Sur la plage - Étretat
50 pages
Français

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Sur la plage - Étretat , livre ebook

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Description

ÉTRETAT. — LES FALAISES. — LE CASINO. — LA VIEILLE TOUR. — L’HOTEL BLANQUET. — L’ÉGLISE. — COUCHER DE SOLEIL SUR LA MER. — DIGRESSION.Nous sommes en plein mois d’août. La journée touche à sa fin, et voici déjà trois grandes heures que nous cheminons, harassés de fatigue et blancs de poussière, sur la route de Fécamp à Étretat.Après avoir dépassé les derniers arbres de Bordeaux, nous arrivons en rase campagne. Le ciel arrondit ses bleus horizons au-dessus des collines lointaines, et dans les champs, les blés et les seigles, immobiles, exhalent dans l’air leur fraîche senteur et penchent leurs épis prêts pour la moisson.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782346123681
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
ÉTRÉTAT
Gustave Nicole
Sur la plage
Étretat
PRÉFACE
Après avoir, pendant trois mois, écouté tous les bruits, aspiré toutes les brises et tous les parfums de la mer, reposé dans la fraîcheur des flots leurs membres fatigués, escaladé les hautes falaises, un matin les étrangers se sentent pris de frisson — sauve qui peut, voilà l’hiver !
Au bruit et au mouvement succèdent la solitude et le silence. Les membres de la famille se serrent autour du foyer abandonné, pendant quelque temps, aux opulents étrangers ; tout reprend le train ordinaire. Étretat enfin rendu à lui-même redevient le véritable Étretat, le village aux croyances naïves, aux franches manières, à la rude existence et aux périlleux labeurs. Il a, lui aussi, ses grands et petits événements, ses douleurs et ses joies, ses réunions et ses fêtes, ses amours et ses rivalités, sa danse et sa poésie.
Si le peintre aime à s’inspirer du spectacle de la nature, les mœurs de ses habitants sont frappées au coin d’une originalité propre à tenter l’observateur. Il n’est guère de point de vue saisissant et d’escarpement pittoresque qui n’aient été reproduits par des pinceaux habiles. J’ai essayé une esquisse fidèle des mœurs peu connues et pourtant dignes d’attention de cet intéressant pays.
Peut-être, de retour à Paris, les visiteurs d’Étretat ne seront-ils pas fâchés, tout en tisonnant d’une main, de tenir de l’autre ce petit livre, et de se rappeler les soleils réchauffants, les nuits silencieuses, les flots bleus et les tièdes brises, pendant que la pluie, la grêle et les vents feront tapage au dehors. Peut-être, au sortir de l’Opéra, après avoir vu, des heures entières, se dérouler de gracieuses guirlandes de sylphides, et prêté l’oreille aux savantes symphonies des maîtres, aimeront-ils, comme contraste, à suivre quelques instants le tournoiement d’une ronde villageoise et la cadence d’une chanson populaire.
I

