La reine pharaon
250 pages
Français

La reine pharaon , livre ebook

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250 pages
Français

Description

Caractéristique originale, le royaume de Nubie, à la fin de l'Antiquité, reconnaissait aux femmes le droit de régner sous le titre de reine "candace". Ce roman évoque la vie de l'une de ces reines-pharaons. La reine Kemsit s'est efforcée de concilier l'ambition, l'exercice du pouvoir, la recherche de la gloire avec les droits de l'amour et les passions d'une femme.

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Informations

Publié par
Date de parution 05 octobre 2013
Nombre de lectures 14
EAN13 9782336326955
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tristan CHALON
LA REINEPHARAON Récit de la Nubie antique
Romans historiques
LA REINE PHARAON Récit de la Nubie antique
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris http://www. harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-00545-4 EAN : 9782343005454
Tristan CHALONLA REINE PHARAON Récit de la Nubie antique
Romans historiques Cette collection est consacrée à la publication de romans historiques ou de récits historiques romancés concernant toutes les périodes et aires culturelles. Elle est organisée par séries fondées sur la chronologie. SANDRAL (André),Une drôle de citoyenne, 2013. JOUVE (André Alfred),Les bactéries du Chemin des Dames, 2013. CAILLAUD (Hélène) et BLANC Christophe,Le nœud du monde.Un ambassadeur de circonstance au Kongo, 2013.SIMBERT (Jahel),Les ondes fugitives. Voyage à travers l’histoire des Antilles de 1785 à 1902, 2013. BERTHOMÉ (Catherine),Les larmes de Cuba,2013. JOUHAUD (Fred),Le chirurgien du kaolin. Jean-Baptiste Darnet, l’homme de Porcelaine, 2013. DELACROIX (Joëlle),Le siège de Paris par les Vikings. Tome 1 : Les Vikings sur la Seine, 2013. DELACROIX (Joëlle),Le siège de Paris par les Vikings. Tome 2 : Le choix de Þorgils, 2013. ANDALOUSSY (Haytam),Sur la terre des orchidées, 2013. AZÉ (Jean-Noël),Cœur de chouan. Fructidor, 2012.ROUGE (Jean-François),Napoléon en Amérique. Le vrai faux journal d’Emmanuel de Las Cases, secrétaire et confident de l’Empereur,2012. RAMILLIER (Bernadette),La vie aventureuse de Scipion du Roure. Officier de marine et chevalier de Malte, 1759-1822, 2012. Ces douze derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
PARTIE I La Princesse
Chapitre 1.
La vieille reine
C’était au cœur d’un brûlant été en Nubie, à proximité de Soleb, en aval de la IIIe cataracte, sur les bords du Nil. Au loin on apercevait les ruines monumentales du temple que les Egyptiens en des temps immémoriaux avaient élevé. Ce temple, brodé d’hiéroglyphes, était l’œuvre d’un grand pharaon qui 1 avait dédié à son épouse le sanctuaire voisin de Sedeinga . Bâti sur une butte, le palais de Soleb était de construction récente. Dans un site exceptionnel, il dominait, d’un côté, un paysage minéral de montagnes brûlées par le soleil, de l’autre, une plaine de sable où le fleuve traçait sa course majestueuse et lente. Le vert pâle des eaux du Nil, le liseré de verdure et de palmes qui accompagnait ses bords tranchaient sur la rousseur fauve du désert.
Vaste édifice de briques cuites au soleil, le palais rougeoyait sous les feux du couchant. Ses épaisses enceintes de terre, ses bâtiments à portiques, à terrasses et à loggias, ses cours et esplanades, ses pylônes d’inspiration égyptienne étaient parcourus de reflets ocre, carmin, écarlate et pourpre. Des murs de pisé enfermaient les jardins secrets du palais. Par-dessus ces murs, les dattiers, les doums, les rôniers balançaient leurs panaches jaunis et poussiéreux. Tout ce palais de villégiature, aux dimensions d’une ville, était silencieux et paraissait inhabité sauf du côté des cuisines et aux abords des portes monumentales où régnait une vive animation.
Aux cuisines, malgré la chaleur qui s’était accumulée durant la journée, on avait allumé de grands feux qui ronflaient. Les esclaves africaines, les seins nus, à peine vêtues s’activaient, rieuses, bavardes, insouciantes. Les unes surveillaient la cuisson du pain dans les fours d’argile. Les autres alimentaient en bois
