Le NON de la Guinée (1958)
211 pages
Français

Le NON de la Guinée (1958) , livre ebook

-

211 pages
Français

Description

Le 28 septembre 1958, les Guinéens votent à 94% "NON" au référendum portant sur la Communauté franco-africaine. Etape fondamentale du processus d'émancipation des pays africains vis-à-vis des métropoles, cette date constitue un événement fondateur de la nation et de l'Etat guinéens. Les auteurs ont cherché, en se situant dans le renouvellement actuel des recherches sur la Guinée, à jeter un autre regard sur cet événement et à en explorer les résonances dans l'histoire récente.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 114
EAN13 9782296250642
Langue Français
Poids de l'ouvrage 9 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait









Le NON de la Guinée (1958)
Entre mythe, relecture historique
et résonances contemporaines

































© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11331-2
EAN : 9782296113312







Ouvrage dirigé par
Odile GOERG, Céline PAUTHIERet Abdoulaye DIALLO

Le NON de la Guinée (1958)
Entre mythe, relecture historique
et résonances contemporaines

Cahier Afrique n°25









Avec le concours du laboratoireSEDET (CNRS)
et de l’université Paris-Diderot















L’Harmattan

Aux morts du 28 septembre 2009

Le NON de la Guinée : entre mythe, relecture historique
et résonances contemporaines

Le 28 septembre 2008 devait marquer solennellement le
cinquantième anniversaire du NON de la Guinée à la Communauté
francoafricaine forgée par le général De Gaulle. Tel ne fut pas le cas. Des
cérémonies, prières et festivités furent certes organisées, mais l’atmosphère
n’était pas à la fête. L’incertitude politique en cette fin de règne de Lansana
Conté, les difficultés économiques accumulées et la dureté du quotidien sans
réelle perspective de jours meilleurs ne poussaient guère les Guinéens aux
célébrations (Goerg 2006, McGovern 2007). Le 28 septembre 2008, de fait,
futun non-événement pour les Guinéens (McGovern,infra).
Un an plus tard, le 28 septembre 2009 est taché de rouge, celui du
sang desvictimes de la répression militaire. Les grands partis politiques
avaient choisi ce jour symbolique pour manifester leur refus dumaintien à la
tête de l’État ducapitaine Moussa Dadis Camara. Le chef de la junte s’était
emparé des rênes dupouvoir aulendemain de la mort de Lansana Conté, le
23 décembre 2008, en promettantune transition démocratique. Les « forces
viv», regroes de la nationupant des partis, syndicats, associations et
représentants religieux,voulaient marquer leur opposition à la candidature
de Dadis Camara auxélections promises pour 2010. Le meeting, interdit au
dernier moment par la junte qui transforma de manière inopinée le 28
septembre en jour férié, rassembla plus de 50 000personnes dans levaste
stade dumême nom, comble des tribunes à la pelouse. Ce stade, situé dans le
quartier de Donka, à l’amorce de la banlieue, fut, avec le Palais duPeuple, le
lieude toutes les manifestations politiques et culturelles depuis SékouTouré.
L’armée fit de ce rassemblement populaireun jour de répression féroce
entraînant massacres,viols et outrages (Nivet, 2009).

Cette journée et sa date éponyme prennent désormais les couleurs du
deuil : les morts duNON à Dadis Camara recouvrent la fierté duNON à la
France, sur laquellevivaient les Guinéens depuisun demi-siècle. Le présent
ouvrage, élaboré avant cet événement sinistre, propose de renouveler la
réflexion sur la signification du28 septembre 1958 dans l’histoire de la
Guinée, ses avatars et ses multiples sens déployés aufil des décennies.