ÉTRETAT. — LES FALAISES. — LE CASINO. — LA VIEILLE TOUR. — L’HOTEL BLANQUET. — L’ÉGLISE. — COUCHER DE SOLEIL SUR LA MER. — DIGRESSION.
Nous sommes en plein mois d’août. La journée touche à sa fin, et voici déjà trois grandes heures que nous cheminons, harassés de fatigue et blancs de poussière, sur la route de Fécamp à Étretat.
Après avoir dépassé les derniers arbres de Bordeaux, nous arrivons en rase campagne. Le ciel arrondit ses bleus horizons au-dessus des collines lointaines, et dans les champs, les blés et les seigles, immobiles, exhalent dans l’air leur fraîche senteur et penchent leurs épis prêts pour la moisson.
La route s’allonge devant nous, droite et blanche, avec ses toises de cailloux qui brillent. Tout au bout, à deux pieds de haut, apparaît le soleil dont les rayons diminués dorent doucement la campagne. Une ligne mince et bleue court au-dessous de lui, coupant la route à angle droit. A chaque pas, cette ligne danse et s’élargit aux yeux. Bientôt on dirait d’un brillant filet d’eau qui coule dans le lointain. Bientôt ce filet d’eau prend les proportions d’une rivière ; puis c’est un fleuve, enfin c’est la mer qui déroule à perte de vue ses nappes d’argent vif.
La falaise d’aval surgit dans l’azur avec ses grandes masses blanchâtres, et sa porte, vaste ogive taillée dans le roc, qui s’avance au milieu de l’onde comme une enjambée de géant. La lumière glisse obliquement le long de ces masses crayeuses, qui projettent d’énormes ombres sur la côte, la mer et le galet alentour.
Prêtant face au soleil et encaissé entre deux côtes à la cime verdoyante, le village se tient là, ramassé autour du rivage. De la mer à la vallée, de l’aval à l’amont, bâtis de plain-pied ou étagés sur les deux versants de la falaise, ce ne sont que pavillons avec clochetons, plate-formes, ciselures, sculptures et jardins autour. Çà et là une façade se dresse dans l’air, pareille à un damier, avec ses pierres carrées, blanches et rouges, et l’on voit reluire un toit pointu entre les arbres. Les échafaudages croisent contre les maisons en construction leurs madriers dont les ombres s’allongent en pointe sur le sol.
Perdues dans l’éclat des villas splendides, quelques pauvres petites maisons sortent, de loin en loin, à rase terre, avec leurs toits de chaume, où pointent des touffes de mousses, et leurs façades en terre glaise, éclairées par des vitraux grands comme la main et bizarrement disséminés.
Au-dessous du casino qui se tient superbe au beau milieu du rivage, entouré d’une terrasse de vert gazon, se cache tristement, dans l’ombre, la vieille tour. — Grosse colonne creuse de cinq à six mètres de diamètre, elle a, avec son toit conique aux tuiles verdâtres, sa grande porte d’un brun foncé, et les cassures de ses pierres grises, un vieil air féodal qui imprime le respect. Elle aussi, elle a eu ses glorieuses journées. C’est dans son enceinte que le capitaine des canonniers gardes-côtes, sous le premier empire, faisait enfermer les pirates anglais que leur imprudence ou la tempête avait jetés sur la rive. L’année dernière on l’a convertie en écurie.
Un beau jour le casino est venu se planter devant elle insolemment, et lui a volé son soleil du soir.
Pauvre vieille tour !
Non loin, au pied de la falaise dont l’ombre commence à l’envahir, on aperçoit l’hôtel Blanquet, qui présente fièrement à la place son enseigne due au pinceau d’un artiste habile, à la mer son grand balcon, où apparaît, de temps à autre, quelque couple parisien qui vient admirer l’immensité des flots.
C’est là que se concentre toute l’activité du village. Les voitures de Fécamp et du Havre arrivent chargées de monde, à grand bruit de grelots ! Les voyageurs s’entassent dans les salles, et soir et matin chacun peut se convaincre de la fausseté de cet axiôme : le contenant excède le contenu.
Au milieu des groupes les plus tumultueux, se tient, les dominant de la voix et de la taille, l’immortel Blanquet !
Les rayons du soleil, après avoir ricoché sur l’ardoise des toits et sur les vitres des croisées, s’élancent, blancs et clairs, jusqu’au fond de la vallée de Granval.
Dans le petit val, on aperçoit, isolée du village, l’antique église dont le portail, qui prête face au couchant, fait reluire ses saints de pierre grise, immobiles au-dessus des vieux bancs. Autour de l’église s’étend le cimetière, avec ses tertres de gazon et ses croix de bois chargées de couronnes.
Cependant tout là-bas, le soleil arrondit son grande disque rouge au-dessus de la mer, dont la ligne horizontale s’échappe en tangente. De larges bandes de pourpre s’allongent d’un bout à l’autre de l’occident, et font au loin les flots tout roses !
A l’autre extrémité du ciel, au-dessus de la vallée, blanche et ronde, la lune apparaît comme pour saluer son frère qui se couche dans son lit de flammes ! On dirait une immense balance dont un plateau s’élève alors que l’autre s’abaisse.
Par degrés l’astre du jour s’enfonce, tirant après lui ses rayons, qui tour à tour abandonnent à l’ombre la vallée, le village et les falaises. Les arcs de cercle après avoir augmenté jusqu’au diamètre, insensiblement décroissent. On n’aperçoit déjà plus que le sommet rouge du disque, qui bientôt a disparu tout entier sous les flots, laissant la lune et la nature face à face.
Les étoiles pointent faiblement dans la lumière blanche que la lune rayonne autour d’elle ; mais, à mesure qu’elles s’en écartent, elles brillent plus distinctes dans le bleu noir du ciel. Des r

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