La lecture à portée de main
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Description
Informations
Publié par | Soliflor |
Date de parution | 01 avril 2014 |
Nombre de lectures | 0 |
EAN13 | 9782930543390 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 4 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0040€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
LA GRANDE GUERRE
Couverture : " L ingordo (" Le glouton ), dessin de Golia paru sur affiche, 1915.
KBR dessins pages 17 , 19 , 21 , 27 , 29 , 31 , 33 , 35 , 37 , 39 , 41 , 45 , 47 , 49 , 51 , 53 , 55 , 57 , 59 , 61 , 63 , 65 , 67 , 69 , 73 , 77 , 79 , 83 , 87 , 89 , 91 , 93 , 95 , 99 , 101 , 103 , 109 , 111 , 113 , 115 , 117 , 119 , 121 , 123 , 125 , 127 , 129 , 131 , 135 , 137 , 139 , 141 , 143 , 145 , 147 , 149 , 151 , 153 , 155 , 157 , 159 et 160 .
Archives de la ville de Bruxelles dessins pages 75 , 81 , 85 et 105 .
ditions Soliflor, info@soliflor.be Avenue de l Arm e, 29 - B-1040 Bruxelles www.soliflor.be
Tous droits de reproduction, traduction, adaptation r serv s pour tous pays.
Patrick Delcord
LA GRANDE GUERRE
en caricatures
Pr face de Laurence van Ypersele
Pr face
La Premi re Guerre mondiale fut d embl e pr sent e et per ue par les contemporains comme une guerre du Bien contre le Mal. Il s agissait pour tous les bellig rants de d fendre leur patrie, ic ne de la civilisation tout enti re, contre la barbarie de l adversaire. C est dire combien la guerre 1914-1918 fut une guerre morale au sein de laquelle la propagande joua un r le d terminant qui compl te les fronts militaire et conomique.
En effet, c est avec la Grande Guerre que les syst mes de propagande se transforment en v ritables instruments de masse et que l image y prend une place centrale. Pour la premi re fois, la propagande s ins- titutionnalise. Elle entre officiellement dans les moyens d action des bellig rants qui cr ent des organes sp cialis s de contr le, de cen- sure et de diffusion. Sa fonction premi re est double : c est la fois un discours d autol gitimation et une critique de l adversaire. Il s agit, d une part, d anihiler la volont de se battre de l ennemi en inten- sifiant la d moralisation, le d sillusionnement et les d saccords. Et, d autre part, d exalter la combativit de ses partisans en pr sen- tant le conflit comme une guerre d fensive et juste, en diabolisant l ennemi et en nourrissant les espoirs de victoire. D s les premiers jours de l embrasement, des caricaturistes de toutes tendances se sont
5
mis au service de leur pays en participant activement au discours de la propagande nationale. Les moyens utilis s par la caricature sont l ironie, la laideur graphique, les simplifications outranci res et, bien souvent, la plus totale mauvaise foi. Son but est tant t de stigmatiser l adversaire en le tournant en ridicule, tant t d appeler au combat en suscitant l indignation. En fait, la caricature est tout enti re travers e par une double ambigu t : l irr alit de la mise en sc ne cherche montrer une v rit cach e. Mais cette v rit est autant d noncia- tion d un mal r el que v rit partisane plus ou moins mensong re. Autrement dit, la caricature est la fois mystificatrice et d mysti- ficatrice. D un c t , elle utilise les passions de l poque, les peurs et les r ves des contemporains : elle d nonce les crimes, d signe les coupables, nomme les victimes. Mais, d un autre c t , la caricature nourrit et renouvelle l imaginaire collectif, en utilisant les st r otypes (l Allemand, ce bouffeur de saucisses, n est qu une brute paisse, la perfide Albion n est qu app t du gain, le Fran ais perdu d orgueil n est qu un incapable) et en simplifiant les situations (le Kaiser se livre lui-m me des massacres de civils, les capitalistes se r jouissent de la guerre, les p kins de l arri re sont insouciants, etc.). Ce faisant, la caricature se r v le une redoutable arme de propagande et participe avec efficacit un discours qui diabolise l adversaire tout en le minimisant. Ce double discours permet de mobiliser la combati- vit d une population et de ses arm es, en identifiant le danger tout en maintenant l esp rance. Or, il ne s agit pas n cessairement d une technique de manipulation des esprits : tout groupe en comp tition ________
6
produit spontan ment ce type de discours. En fait, les populations n taient pas totalement dupes et il n y avait nul besoin de prendre le contenu de cette propagande au pied de la lettre pour vouloir y par- ticiper, acheter des cartes postales ou lire des journaux satiriques. Autrement dit, l influence de la propagande de guerre n est pas tant de susciter par la manipulation des sentiments ou des comporte- ments que d entretenir des repr sentations d j existantes. Loin d tre le produit d une machine toute-puissante ou d un " bourrage de cr ne organis , la propagande de 1914-1918 refl te surtout les besoins des soci t s bellig rantes, leurs valeurs et leurs croyances, leurs d tresses et leurs esp rances.
travers ce livre, le lecteur ne d couvrira donc pas la Premi re Guerre mondiale telle qu elle s est d roul e, mais bien les visions contra- dictoires et affectivement charg es qu en donne la propagande des diff rents bellig rants.