Regards sur le NON de la Guinée, 1958est en partie issud’une
table-ronde organisée le 2 octobre 2008 dans le cadre dugroupe Afrique du

Le NON de la Guinée (1958). Entre mythe, relecture historique
et résonances contemporaines
1
laboratoire de recherche SEDET.Trois axes, définis dans l’appel à
contribution, avaient été retenus pour interroger les représentations passées
et contemporaines duNON, ainsi que les phénomènes d’instrumentalisation
politique dont il fut l’objet, dès le régime de SékouTouré, autant par ce
dernier que par ses opposants et son successeur. Tout d’abord, quelle fut la
genèse durefus massif d’entrer dans la Communauté française exprimé lors
duréférendum du28 septembre 1958 ? Quels furent les modes de
mobilisation qui aboutirent à ce résultat et quelles en furent les formes
régionales, notamment la moindre ampleur duNon auFouta-Djalon ?Par
ailleurs, quel rôle ce geste fondateur de la République guinéenne joua-t-il
dans l’évolution politiqueultérieure etquelles en furent les implications
économiques (modalités de coopération avec l’ancienne métropole et
recherche de nouveauxpartenariats, que ce soit des pays dubloc de l’Est ou
les États-Unis ; nationalisationsversus place des entreprises étrangères) ? À
travers ces thématiques, définies de manière large, il s’agissait de
questionner l’ambivalence fondamentale de l’image de la Guinée et de son
leader SékouTouré, aussi bien sur le plan intérieur qu’international, entre
héros de l’indépendance et tyran.

Toutes ces perspectives ne purent être abordées. De même,Regards
sur le NON de la Guinée, 1958,enrichi par de nouvelles contributions ne
peut prétendre épuiser toutes les approches possibles. L’ouvrageaborde tour
à tour le moment duNON, sa genèse, notamment le contexte précédant
immédiatement levote, les formes de la mobilisation ainsi que le rôle de
divers acteurs. Il analyse le regard porté sur cet événement, en Guinée et
hors de Guinée, à travers les revendicationsultérieures des acteurs, leur
interprétation et réinterprétation de cet événement, notamment sa
construction en tant que mythe et son instrumentalisation par les régimes
successifs. Il scrute les célébrations, porteuses de sens et de symboles, qui se
modifient année après année, naviguant entre mémoire et histoire,
permettant de multiplesvariations entre le passé et le présent. Est également
étudié l’impact duNON, aussi bien sur le plan des optiques économiques
que de la politique culturelle.
Les réflexions dépassent la date elle-même, tant il est difficile de
séparer le NON durégime de SékouTouré qui lesuivit, autant dufait de
son impact que de l’instrumentalisation dont il fit l’objet.

Le NON de la Guinée, entre choix décisif et événement construit

Il est indéniable que le NON de la Guinée tientune place importante
dans l’histoire ducontinent africain et que la date du28 septembre 1958

1
Sociétés en Développement : Études Transdisciplinaires,université Paris-Diderot.
6

Introduction

constitue une étape dans les rapports entre les métropoles et les pays
africains luttant pour leur indépendance. Le débat porte en fait sur la
qualification de cette place :une place singulière qui mettrait la Guinée sur
un podium à part ? Une place que d’autres précurseurs occupent également
et revendiqule Ghana en mars 1957, le Togo en aent :vril 1958, pour se
limiter à l’Afrique ausud duSahara ?Une place amplifiée et presque
sacralisée par le processus de construction de l’événementa posteriori?
Dans cette perspective, il s’agirait d’une place partiellementusurpée par la
Guinée qui minimise les acquis antérieurs d’autres pays, accrédite ainsi
l’idée de l’unicité de destin et s’attribue seule l’aura de la rupture finale. En
définitive, ce choix, quel qu’en soit le sens, institué en tant que
événementcharnière dans la mémoire collective, situe la Guinée comme LE pays
d’exception, renforçant et pérennisant la tentation de se définir constamment
par rapport à ce moment fondateur (Pauthier,infra).

Le renouvellement actuel des recherches sur la Guinée permet de
2
jeterun autre regard sur cette date-clef de l’histoire récente de la Guinée . Il
est rendupossible par le recul historique, les changements politiques après la
mort de SékouTouré,une certaine liberté d’expression, des ondes
notamment, et le rôle actif de la diaspora oudes chercheurs étrangers. Le
renouvellement historiographique s’applique particulièrement autemps du
colonialisme tardif, à partir des années 1940, et à la période post-coloniale.
Le NON fracass

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