Les Bronzes d Osuna - Remarques nouvelles
90 pages
Français

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Les Bronzes d'Osuna - Remarques nouvelles , livre ebook

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Description

L’histoire de l’organisation militaire des Romains n’est autre chose que l’histoire de la grandeur de Rome et de la fusion des peuples sous sa loi. Comment Rome a-t-elle assujetti l’univers et comment le monde subjugué a-t-il fait de l’acquisition du droit de cité l’objet de son ardente ambition ? Tel est le problème que présente l’histoire romaine au lecteur attentif et réfléchi. Le secret en est dans la constitution romaine. elle-même. Simple commune d’abord et gouvernée par un chef électif et viager, puis par des consuls annuels, Rome s’est élevée, grâce à l’esprit de suite de son administration, à la suzeraineté de toutes les cités ou municipes qui couvraient alors l’Italie, ensuite et de proche en proche à la domination du monde connu.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346098880
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Charles Giraud
Les Bronzes d'Osuna
Remarques nouvelles
REMARQU ES NOUVELLES 1
La découverte des bronzes d’Osuna, dont nous avons publié le texte, avec un court commentaire (mai 1874), a soulevé diverses questions touchant l’organisation militaire dans l’empire romain et l’étendue des attributions des municipes en ce qui concerne leur participation à la défense publique. On a même soupçonné un lien d’affinité entre la loi coloniale d’Osuna et la loi municipale de Jules César ; et spécialement on s’est demandé si le tribunat militaire de la république romaine ne s’était pas perdu dans les offices municipaux de l’empire. L’épigraphie aurait, à cet égard, dit-on, des révélations à faire à l’histoire ? Pour traiter avec ordre une matière si vaste, et compliquée de tant de détails, il nous a paru qu’il fallait d’abord jeter un coup d’œil général sur la constitution de la puissance militaire à Rome, sous la république, et sur ses vicissitudes ultérieures, jusqu’à l’établissement définitif du pouvoir impérial, à la mort d’Auguste. Les questions particulières viendront ensuite se grouper naturellement, après une exposition préliminaire et rapide de la composition des armées romaines et de la distribution de la police de sûreté dans l’empire.
CHAPITRE PREMIER
DE L’ORGANISATION DE L’ARMÉE ROMAINE ET DE SES RÉVOLUTIONS
L’histoire de l’organisation militaire des Romains n’est autre chose que l’histoire de la grandeur de Rome et de la fusion des peuples sous sa loi. Comment Rome a-t-elle assujetti l’univers et comment le monde subjugué a-t-il fait de l’acquisition du droit de cité l’objet de son ardente ambition ? Tel est le problème que présente l’histoire romaine au lecteur attentif et réfléchi. Le secret en est dans la constitution romaine. elle-même. Simple commune d’abord et gouvernée par un chef électif et viager, puis par des consuls annuels, Rome s’est élevée, grâce à l’esprit de suite de son administration, à la suzeraineté de toutes les cités ou municipes qui couvraient alors l’Italie, ensuite et de proche en proche à la domination du monde connu. La force militaire a été l’instrument de cette élévation. C’est par elle que Rome est graduellement arrivée à cette concentration de puissance où tant de peuples ont perdu leur autonomie et leur personnalité politique ; c’est par elle que l’humanité primitive de l’Occident européen a été jetée comme dans un moule nouveau, usé à son tour par d’odieux abus du pouvoir militaire et par l’ineptie de chefs d’empire dégénérés. Mais de ce moule l’empreinte indestructible est encore reconnaissable dans les formes administratives et dans la direction morale de la société moderne.
Le Romain a été le peuple le plus grave, le plus tenace et le plus discipliné de l’ancien monde. Son esprit sérieux était uniquement tourné vers les grands desseins politiques ; mais son génie s’est montré surtout profond et avisé dans sa constitution politique. Nulle part, dans l’histoire, on ne rencontre un instrument d’action mieux approprié à son but 1  ; et ces bases du gouvernement romain étaient si bien choisies, si fortement établies, qu’elles purent résister, pendant dix siècles, aux nombreuses révolutions dont la vie sociale a été le théâtre inévitable, partout et en tout temps. Les petits rois de Rome se brouillèrent avec l’aristocratie, qui les chassa et se passa d’eux pour gouverner l’Etat, en héritant de leur pouvoir et de leurs ordonnances. Le règne de cette aristocratie eut son tour de décadence, et l’empire des Césars, né de l’épuisement de l’aristocratie autant que de l’anarchie démocratique, put continuer encore pendant longtemps le mouvement ascensionnel de la puissance romaine, organiser admirablement l’administration de l’univers et conserver la domination du monde à la ville éternelle. Aussi n’est-ce point le détail de la tactique militaire des Romains que je veux analyser ici, mais plutôt le caractère politique de leur milice et les traits principaux de ses variations selon les temps.
