Par le Bourdon et par l Epée
413 pages
Français

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Par le Bourdon et par l'Epée , livre ebook

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Description

Dans un très pieux et "mâle Moyen Âge" occidental, souffrir pour Dieu est ressenti comme le prix à payer pour expier ses fautes, comme l'atteste la multitude de "marcheurs de Dieu", se pressant sur les routes des hauts lieux de pèlerinage. C'est ce souci de rédemption qui anime les héroïnes de ce roman, dont l'auteur mêle fiction et réalité historique. Pour ses coupables amours inspirées par le "diable aux yeux de braise", Elseline effectuera l'éprouvante pérégrination jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle. Odélia recherchera, au péril de sa vie, le pardon divin en se joignant aux pèlerins qui suivent les croisés commandés par Louis IX.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2010
Nombre de lectures 200
EAN13 9782296705234
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Par le bourdon et par l’épée
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12624-4
EAN : 9782296126244

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Monique CENCERRADO


Par le bourdon et par l’épée

Roman historique


L’Harmattan
L’auteur remercie Barbara Hess pour la réalisation de la couverture, Alain Houot pour celle des cartes et Guy SCHULDERS dont le soutien a été déterminant pour l’aboutissement de ce projet.
Principales étapes et sanctuaires à visiter par les pèlerins se rendant à
Saint-Jacques de Compostelle



