À la dérive
158 pages
Français

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Description

Guide pédagogique disponible
Prix Rue-Deschambault, Finaliste 2003
Grâce à sa chaussure à double semelle, Sylvia pourra enfin prendre de l’assurance et devenir une jeune fille épanouie. La belle Hélène sera toujours là pour lui rappeler son handicap, mais ne pourra miner la générosité et le courage de Sylvia.
L’histoire des Beaulieu s’échelonne dès le début de la Première Guerre mondiale (1914-1918) jusqu’à l’après-guerre de la Seconde Guerre mondiale (1945). Le roman met en situation le destin parallèle de deux des soeurs Beaulieu, Sylvia, la
raisonnable et Hélène la désinvolte de la famille, qui habitent la campagne de Saint-François-du-Lac au Manitoba. L’auteure décrit le passage du temps, de l’enfance puis l’adolescence au sein d’une famille très nombreuse. Mettant en relief leurs affrontements, les difficultés, l’auteure tisse la toile d’une vie souvent ingrate. Leur père, Cléophas, personnage dur mais intègre, laissera sa marque sur ses deux filles dont le destin leur réserve une vie d’adulte diamétralement opposée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 mars 2012
Nombre de lectures 10
EAN13 9782896112654
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières Prologue Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 Chapitre 12 Chapitre 13 Chapitre 14 Chapitre 15 Chapitre 16 Chapitre 17 Chapitre 18 Chapitre 19 Chapitre 20 Chapitre 21 Chapitre 22 Chapitre 23 Chapitre 24 Chapitre 25 Chapitre 26 Chapitre 27 Chapitre 28 Chapitre 29 Chapitre 30 Chapitre 31 Chapitre 32 Chapitre 33 Chapitre 34 Chapitre 35 Chapitre 36 Chapitre 37 Chapitre 38 Chapitre 39 Chapitre 40 Chapitre 41 Chapitre 42 Chapitre 43 Chapitre 44 Chapitre 45 Chapitre 46 Épilogue
Les Éditions des Plaines remercient le Conseil des Arts du Canada et le Conseil des Arts du Manitoba du soutien accordé dans le cadre des subventions globales aux éditeurs et reconnaissent l’aide financière du ministère du Patrimoine canadien (PADIÉ et PICLO) et du ministère de la Culture, Patrimoine et Tourisme du Manitoba, pour ses activités d’édition. Œuvre sur la couverture : « Ombre du soir », Helen Faber Conception graphique : Éditique ltd. Mise en page : José Orellana Données de catalogage avant publication (Canada) Saint-Pierre, Annette, À la dérive / Annette Saint-Pierre ISBN 2-921353-87-3 I. Titre. PS8587.A3493A75 2002 C843’.54 C2002-911160-9 PQ3919.2.S31A75 2002 © Saint-Pierre, Éditions des Plaines, 2002 382, rue Deschambault Saint-Boniface (MB) R2H 0J8 www.plaines.mb.ca Dépôt légal : 4e trimestre 2002 Bibliothèque nationale du Canada et Bibliothèque provinciale du Manitoba À la dérive Annette Saint-Pierre roman Plaines Quelques anecdotes de la Grande Dépression ont été inspirées de Ten Lost Years 1929-1939 par Barry Broadfoot.
Prologue
La vieille dame vivait seule, entourée d’une trentaine de chats : chats de gouttières, chats angoras, chats de Siam et chats persans. Les petites bêtes, de toutes couleurs et de toutes tailles, étaient tigrées, ocellées, vergetées ou rayées. L’été, les passants, qui s’engageaient sur le trottoir de bois longeant sa maison délabrée les apercevaient sur la clôture, la véranda et le bord des fenêtres. Minets et matous fainéantaient au soleil ou se désarticulaient comme des contorsionnistes.
De temps à autre, l’un d’eux s’aventurait hors de la cour, sorte de dépotoir qu’exécraient les voisines à couteaux tirés avec la tigresse. C’est ainsi qu’on la surnommait depuis que madame Laplante avait osé lui dire qu’elle avait trop de chats. Les deux femmes s’étaient crêpé le chignon pendant que les arbres témoins de cette mémorable guerre ouverte avaient tremblé de toutes leurs feuilles.
— Mêlez-vous de vos affaires!
— Ce sont mes affaires!
— Je paie mes taxes!
— Pas beaucoup avec la bicoque que vous avez!
— Vous saurez que c’est une maison historique. Elle a appartenu à un ancien député…
— Elle aurait appartenu à la reine d’Angleterre que je n’y mettrais pas les pieds.
— Et la vôtre, votre maison? C’est un bordel!
— Vous allez me payer cher cette insulte-là. Grande langue sale!
— À part de ça, vos filles sont des putains. J’ai vu des vieux macaques venir les ramener au petit matin.
Cette fois, c’en était trop, surtout que les spectateurs du théâtre improvisé dans la rue Montjoie se tordaient de rire. Hors d’elle-même, madame Laplante avait fait un magistral pied de nez à son ennemie en s’écriant :
— Vous n’êtes qu’une tigresse mal léchée!
À partir de cette engueulade, le sobriquet avait collé à la peau de cette femme capable de s’attaquer au pape pour défendre la race féline. Ses chats, chattes et chatons continuèrent leur petit train de vie et elle ne fut plus ennuyée, car on craignait son courroux. Toutefois, quand l’un des félins s’aventurait sur le perron d’une voisine, il en était vigoureusement chassé à coups de balai.