La constitution sociale des Romains fut tout à la fois civile et militaire, et ce caractère a persisté jusque dans les dernières transformations de leur empire. Tout citoyen était soldat, tout soldat était citoyen, et l’un se confondait perpétuellement avec l’autre, quoique la séparation du pouvoir civil et du pouvoir militaire y fût profondément marquée. L’armée fut d’abord composée des gentes, ou clans antiques, avec leurs chefs en tête. Le roi Servius Tullius substitua l’aristocratie de fortune à l’aristocratie de race, eu laissant toutefois subsister les prérogatives de celle-ci. Les registres du cens s’identifièrent alors avec la matricule de l’armée 1 , et le service des armes fut corrélatif à la distribution des droits politiques. L’ exercitus, c’était le peuple même réuni pour voter au champ de Mars ; comme jadis les nobles Polonais à leur diète, il se rendait en armes à ses comices. Une partie stationnait dans la citadelle, pendant que l’autre se rendait au scrutin, et c’est pour cela que les droits politiques s’exerçaient hors de l’enceinte 2 . En campagne, le citoyen apte au service était classé, armé, selon le rang de fortune que le cens lui attribuait. Le service fut pendant longtemps gratuit, et il resta obligatoire pour tous les citoyens valides, de dix-sept quarante-cinq ans, comme dans la Landwehr moderne. De quarante-cinq à soixante ans, le citoyen romain était encore engagé au service, à titre de réserve. A ne voir que cette constitution primitive, aux mains d’une aristocratie habilement organisée, toujours en haleine et toujours militante, par expédient comme par nécessité, on pouvait prédire aux petits peuples avoisinant la cité romaine le sort qui leur était réservé. On est même étonné que ces peuples aient laissé si souvent Rome se remettre de ses défaites et réorganiser ses forces, après ses désastres, sans se liguer fortement contre une puissance si menaçante pour leur liberté 3 . Ils ne s’en avisèrent que fort tard et quand il n’était plus temps. Ce double caractère, civil et militaire, se manifeste autant dans les lois que dans les habitudes des Romains. Le droit prétorien lui emprunta son autorité. L’imperium des jurisconsultes n’est que le droit de justice militaire, absolu dans le camp, tempéré dans la cité par la souveraineté populaire.
Jusqu’à l’époque des guerres civiles, le service militaire fut donc, à Rome, non pas une charge, mais une prérogative du citoyen. L’obligation du service était restreinte aux citoyens inscrits au cens pour une somme déterminée. On ne confiait point d’armes à ceux qui n’offraient aucune responsabilité à la république ; leur usage était réservé, dit Gibbon, à cette classe de citoyens qui avaient une patrie à glorifier, un patrimoine à défendre, et qui, participant à l’établissement des lois, trouvaient leur intérêt, comme leur devoir, à les faire respecter. Le service militaire passait avant toutes les autres obligations du citoyen, et primait toutes les aptitudes civiles. Nul ne pouvait arriver aux charges de magistrature, du temps de Polybe, s’il n’avait fait au moins dix campagnes. On se préparait dans les camps au maniement des affaires publiques ; c’est pourquoi les nobles envoyaient à la guerre leurs enfants, encore en bas âge, en les attachant à la personne des généraux de leurs amis, et gagnaient ainsi quelques années, pour les rendre plutôt capables de remplir les emplois publics. Mais un plébiscite provoqué par C. Gracchus mit fin à cet abus en fixant à dix-sept ans l’entrée au service militaire 4 . On pouvait être appelé jusqu’à quarante-cinq ans, si, à cet âge, on n’avait pas fourni dix ans de service dans la cavalerie, ou seize ans, quelquefois vingt ans, dans l’infanterie.
Le caractère distinctif du monde antique se produit, à Rome, sous sa forme la plus saisissante. La vie publique était tellement alors dans les mœurs et dans le droit de chacun, que l’armée elle-même reflétait l’image de l’assemblée souveraine qui r

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