La légende d Ebamba
304 pages
Français

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La légende d'Ebamba , livre ebook

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Description

Récit imaginaire, la légende est souvent reçue comme une vérité car la morale sous-jacente qu'elle recèle réfère à un ordre qui tient du vraisemblable. Mais à la différence des légendes régulières qui, faute d'auteur, appartient à la mémoire sociale, celle d'Ebamba - pays imaginaire - est l'oeuvre de Tata Motumabé : est-il humain, divin, ni l'un ni l'autre ou les deux en même temps ? Avec lui, la vie devient une comédie et chaque homme, même le plus redouté, un acteur tous les istants.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2011
Nombre de lectures 178
EAN13 9782296802292
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La légende d’Ébamba
Encres Noires
Collection dirigée par Maguy Albet
et Emmanuelle Moysan

Dernières parutions

N°341, N’do CISSÉ, Les cure-dents de Tombouctou , 2011.
N°340, Fantah Touré, Des nouvelles du sud , 2011.
N°339, Harouna-Rachid LY, Les Contes de Demmbayal-L’Hyène et Bodiel-Le-Lièvre , 2010.
N°338, Honorine NGOU, Afép , l’étrangleur-séducteur , 2010.
N°337, Katia MOUNTHAULT, Le cri du fleuve , 2010.
N°336, Hilaire SIKOUNMO, Au poteau , 2010.
N°335, Léonard MESSI, Minta , 2010.
N°334, Lottin WEKAPE, Je ne sifflerai pas deux fois , 2010.
N°333, Aboubacar Eros SISSOKO, Suicide collectif Roman , 2010.
N°332, Aristote KAVUNGU, Une petite saison au Congo , 2009.
N°331, François BINGONO BINGONO, Evu sorcier. Nouvelles , 2009.
N°330, Sa’ah François GUIMATSIA, Maghegha’a Temi ou le tourbillon sans fin , 2009.
N°329, Georges MAVOUBA-SOKATE, De la bouche de ma mère , 2009.
N°328, Sadjina NADJIADOUM Athanase, Djass , le destin unique , 2009.
N°327, Brice Patrick NGABELLET, Le totem du roi , 2009.
N°326, Myriam TADESSÉ, L’instant d’un regard , 2009.
N°325, Masegabio NZANZU, Le jour de l’éternel. Chants et méditations , 2009.
N°324, Marcel NOUAGO NJEUKAM, Poto-poto phénix , 2009.
N°323, Abdi Ismaïl ABDI, Vents et semelles de sang , 2009.
N°322, Marcel MANGWANDA, Le porte-parole du président , 2009.
N°321, Matondo KUBU Turé, Vous êtes bien de ce pays. Un conte fou , 2009.
N°320, Oumou Cathy BEYE, Dakar des insurgés , 2009.
N°319, Kolyang Dina TAÏWE, Wanré le ressuscité , 2008.
N°318, Auguy MAKEY, Gabao news. Nouvelles , 2008.
N°317, Aurore COSTA, Perles de verre et cauris brisés , 2008.
N°316, Ouaga-Ballé DANAÏ, Pour qui souffle le Moutouki , 2008.
N°315, Rachid HACHI, La couronne de Négus , 2008.
N°314 Daniel MENGARA, Le chant des chimpanzés , 2008.
N°313 Chehem WATTA, Amours nomades. Bruxelles, Brumes et Brouillards , 2008.
N°312 Gabriel DANZI, Le bal des vampires , 2008.
R OMEZ


La légende d’Ébamba

Roman
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54293-8
EAN : 9782296542938

Fabrication numérique : Socprest, 2012
A ma mère qui ne peut me lire,
je conterai la Légende d’Ébamba.
Chapitre 1
IL était une fois !

Ébamba… Ébamba de Tata Motoumabé !

