Sur les traces de La Pérouse et de ses marins perdus
218 pages
Français

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Sur les traces de La Pérouse et de ses marins perdus , livre ebook

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Description

En 1788, la grande expédition de découverte et d'exploration du Pacifique, conçue et lancée par Louis XVI, s'achève sur une catastrophe. Poussées par la tempête sur les récifs coralliens de l'île de Vanikoro, les frégates La Boussole et L'Astrolabe s'y fracassent et sombrent avec les équipages, les scientifiques, et avec le commandant de l'expédition, Jean-François Galaup, comte de La Pérouse. Ce roman imagine qu'Aurélien, étudiant en archéologie sous-marine, se passionne pour ce mystère et part à la recherche des traces éventuelles de survivants.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 octobre 2015
Nombre de lectures 16
EAN13 9782336393858
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Tristan Chalon






Sur les traces de La Pérouse
et de ses marins perdus

Un mystère des mers australes


Roman
Du même auteur
D’or et de sang au temps des Incas , Paris, L’Harmattan, 2014.
La Reine pharaon. Récit de la Nubie antique , Paris, L’Harmattan, 2013.
Les Aventures du Chevalier Mylio au pays de Siam , Paris, L’Harmattan, 2013.
Le Talisman de jade. Au pays des Mayas , Paris, L’Harmattan, 2012.
Le Prophète. Récit du Sénégal , Paris, L’Harmattan, 2011.
La Mort des dieux. Récit des temps aztèques , Paris, L’Harmattan, 2011.
Le Prêtre Jean ou Le royaume oublié , Paris, L’Harmattan, 2010.
Le Mage. Dans la Perse des Achéménides , Paris, L’Harmattan, 2010.
L’Homme-oiseau de l’île de Pâques , Paris, L’Harmattan, 2009.
Sous le regard d’Amon-Ré , Paris, L’Harmattan, 2009.
Une esclave songhaï ou Gao, l’empire perdu , Paris, L’Harmattan, 2009.
L’Eunuque. Récit de la Perse ancienne au XVIII e siècle , Paris, L’Harmattan, 2008.
Le Lion de la tribu de Juda ou Un destin de femme dans l’Ethiopie ancienne , Paris, L’Harmattan, 2008.
Copyright

© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-74396-7
Prologue : Le naufrage
Un matin de mai ou de juin 1788 dans les mers australes. Une goutte du temps éternel. Une île inconnue, isolée, à l’écart des grandes voies de navigation. Deux navires que la tempête, telle une furie, poursuit de son injuste malédiction. Le Destin prêt à frapper…

L’aube se levait, blafarde, humide et triste. L’île de Vanikoro, sombre et muette, était lasse d’entendre les cris de la tempête, les voix du vent qui ne faiblissaient pas, le ruissellement de la pluie sur les toits de chaume. Posé près de la plage sous les pandanus, le village de Païou dormait d’un mauvais sommeil inquiet. Les cases se tassaient sur elles-mêmes pour ne pas donner prise aux rafales. Et les tamaris déroulaient leur longue et fine chevelure rose, pourpre ou vert-pâle.

Comme toutes les nuits, Maounia n’avait pu dormir. En proie à l’insomnie, elle pleurait son mari. Il n’était pas revenu d’un raid récent sur une île voisine. Il avait été tué en combattant. Pour terroriser le village de Païou, l’ennemi avait envoyé à Maounia la tête sciée avec soin de son malheureux époux. Quant à son corps, les guerriers ennemis se vantaient de l’avoir dévoré avec appétit. Ils clamaient qu’un grand honneur lui avait été fait. Dès que le ciel avait commencé à pâlir, Maounia avait donc quitté sa natte, elle avait fui la tiédeur confinée de la paillotte. A peine vêtue d’un pagne, frissonnante, elle respirait avec plaisir l’air pur de l’aurore. Dans le jardin familial envahi de mauvaises herbes, elle avait gratté le sol ameubli par la pluie. Elle arrachait les ignames dont la tige se gonflait d’un gros tubercule. Puis, de retour près de la case, se tenant accroupie sous un appentis de paille qui abritait de l’averse, la jeune femme – comme tous les matins – ranima le feu, nettoya sa récolte avec un couteau de bois, jeta les tubercules dans l’eau qui chauffait d’une marmite en terre. Crue, l’igname était amère et vénéneuse, à la cuisson elle perdait son amertume et son poison, devenait comestible, acquérait goût et saveur. Un porcelet s’approcha en flairant avec de petits cris. La jeune femme le chassa : « Goinfre ! » s’exclama-t-elle indignée.

