Cauchemar en quatre nuits
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Cauchemar en quatre nuits , livre ebook

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Description

Le célèbre commissaire MARCASSIN a disparu ! Pire, sa vieille bonne, Noémie, est persuadée qu’il a été enlevé. N’a-t-elle point vu une voiture en planque dans la rue, alors que son maître arrivait ? Un homme qui faisait le guet, un peu plus loin, n’a-t-il pas émis un petit cri de canard pour prévenir ses camarades de l’arrivée de leur « proie » ?


Gordon PERIWINKLE alias OLD JEEP, son ami, aidé de l’inspecteur Belfontaine, se lance alors sur la piste de leur compagnon et collègue, mais les indices sont rares.


Bientôt, est découvert dans les égouts, un carnet attaché à un rat contenant un curieux message :




« Moi, commissaire MARCASSIN, décide de diriger l’enquête relative à l’enlèvement du commissaire MARCASSIN. »


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782373474268
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

OLDJEEP et MARCASSIN - 6 -
CAUCHEM ARENQ UATRE NUITS
De Marcel PRIOLLET
I
me M Lurette, concierge rue Saint-Louis-en-l'Isle, ne s ut tout d'abord pas pourquoi Noémie, la vieille bonne de son plus ancie n locataire, faisait irruption dans sa loge, s'affalait sur une chaise, puis haletait :
— Faut prévenir la police !
La concierge, occupée à préparer son dîner dans la minuscule cuisine voisine, prit même la chose en riant.
— Prévenir la police ? Il me semble que vous êtes b ien placée pour ça, avec votre patron...
Le patron de Noémie, en effet, était le commissaire Marcassin, le fameux me limier de la Brigade Criminelle. Nul ne l'ignorait, dans le quartier, et M Lurette moins que personne, depuis si longtemps que le poli cier et sa servante habitaient la maison. Leurs silhouettes étaient fam ilières aux voisins, aux boutiquiers, voire même aux passants. On racontait volontiers que Marcassin, qui pourtant ne redoutait personne, filait doux dev ant Noémie. Elle était tatillonne et despotique. Elle n'admettait pas que son maître fût en retard aux repas. Elle lui faisait des scènes, se répandait en reproches, boudait aussi, à l'occasion. Mais au fond, la meilleure femme du monde. Et dévou ée comme un chien. Lui, notre commissaire, quand on s'étonnait qu'il suppor tât pareille tyrannie, usait de formules indulgentes et familières :« Elle me tolère… elle fait partie de mon mobilier… Elle n'a que moi… J'ai l'air d'être son s ouffre-douleur, je suis son souffre-tendresse… »
Aujourd'hui, si quelqu'un semblait souffrir, c'étai t bien Noémie. Et me M Lurette commença à attacher de l'importance à l'év énement quand, se détournant de son fourneau, elle reconnut que la pa uvre femme était, comme on dit, dans tous ses états. Elle l'entendit qui révélait, d'une voix brisée :
— Monsieur a disparu !
— Disparu ! Le commissaire a disparu ?... Qu'est-ce que c'est que cette histoire !
— On l'a enlevé...
— Quand ?... Où ?... Comment ?...
Ces légitimes curiosités ne furent pas immédiatemen t satisfaites. Noémie, hagarde et le souffle court, répétait :
— Faut prévenir la police !
La concierge ne manquait pas de bon sens.
— Il y a le téléphone, chez vous ! observa-t-elle.
— C'est juste ! Je n'y ai pas pensé... Ah ! je ne s ais vraiment plus où j'ai la tête !...
Elles montèrent les étages, l'une soutenant l'autre .
***
— Voyons, madame Noémie... remettez-vous. Il import e que vous nous renseigniez très exactement, mon collègue et moi. C omment cela s'est-il passé ? Qu'avez-vous vu au juste ?
L'enquête débutait. L'interrogatoire de la servante avait lieu dans la salle à manger du modeste appartement dont le commissaire M arcassin, bien qu'arrivé au faîte de la notoriété, savait se contenter.
Tout était simple, propre, méthodiquement rangé. La table était mise. Un seul couvert. Un couvert qui avait toute la tristes se des préparatifs inutiles.
Au-dehors, la nuit était complète. Les vitres se br ouillaient de buée, car les soirées sont humides et froides, en novembre, dans l'île. Par surcroît, il pleuvait.