L AURENCE VAN Y PERSELE Professeur l Universit catholique de Louvain
7
Introduction
La Biblioth que royale de Belgique (KBR) s est, en quelques ann es peine, largement ouverte au monde et sur le monde, en repensant les fa ons de valoriser son patrimoine. Le projet d un livre l intention d un large public consacr " La Grande Guerre en caricatures ne pouvait que rencontrer son appui actif et enthousiaste. En effet, cet ouvrage puise largement dans les dessins de presse et caricatures publi s dans des p riodiques trangers conserv s par cette institution. Son sc nario et la mise en sc ne de ces uvres originales permettent en outre des " lectures qui s adressent au profane comme au sp cialiste. Enfin, en appuyant son propos par de tr s nombreuses caricatures publi es " chaud - entre les premiers jours d ao t 1914 et les derni res s quences de cette trag die, la fin 1918 -, le pr sent ouvrage peut revendiquer bon droit la qualit de v ritable dition de sources, bien au-del de l troite temporalit souvent typique des manifestations comm moratives.
Deux remarques s imposent. Tout d abord, s il est publi en Belgique, " La Grande Guerre en caricatures embrasse l ensemble du premier conflit mondial. Certes, la Belgique y appara t effectivement en filigrane - le martyre de Dinant, l inondation de la plaine de l Yser, ________________
9
le r le du cardinal Mercier, l ex cution d Edith Cavell -, mais ce sont tous les th tres d op ration et tous les aspects de ce que nombre d historiens ont consid r comme " la matrice du XX e si cle qui s y trouvent trait s. Ensuite, si l on excepte les uvres du dessinateur tournaisien Rom o Dumoulin (pour Rigolboche ), l immense majorit des caricatures reproduites ici a t publi e dans des p riodiques britanniques ( Punch , Land and Water ), fran ais ( L cho de Paris , Excelsior , La Ba onnette ) et allemand ( Simplicissimus ).
Certaines de ces revues avaient depuis longtemps acquis de haute main leurs galons, tel Punch , lanc en 1841 et sous-titr " The London Charivari en vocation d un quotidien satirique illustr n Paris en 1832 et longtemps consid r comme un pr curseur du genre. Le munichois Simplicissimus fut pour sa part un creuset de l avant-gardisme, avant d adopter, d s l entr e en guerre, une ligne patriotique qui constituait la condition m me de sa survie. Fond en 1910, L Excelsior , pour sa part, allait s affirmer comme le pionnier de l illustration quotidienne et du photojournalisme. Quant La Ba onnette , elle est tout simplement un " enfant de la Grande Guerre, qui porta m me ses d buts, en janvier 1915, le titre cocardier de la ba onnette . Les auteurs de ces dessins taient, pour la plupart, des artistes chevronn s, souvent reconnus avant que les hostilit s ne s engagent. Seuls quelques " cadets - Ragnvald Blix, Louis Icart, Georges L onnec, Marco de Gastyne - y font leurs premi res armes. Mais pour nombre d entre eux, l exp rience de la _____________
10
guerre s av ra une " rupture fondamentale et d finitive. Songeons ici l Allemand Thomas Theodor Heine et au Norv gien Olaf Gulbrans- son, servant tous deux le Simplicissimus , avant qu une autre trag die - le III e Reich - ne fasse d vier leurs itin raires. Ou au N erlandais Louis Raemaekers, qui finit par s opposer la neutralit de son pays natal, pour poursuivre ensuite son engagement, en Grande-Bretagne. _____________________________
On l aura compris, " La Grande Guerre en caricatures n est ni un livre comme les autres ni un ouvrage " de plus sur la Premi re Guerre mondiale. En mettant en exergue des dessins parfois " l gers , sou- vent lourds de sens ou m me pouvantables, c est l imagination qu il illustre, le triomphe de l image - la charni re des XIX e et XX e si cles - dont il rend compte, le destin individuel et collectif qu il ques- tionne, et l universel auquel il renvoie.
C est pourquoi nous sommes convaincus que ses lecteurs prouve- ront autant de sentiments bigarr s - de plaisir, d effroi, de surprise, d interrogation, de doute, de curiosit , de soif d apprendre et de com- prendre - que nous en avons ressenti en contribuant sa gestation. _________
P ATRICK L EF VRE Directeur g n ral de la Biblioth que royale de Belgique
11
L EUROPE 1914
Alliances militaires en 1914
Triple-Alliance
Triple-Entente
Alli s de la Russie
NORV GE
SU DE
GRANDE-BRETAGNE
DANEMARK
RUSSIE
PAYS-BAS
BELGIQUE
LUX.
ALLEMAGNE
FRANCE
AUTRICHE-HONGRIE
SUISSE
PORTUGAL
ESPAGNE
ITALIE
ROUMANIE
SERBIE
MONT N GRO
CORSE
ALBANIE
GR CE
BULGARIE
SARDAIGNE
GIBRALTAR
SICILE
MALTE
1914
28 juin 1914. Un tudiant fanatique serbe, r vant de faire sortir les peuples slaves de l Empire austro-hongrois, assassine les h ritiers de la couronne imp riale, Fran