sur la démocratie. — La réaction et la révolution. — Le suffrage universel. — Politique intérieure de 1852 à 1859. — Les décrets du 24 novembre. — Netteté des paroles de l’Empereur : Interprétation de son gouvernement. — Le mal de l’inconnu. — La responsabilité ministérielle et le ministère d’Etat. — Les élections et M. de Persigny : leur résultat. — Conclusion.
I
Jamais des circonstances plus graves, jamais des rumeurs sourdes, mais entendues par tous n’impressionnèrent autant l’opinion publique ; chacun se rend compte instinctivement que des transformations profondes sont inévitables dans l’état politique et dans l’état social. N’est-ce pas dans des moments pareils que doivent surtout être les bienvenus ceux qui disent sans détours la vérité ou du moins ce qu’ils croient être la vérité ? N’est-ce pas l’instant pour tous d’apporter à l’œuvre commune, ceux-là le résultat de leur expérience, ceux-ci le fruit de leurs méditations ? En ce qui nous concerne, nous croyons le jour venu de dire hardiment notre pensée, de faire connaître quelle est selon nous la voie de l’humanité, de définir quels sont les vœux des peuples et quels sont les moyens de fortifier le pouvoir. Et si le raisonnement et l’histoire nous amènent à prouver que les intérêts des souverains et des sujets se confondent et sont identiques, devrons-nous nous arrêter devant cette considération que quelques personnages aujourd’hui haut placés pourront être froissés par des modifications qui assurent le bonheur de tous, la gloire de la France et la stabilité de l’Empire ?
Nous croyons qu’il est temps d’en finir avec une politique d’hésitations et de tâtonnements qui compromettrait d’une façon sérieuse l’État et la prospérité publique ; nous croyons qu’il faut envisager l’avenir avec calme et confiance, et jeter derrière soi un passé vermoulu, au lieu de s’embarrasser dans ses entraves. Il faut être de son époque ; il faut penser comme l’on doit penser au dix-neuvième siècle, et ne pas chercher à conserver des moyens et des systèmes impuissants à protéger les sociétés mêmes auxquelles ils s’adaptaient.
II
Le gouvernement impérial n’a pas à s’inquiéter des hommes restés fidèles aux royautés déchues. Ces ombres qu’on évoque à tout propos ne sont qu’un vain épouvantail, et le tort du gouvernement est précisément de paraître s’imaginer qu’elles sont dangereuses, et d’agir de telle façon que lui-même il soutient ces châteaux de cartes tout prêts à tomber.
La vérité, c’est que la France, je pourrais dire l’Europe, est divisée en deux camps : l’un composé de gens qui regrettent le passé, qui espèrent et veulent y revenir, sans songer que l’humanité ne peut remonter le flot qui l’emporte et que ce sont là des regrets superflus ; l’autre composé de ceux qui ont foi dans l’avenir, et qui pensent que le devoir et l’intérêt des gouvernements sont de guider l’opinion dans ce sens, et non de la laisser aller à la dérive ou de lui résister.
Nous sommes de ces derniers : nous sommes convaincu que l’ébranlement de 1789 a été beaucoup plus qu’une révolution ; que ce fut une explosion soudaine d’idées depuis longtemps en germe ; que ce fut le renversement définitif de tout ce qui tient du régime féodal et de la royauté de droit divin, et l’avénement de la démocratie et de la royauté populaire. En un mot, nous disons que ce fut non pas une modification, mais une transformation de l’état social. Et s’il en est ainsi, nous concluons que toute tentative réactionnaire est une puérilité, et que la seule mission pratique d’un gouvernement intelligent et fort est d’organiser la société nouvelle, sans s’inquiéter de savoir, comme nos hommes d’État semblent occupés à le faire, ce que devient celle qui n’est plus.
III
La question n’est pas nouvelle : elle date de 1789, et si aujourd’hui un malaise général se fait sentir à tous les degrés de l’échelle sociale, c’est parce qu’aucun gouvernement n’a eu le courage de prendre de résolutions, et, en politique, les résolutions sont la condition même de l’existence.
A peine les glorieux principes de notre révolution étaient-ils proclamés, qu’une impuissante réaction cherchait à les combattre et à les abroger. Irrité de ces prétentions, ivre d’ailleurs d’une liberté si longtemps refusée, le peuple, en haine du despotisme, tomba dans l’anarchie. Or, l’anarchie c’est la liberté sans ordre, comme le despotisme est l’ordre sans la liberté, et l’un pas plus que l’autre n’est apte à rien organiser.
Du milieu des discordes civiles, surgit le vaste génie de Napoléon. Ce fut une période étrange où, domptant l’anarchie à l’intérieur, l’Empereur jeta sur l’Europe les armées de la France, usant sur les champs de bataille cette énergie dévorante que tous avaient à dépenser. Jusqu’où alla-t-il dans ses rêves ? nul ne peut le savoir. Voulait-il fonder une monarchie universelle ? Voulait-il seulement créer une confédération de rois dont il aurait été le chef suprême ? Voulait-il imposer au monde par les armes ces principes nouveaux qui lui avaient donné la couronne et qu’il savait devoir être le pivot de l’avenir ? Nul n’a pu sonder la pensée du héros, et peut-être lui-même n’obéit-il qu’à cet instinct providentiel qui fait que les hommes de génie s’imprègnent tout naturellement des idées générales, à ce point qu’un siècle entier s’incarne dans un homme. Toujours est-il qu’il ne put accomplir son œuvre, et qu’il tomba haletant, épuisé, ayant fini par lasser la fortune, si longtemps son esclave. A l’intérieur, il n’avait pas eu le temps de constituer la démocratie comme son puissant esprit l’aurait pu faire. Mais il commit une faute que nous considérons entre toutes comme funeste à son règne. A l’apogée de sa gloire, quand la France entière l’acclamait et le portait aux nues, par crainte de cette république dont il avait dû réprimer les excès, il eut le tort d’appeler à lui des hommes de l’ancien régime qui tout naturellement aspiraient pour le moins à faire revivre sous l’Empire les vieilles pratiques de la royauté déchue.
Ces hommes, disposés par instinct à nous ramener insensiblement vers une société impossible à réorganiser, perdront tous les empires modernes jusqu’au jour où une main courageuse saura les écarter comme un passé inutile et par conséquent dangereux. Ennemis du prince, ils sont impuissants ; amis, ils sont nuisibles. Ceux-là n’ont rien compris à celte immense épopée de 1789. et ils ne voient pas que l’humanité est entrée dans une voie nouvelle. Ils ne savent pas que dans l’histoire générale des peuples glissent ainsi de ces courants auxquels rien ne peut résister, et qu’il faut suivre sans leur opposer de fragiles barrières. Car ce sont là des forces supérieures à toutes les forces humaines. On dirait la main de Dieu qui à travers les siècles soulève brusquement l’humanité et la pousse en avant pour lui faire accomplir son destin.
IV
L’année 1814 fut pour la grandeur de la France ce que l’année 1793 avait été pour la royauté. Elle marqua la vengeance de l’Europe et de la réaction contre la France et la révolution. Sous ces impressions furent rédigés ces odieux traités de 1815 qui n’avaient qu’un but : abaisser la France et enchaîner la révolution. Mais les triomphes obtenus par la réaction ne peuvent être que de courte durée : car, dus à la violence, ils ne peuvent être maintenus que par la violence. A peine un demi-siècle s’est-il écoulé, et de nouveau la France est à la tête du monde, et, d’un bout de l’Europe à l’autre, la révolution triomphe et fait trembler sur leurs

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