Dès le coup de téléphone de Noémie, deux inspecteur s avaient quitté les bureaux de la Police Judiciaire. Ils étaient venus sans hâte, tant la nouvelle leur apparaissait invraisemblable. Leur conviction était que Marcassin — leur « patron » à eux aussi — avait négligé l'heure habi tuelle de sa rentrée et que Noémie venait de bâtir là-dessus tout un roman. Les explications qu'elle avait fournies, au bout du fil, semblaient si décousues, si incohérentes...
Et maintenant encore :
— Bien sûr, messieurs, il lui arrive de se mettre e n retard, et même de ne pas rentrer dîner. Généralement, dans ces cas- là, il me prévient. Quand il oublie de me prévenir, c'est qu'il ne peut pas faire autre ment, le pauvre homme ! Dans son métier... vous savez ce que c'est ?... Mais ce soir, j'étais sûre qu'il serait là à l'heure. Il me l'avait dit. Il m'avait même demandé ce qu'il y aurait à manger. Nous avions un pot-au-feu. Il adore ça... Surtout q ue j'avais pu avoir du « plates côtes », son morceau préféré... Bref, je l'attendai s. Je m'étais mise à la fenêtre pour le guetter. J'ai beau ne plus avoir de très bo ns y eux, je le reconnais toujours de loin, rien qu'à sa démarche. La demie d e sept heures venait de sonner, là, à l'école d'à côté, quand je l'ai vu s' amener. Pour être lui, c'était bien lui. Il marchait sur notre trottoir, le col relevé, son chapeau bien enfoncé, comme il en a l'habitude. Même que j'ai été furieuse en r emarquant qu'il avait laissé son parapluie au bureau, car il tombait une petite plui e fine, très mauvaise pour son
asthme. Dès que j'ai été sûre que c'était bien lui, je me suis retirée de la fenêtre, afin de passer mon bouillon. Je voulais qu'il dîne tout de suite et qu'il mange bien chaud. Et puis...
Comme Noémie s'interrompait pour étouffer un inspecteurs l'encouragea à poursuivre.
— Et puis ?
L'autre, encore plus pressé, crut pouvoir deviner :
gros s oupir, l'un des
— Le commissaire est arrivé. Il vous a annoncé qu'i l était dans l'obligation de repartir tout de suite. En matière de plaisanter ie, car il ne dédaigne pas plaisanter, il vous a dit qu'il allait courir de gros dangers...
— Mais non ! protesta Noémie. Ce n'est pas ça, pas ça du tout ! Je ne vous aurais pas dérangé tous les deux, si les choses s'é taient passées comme vous dites. C'est tout différent. Écoutez… J'étais là, d ans ma cuisine. J'attendais le craquement de la clef dans la serrure. Les première s minutes, je ne me suis pas inquiétée. Il monte lentement, d'ordinaire. Il pouv ait aussi avoir rencontré quelqu'un de connaissance ou bien être entré chez l a concierge, avec qui il fait parfois un brin de causerie. Mais, au bout d'un qua rt d'heure, j'ai trouvé ça drôle. Je suis allée sur le palier. Je me suis penchée au- dessus de la rampe. J'ai regardé, écouté, appelé... Personne ! Je suis retou rnée à la fenêtre. Plus personne, non plus, dans la rue. C'est alors que j' ai commencé à avoir le pressentiment d'un malheur. Je me suis raisonnée, b ien sûr... Mais, soudain, je me suis rappelé certaines choses... et je n'ai plus pu y tenir. C'est alors que je suis descendue, comme une folle...
— Et vous êtes allée voir la concierge ?
— Pas tout de suite. J'ai parcouru la rue, d'un bou t à l'autre. Toujours pas de commissaire ! Et pas un chat. Vous pensez bien que, par ce temps-là, les gens me n'étaient pas dehors. Je suis rentrée et j'ai racon té l'histoire à M Lurette. C'est ensuite qu'on vous a téléphoné...
L'un des inspecteurs rappela :
— Vous avez fait allusion à la possibilité d'un enl èvement...
— Bien sûr ! C'est rapport à la voiture...
— Quelle voiture ?
— Une auto que j'avais remarquée. Elle stationnait au long du trottoir, à une vingtaine de mètres d 'ici, juste sur le chemin que devait suivre mon patron. Plus loin, presque au coin de la rue, il y avait un homm e qui semblait faire le guet et qui était sûrement de mèche avec ceux qui se tenaie nt à l'intérieur de la voiture...
— Qu'est-ce qui vous permet de dire cela, madame No émie ?
— D'abord, l'homme regardait tantôt du côté où deva it apparaître le commissaire, tantôt du côté de l'auto. Et puis, au moment où il a aperçu Monsieur, alors que moi, je ne pouvais pas le voir encore, l'homme a lancé une espèce d'avertissement. C'était un drôle de cri...