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sec les feux où rôtissaient des quartiers de viande, apportaient l’eau puisée aux fontaines du palais. D’autres épluchaient et lavaient des légumes, des racines, des herbes qu’elles jetaient dans l’eau frémissante de gros chaudrons de cuivre. On bien dans la fraîcheur des celliers elles tiraient le vin et la bière, elles remplissaient les cruches et les carafons. Il fallait nourrir les hôtes du palais, la garnison, la Maison de la reine-pharaon, la foule des domestiques, servantes, esclaves.
Le palais était aussi un centre d’élevage, il possédait des troupeaux nombreux. Sur les pistes qui conduisaient au palais, c’était l’heure où le bétail revenait de l’abreuvoir. Aux portes il y avait un peu de désordre, des bousculades. Les bêtes avaient hâte de regagner avant la nuit l’écurie, l’étable ou le parc à moutons. Dans un nuage de poussière et de sable, des files d’ânes, de dromadaires s’étiraient. Les chiens-bergers harcelaient la masse laineuse des brebis que guidait en tête un vieux bélier. Les vaches, les chèvres étaient impatientes : elles avaient besoin d’être traites. Et des cavales passaient au galop, un cheval arabe que retenait un palefrenier avançait d’un pas dansant, une fillette menait un taureau par une longe rivée aux naseaux de la brute docile. Les gardes au crâne rasé, court-vêtus de leurs pagnes aux plis raides, observaient avec morgue le défilé rustique, s’impatientaient, refoulaient un mendiant ou une pauvresse qui tentait de se faufiler dans la cohue. Ils avaient hâte de refermer les lourds vantaux de cèdre plaqués de fer qui resteraient obstinément clos jusqu’à l’aube.
Le crépuscule d’un gris lumineux éteignait l’incendie du couchant. Le Nil traînait ses eaux couleur de jade où mugissait l’hippopotame énorme. Une felouque glissait vers l’aval, ses voiles déployées captant le moindre souffle. L’immensité du désert s’étalait plate et rousse, ponctuée de rares taches de verdure. Aux fontaines bleues des oasis, les gazelles se hâtaient de boire, car c’était l’heure où le lion secouant la torpeur d’une longue somnolence quittait sa tanière, se mettait en quête d’une proie, s’approchait des points d’eau, des parcs à bestiaux, des troupeaux. Les vautours guettaient une charogne en planant
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dans les airs. Des bandes de chacals en maraude trottaient sur la pierraille.
Le crépuscule prenait possession du désert. Une lueur sanglante palpitait encore à l’ouest. Le paysage se vidait. Des cavaliers galopaient à l’horizon. Le long de la grande piste dite des 2 « quarante jours » un sillage de poussière suivait la marche lente d’une caravane attardée : bourricots et dromadaires chargés de ballots et de couffins gagnaient le refuge d’un caravansérail fortifié où seraient déposées pour la nuit les richesses de l’Afrique, l’ivoire, les épices, les aromates, les peaux de panthère ou de zèbre, les plumes d’autruche, les cornes aphrodisiaques de rhinocéros, le musc des civettes. Demain la caravane poursuivrait sa route vers la deuxième cataracte et vers l’Egypte, elle franchirait la redoutable ligne romaine. Cette ligne fortifiée était commandée par l’antique 3 citadelle de Bouhen . Les Romains avaient restauré et renforcé sa triple enceinte de remparts à redans, de bastions, de tours. Là veillait la sentinelle avancée de l’empire de Rome. Mais cet ennemi implacable, cet empire tout-puissant traversait une crise mortelle d’anarchie et d’insécurité. Il était menacé de désintégration.
Cependant, les villages, perchés sur les hauteurs, et leurs maisons en pisé ou en briques crues se fondaient dans la grisaille du soir. Leurs feux luisaient comme les fanaux d’une flotte à l’ancre et se répondaient de tertre en tertre. A l’orient, la nuit était déjà profonde. Elle effaçait la chaîne des montagnes arabiques au-delà desquelles, par très beau temps, quand l’air était pur, le miroitement de la mer Rouge jetait au ciel d’étranges reflets.
Vu de l’extérieur, le palais paraissait austère et triste, enfermé dans ses murailles, retranché derrière ses sévères pylônes. La chaleur, le vent du désert, les violents orages rongeaient ses bâtiments construits en un matériau fragile : la brique séchée au soleil tombait vite en poussière. Les crépis se craquelaient. Les murs se fissuraient. Mais à l’intérieur du palais, les appartements royaux, ceux de la reine en particulier, la salle du
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