Recherches historiques sur l introduction du français dans les Provinces du Midi
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Recherches historiques sur l'introduction du français dans les Provinces du Midi , livre ebook

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Description

La pénétration de la langue française dans les Provinces du Midi touche à des problèmes de tout ordre : problèmes purement linguistiques, — influence réciproque du parler importé et du parler local ; dégradation de celui-ci en patois ; français régional, etc. ; problèmes sociaux, — quelles furent les premières classes atteintes, les dernières qui résistèrent ? quelle est la part imputable aux fusionnements de populations, inter-mariages, service militaire obligatoire ? Il en est d’économiques, de géographiques, et aussi naturellement d’intellectuels et de moraux. Sans négliger ces divers points de vue, — et d’ailleurs serait-il possible d’isoler de tous les autres un élément particulier d’une question générale ? — et les envisageant, mais à titre subsidiaire, il en est un qui domine tous les autres : c’est le point de vue historique. Il y a eu un temps où les peuples du Midi, dotés d’un parler propre, ne connaissaient pas plus le français que toute autre langue étrangère. Puis une ère a succédé, où le français est devenu la langue littéraire, la langue administrative, la langue universellement écrite, et, par extension, la langue parlée de ces mêmes populations. Il y eut donc une date à compter de laquelle les méridionaux sont devenus bilingues. Fait d’histoire, n’est-ce pas, et d’histoire politique, tel est le caractère spécifique du phénomène que nous étudions ; telle est la raison pour laquelle, toute autre considération restant secondaire, c’est son aspect historique qui est primordial et qui mérite d’être poussé au premier plan. Avant tout, il y a lieu de démêler et de fixer une question de chronologie... » (extrait de l’Introduction, édition originale de 1923).


Auguste Brun (1881-1961), né à Pau, agrégé de grammaire, docteur ès-lettres et professeur à la Faculté d’Aix. On lui doit divers ouvrages de linguistique historique : L’Introduction du français en Béarn et en Roussillon ; La langue française en Provence, de Louis XIV au FélIbrIge ; France dialectale et UnIté française. Parlers régionaux.


Les Recherches sur l’Introduction du français dans les provinces du Midi est un ouvrage passionnant et riche d’enseignement pour comprendre les mécanismes qui ont conduit à la substitution progressive de la langue d’origine du Midi par le français. En voici une nouvelle édition entièrement recomposée. A découvrir absolument.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782824053332
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0112€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Même auteur, même éditeur







isbn

Tous droits de traduction de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
Conception, mise en page et maquette : © Eric Chaplain
Pour la présente édition : © edr/ EDITION S des régionalismes ™ — 2019
Editions des Régionalismes : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 cressé
ISBN 978.2.8240.0887.5 (papier)
ISBN 978.2.8240.5333.2 (numérique : pdf/epub)
Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d’améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.