Ébamba, un morceau de terre, une minuscule planète presque sans hommes, nanti de richesses mais paradoxalement pauvre… Riche et repu de pauvres, Ébamba surprend et laisse perplexe. Peut-on regorger de tant de trésors fabuleux et battre en même temps un record de misères ? Étonnant !
Tout le monde parle des pauvres de l’Eldorado. Richesses ici, pauvretés là se côtoient, se regardent, s’épient, s’affrontent. Entre Ébamba et Tata Motoumabé il y a une sorte de lien magique, de filiation énigmatique qui fait croire que le lopin est sa propriété exclusive. Des langues agiles se délient dénonçant la connivence originelle entre la figure souveraine et Ébamba.
Vieillard du village Koumassi, Milan excelle dans la rhétorique du conte. Il en fait un art si noble que l’exercice lui vaut d’être populaire sans être célèbre dans les Mapane , quartiers pauvrissimes d’Ébamba. Sa barbe blanche et hirsute, son visage sec, émacié, fissuré de rides disent sa longévité sous la canicule ébambaise. S’il se dresse encore sur son échine voûtée quoiqu’appuyé sur sa canne, c’est parce qu’il obéit aveuglement comme tous les Ébambais de sa basse condition aux diktats de Tata Motoumabé, créateur, raconte-t-on, d’Ébamba. Au crépuscule de sa vie de chien, Milan est toujours au front contre les misères, avec les mêmes munitions de l’espoir utopique d’un avenir heureux.
Milan est un Mapaniste. Un des centaines de milliers de pauvrissimes d’Ébamba. Qui habitent dans des Mapane , huttes modiques, inclinées, lézardées des quartiers pauvres, des bidonvilles. Les Mapanistes sont les mutilés du destin que le hasard du sort condamne d’avance en les envoyant naître à Ébamba, sous un soleil caniculaire, plein, rouge, vif, perçant, brûlant. Les misères y sont de toutes les saveurs. De tous les parfums. De toutes les mélodies. Une année entière ne suffirait pas à les égrener et à dire les maux qu’elles causent aux damnés des Mapane.
Ces fléaux sont tabous, interdits. Personne n’en parle. Personne ne doit en parler. Ceux qui osent en souffler mot effleurent la vérité, affirmant que tout va bien. Que les Ébambais sont heureux. Heureux d’être malheureux. D’être pauvres, misérables et privés des libertés élémentaires, à l’exception d’une seule : celle de ne rien dire ou, mieux, de dire que « tout va bien » quand tout va mal. D’applaudir de toutes les forces de leurs bras squelettiques, les yeux embués de larmes et le cœur gros. Cette vérité à l’envers chante comme un rossignol et reste la seule vraie mélodie qui caresse l’oreille de Tata Motoumabé.

*
* *

Tata Motoumabé est un nom sublime. Pour Milan, il est tout un programme. Un programme d’histoire. Une histoire lourde qui pèse des tonnes sur sa langue. Sa bouche édentée qui bave de salive comme celle d’un bébé ne se lasse pas de la déclamer. Une histoire qu’il ne peut raconter sans d’abord s’essuyer ses fines lèvres amollies :

« Le nom Tata Motoumabé, explique Milan, est un étrange paradoxe. Il désigne la figure du chef. Un chef ambigu, certes bon père mais méchant et cruel. « Tata » symbolise ses instants de « père », son côté ange qui est artificiel ; « Motoumabé » son côté bête qui est naturel et en fait un « monstre ». En étant un peu bon et très méchant, Tata Motoumabé n’est tout à fait ni l’un ni l’autre, mais dans l’entre-deux. Il n’est pas jusqu’au plus petit Ébambais qui ne s’interroge sur la nature énigmatique du personnage à la une des médias et des conversations. Est-il corps ou esprit ? Divin ou humain ? Tata Motoumabé demeure insondable ».

Milan aime conter. Raconter. Extrapoler. Affabuler. Son ventre est repu d’anecdotes sur Ébamba et Tata Motoumabé. Quand il parle d’Ébamba, Milan prend soudain un air de tristesse inexpliqué. Son visage devient blafard. Sa voix grelotte. Il perd l’équilibre de ses maigres membres. Ses yeux scintillent d’amertume puis s’immergent dans des orbites creuses. Son discours est entrecoupé de pauses méditatives.
A Koumassi, son village natal, Milan, accoudé au corps de garde – son lieu de pèlerinage rituel – s’immerge dans ses habituelles cogitations. Les paupières mi-closes, il médite sur tout. Sur l’être et le néant. Sur le plein et le vide. Rien n’échappe à ses silencieuses réflexions. Une attitude ascétique qui en fait un philosophe. Tirant de sa bouffarde des volutes de fumée opaques, il jette sur une braise rougeoyante, pour l’attiser, un amas de ramures de lianes. Une flamme nerveuse, jaunâtre et incarnate, émerge. Elle pousse des craquements, des pépitements et crache des étincelles qui s’éteignent dans la fumée. Ce flash nocturne montre d’un trait Milan dans ses guenilles. Le lendemain, il sera le premier à envahir le lieu, à la même place que personne d’autre n’ose occuper par respect pour le vieil homme.
Avant de retrouver son Koumassi natal, Milan a passé plus de la moitié de sa vie dans beaucoup de villes d’Ébamba. Il a servi partout comme faucheur à la tâche. Il y en a beaucoup à Ébamba. Ils traînent dans les rues, armés de machettes, de pelles, de pioches, à la recherche des marchés. Ils vont de quartier en quartier, à la recherche d’une tâche hasardeuse qui leur donnerait de quoi s’acheter un bout de pain pour affronter la dureté du jour. Pour survivre. Ceux qui tiennent des machettes sont des « machettistes ». Il y a aussi des « pellistes », des « piochistes ». Ces titres de cul-terreux font la spécialité de Milan.
Aujourd’hui à Koumassi où il vit ses derniers instants, le vieillard, en poète assagi par la vie, lègue à la jeunesse une part de sa riche mais douloureuse expérience d’Ébamba.
Nanti d’un doigté inné, Milan, habile vannier, fabrique hottes de rotin, spatules et écuelles de bois… Des objets d’art de son génie créatif utiles aux villageois. Il travaille en fredonnant un air traditionnel des époques ancestrales. Avec une dextérité technologique, l’harmonie de ses mains dansantes séd

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