— Quel cri ?
— Comme qui dirait un cri de canard... Coin-coin !
L'intérêt des deux policiers parut s'éveiller. Ils s'enquirent encore :
— Et cette voiture, qu'est-elle devenue ?
— Et l'homme qui guettait ?
Noémie affirma avec force :
— Il n'y avait plus rien quand je me suis retrouvée dans la rue. Et c'est pourquoi je suis sûre que ce sont ces gens-Ià qui o nt fait le coup.
— Vous les reconnaîtriez ?
— Oh ! je vous l'ai dit, je n'ai plus de très bons yeux... Ceux qui étaient cachés dans la voiture, je ne les ai pas vus. L'aut re, l'homme au cri de canard, était plutôt grand, avec un chapeau mou et un vêtem ent noir qui brillait sous la pluie.
— Ce qu'on appelle un ciré ?
— Ça doit être ça, oui, Monsieur.
— Pouvez-vous au moins nous donner un signalement d e la voiture ? Un vieux taxi ?...
— Que non ! C'était plutôt une auto de maître, d'un bleu foncé, avec un toit peint en blanc.
— Son numéro ?
— Là, vous m'en demandez trop ! Si j'avais pu prévo ir, j'aurais mieux regardé. Mais comment deviner qu'on en voulait à mo n pauvre monsieur ? Et où est-il, à cette heure ? Si on l'a enlevé, c'est pou r lui faire du mal... Mais on va le rechercher, n'est-ce pas, Messieurs ? Les agents, l a police, les gendarmes... tout le monde doit s'y mettre... On ne peut pas lai sser un pareil homme aux mains de ces coquins...
Noémie ne savait plus retenir ses larmes. Bien touc hante, elle disait tout ce qui lui passait par la tête, rappelait les dernière s affaires auxquelles sont maître avait été mêlé, portait des soupçons, comme si elle eût ambitionné d'aiguiller elle-même l'enquête.
Les inspecteurs lui annoncèrent qu'ils allaient avo ir pour premier soin de
rendre compte à leurs supérieurs et affirmèrent que tout le nécessaire serait fait. Ils se retirèrent sur une note optimiste :
— Un bon conseil, madame Noémie. Dînez et couchez-v ous tranquillement. Il est fort probable qu'à votre réveil vous aurez u ne belle surprise. Vous retrouverez le commissaire, qui vous réclamera son petit déjeuner et vous racontera son aventure de la nuit.
— Si vous pouviez dire vrai !
La vieille bonne, restée seule, négligea le conseil qui venait de lui être donné. Elle avait l'estomac serré, le cœur lourd. E t si elle se coucha, ce fut pour rester éveillée, l'oreille aux aguets.
Les heures nocturnes, quelle compta une à une, fure nt longues. Le jour revint. Marcassin, lui, n'était toujours pas de ret our. L'appartement semblait bien grand, bien vide. Le silence n'était troublé que pa r les pas furtifs de la triste Noémie qui allait écouter à la porte et sur le pali er, puis venait regarder par la fenêtre, pour retourner ensuite à la porte.
Elle eut l'idée de faire marcher la radio. C'était l'heure des informations. Savait-on jamais ?
Elle pensait que l'univers entier, déjà, devait êtr e bouleversé par l'annonce de la disparition du célèbre policier.
Non, rien ! Pas le plus petit communiqué. Noémie fu t à la fois surprise et choquée. Ces radio-reporters négligeaient aujourd'h ui la seule nouvelle qui eut de l'importance !
Vers neuf heures, le téléphone tinta. Elle se préci pita. Elle frémissait de l'espoir de reconnaître la chère voix, tantôt jovia le, tantôt bougonne. Elle ferait alors semblant d'être très fâchée et de marchander son pardon au coupable.
Hélas ! Aucune des trois voix qui se succédèrent, a vec des exaspérants « ne quittez pas ! » n'était celle de Marcassin. Un e quatrième, brève et autoritaire, fit entendre :
— Jusqu'à nouvel ordre, l'affaire ne doit pas être ébruitée. Tâchez de tenir votre langue, si vous le pouvez...
Noémie, maugréant, raccrocha.
— « Ils » vous ont une façon de parler aux gens...
« Ils » s'appliquait aux fonctionnaires de la direc tion de la Police judiciaire, d'où émanaient, ces instructions.
En haut lieu, en effet, dès réception du rapport de s deux inspecteurs, on avait décidé de faire momentanément le silence sur une histoire dont on ne savait encore si elle était banale ou appelée à un grand retentissement. Dans
l'un et l'autre cas, toute publicité...
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