Napoléon, son rang et son rôle - Étude historique et critique sur le vingtième volume de l Histoire du Consulat et de l Empire de M. Thiers
38 pages
Français

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Napoléon, son rang et son rôle - Étude historique et critique sur le vingtième volume de l'Histoire du Consulat et de l'Empire de M. Thiers , livre ebook

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Description

M. Thiers est enfin arrivé au terme d’une difficile entreprise : celle d’écrire, en vue de la postérité, l’histoire détaillée et consciencieuse d’une époque toute voisine de celle où il vit lui-même, sous les yeux de quelques-uns qui ont vu ce qu’il raconte, circonstance qui leur permettrait de contrôler, au besoin, ses récits par des renseignements puisés dans leurs propres souvenirs ; Le tome vingtième qu’il vient de publier, le dernier de l’œuvre, en même temps qu’il forme le couronnement du volumineux édifice qu’il a mis tant d’années à élever, résume tous ceux qui l’ont précédé.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346114771
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
P. Chérubin
Napoléon, son rang et son rôle
Étude historique et critique sur le vingtième volume de l'Histoire du Consulat et de l'Empire de M. Thiers
A Monsieur T*** de V***.
Voici réunis, mon cher les articles qui, il y a quelques mois déjà 1 , ont attiré votre attention. Si nous avons différé d’opinion sur quelques-uns des points qui y ont été touchés, au moins ai-je eu la satisfaction de constater qu’un accord complet existait entre nous sur le plus grand nombre des autres, notamment dans la partie historique, où les vues particulières que j’ai exposées sur Napoléon ont été généralement adoptées par vous.
Quant à la partie critique, quoiqu’elle ait suscité de votre part des objections de plus d’une sorte, cependant vous ne vous êtes pas mépris sur son véritable caractère, et vous avez bien reconnu dans mes remarques le seul désir de faire ressortir ce que je crois être le juste et le vrai.
Les pages consacrées à cette dernière partie sont, du reste, comme le libre cri que le soldat romain faisait parfois entendre au milieu même du concert de louanges entonné par ses camarades en l’honneur de leur général victorieux au jour de son triomphe. De même que la satire de l’obscur combattant ne pouvait amoindrir la gloire du triomphateur, de même cette critique ne peut en aucune façon porter atteinte à la gloire d’ailleurs infiniment légitime de M. Thiers .
 
 
Recevez, etc.
1 Publiés en septembre et octobre 1862.
PREMIÈRE PARTIE
I
M. Thiers est enfin arrivé au terme d’une difficile entreprise : celle d’écrire, en vue de la postérité, l’histoire détaillée et consciencieuse d’une époque toute voisine de celle où il vit lui-même, sous les yeux de quelques-uns qui ont vu ce qu’il raconte, circonstance qui leur permettrait de contrôler, au besoin, ses récits par des renseignements puisés dans leurs propres souvenirs ;
Le tome vingtième qu’il vient de publier, le dernier de l’œuvre, en même temps qu’il forme le couronnement du volumineux édifice qu’il a mis tant d’années à élever, résume tous ceux qui l’ont précédé. Les qualités et les défauts observés dans ceux-ci se retrouvent dans le dernier. Les idées y sont nombreuses et bien exposées ; les discussions y affluent ; les documents y abondent. Enfin, l’auteur, en mettant, pour employer l’expression vulgaire, « les points sur les i, » n’y laisse au lecteur rien à suppléer. D’un autre côté, l’écrivain paraît s’être, avant tout, préoccupé des faits en eux-mêmes, plutôt que de la manière de les présenter, de sorte que la forme littéraire du son œuvre laisse, en bien des points, quelque chose à désirer. Quoiqu’il soit de mode aujourd’hui d’affecter de grandes préférences pour ce que Balzac appelait, avec plus ou moins de justesse, la littérature à idées, par opposition à la littérature à images, cependant il ne faut pas perdre de vue qu’un écrit ne se sauve de l’oubli que par la forme. Il n’est pas besoin, en effet, d’être fort savant pour se rappeler que parmi les ouvrages d’histoire notamment, que l’on peut compter, depuis Hérodote jusqu’à Voltaire, plus d’un a été tenu et est tenu encore pour excellent et digne de mémoire, qui depuis longtemps est reconnu comme infidèle quant au fond. C’est là, nous le savons, une doctrine dangereuse. Aussi croyons-nous prudent d’ajouter, en manière de correctif, que ceux-là seuls ont été considérés comme parfaits qui ont su réunir la beauté de la forme et l’exactitude des faits.
Si, d’ailleurs, nous rappelons cette doctrine, c’est surtout afin de montrer qu’il faut se garder de suivre certains exemples, encore bien qu’ils partent de haut. Ce n’est pas avec un homme de la valeur de M. Thiers que l’on doit restreindre le champ de la critique et s’arrêter longtemps à signaler les imperfections de style qu’il laisse échapper de sa plume. On peut, à la rigueur, passer condamnation sur la forme, puisque lui-même en fait bon marché ; cependant, on ne peut s’empêcher de constater que celle-ci eût singulièrement gagné à ce que l’écrivain resserrât dans un plus petit espace l’épopée (car, sans vouloir abuser des termes poétiques, on peut dire que c’en est une) qu’il a entrepris de raconter.
Nous ne voudrions pas attrister un homme qui, à un certain moment de sa vie politique, a été, quoi qu’on en ait dit, l’organe ému des susceptibilités patriotiques de la France, et qui n’est alors tombé du pouvoir que pour s’être efforcé de donner satisfaction à un sentiment national justement soulevé. La double individualité de M. Thiers impose de grandes obligations, et nous désirons sincèrement concilier les ménagements qui sont dûs à un homme d’État éminent, ainsi que les particuliers égards que mérite sa situation présente, avec l’exacte justice à laquelle seule a droit l’historien. Cependant, sans vouloir ressusciter à propos de ses vingt volumes les anecdotes plus ou moins piquantes qui ont cours sur les ouvrages démesurément étendus, nous lui ferons observer qu’il demande au lecteur une somme de travail que bien peu d’hommes sont en état de fournir.
D’un autre côté, l’Histoire du Consulat et de l’Empire n’est, à tout prendre, qu’un récit épisodique dans les annales de la France. Or, l’étendue que lui a donnée son auteur est de nature à faire réfléchir sur celle qu’atteindrait proportionnellement notre histoire entière, si elle était écrite sur la même échelle, et elle nous remet en mémoire les calculs dont les tableaux du célèbre John Martin, le peintre de la Sortie d’Égypte et du Festin de Balthasar, ont été l’objet.
Un mathématicien, confondu dans la foule rassemblée devant cette dernière œuvre, représentant,. comme on sait, la salle du banquet au moment où apparaissent tout à coup aux yeux des convives épouvantés les trois mots terribles, et qui entendait chacun s’extasier sur le sentiment de grandeur qui, en effet, saisit l’esprit à première vue devant cette toile ; un mathématicien, disons-nous, entreprit de rechercher quelles étaient les dimensions de l’édifice dessiné par le peintre et celles de tout ce qu’on y pouvait rattacher.
Prenant donc les éléments connus de la question, comme le chiffre de la taille humaine, le nombre des personnages et la surface relative qu’ils couvraient dans la salle, il trouva que celle-ci avait trois lieues de longueur sur une largeur proportionnée. Poursuivant son calcul, il prouva que le palais dont cette salle faisait partie ne pouvait couvrir une superficie moindre de quarante lieues carrées, au plus bas mot ; ce qui, en supposant que l’habitation royale représentât, comme il est d’

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