La presse et le pouvoir sous la monarchie de Juillet
155 pages
Français

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La presse et le pouvoir sous la monarchie de Juillet , livre ebook

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Français

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Description

La presse est un pouvoir, mais quels liens tisse-t-elle avec le pouvoir politique, nommé en ce temps gouvernement ? La monarchie de juillet en offre un tableau exemplaire : ce qu'il est légitime de décider puisque le gouvernement est représentatif ; ce qu'on ne doit pas même pense r; comment l'affrontement des tendances assure-t-il la pérennité d'institutions vacillantes, mais qu'on ne saurait refuser sous peine de l'anarchie et du pillage de la société par les inférieurs envieux. Aussi le principe représentatif est-il un absolu, on ne peut en discuter la source. Les échanges acerbes entre journaux supplantent la discussion publique et modèlent les conversations privées. Et qui dirige la presse?


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 octobre 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9782336882741
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Déjà parus

A la recherche des sciences sociales
Collection dirigée par Philippe Riviale et Bruno Péquignot

Cette collection veut faire connaître au lecteur d’aujourd’hui, étudiant, enseignant, chercheur, ou curieux des chemins divergents pris par cet ensemble, que nous nommons aujourd’hui sciences sociales, des ouvrages, et donc des auteurs méconnus.
Que ces ouvrages soient méconnus ne veut pas dire qu’ils sont médiocres. Encore moins sont-ils dépassés. Car une discipline, science ou pas, se bâtit sur une succession de bifurcations. Elle laisse de côté des pensées, qui avaient fait sens dans un contexte socio-historique basculé depuis dans le bas-côté. Là, parmi les vestiges innombrables du passé, on peut reconstituer, à la façon de l’archéologue, des voies ébauchées, des espoirs perdus, des tentatives trop précoces pour leur temps, des cris de révolte au nom de principes, que jamais on n’aurait dû oublier. On trouvera aussi les précurseurs de la liberté du commerce, de l’apologie de la propriété, des apôtres de la différence sociale. Ceux-là avaient été mis au placard pour la gêne qu’ils auraient causée, parce qu’il est des choses qu’on fait, et qui ne sont pas à dire.
Ces auteurs, ces pensées, ne s’inscrivent pas dans une histoire des idées, entreprise perdue d’avance par ses présupposés mêmes : qu’il y ait un sens et une continuité dans les idées, que l’histoire sociale résulte d’une accumulation intellectuelle, chaque contribution appelant la suivante. Des auteurs ont été en vérité retenus, parce qu’ils convenaient. On entendra par là que le savoir académique pouvait s’édifier sur ces piliers-là. Aussi ont-ils été métamorphosés en lieux de mémoire, en patrimoine commun, en convention.
L’objectif de cette collection est de rappeler à nous les pensées écartées, les auteurs qu’on ne connaît que par leurs critiques, c’est-à-dire généralement leurs censeurs, qui les ont pesés et jetés à la fosse, trop légers pour la lourdeur du gros animal qu’est le social ou trop lourds pour être soutenus par la légèreté d’un temps insouciant, qui ne voulut pas porter son fardeau.

Déjà parus

Philippe RIVIALE, Fondation de la civilisation marchande , 2019.
Philippe RIVIALE, Antonelle l’intègre et le mauvais gouvernement , 2018.
Gracchus BABEUF, Œuvres, Volume II, Tome 2, 2 018.
Gracchus BABEUF, Œuvres, Volume II, Tome 1, 2 018.
Philippe RIVIALE, La Révolution française et les « complots imaginaires » , 2017.
Gracchus BABEUF, Œuvres, Volume premier, 2 016.
Philippe RIVIALE, Le silence de Saint-Just, 2016.
Titre

Philippe RIVIALE











L A PRESSE ET LE POUVOIR SOUS LA MONARCHIE DE J UILLET 1830-1839
Copyright
























© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-88274-1
La presse et le pouvoir sous la monarchie de Juillet 1830-1839


« La France, il faut le dire, est profondément lasse des intrigues et des roueries politiques, qui semblent être, depuis quelque temps surtout, l’apanage avoué de toutes les hautes positions gouvernementales. Elle a mal au cœur, suivant l’énergique expression d’un ci-devant ministre, des misérables tripotages qui semblent constituer seuls aujourd’hui la science de gouverner. »
Le Constitutionnel, 20 juillet 1834

