Si Lomé m était conté...Tome I
332 pages
Français

Si Lomé m'était conté...Tome I , livre ebook

332 pages
Français

Description

Les derniers dialogues de l'émission radiodiffusée de 1987 à 1991, l'histoire de la capitale du Togo à travers les souvenirs croisés de ses habitants : Le doyen des prêtres catholiques; Une vieille famille de Lomé : les Anthony; Un fonctionnaire et homme politique; Un artisan maçon; L'école de la route d'Aného; Les Chemins-de-fer du Togo et le quartier Gbadago; Le wharf de Lomé...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2017
Nombre de lectures 6
EAN13 9782140052361
Langue Français
Poids de l'ouvrage 9 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Yves M Tchétchékou P
Si Lomé m’était conté… Dialogues radiophoniques avec des habitants de la capitale du Togo (1987-1991)
TOME I
Si Lomé m’était conté…
© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’Ecole-polytechnique, 75 005 Paris http://www.harmattan.fr ISBN :978-2-343-13413-0EAN :9782343134130
Yves MARGUERATTchétchékou PELEISi Lomé m’était conté… Dialogues radiophoniques avec des habitants de la capitale du Togo (1987-1991) TOME I
Volumes précédents (aux Presses de l’Université de Lomé) Version d’origine Radio Lomé ORSTOM/IRD Université de Lomé Si Lomé m’était contéep.1992, 247 … Tome I, Si Lomé m’était contée307 p.… Tome II, 1993, Si Lomé m’était contée… Tome III, 1996, 355 p. Nouvelle version (L’Harmattan, Paris) Si Lomé m’était conté… Tome IV, p2017, 291 .
4
Introduction Début juin 1987, Radio-Lomé commençait la diffusion, par tranches de 10 à 15 minutes quotidiennes, de l’émission"Si Lomé m’était conté..." Les responsables de la Radio et l’un de ses journaliste les plus en-thousiastes, Tchétchékou Péléï, m’avaient contacté peu avant pour me de-mander d’exposer au grand public l’histoire de la ville, que je distillais jus-que-là sous forme de conférences annuelles au Centre culturel français. Nous enregistrâmes donc, dans le calme de mon bureau, le récit de l’histoire de Lomé, du moins ce que j’en savais à l’époque.  Le succès dépassa très vite les espoirs de la Radio, où affluaient les signaux d’encouragement, venus de toutes les couches de la société : les Lo-méens, d’abord un peu interloqués qu’un étranger parût connaître leur ville mieux qu’eux, se révélaient passionnés par leur propre histoire.  Au bout de quelques semaines, nous avions parcouru le fil de la vie -1 complexe mais relativement brève- de la cité . Radio-Lomé insista pour que l’on continue, en nous laissant carte blanche pour la suite. Nous partîmes 2 donc en voiture, M. Péléï, son "nagra" et moi, à la découverte des quartiers de Lomé : "Ici, il s’est passé tel événement. Là, on peut voit tel bâtiment...", ce qui nous occupa encore un mois.  Radio-Lomé, en la personne de son dynamique directeur, M. Pitang Tchalla, insista : il fallait absolument trouver autre chose pour continuer cette émission, qui devenait l’une des vedettes de la station.  Grâce surtout aux nombreuses connaissances de M. Peléi, lui-même vieux Loméen, et à certains de mes amis, nous partîmes donc à la découverte des anciens de la cité, pour une longue promenade de plus d’un an dans les souvenirs de nos interlocuteurs.  C’est leur parole qui est ici restituée.  Au début, nous n’avions guère de plans préparés : les rencontres se faisaient au hasard des occasions, selon les possibilités des uns et des au-tres. On passait donc d’un instituteur à une sage-femme, d’un chef de quar-
1  Voir en particulier, du même auteur :Lomé, une brève histoire de la capitale du Togo.Ed. Haho, 1992, 64 p. illustrées. 2 Le magnétophone portatif des professionnels.
5
tier à un cheminot, d’un syndicaliste à un groupe d’anciens élèves... Du coq à l’âne, mais comme la vie, comme la ville, où l’on est sans cesse happé par la nouveauté, par l’inattendu. Nous garderons, dans cette publication, cet aléatoire sautillant : au nom de quoi y introduire un ordre qui n’existait pas ? Et comment sélectionner ? Ce qui n’intéresse guère l’un passionnera tel autre. Ce foisonnement est bien celui du citadin qui s’égare dans la forêt des souvenirs, les siens, les nôtres...  Plus de soixante-quinze entretiens, avec en tout cent cinquante per-sonnes, furent diffusés, pour une durée totale d’environ cinquante-cinq heu-res. Beaucoup de ces émissions firent ensuite l’objet de rediffusions : "Si Lomé m’était conté..." se prolongea jusqu’en avril 1991.  Pour laisser une trace écrite -c’est-à-dire durable- de ces émissions que les Loméens ont tant aimées, nous avons donc entrepris de publier ces dialogues. Il a fallu, après transcription, les réécrire largement : la forme orale a ses caractères propres, avec d’innombrables redites et digressions. Les textes ainsi remaniés (parfois profondément) ont toujours été soumis à nos interlocuteurs, afin de n’écrire sous leur nom que des phrases qu’ils ap-prouvent effectivement.  