Les Orgueilleuses
138 pages
Français

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Description

Trois femmes, trois générations, trois époques.
En quête d’indépendance elles vont traverser le 20ème siècle pour accomplir leur destin tout en suivant les tourbillons du monde.
Germaine va connaître les affres de la guerre, Lucie va rebondir au cours des années sixties avec l’explosion du progrès et l’évolution des moeurs, Myriam à l’ère de la communication est déjà en marche pour le troisième millénaire.
À travers leurs espoirs, leurs rêves et leurs désirs, l’intime se mêle aux évènements historiques pour nous faire vivre l’effervescence de la société et les révolutions de leur époque.
Des portraits de femmes orgueilleuses, courageuses et attachantes, dont le parcours et les aventures tentent de raconter aux filles d’aujourd’hui que les femmes libres ont une histoire.

Informations

Publié par
Date de parution 08 octobre 2018
Nombre de lectures 8
EAN13 9782312065021
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Les Orgueilleuses
Lucie Fargère - Carles
Les Orgueilleuses
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2018
ISBN : 978-2-312-06502-1
A Myriam et Jade
Il arrive un moment où vous savez que tout n’est qu’un rêve,
Que seules les choses qu’a su préserver l’écriture ont des chances d’être vraies.
James Salter
Avant - propos
L’orgueil fait partie des sept péchés capitaux.
Pourtant, pour une femme, avoir de l’orgueil est une vertu.
Orgueilleuse, pas au sens le plus connu qui consiste à croire qu’elle est la meilleure pour mépriser les autres, mais dans celui le plus noble, celui d’être consciente de sa propre valeur.
Etre orgueilleuse, ce n’est pas être vaniteuse.
La vaniteuse se glorifie de dons qu’elle ne possède pas, alors que l’orgueilleuse connait et utilise ses propres atouts. Elle refuse d’être ignor ée et mal considéré e. Elle refuse de dépendre de quelqu’un et de vivre une vie qu’elle n’a pas choisie. Elle n’accepte pas d’être bafouée, humiliée ou soumise à un homme, qu’il soit indifféremment son père, son frère, son mari ou son amant.
L’orgueil ne se confond pas avec l’arrogance, lorsqu’il refuse le défaitisme et le fatalisme.
Non plus, lorsqu’il ose s’imposer pour réussir. Etre orgueilleuse, c’est aimer se battre pour gagner.
Etre orgueilleuse, c’est avoir le courage de se révolter. Et la révolte est une vertu.
Je dédie ce récit à toutes les femmes orgueilleuses de ma famille, et à toutes celles qui se reconnaitront dans cette définition.
Mes grands-mères ont vu le jour à la fin du XIX e siècle.
Ma mère est venue au monde au début du XX e siècle, celui qui a connu les plus grands bouleversements de l’histoire, avec deux guerres mondiales, l’explosion de la science et des technologies, la construction de l’Europe et le début de l’émancipation des femmes.
Je suis née en 1946, avec le privilège de faire partie de cette fabuleuse exception démographique intervenue au lendemain de la libération. La génération la plus choyée du siècle, qui sociologiquement influencera de manière significative toutes les générations futures.
Ma fille a ouvert les yeux en janvier 1973, dans une période encore en forte croissance économique et sociale. Mais surtout à l’ère de la communication, avec la révolution de l’informatique, avec ce phénoménal océan Internet qui a mis le monde entier à la portée d’un clic.
Plusieurs générations de femmes qui ont participé dans l’ombre et à leur manière, avec courage et orgueil, à l’évolution de la société. Une progression qui s’est fortement accélérée à partir du milieu du XX e siècle pour que les filles nées au XXI e siècle comme ma petite fille, puissent être des femmes épanouies, c’est-à-dire libres d’aimer et de vivre selon leurs choix.
Jacques Stuart 1 er a dit qu’il fallait trois générations pour faire un gentleman.
Combien en faudra-t-il pour faire une femme libre ?
: Germaine 1911-1974
On a souvent l’impression que ce que nous avons vécu
dans le passé était plus intense,
mais il ne faut pas se leurrer :
le défi de la vie,
c’est d’être heureux dans le présent.
Ingrid Betancourt
Les années d’insouciance
1928-1938
C’est un matin très ordinaire de l’hiver 1928.
Un temps que je n’ai pas connu, un temps où ma mère était encore une jeune fille.
Une délicieuse odeur de pain grillé se faufile dans la maison et annonce l’heure du lever. Avant de soulever son édredon, pour retarder encore le moment d’affronter le froid glacial de la chambre, Germaine écoute une dernière fois le bruit du vent derrière le volet. Puis , sans réfléchir, elle saute sur la descente de lit veloutée.
