Tableau historique des prisons d État en France sous le règne de Buonaparte
60 pages
Français

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Tableau historique des prisons d'État en France sous le règne de Buonaparte , livre ebook

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Description

AVANT d’en faire l’historique, seulement pour mon compte, je préviens le lecteur, que jamais l’on ne m’a, comme à d’autres, reproché à la police des propos indiscrets, quoique, avec mes amis, je ne me génasse pas pour dire ma pensée ; et que, dans le nombre infini d’interrogatoires que j’ai subis, il n’a été question que de ma complicité dans la conspiration susdite.Un homme dont je voulais taire le nom, seulement par égard pour les braves dont il compromit l’uniforme, mais qui vient d’être cité en toutes lettres dans l’éloge du vertueux général Malet.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

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EAN13 9782346109821
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Antoine-François Ève
Tableau historique des prisons d'État en France sous le règne de Buonaparte
AVANT-PROPOS
L ORSQUE Champfort, dans ses humeurs noires, a dit que la vie n’était qu’une maladie, dont la mort se trouvait le remède, et le sommeil un palliatif, son âme éprouvait alors des affections tristes, et il ne pensait pas aux voluptés morales qu’éprouve un cœur pur attaché par principes au bonheur de l’humanité.
Comme ce bonheur ne consiste, ni dans les délires de l’imagination, ni dans ceux des folles vanités, mais dans la justesse des aperçus qui mènent à une félicité possible, il en résulte, d’après les Sages de l’antiquité et les progrès de la saine philosophie moderne, que l’amour du prochain bien entendu est la source la plus délectable de toutes nos jouissances.
Mais ce n’est pas en consultant le seul moi humain qui fait voir tout, dans soi, et si rarement se voit dans le tout que, destiné par naissance ou par choix à gouverner un Etat, l’on fasse jamais le bonheur des autres et encore moins le sien.
L’exemple trop mémorable de Buonaparte en est la preuve.
Nul homme, en aucun temps, ne fut placé aussi avantageusement que lui par la Providence pour la félicité publique : s’il eût moins follement employé ses talens supérieurs, en plus d’un genre, quoiqu’on en dise, et surtout sa prodigieuse activité, de quelle prospérité ne jouirait pas aujourd’hui le peuple français ? Mais aussi, je regarde comme impossible qu’on en puisse faire un plus détestable usage.
Loin de lui donner ici le coup de pied de l’âne, en me modélant sur ces âmes vénales qui mettaient au concours l’éloge de ses vertus, quand il dévastait l’Europe, et ne rougissaient pas, lors de ses vains triomphes, d’intituler Poésies nationales le ressassement de toutes les pauvretés de la plus basse adulation, je n’aurai point, à sa chute, l’impudeur de l’accabler de sarcasmes ainsi que l’ont fait quelques-unes d’entre elles.
Lorsque tout tombait à ses genoux, je riais de sa puissance et je la bravais. Chaque date de mes attaques consignées dans ce recueil est appuyée du témoignage des braves qui partageaient mes fers ; j’en appelle à leur véracité : aujourd’hui que sa tyrannie est abattue, je plains l’homme, et lui pardonne les maux qu’il m’a faits.
Je viens donc prouver seulement dans ce tableau que, tandis que la corruption flagornait les atrocités du tyran ; que les grands corps de l’Etat qui ont plutôt préféré livrer la France aux Cosaques, que d’appeler à eux tous les gens de bien qui n’aspiraient qu’à l’ordre constitutionnel promis par le Roi, il était dans les fers des hommes qui, s’ils n’eussent point échoué au 23 octobre 1812, auraient épargné à la patrie plus d’un million de ses enfans, ses trésors et le déshonneur de la voir aujourd’hui privée de conquêtes justement acquises par ses victoires, et auxquelles Buonaparte n’eut pas la moindre part.
Je viens retracer les dangers d’une volonté arbitraire, qui souvent ne part point de l’âme du prince qui gouverne, mais bien de celle de perfides agens, lesquels de tout temps et partout n’ont que trop abusé de son nom.
Je viens réveiller la conscience publique sur son indolence à ne pas s’informer des causes précises de l’arrestation arbitraire du moindre citoyen, et l’engager, puisque l’intérêt de tous y est compromis, à réclamer avec respect mais dignité, le prompt jugement où la liberté de quiconque se trouverait dans ce cas.
Si, dans le cours de cet ouvrage, il se trouve des traits caractéristiques de la plus profonde indignation, les gens de bien ne pourront les désapprouver : la pureté de leur conscience les met à l’abri de ses coups. Quant aux pervers, peu m’importe ; comme ce n’est pas pour, mais contre eux que j’ai tonné, et que mes prophéties se sont enfin réalisées, il m’en arrivera ce qu’il pourra ; c’est ce dont je me soucie le moins.
TABLEAU
HISTORIQUE DES PRISONS D’ÉTAT EN FRANCE SOUS LE RÈGNE DE BUONAPARTE,