Le lecteur retrouvera ici la vie qui palpite dans ces récits, indivi-duels ou collectifs, sincères ou (parfois) quelque peu masqués, distanciés ou très personnels. Cette plongée en zigzag dans la mémoire collective de Lomé est aussi une passionnante galerie de portraits : ceux de ces hommes et de ces femmes, célèbres ou modestes, qui ont fait la ville, et qui nous la font ici revivre. Qu’ils en soient ici tous chaleureusement remerciés.  Yves Marguerat (1992)  Pour cette nouvelle édition, qui rend vie à un ouvrage devenu in-trouvable depuis longtemps, le texte a été soigneusement vérifié, les fautes corrigées (surtout sur les noms de personnes). Surtout, les informations ont été précisées, parfois rectifiées, et de nombreuses références ajoutées, de même que de nombreuses illustrations. Ainsi, la lecture de ces témoignages, déjà très émouvante par le rappel de nos interlocuteurs disparus, enrichit encore davantage la connaissance de l’histoire vécue de Lomé.  Yves Marguerat (2017)
6
n° 1 LE DOYEN DES PRETRES CATHOLIQUES Mgr André ANATÉ (Né le 3 juin 1899, à Aného, décédé le 8 mars 1998) - Je suis venu à Lomé pour la première fois en 1905. C’était l’époque où les 1 Allemands avaient introduit les premiers trains au Togo . Je suis venu voir mon père, qui travaillait déjà ici, à Lomé. J’ai passé quelques semaines avec lui, et puis je suis retourné à Aného. Je suis revenu à Lomé en 1915, pendant la grande guerre, pour y continuer mes études. Lomé était d’abord un tout petit village : c’est Aného qui était la capitale, là où les Allemands résidaient 2 C’est après qu’ils sont venus à Lomé. (On dit que le nom de "Lomé" vient 3 du nom d’un arbrisseau ; c’est ce qu’on nous a appris quand nous étions à l’école, en ce temps-là). Quand je suis revenu à Lomé, en 1915, les Allemands avaient quitté le Togo, 4 sauf les missionnaires . Les Français et les Anglais occupaient le pays. Le Togo était divisé en deux : les Français occupaient Aného, Atakpamé et le Nord, alors que les Anglais occupaient toutes les parties du Togo qui sont du côté de la Gold Coast (le Ghana d’aujourd’hui), de sorte que Lomé apparte-nait alors aux Anglais, avec Kpalimé et Ho. - Question - Quand vous êtes venuàLomé pour la première fois, en 1905, que faisait votre père?Où habitait-il? - Bien avant l’occupation allemande, mon père avait pratiqué le métier de 5 tonnelier . Du temps des Allemands, il avait cessé cette profession, et il tenait une boutique (je ne sais pas pour quelle maison de commerce). Cette
1 La ligne Lomé-Aného, la première du pays, a été construite en 1904-05. 2 En 1897.3 Voir dialogue n° 7. 4 Ceux-ci sont restés jusqu’à leur expulsion, en 1918. (Voir dialogue n° 10). 5 Les tonneaux étaient très nécessaires, en particulier pour les exportations d’huile de palme,alors principale ressource du Togo.
7
boutique était installée là où est aujourd’hui la banque UTB. Notre maison était assez éloignée de la boutique ; mon père payait le loyer à la famille de Souza, rue de l’Eglise, qui en était propriétaire. - Q - Qu’est-ce qui vous a frappé le plus, en arrivantàLomé comme petit garçon? 1 - En arrivant à Lomé ? Bien sûr, c’était l’église , qui venait d’être construite : elle a été consacrée le 2 septembre 1902. C’est bien ça qui m’a le plus frappé, et aussi le marché : là où il y a aujourd’hui la banque UTB, c’était le 2 marché . Bien sûr, il y avait aussi le chemin de fer, le premier du pays. - Q - Votre premier voyage d’Aného à Lomé, vous l’avez donc fait en che-min de fer ? - Oui, bien sûr ! Le ticket devait coûter peut-être cinquante centimes du mark allemand. Ce n’était pas beaucoup. - Q -Est-ce qu’il y avait beaucoup de passagers? - Oh, oui, assez... - Q - Quand vous revenezàLomé en1915,quelle est la différence qui vous a le plus frappé? - J’ai vu que la ville s’était beaucoup transformée, avec des écoles, des bou-3 4 tiques, la banque ... Elle s’étendait de la plage jusqu’au champ de course : les Allemands aimaient faire des compétitions avec leurs chevaux. On allait aussi chercher de l’eau potable là-bas.C’estlà que s’arrêtait Lomé...
1 La cathédrale du Sacré-Cœur, édifiée en 1901-1902. La construction, assez légère, menaçait ruine dans les années 1990 ; elle a été restaurée (bénévolement) en 1996 par l’architecte allemand Stephan Franck, avec l’aide financière de l’Allemagne. 2 Le long de l’actuelle rue du Grand-marché. 3  LaWestafrikanische Bank,à l’emplacement du parking de l’actuelle BIAO, rue du Commerce, construite en 1911,détruite en 1980. Occupée pendant la guerre par laBank of British West Africa.4 Actuel quartier Hanoukopé, au-delà du Boulevard circulaire.
8
Illustration n° 1. La cathédrale et les bâtiments de la mission dans leur état initial, vers 1905.Archives SVD, à Steyl (Pays-Bas).
Illustration n° 2. La cathédrale et la façade de l’archevêché en 1990, cinquante ans après les travaux de Mgr Cessou.(Photographie Y. Marguerat)
9
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents