Crimes entre parenthèses
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Crimes entre parenthèses , livre ebook

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Description

Une jeune femme qui bronze dans son jardin, c’est un bon début. Mais lorsque les hommes qui l’approchent se mettent à tomber comme des mouches, ça ne va plus ! Clarine porterait-elle la poisse, par hasard ? Ou bien fait-elle le nettoyage elle-même ? Vous le saurez en lisant ce polar volontiers digressif sur 20 tableaux tour à tour littéraires, théâtraux ou réalistes, parsemés de parenthèses dont l'impertinence n’échappera à personne...

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 10
EAN13 9782897176662
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Résumé
Une jeune femme qui bronze dans son jardin, c’est un bon début. Mais lorsque les hommes qui l’approchent se mettent à tomber comme des mouches, ça ne va plus ! Clarine porterait-elle la poisse, par hasard ? Ou bien fait-elle le nettoyage elle-même ? Vous le saurez en lisant ce polar volontiers digressif sur 20 tableaux tour à tour littéraires, théâtraux ou réalistes, parsemés de parenthèses dont l'impertinence n’échappera à personne… Du même auteur en numérique Profession : régulateur, tome 1 - Les Piafs se planquent pour caner , Éd. Numeriklivres et Éditions AO, 2013. Profession : régulateur, tome 2 - Victoire par chaos , Éd. Numeriklivres et Éditions AO, 2013. Profession : régulateur, tome 3 - De la viande collée aux murs , Éd. Numeriklivres et Éditions AO, 2013. Profession : régulateur, tome 4 - Le Nirvana ambré a encore frappé , Éd. Numeriklivres et Éditions AO, 2013.
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Daniel Safon
CRIMES ENTRE PARENTHÈSE
polar digressif en 20 tableaux
numeriklire.net | Éditions AO
PREMIER TABLEAU Entre le jardin et la table de travail de Clarine.
Dans la ouateur touffue de son jardin d’été, Clarine, aux trois quarts mi-nue sur son transat idéalement placé à l’abri des regards zimportuns et de la brise légère de ce mois de juin, s’abandonnait suavement aux caresses appuyées d’un ardent soleil. Seul l’irritant zonzon d’une mouche sottement prise au piège d’une toile d’araignée interrompit sa lascive somnolence.
Lorsque j’appris, récemment, au cours d’une de mes lectures érudites (vous n’avez pas à savoir laquelle (si, en fait, c’était Loin d’Odile, de Christian Oster (aux Éditions de Minuit), que la mouche ne vivait que 48 heures, je dois reconnaître que ça m’en a mis un sale coup.
48 heures, c’est queudalle.
Je ne sais pas si la mouche s’en rend compte, après tout. Peut-être nous-mêmes, les humains, ne vivons-nous pas très longtemps, au regard de certains animaux, et peut-être ceux-ci nous plaignent-ils ? Mais non, les animaux ne savent pas qu’ils vont mourir.
La mouche ne vit que 48 heures. On ne sait, ou plus exactement je ne sais pas s’il s’agit de la durée de vie naturelle, la durée de vie d’une mouche qui naîtrait dans d’excellentes conditions prophylactiques et se développerait normalement en l’absence de tout danger, jusqu’à la fin de son deuxième jour, ou s’il s’agit de son espérance de vie.
Car il faut reconnaître que la mouche prend beaucoup plus de risques que l’homme, c’est indéniable, même si, dans leur organisation à elles, les mouches ne connaissent ni la guerre ni la famine ni le chômage ni les cadences infernales ni le mariage ni les remboursements de prêts ni la grippe aviaire.
L’environnement de la mouche paraît nettement plus cool.
Par contre, de multiples dangers la guettent, qui vont de la toile d’araignée (en l’espèce, car je n’oublie pas mon récit) au coup de torchon sur la gueule, en passant par le papier tue-mouches, une véritable horreur.
Imagine-t-on le calvaire d’une mouche qui a deux jours à vivre, se fait connement poisser (le terme se justifie) au bout de dix minutes et passe deux jours à avoir faim. C’est une mouche qui ne saura rien de la satiété.
Mais revenons au sujet.
Au sujet de la mouche, bien sûr.
J’étais effectivement désolé d’apprendre que les mouches ne vivent que 48 heures car je me souvenais très bien avoir, enfant, sympathisé avec l’une d’entre elles. Elle s’appelait Mouchette.
C’est joli ça, Mouchette. Surtout pour une mouche. Il est bon de souligner que selon toute évidence, la mouche ne s’appelait pas réellement Mouchette, mais que je l’avais baptisée ainsi (d’ailleurs, la remarque vaut pour les chiens et les chats (un chien qui s’appelle Médor ne sait pas qu’il s’appelle Médor, il réagit juste au son « Médor » et pense qu’on l’appelle, au sens de le héler, mais pas au sens de le nommer, il ne s’appelle pas réellement Médor (d’ailleurs plus personne n’appelle son chien comme ça).
Nous étions, mon petit frère et moi, dans une chambre, jouant à précipiter des petites voitures Dinky Toys en ferraille les unes contre les autres pour créer des accidents (si on avait su le prix que ça coûte aujourd’hui, les petites voitures Dinky Toys, on les aurait traitées avec plus de délicatesse). Un instant, après que le fracas assourdissant d’un formidable carambolage fut retombé, une mouche minuscule vint se poser sur les décombres de carcasses encore fumantes et se frotta énergiquement les pattes, comme si elle s’attribuait la responsabilité du carnage et qu’elle s’en réjouissait.
Mon petit frère s’en amusa et nous décidâmes d’affubler la mouche du nom évoqué supra . Nous jouâmes un instant avec Mouchette qui semblait se plaire en notre compagnie. Nous nous amusâmes sans lui arracher ni aile ni patte, dois-je préciser, contrairement à la croyance qui veut que les enfants soient forcément cruels et taquinent les diptères en les enfermant sous un verre retourné ou en leur enfonçant une paille au cul, enfin, je veux dire dans le rectum anal du trou de balle rectal.
Puis nous l’oubliâmes, et c’était l’automne.
Au printemps, alors que nous étions à nouveau en train de nous amuser (au train, justement), mon frère s’égaya soudain en découvrant Mouchette juchée sur le toit de la gare.
« Mouchette est revenue », me dit-il, le regard luisant d’un attendrissement béat. Et n’ayant ni l’envie ni la compétence pour mettre son assertion en doute, j’accueillis l’animal avec effusion.
Soucieux de rationaliser l’événement (les petits frères attendant parfois de leurs aînés qu’ils assurent), j’expliquai que les mouches hibernent l’hiver et renaissent aux premières chaleurs.
Nous revîmes plusieurs fois Mouchette au cours de l’été et nous fûmes flattés par sa fidélité. Elle nous accompagna même en villégiature à Narbonne-Plage, bravant pour notre plaisir le vent furieux chargé de sable.
Durant cette période, il fallait faire attention avant d’écraser un insecte, et nos parents, du moins en notre présence, firent preuve de beaucoup d’abnégation au moment de commettre l’irréparable en flinguant sauvagement les mouches d’un coup du torchon de la cuisine.
Puis, à l’automne, Mouchette s’en fut sans prévenir et nous l’oubliâmes à nouveau.
Le printemps qui suivit ne fut pas l’occasion de retrouvailles humides car mon petit frère ayant grandi, il n’avait probablement plus rien à foutre de Mouchette, et il avait bien raison.
D’autant que, depuis, je sais qu’une mouche ne vit que 48 heures. Avec le recul, finalement, je pourrais culpabiliser d’avoir laissé croire ça à mon petit frère. Mais encore que pas, non !
Après tout, c’est comme croire au Père Noël, ça permet de rêver un peu.
Parce que là aussi ! Non seulement on nous raconte des sornettes, mais en plus on nous jette en pâture un modèle économiquement utopiste de nature à agir négativement sur notre capacité à accepter une économie de marché basée sur le rendement financier à court terme.
Les entrepreneurs ne travaillent que pour engraisser les actionnaires et ne se compromettent qu’au prix de salaires et stock-options démesurés. Alors dans ce contexte-là, dites-moi un peu comment une entreprise saisonnière de distribution de jouets pourrait tenir le coup ?
Pour ce qui concerne ma fable de la mouche qui dort l’hiver et réapparaît au printemps, il ne me semble pas nécessaire de rectifier le tir avec mon petit frère. Il a aujourd’hui plus de 40 ans et se fiche sans doute pas mal de la durée de vie des diptères.
Donc, Clarine fut dérangée dans sa sieste par le zonzon crispant d’une mouche désespérée prise au piège implacable d’une toile d’arachnide. D’araignée, quoi.
J’ai vu, un jour, un documentaire sur le monstre du Komodo. L’un de ces monstrueux lézards tenait dans sa bouche une patte de gazelle, qui criait qu’on la délivre (la gazelle, pas la patte). Qui appelait-elle ? Qui pouvait la secourir ? Le cameraman de la scène, peut-être… La biche appelait. Dans le vide.
Pareil pour la mouche.
En fait, il n’était pas sûr que la mouche appelle. Non, elle gigotait juste pour essayer de se dégager de la toile, et peut-

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