Il ne lui faut que quelques minutes pour faire un brin de toilette et rejoindre sa mère qui s’affaire devant les fourneaux :
– Salut M’an ! lance-t-elle joyeusement.
– Bien dormi ? marmonne celle-ci sans attendre une réponse, puis elle enchaîne aussitôt : Ne traîne pas, ton père est déjà prêt ! N’oublie pas la couverture pour te couvrir, il fait très froid ce matin !
C’est jeudi, jour de marché. Germaine se lève tôt ce matin pour accompagner son père dans un petit village de la région Rhône-Alpes planté au cœur du parc régional du Pilat. En trempant ses tartines dans un bol de café au lait, elle l’entend déjà s’activer dans le magasin proche de la cuisine. Il est commerçant ambulant et doit préparer les commandes avant de les charger sur la carriole qui attend dans la cour. Depuis 1927, il a ouvert un commerce de tissus et de vêtements et, par tous les temps dès cinq heures du matin, il parcourt les campagnes pour aller vendre sur les marchés.
Germaine traverse le magasin pour le rejoindre. Il est déjà dans la cour. Son regard effleure prestement le long mètre de bois abandonné sur la banque. Seule scintille l’inscription qui s’inscrit en fil d’or sur l’énorme disque de ruban bleu marine : « Chez Carles – 48 rue de la République – La Grand ’Croix ». Elle rafle le tout au passage. Dehors la nuit est noire comme de l’encre. A travers l’épais brouillard, elle distingue la silhouette de son père près de la charrette. Elle s’approche, effleure sa joue d’un baiser puis propose de l’aider.
– Va plutôt t’installer au chaud ! bougonne-t-il affectueusement.
Auparavant, elle s’approche du cheval qui attend patiemment, les oreilles aux aguets. A sa vue, il a ce petit hennissement bref, si particulier au langage des chevaux qu’elle connait bien. Bijou l’a flairée, il se laisse doucement caresser la crinière. Elle murmure quelques mots doux à son oreille frissonnante puis monte rapidement à l’avant de la charrette.
Maintenant que l’attelage vient de dépasser les dernières maisons de la ville encore endormie, Victor tire légèrement sur les rênes pour accélérer l’allure. Avec un bruit sec, les sabots de Bijou résonnent sur le sol gelé et ce claquement régulier ne tarde pas à bercer le père et la fille. Bien pelotonnés sous la grosse couverture, ils laissent vagabonder leurs pensées. Le long de la route, on aperçoit à peine les silhouettes givrées des grands arbres qui se confondent avec la nuit.
A travers les frimas, Victor devine au loin le pavillon – c’est le nom de la route tortueuse et escarpée qui mène au village de St Paul-en-Jarez. A son évocation, des images nostalgiques le submergent et le transportent à ce 2 novembre 1900, première date officielle de la saga familiale. Dans l’église illuminée et fleurie du village, il se revoit le jour de cette alliance sacrée aux côtés d’Antoinette, sa charmante petite-cousine. Antoinette Félicie Larousse vient de lui dire oui pour le pire et le meilleur. Ils sont à présent unis jusqu’à ce que la mort les sépare. Il lui glisse délicatement un anneau d’or au doigt tout en la dévorant des yeux. Elle a relevé ses cheveux. Quelques boucles s’échappent de son chignon. Elle est belle, et son cœur se gonfle d’orgueil à la vue de sa taille arrondie que la robe de taffetas, rehaussée d’une ceinture blanche pourtant bien serrée, a du mal à dissimuler. Le mariage entre cousins germains est aujourd’hui tabou, mais jusqu’à la fin du XIX e siècle cette pratique était relativement commune pour rapprocher les familles afin d’éviter la division des patrimoines.
A cette époque, mon grand-père travaille à la mine. Après son mariage, surtout après la naissance le 15 février 1901 de sa première fille Louise – qui sera plus tard ma marraine – il doit vite trouver un moyen de compléter ses revenus. Il décide alors d’aller vendre sur les marchés des viennoiseries et des confiseries pour le compte d’une grande pâtisserie de la ville.
Bien sûr, en ce début du XX e siècle, les moyens de contraception efficaces n’existent pas et les conseils que l’on échange sous le manteau sont parfaitement nuls. Aussi , lorsque la Première Guerre mondiale é clate, mon grand- père est déjà père de quatre enfants : Jeanne Victorine , première sœur de Louise née en 1909, puis les jumeaux Jean - Claude et Jean - Baptiste nés en 1907. Deux autres enfants – malheureusement ou heureusement – n’ont pas survécu.
Il est mobilisé au printe

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