La table renversée

Aminata Barry

Description

La table représentait l'espérance d'un magnifique peuple soudé autour d'un idéal qui pouvait se décliner de diverses manières. Ce peuple aussi épars que différent savait se rassembler aux instants historiques pour faire cause commune. Alors comment en est-on arrivé à emprunter un chemin aussi tortueux? Comment un aussi beau destin a-t-il pu se transformer en cauchemar?

Sujets

• Harmattan Littérature
• Conakry
• Mémoires
• Afrique subsaharienne
• Histoire

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 15 avril 2017
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782140035425
• Langue: Français

Extrait

Me Aminata B ARRY

La table renversée Conte politique

L a t ab l e R EN V ER SÉE

La table renversée

Me Aminata B ARRY

La table renversée

Du même auteur, chez L’Harmattan L’infernal quadrille, 2017 Le Tourbillon vers la sortie(3), 2015 Le Tourbillon(2).Le combat, 2013 Le Tourbillon(1), 2012 © L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-11986-1 EAN : 9782343119861

I NTRODUCTION

Ce livre aurait pu être écrit sous la forme d’un conte ; un conte de fée à la Perrault, avec une fin heureuse du genre : « ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants » ; en commençant par la délicieuse formule de : « il était une fois ».

Oui, j’aurais pu commencer cet ouvrage de cette façon- là ; mais un conte est une légende que l’on peut embellir par l’imagination.

Dans l’histoire que je vais raconter, la réalité est très proche de la fiction, car au commencement, on ne pouvait être que dans un conte de fées tant tout le monde était beau, « tout le monde était gentil », enparaphrasant l’intitulé d’un filmpour qui l’aurait vu.

L’écriture permet tellement de choses qu’elle peut devenir la meilleure alliée de l’homme, en traduisant un acte de revendication de ce que l’on est, tout en préservant jalousement ce qu’il y a de plus précieux en nous, la liberté.

L’écriture est aussi un acte d’affranchissement de ce que l’on vous impose d’être. Il faut en user et même en abuser à chaque fois, que l’on a quelque chose à dire.

Il était donc une fois un pays béni des dieux. La fée Carabosse, fée de mauvais augure, ne s’était pas penchée sur le berceau de la Guinée. Dieu l’en avait empêchée ; il avait pris la précaution jusqu’à la délicate attention de le répartir en quatre régions naturelles tellement différentes et interdépendantes qu’elles étaient condamnées à être unies ; aucune ne pouvant se passer de l’autre, suprême sentence divine les condamnant à être soudées.

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Elles étaient différentes par le paysage, le climat et les populations. Doté d’une nature généreuse en sol et en sous-sol, ce petit pays allait marquer l’histoire du continent africain de son fabuleux et triste destin. Curieusement, on aurait dit que Dieu avait choisi de trier les habitants de ce pays en faisant d’eux un peuple fier, rebelle et doté d’une intelligence ingénieuse. Ce peuple aussi épars que différent savait se rassembler aux instants historiques, comme des fleurs en un bouquet aux senteurs variées, pour faire cause commune. C’était la force de ce peuple. Alors, et je n’en ai pas l’explication, comment en est – on arrivé à emprunter un chemin aussi tortueux ? Dans les méandres de ma pensée, je réfléchissais, encore et encore, en puisant dans les flashs de souvenirs heureux et moins heureux pour en trouver la réponse. Telle la marche du Christ porteur de sa croix, je poursuivais ma route en une longue réflexion. Comment un aussi beau destin a-t-il pu se transformer en cauchemar ?

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C HAPITRE I

L A TABLE DRESSÉE

1) L’APPÂT Du haut de ses dix ans, la petite Aminata jouait toute seule à la marelle dans l’arrière-cour de la résidence provisoirement affectée à sa famille. Son père venait d’accéder à de très hautes fonctions dans le tout nouveau gouvernement du jeune État fraîchement devenu indépendant. C’était une grande bâtisse en étage, située près de la présidence de la République sise en bordure de mer jouxtant la corniche bordée de cocotiers tels des sentinelles veillant sur la presqu’île du Kaloum. Le paysage avait la beauté d’une carte postale pour destination de rêve. C’était simplement paradisiaque. La petite Aminata aimait cette terrasse qui surplombait l’immense étendue de mer à l’horizon de laquelle se profilaient les îles de Loos. Mais cette fois, elle choisit l’arrière-cour où se dressaient des escaliers qui menaient à la cuisine du haut. À peine avait-elle entamé son jeu favori, qu’elle fut interrompue par un Monsieur comme il faut de par sa mise qui sortait de l’ordinaire. La petite fille arrêta de sautiller à cloche-pied de carreau en carreau, obligée de suspendre la partie par cette visite impromptue. Elle leva la tête et le vit tout souriant :

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