Un jour, un minet me frôla la cheville. Il était si mignon que j’oubliai ma peur des bêtes et pris dans mes bras la petite boule de laine soyeuse. Il me lécha la joue et se blottit contre mon épaule. Sur le dos, le petit chat tigré avait un cercle de poil aussi blanc que neige. Ses yeux fendus n’étaient pas assez grands pour laisser voir au complet sa pupille couleur de nuit. Soudain, l’envie folle de le posséder fit germer en moi l’idée d’un enlèvement, mais en pensant à la tigresse qui viendrait chanter pouille à ma mère, je le déposai par terre et rebroussai chemin. Il s’était mis à miauler pour revenir dans mes bras.
Au souper, je demandai un petit chat à ma mère.
— Jamais de la vie, il va égratigner mes meubles.
— Je peux le dompter, répondis-je du tac au tac.
— Il va grimper dans les rideaux, monter sur la table, les lits et mettre du poil partout.
— Pas si je surveille, hein, papa?
Mon père acquiesça de la tête en se gardant bien d’ajouter un mot. Il adorait les chats, mais ma mère les qualifiait de petits démons.
— Tu auras ma réponse demain. Je dois réfléchir, ajouta ma mère qui demandait toujours un sursis pour se trouver de meilleurs arguments.
Dans mon rêve, cette nuit-là, je gavais mon petit chat de tablettes de chocolat : Aero, Coffee Crisp, Sweet Marie. Devenu obèse avec un ventre frôlant le plancher, il se déplaçait à pas de tortue et roulait son derrière de gauche à droite. Il miaulait désespérément. Le voyant en train d’agoniser, je hurlai de toutes mes forces. Quand je m’éveillai en sueur, ma mère me berçait dans ses bras en murmurant :
— Calme-toi, calme-toi, Agathe. Samedi, nous irons chercher un chaton à la ferme de ton oncle Jacques.
Je me recouchai, décidée à ne pas adopter un chat inconnu quand j’en connaissais un qui m’aimait.
Ce même jour, je demandai à la femme aux chats de me donner le minet avec une tache blanche sur le dos. La vieille dame me parla longuement des chats et de leurs habitudes. Elle m’en donnerait un, mais à condition que je le nourrisse chaque jour, que j’évite de le frapper et que je le protège contre les automobilistes qui écrasent les chats. Et elle ajouta :
— Il y a même des gens qui leur crèvent les yeux et les laissent mourir de faim.
Je sursautai en entendant une telle horreur et répliquai :
— Moi, mon père va m’aider. Il aime les chats. Sur la ferme de mon grand-père, il y a beaucoup de chats, mais ils n’entrent jamais dans la maison. L’hiver, ils se réchauffent sur le dos des vaches et, l’été, ils rôdent dans le jardin. Si vous me donnez un chat, il va toujours coucher dans la maison.
— Dis à ton père de lui acheter une litière et de le garder très propre. Tiens, voici une boîte de Purina, une bonne nourriture pour les chats. Achète toujours cette sorte-là, c’est la meilleure. Aussi...
Mais je ne l’écoutais plus. Le chat à la tache blanche n’allait pas souffrir de saleté avec maman qui passait la vadrouille trois fois par jour. Mon regard allait maintenant de sa remise en train de s’effondrer à l’escalier branlant de sa maison. À en juger par son taudis et sa robe tachée de moutarde, elle n’avait pas de leçon à donner aux autres.
Hélas! le petit chat à la tache blanche fut introuvable. Où était-il donc passé? S’était-il enfui? Il était si plein de vie qu’il était peut-être rendu à la Fourche après avoir traversé le pont Provencher qui enjambe la rivière Rouge. Devinant mon anxiété, la femme attrapa un pelage beige aux pattes de velours brun.
— Tiens, prends celui-ci. C’est un siamois. Les siamois sont fiers, affectueux et intelligents. Je t’assure que tu vas l’aimer.
Sans me laisser le temps de riposter, elle ramassa un carton dans la cour et saisit le chat qui gémissait comme un pendu. Une fois le chat emprisonné, elle tailla des petites ouvertures dans le carton qu’elle ficela lentement et fit une poignée sur le dessus. On aurait dit qu’elle hésitait à me le confier. De mon côté, j’étais tellement déçue de mon chat que j’oubliai de la remercier en m’éloignant pour ne pas l’entendre crier :
— Donne-moi de ses nouvelles.
À l’extérieur de la cour, je mis mon nez dans une brèche de la palissade pour trouver le minet de mes rêves. S’il avait été là au bon moment, c’est de lui que j’aurais hérité et non pas de ce chat hystérique qui se débattait comme un diable dans l’eau bénite. Mais, c’était mieux que rien.
— Tais-toi, mais tais-toi donc, espèce de mal élevé!
Eh oui, je manquais déjà de patience envers la petite bête que j’avais juré d’aimer.
Maman leva les bras au ciel en voyant le chat qui arrivait tout droit du bouge de la tigresse. Elle ne se calma les nerfs qu’au souper quand mon père, fatigué d’entendre les mêmes propos, éleva le ton pour s’exclamer :
— Bon sang de bon sang! Marie-Louise, un chat est un chat. Vas-tu arrêter tes jérémiades!
Ma mère se tut quelque temps, mais le siamois la rendait folle en courant de la cave au deuxième étage; il s’agrippait aux rideaux, montait

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