AUTEUR

AUGUSTE BRUN Professeur au Lycée de Marseille






TITRE

RECHERCHES HISTORIQUES SUR L’INTRODUCTION DU FRANÇAIS DANS LES PROVINCES DU MIDI






A MES maîtres DE LA SORBONNE
PRÉFACE
U ne préface rappelle trop souvent un article de réclame, et l’auteur qui la signe, un marchand d’orviétan. Dans le cas présent, n’y aurait-il pas indiscrétion et mauvaise grâce à souligner la portée des problèmes de toute nature, relatifs aux substitutions de langue, et la place qu’ils peuvent tenir dans la science ? « Le développement linguistique, a dit M. Meillet (1) , est une histoire de substitutions successives de langues centrales et de langues locales, histoire indéfiniment complexe, souvent impossible à débrouiller ». A l’envisager de plus haut, il y a là un rythme de grande amplitude, qui, depuis l’expansion de l’indo-européen primitif, avec celle de l’hellénisme, puis celle de la latinité, avec la diffusion de l’anglais, de l’espagnol, du français aux dépens des parlers secondaires, scande, dès la préhistoire, la marche de notre civilisation. Par le concours de quelles circonstances ethniques, politiques, sociales, littéraires ou morales, par quel processus historique et linguistique un peuple substitue à son idiome maternel, ou accueille à côté de lui un nouvel idiome importé, voilà donc une question de premier plan, et qui, jusqu’à présent, reste entière.
Elle reste entière, parce que ces phénomènes de substitution, bien que fréquents aux temps historiques, sont difficilement saisissables dans le détail de leur développement. On en conçoit assez les raisons, dont la principale est l’éloignement dans le passé. Tout au plus entrevoit-on, à quelques indices épars, la manière dont le latin a évincé le celtique sur notre sol, aux premiers siècles de notre ère. Plus accessible, parce que moins lointaine, serait l’histoire de la pénétration du français dans les provinces, qui, depuis le XIII e siècle, ont été successivement rattachées au royaume de France, et qui ont tour à tour délaissé leur idiome propre au profit de la langue du roi, histoire connue en gros dans ses grandes lignes, et qui se prolonge jusqu’à nos jours. En particulier nos provinces méridionales offriraient aux investigations un champ commode, parce qu’elles avaient des parlers nettement différenciés, dont la spécificité était expressément reconnue au Moyen Age. De plus, les documents abondent. Ce n’est donc pas vanité, non plus que dilettantisme, que de s’attacher à une étude, qui, non seulement intéresse l’histoire de la langue française, mais aussi, par l’exemple qu’elle fournira, projettera quelques lueurs sur certains cantons mal explorés de la linguistique générale.
***
Une préface doit être aussi un acte d’humilité, on disait jadis, une excuse au lecteur. Or, c’est en foute contrition que l’on confesse ici ce qu’il y a de présomptueux dans cette entreprise. Quant aux objections qu’elle soulève, on est loin de les méconnaître, on est loin surtout de penser en triompher. Qu’elles soient de pure forme, ou d’ordre pratique, elles sont toutes de nature à préoccuper. Elles nous auraient arrêté, s’il avait fallu les résoudre par une discussion préalable, et par des arguments dialectiques ; mais on a l’impression qu’elles s’évanouissent devant certains faits, devant certains résultats, et pour ainsi dire « pragmatiquement ».
Expliquons-nous par quelques exemples :
En bonne méthode, il convenait de circonscrire a priori l’aire géographique de nos recherches. Mais alors fallait-il reprendre la question, jadis si âprement débattue, des limites de la langue d’oc et de la langue d’oïl, et par suite la question plus générale de l’existence des dialectes, — et prendre position là-dessus ? Tout essai de démarcation linguistique m’a paru impliquer une adhésion latente à des doctrines peut-être surannées, en tous cas sujettes à caution. Aussi bien, la démarcation utile se faisait d’elle-même par les documents. J’ai poursuivi mon enquête sur tout le domaine où je trouvais des textes en langue d’oc, et où je constatais ultérieurement un phénomène de substitution. Les résultats m’ont prouvé que ce critère était efficace pour le tracé d’une limite, et il était tout matériel. Et quand on voit le français avant le XV e siècle s’arrêter devant une frontière qui correspond approximativement à celle qui est admise entre les parlers français et les parlers provençaux, quand on voit, au XVI e siècle, cette frontière s’abattre brusquement, pour permettre au français de se répandre jusqu’aux Pyrénées et à la mer Méditerranée, on se demande si ce barrage ne provient pas d’une hétérogénéité linguistique foncière entre les populations limitrophes, et s’il n’y a pas là un fait nouveau, susceptible d’appeler en révision le procès des dialectes. Et ainsi ayant fait, au départ, abstraction de ce problème, nous rencontrons à l’arrivée la possibilité de le ressusciter (2) .
En second lieu, c’est une étrange prétention, et dangereuse, que de penser tirer de l’écriture un témoignage sur l’usage oral. Les documents d’archives que nous utiliserons n’émanent-ils pas de personnalités officielles ou de scribes patentés, astreints dans leur ministère à des traditions administratives ou corporatives ? Et aussi la persistance du latin comme langue « diplomatique » jusqu’à la fin du Moyen Age, n’est-elle pas une pierre d’achoppement ? Oui, mais il y a des fissures dans la pratique professionnelle, au travers desquelles la réalité se fait jour ; il y a dans la procédure, des témoignages, des déclarations, des injures, dans les registres des notaires, il y a des testaments, des notes personnelles, dans les textes municipaux, il y a des comptes, des pièces annexes, des cadastres qui se conforment aux exigences du populaire, et enregistrent son usage. Et il y a les papiers privés, — plus rares, il est vrai, — quittances, lettres, livres de raison, grâce auxquels nous pénétrons dans l’intimité des existences particulières. Il n’est pas jusqu’aux représentations dramatiques qui ne fourniront quelques éléments d’information. Et si toutes ces sources de provenances si diverses se corroborent au lieu de se contrarier, pour converger vers une seule et même conclusion, ces concordances n’autorisent-elles pas de hautes probabilités ? Et sera-t-il téméraire alors d’admettre que l’écriture peut porter l’empreinte de la langue vivante.
A ces considérations a priori, s’ajoutent des difficultés pratiques ; et d’abord l’impossibilité de dépouillements complets, d’une investigation exhaustive. On a dû y suppléer par une méthode de sondages, inévitable quand manquaient des séries continues de documents, inévitable également quand ceux-ci, pour une région donnée, surabondaient. Les vices d’un tel procédé ne sont pas à nier : c’est un principe qu’il faut « avoir tout vu ». Mais alors l’entreprise était interdite à un homme seul ! Ici encore la concordance dans la multiplicité des données peut faire passer condamnation. Peut-être eût-il été préférable de restreindre le problème à une province, et d’épuiser la masse documentaire qui s’y offrait. En stricte méthode, oui ; — en fait, on s̵

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