À quoi sert la presse ? pourquoi y a-t-il une presse ? Que signifie presse libre ? On dira que la presse informe, diffuse des opinions, commente les actes, les points de vue. Elle est un moyen de combler le vide ; ce vide absolu, dont nous devrions respecter l’obligation : que sommes-nous ; quel est le sens de cette vie, unique, en nous ? Le moyen commode d’arrêter notre pensée, de nous consacrer aux balivernes de l’existence nous conforte dans la conviction que nous sommes libres, puisque nous pouvons avoir une opinion sur toute chose 1 . Nous voyons déjà que la notion même de presse impartiale est du même ordre que celle de réalité objective ou d’ intérêt général . Ceci posé, il se trouve des gens pour faire des journaux, ce qu’autrefois on nommait presse périodique ; on trouve aussi des gens qui montent des murs, d’autres qui acheminent des denrées périssables, etc. Cela signifie que la presse répond à une demande ; qu’elle produise sa demande est plus que probable, c’est sans importance parce qu’il en va ainsi de toute offre effective. Si un organe de presse n’a pas de lecteurs, il sombre et d isparaît. S’il en a, il tombe inévitablement sous la critique ; il la provoque, précisément. Ce qui nous autorise déjà à distinguer deux façons de faire et surtout de dire : la première est d’assumer un point de vue, la seconde de prétendre à l’impartialité. Cette prétention est impossible à justifier ; elle suppose qu’un organe de presse, c’est-à-dire ses rédacteurs, sans parler de ses commanditaires sait la vérité sur l’objet qu’ils traitent. Je ne puis concevoir cette prétention. Il en résulte que la presse dite impartiale est de nécessité hypocrite et mensongère. Ce qui n’empêche pas la presse d’opinion de montrer une mauvaise foi qui peut aller sans peine au mensonge pur et simple. La différence tient à ceci que le mensonge de la presse d’opinion est visible comme un fruit pourri sur un arbre, tandis que la presse dite impartiale est elle-même l’arbre pourri. Il suffit de se reporter à la Déclaration des droits, telle que la formula la Société des droits de l’Homme : « Art. 5 : Le droit de s’assembler paisiblement, le droit de manifester ses opinions, soit par voie de la presse, soit de toute autre manière, sont des conséquences si nécessaires au principe de la liberté de l’homme, que la nécessité de les énoncer suppose ou la présence ou le souvenir récent du despotisme. »

Presse et pouvoir, c’est-à-dire gouvernement, puisque c’est en ce sens qu’on l’entend en général, est une restriction de sens. D’abord parce que la diversité de la presse est supposée ; or les gens, nommés citoyens en démocratie, peuvent se vêtir à leur goût, de façon excentrique, provocante même ; il est convenu que ce n’est qu’un vêtement, qui ne préjuge en rien des jugements de valeur aujourd’hui dénommés opinions. Il en va de même pour la presse ; des tendances, des sensibilités, des points de vue sont mis en scène ; mais il est convenu que les fondements, qu’on ne nomme idéologiques que pour produire la répulsion des honnêtes gens, sont garantis comme les statuts mêmes de la presse.
Ensuite chacun sait que le pouvoir ne se limite pas au gouvernement. Sans entrer dans la mélasse des concepts hasardeux, merci bien, il est évident qu’il est un pouvoir financier, et de façon beaucoup plus disputée un pouvoir de protestation, de représentation des intérêts et des groupes organisés. De sorte que la presse est elle-même un pouvoir, et que les gens du pouvoir institué passent par la presse, hier comme aujourd’hui 2 . Il faut prendre garde qu’un organe de presse n’est pas un invariant. Outre les hommes évolutifs , nous devons compter avec les rachats, les amendements, sans parler du coulage pur et simple.

Le présent essai cherche à mettre en lumière, à partir d’exemples précis et précisément exposés, le rôle de la presse dans la mise en œuvre de la politique, ce qui revient à légitimer le politique . Dans quelle mesure et de quelle manière la presse – il faudra y distinguer les courants, que l’on évitera de classer systématiquement de droite à gauche, parce que les intérêts ne sont ni de droite ni de gauche – élabore une image des luttes politiques, des ennemis de la paix et de la sécurité, des courants tyranniques qui voudraient une monarchie sans contrôle, de la place de la France humiliée naguère dans le monde, des hommes providentiels capables de rétablir la tranquillité du pays, etc. Les républicains, les révolutionnaires, les babouvistes supposés ou déclarés, accessoirement les légitimistes figurent les dangers encourus par la paix sociale et les intérêts légitimes, entendons privés.
La presse périodique, d&#

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