Le Moyen-Orient au temps de la croisade de Saint Louis
Première partie Les tourmentés de Compostelle
« Le diable aux yeux de braise »
1.
Les premières lueurs du jour naissant, s’infiltrant par les interstices des battants de bois, tirèrent Guillaume de Montereau de son sommeil entrecoupé de veilles : une fois encore, la vision du beau visage livide avait hanté sa nuit ; Isabelle lui était apparue, mais il ne pouvait ni l’entendre ni l’atteindre pour lui porter secours et, peu à peu, son image s’était fondue dans les ténèbres de l’au-delà.
Depuis la mort de son épouse, préférant un lit sommairement installé dans la partie de la grande salle, utilisée pour les audiences et les réceptions, séparée de la chambre conjugale par une lourde tenture, il avait déserté la couche nuptiale, tant lui était douloureuse l’absence de chaleur féminine à ses côtés.
Il quitta sa paillasse, poussa le vantail de l’étroite ouverture et la fraîcheur matinale acheva de le réveiller tout à fait. La brume se levait, découvrant progressivement le domaine de Montereau, reçu par son arrière-grand-père, lorsque celui-ci était devenu le vassal d’Hugues de Champagne, et transmis à chaque fils aîné.
Comme tous les matins, il le parcourut du regard : la forêt de chênes, de hêtres et de charmes en marquait les limites au nord et à l’est ; en bordure des bois, s’étendaient les pâtures, les prés, les terres défrichées qui n’étaient pas encore cultivées, où paissaient les animaux communaux.
Lancés par le laboureur menant la double paire de bœufs puissants de son attelage, ses ordres énergiques arrachèrent Guillaume à sa contemplation : l’hiver de cette fin de quatrième décennie du XIII e siècle s’achevait et n’avait pas été des plus rigoureux. Aussi, dès le début de ce mois de mars, serfs et manants avaient-ils pu reprendre leurs activités agricoles.
L’une des plus grandes fiertés du seigneur de Montereau était le vignoble, planté sur une éminence naturelle, bien exposée au soleil, et dont le sol se prêtait à la culture de la vigne, sous un climat rarement excessif. Son regard s’y porta et il constata avec satisfaction que les travailleurs s’y affairaient, sous la direction du maître vigneron.
Guillaume commençait à distinguer le village avec sa quarantaine de toits, la plupart de chaume, dominés par le clocher de l’église paroissiale ; de petits jardins méticuleusement travaillés fournissaient en choux, pois, fèves, lentilles, courges, navets et poireaux, les familles paysannes. Quelques hameaux dispersés ne tarderaient à s’agrandir : les hommes trouvant là de quoi se nourrir s’y fixaient et les familles comptaient de multiples enfants. Oui, vraiment, ceux qui vivaient sur cette terre généreuse avaient de la chance.
Elle avait fait la prospérité de la famille de Guillaume et, avec l’autorisation du roi Philippe II Auguste, permis à son grand-père de faire construire, sur une butte naturelle, ce vaste château. Il avait suffi de la surélever d’une dizaine de mètres pour y dresser la tour maîtresse de bois, donjon protecteur et habitation confortable. Brusquement, son regard s’assombrit : il distinguait nettement à présent les prémices de la construction d’une enceinte de pierre ; c’était là le projet d’Isabelle dont l’Eternel n’avait pas permis qu’elle vît l’aboutissement.
Trois ans ! Trois ans déjà qu’Isabelle avait été rappelée à Dieu. L’adroite ventrière avait enfin dégagé l’enfant dont la présentation, mauvaise, avait infligé à sa mère une nuit entière et toute une longue journée de souffrances ; l’enfant pouvant avoir souffert de la lenteur de l’accouchement, le prêtre avait baptisé la petite Odélia dès son premier cri. Enfin admis dans la chambre, Guillaume s’était senti rassuré : Isabelle contemplait son enfant, épuisée mais radieuse.
Tous avaient alors relâché leur vigilance mais au petit matin, le cri terrifiant de la sage-femme avait jeté Guillaume hors de son lit de fortune et, prêt à toute éventualité, le poignard à la main, il s’était rué dans la chambre, bousculant les servantes qui, elles aussi, accouraient : il avait immédiatement reconnu l’odeur de sang, pour l’avoir lui-même répandu lorsqu’il guerroyait.
Malgré sa répugnance pour celui-ci, de femme, qui s’était écoulé durant la nuit, il s’était précipité vers la morte, l’appelant, prenant dans ses bras le corps glacé : pas un souffle ne s’échappait des lèvres qu’il avait si souvent baisées avec passion ; le regard d’Isabelle avait la fixité qu’il avait maintes fois infligée à celui de ses ennemis. Il avait fermé avec une infinie douceur les si beaux yeux tant aimés.
Envahi par une colère démentielle, il s’était précipité, brandissant son poignard, vers l’accoucheuse, presque aussi pâle que la morte.
- Non, mon père ! L’exclamation l’avait arrêté au moment même où il allait porter le coup. Elseline s’était interposée, s’efforçant de protéger la femme de son faible corps de toute jeune fille. En s’abaissant brutalement, la lame avait entaillé son épaule et un filet de sang s’écoulait mais elle ne ressentit pas immédiatement la douleur, tant sa volonté était tendue par le but de détourner son père de son funeste projet.
- C’était à moi de veiller sur ma mère, reprit-elle. Songez qu’elle serait maudite, si vous tuiez pour elle…
Croisant le regard suppliant de sa fille, il avait laissé choir l’arme sur le sol et quitté la pièce pour qu’on ne vît pas dans quelle confusion de sentiments il se trouvait.
Car il avait aimé Isabelle : il avait tout de suite été séduit par la beauté singulière de la jeune fille de quinze ans, aux cheveux de jais et au teint mat, héritage d’ancêtres du grand sud, lui qui, avant elle, n’appréciait que les pâles filles blondes.
Bonne épouse, elle avait donné naissance à cinq enfants dont deux, hélas, étaient morts en bas âge, emportés par un mal mystérieux ; elle avait été une bonne mère qui avait nourri elle-même ses nouveau-nés et transmis à Elseline, l’aînée et à Thierry, son cadet d’un an, tout ce qu’elle-même avait d’instruction et de morale. Amante docile, elle s’était prêtée aux jeux charnels qu’il lui avait enseignés et que ne lui interdisait pas la religion, laissant les prostituées satisfaire les autres. Elle avait eu la sagesse de préférer ignorer les écarts de son époux lorsqu’il se retrouvait parmi ses compagnons d’armes. C’était à la suite d’une plus sérieuse trahison – une veuve avec qui Isabelle ne pouvait rivaliser en âge – que les époux s’étaient réconciliés et qu’Odélia avait été conçue, avec la fougue de leurs premières années de mariage.
Sur un seul point, elle s’était montrée intraitable : elle avait rigoureusement tenu les comptes du ménage, empêchant les vaines dépenses et limitant la pratique du jeu où plus d’un dilapidait ses biens et, aujourd’hui, Guillaume lui en était reconnaissant car il pouvait établir ses deux aînés. Thierry était, à quatorze ans, l’écuyer de son oncle, le puissant duc de Chaumont ; il possédait les qualités de son père : non seulement la force physique mais aussi la prestance et, plus que tout la vaillance et la loyauté qui feraient de lui un preux chevalier, le digne héritier de la lignée des Montereau.
A quinze ans, il était temps qu&#

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