La préparation du repas absorbait Maounia, sans calmer son anxiété. L’atroce vision du visage mutilé de son mari ne s’effaçait pas. Avec horreur, elle imaginait le festin de chair humaine. Elle rêvait alors de venger le mort en buvant, un jour, dans le crâne, transformé en coupe, du chef ennemi. Des dents du chef, elle ferait un collier et s’en parerait. Le chef serait écorché vivant et elle s’envelopperait de sa peau, elle danserait. Ces imaginations la réconfortaient : elle se sentit mieux. Par moments le vent tombait, la pluie cessait. La nature effrayée se taisait. Pas un chant d’oiseau pour saluer le jour nouveau. Le silence était rempli par le heurt sourd des vagues à l’assaut de la barrière corallienne. Puis la tempête reprenait. Les dieux sont irrités, se disait la jeune fille, mais le sorcier du clan saurait apaiser leur colère. Il supplierait les esprits des morts de ne plus tourmenter les vivants. A travers les forêts qui s’étageaient : forêt littorale, forêt des premières pentes, forêt d’altitude, il grimperait au sommet de la montagne et, là-haut, il offrirait des sacrifices aux vieilles divinités jalouses, aux ancêtres. Sacrifice d’un cochon, d’une tortue marine et peut-être d’un captif ou d’un condamné : c’était un secret sévèrement gardé. Durant plusieurs nuits une haute flamme signalerait l’île au loin. Le brasier éclairerait les danses pieuses, les cérémonies, l’accomplissement des rites dont dépendait la réconciliation avec les dieux et les défunts.

Maounia, tout en surveillant la cuisson de ses ignames, regardait distraitement le lagon. Ses eaux calmes et poissonneuses cernaient l’île d’une zone de tranquillité à l’abri du cordon des coraux. Ce cordon était coupé de passes ou chenaux. Païou était l’un des rares points du rivage à offrir une plage de sable fin où l’on pouvait échouer les pirogues. Partout ailleurs se dressait l’obstacle de la mangrove que rendent impénétrable les racines des palétuviers, la vase où l’on patauge, les nuées de moustiques, le grouillement immonde de crocodiles marins. Au-delà de la ceinture corallienne s’étendait la mer en fureur. Le spectacle de la tempête fascinait la jeune femme lorsque soudain…

Elle étouffa un cri, elle ressentit un choc, la peur l’envahit et son cœur battait à se rompre : elle avait cru apercevoir au loin une ombre géante qui se découpait sur la blancheur écumeuse des vagues et sur la grisaille de l’aube. Cette ombre emportée par le vent voguait vers l’île à vive allure. Peut-être Maounia avait-elle mal vu. L’aube ne se levait qu’avec lenteur et les nuages de pluie brouillaient les formes. La jeune femme scruta plus attentivement l’obscurité : épouvantée, elle distingua nettement une pirogue monumentale, portée par des ailes immenses, qui, inconsciente, aveugle ou téméraire, fonçait vers le massif corallien. De sombres lueurs d’incendie embrasaient l’horizon à l’est, le vent, la houle redoublaient de violence, les premiers rayons du soleil levant coloraient de pourpre les nuées déchiquetées qui fuyaient dans le ciel, pareilles aux lambeaux d’une robe de feu. Les flots grossissaient derrière la barrière de coraux et brusquement une lame franchissait l’obstacle, le submergeait. Maounia repéra une seconde embarcation qui courait le long du massif de coraux et disparut au loin. De cette pirogue jaillirent un coup de tonnerre et des traits de feu, illuminant les cieux.
Depuis plusieurs générations, à diverses reprises, l’île de Vanikoro avait, à distance, observé le passage de semblables pirogues aux impressionnantes dimensions que dirigeaient des hommes au teint clair. Les anciens en gardaient la mémoire. L’apparition successive de ces deux embarcations malmenées par la tempête était lourde d’une menace confuse, elle ne constituait pas cependant un événement sans précédent ni exceptionnel. Mais les étrangers à la peau blanche, aux cheveux artificiels, aux yeux bleus ou gris si froids inspiraient à Maounia comme à l’ensemble des insulaires un mélange de peur, de répulsion et de curiosité, de colère, d’indignation et d’étonnement. Quelles étaient leurs intentions ? Des bruits terrifiants circulaient dans les îles sur la brutalité du comportement des Blancs, ces non-civilisés arrogants. Aussi le premier réflexe de la jeune femme fut de supplier le Grand-Sorcier de les protéger, elle, sa famille, le village. Tout-puissant créateur, Taaora était clarté, tiédeur, lumière, fécondité, à la fois base et sommet de l’univers parfait qui était son ouvrage. Si la terre se meut, si le ciel et les astres tournent, obéissant à des lois immuables, si le temps s’écoule, si l’océan ondule et s’épanche sans sortir de sa couche immense, c’était par la volonté de Taaora : du démiurge avait jailli l’étincelle première, le souffle créateur dont tout l’univers procédait.

Maounia courut au village donner l’alerte. Bientôt les habitants de Païou par petits groupes de parents, d’amis, de voisins se hâtaient vers la plage au milieu des cocotiers, des flamboyants aux fleurs de sang et des rouges hibiscus. Ils allaient indifférents à la pluie qui ruisselait sur les visages peints, sur les tatouages, sur les ornements de nacre et d’os, sur les coiffures de

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