Entremêlé de Réflexions politiques , et de Pièces de Poésies composées dans les fers, toutes analogues aux circonstances qui ont entraîné sa chute.
T OUTE Révolution politique, n’ayant point pour base les principes fondamentaux de la. saine raison, non seulement n’est qu’un déplacement de fortune et de vanité, mais on pourrait la comparer à un incendie, où se trouvent toujours trois sortes d’individus : ceux qui travaillent à l’éteindre ; les gens qui le regardent ou déplorent leur perte ; ceux enfin qui y prennent tout ce qu’ils peuvent attraper.
Froissés depuis vingt-cinq années, entre plusieurs partis composés en général de gens de bien, quoique d’opinions différentes, nous avons dû remarquer qu’il n’y a que les intrigans de tous les genres qui aient triomphé ; d’une part, en se réunissant pour tout accaparer, et de l’autre, en se partageant les rôles auprès des divers Gouvernemens qui se sont succédés : ceux-ci, peu accoutumés à un tel métier, après s’être livrés aux adulations, tour-à-tour ont fini par succomber sous les efforts de la corruption, sinon personnelle, du moins de celle de leurs perfides conseils.
Voilà pourquoi, ce n’est ni à l’entêtement des gens qui voulaient ne rien perdre de leurs antiques jouissances, ni à l’exaspération des ardens amis de la liberté que la France a dû ses plus grands désastres, notamment la terreur de 93, mais bien à la perversité des intrigans de l’intérieur comme de ceux du dehors ; et que j’appelle, moi, le parti de la corruption.
Pour peu que l’on y réfléchisse, en ayant été le témoin, l’on verra que cette première terreur ne fut poussée tout exprès à l’extrême, qu’afin d’accélérer l’horrible réaction qui l’a suivie, de détruire les imbécilles instrumens de ses atrocités, de s’emparer de tous les pouvoirs, d’y mettre à l’ordre du jour les dilapidations en tout genre, l’extinction de la morale publique ; et, créant enfin la Constitution directoriale, de la faire servir à ses fins, soit par le choix de chefs inhabiles à la défendre, soit en appelant à son secours tous les hommes corrompus de la France.
Napoléon, à son tour, ayant étudié profondément tontes ces phases révolutionnaires, les mit à profit pour satisfaire son ambition ; et c’est à la perfidie de son caractère autant qu’à la bassesse de ceux qui pouvaient le retenir, et ne l’ont pas fait, que nous avons dû une terreur, en apparence moins sanguinaire, mais incomparablement plus destructive que celle accolée au nom de Robespierre Sous l’une, tout se faisait publiquement ; les journaux retentissaient du nom de chaque victime destinée à l’échafaud ; et, consultant l’ouvrage intitulé les Crimes de la Convention , l’on en verra la liste, jugement par jugement dans tout le territoire français. On verra de plus que cette liste, faite et reconnue pour vraie par les ennemis de la république, est beaucoup moins considérable que ne l’a voulu faire croire l’intrigue à la sottise, puisqu’elle ne passe pas le nombre de 16,000 tant innocens que coupables, immolés à la vindicte nationale dans ces temps d’exaltation, où le crime se battait à chaud, tandis qu’après eux, c’est de sang-froid que se sont commises les horreurs.
Quant à celle de Napoléon, qui pourrait en calculer, même en connaître les victimes ? la clandestinité de l’hypocrisie laisse-t-elle jamais aucune trace de ses forfaits ? Néanmoins, sans compter les malheureux judiciairement sacrifiés à ses vengeances, ceux que son ambition a livrés au

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