De quoi frémir !
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Description

Le détective Georges Garnier est embauché par le richissime Pierre Renard pour l’assister à la suite de l’enlèvement de sa fille.


Le client accepte de payer la forte rançon pour récupérer son enfant et compte sur Jo et son acolyte Bernoux pour découvrir, a posteriori, qui est à l’origine du kidnapping.


Mais tout ne se passe pas comme prévu lors de la remise de l’argent : le père est assommé, le magot s’est envolé, et la jeune femme demeure introuvable...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 14
EAN13 9782373476941
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES DESSOUS DE L'AGENCE GARNIER - 3 -
DE QUOI FRÉMIR !
de J.A. FLANIGHAM
I
La batterie, les cymbales et un accord de piano firent courir sur la salle un long trémolo, mais dans la salle tout le monde paraissait s'en foutre éperdument.
Particulièrement à la table de Lolo, où le chahut n'était pas piqué des vers. Deux jeunes gens avaient entrepris de chatouiller Lolo qui poussait des cris aigus en renversant la tête en arrière. Minnie donna une tape sèche sur le plat de la main à Paul qui essayait de lui peloter la cuisse droite.
— Tu perds ton temps, dit-elle en étouffant un bâillement. Paul ricana, et dans un clin d'œil désigna Lolo : — Elle est moins bégueule que toi !
— Non, dit Minnie dans une grimace, elle est plus saoule.
Paul prit la bouteille de champagne, et remplit le verre de Minnie :
— Ça n'arrangera rien à la chose, dit-elle en portant le verre à ses lèvres, même ivre morte, t'es pas mon type.
Paul approuva mélancoliquement. Il pensait qu'il n'était pas drôle tous les jours d'être un fils à papa, et d'avoir à passer son temps en claqu ant du fric. Il se souvenait avec une étrange amertume de la joie qu'il avait vue dans les yeux d'un jeune couple, le dimanche précédent, alors qu'il était entré par hasard dans un petit re staurant de Nogent. Le garçon et la fille mangeaient un plat de moules arrosé d'une bouteille de cidre. Ils se regardaient dans les yeux. Il était visible qu'ils n'étaient pas riches, mais bon Dieu, ce qu'ils pouvaient avoir l'air heureux.
Il pensa à voix haute :
— Je pense que nous ne savons pas très bien organiser notre vie !
Minnie haussa des sourcils interrogateurs, et, après un petit rire sec :
— C'est curieux ! Il y a toujours un moment, dans t a soûlographie, où tu éprouves le besoin de te noyer d'amertume !
Il haussa les épaules, puis son regard s'écarquilla, et, posant une main légèrement moite sur l'épaule nue de Minnie qui frissonna, il questionna, stupéfait :
— Ma parole ! C'est Madeleine Renard, là-bas...
Minnie plissa son beau regard lourd de myope : — Où ? — Au fond, avec trois types...
La bouche de Minnie s'arrondit :
— Elle devient de plus en plus cinglée, ma parole ! Le regard fixe, elle continuait d'examiner intensément la table du fond :
— Tu as vu le genre des types avec qui elle se trouve ?
— Oui, approuva Pierre dans une moue évasive. Il se versa un peu de champagne, répondit distraitement à une plaisanterie que lui lançait Lolo, et reprit : — Elle n'est pas venue aux deux dernières surprises-parties de Bob, que devient-elle ?
Minnie eut une moue méprisante :
— Elle file un mauvais coton ! Elle boit de plus en plus, et depuis quelque temps il semble qu'elle éprouve un plaisir plus particulier à la compagnie des mauvais garçons.
Paul eut un ricanement sourd :
— Que dit sa famille ?
Minnie souleva l'épaule droite :
— Comme si la famille était au courant de ses agissements !
Un « Youpi » retentissant traversa la salle. Madeleine Renard avait reconnu ses amis. Elle se leva, et d'une démarche légèrement dansante vint vers eux. Paul se dit qu'elle était de plus en plus ravissante. La robe de faille blanche soulignait l'opulence ferme de son beau corps musclé à la chair brune. Ses larges yeux bruns avaient un éclat canaille et sa bouche un peu trop large souriait :
— Hello ! qu'est-ce que vous fichez là ?
Les deux compagnons de Lolo cessèrent leurs batifolages. On échangea des poignées de main.
Minnie, d'une voix sèche, après avoir contemplé Madeleine de bas en haut, rétorqua :
— Je t'avais dit avant-hier que nous fêterions les vingt-trois ans de Lolo ici, non ? Madeleine éclata de rire. Même son rire sonnait fau x, pensa Paul, qui n'aimait pas cet éclat dangereux qu'avaient toujours les yeux étranges de la jeune fille. — Sans blague ? Ça m'était totalement sorti de la tête. Vous vous amusez bien ?
— Oui, dit Lolo, et toi ?
Elle se détourna :
— Avec qui es-tu ?
Un éclat malicieux passa dans le regard de Madeleine : — Avec trois mauvais garçons, chérie : Des gars terribles que j'ai rencontrés il y a un mois. Je mettrais ma main au feu qu'ils font le trafic de drogue, ou qu'ils volent à la tire...
Elle posa une longue main aux ongles écarlates sur son cœur : — À moins qu'ils ne soient des tueurs professionnels.
Minnie haussa les épaules :
— Un jour, il t'arrivera un coup dur, ma belle !
Madeleine tira la langue :
— Faire ça ou autre chose !
Puis elle tourna les talons !
Paul la suivit des yeux :
— Est-elle si cinglée qu'elle veut bien s'en donner l'allure, ou est-ce une attitude ? — Elle est réellement cinglée, fit Minnie dans une moue dégoûtée. Paul commanda une autre bouteille de champagne, et c'est lorsque le maître d'hôtel la leur apporta qu'ils virent Madeleine sortir, accompagnée de ses trois compagnons. Toute la table de Lolo dévisagea le groupe avec insistance. Madeleine au passage leur fit un désinvolte signe d'au revoir.
— Ils ont franchement une sale gueule, fit Minnie en simulant un frisson.
— Si elle aime ça ! objecta Lolo.
Minnie se détourna pour regarder disparaître Madeleine :
— Moi, ça me ferait plutôt peur !
Paul approuva distraitement ; il devait se rappeler la phrase peu de temps après, quelques heures après, exactement, lorsque, devant le détect ive privé, aux prises avec une sensationnelle gueule de bois, il essaya d'explique r clairement quelle était l'attitude de Madeleine Renard quand il l'avait vue pour la dernière fois.
II
Georges Garnier regarda longuement Pierre Renard. Il avait beaucoup entendu parler de lui — Pierre Renard, outre son immense fortune, était un personnage très en vue — mais il n'avait jamais eu l'occasion de le rencontrer.
Même en père inquiet, désemparé, Pierre Renard étai t étonnamment maître de lui. Il s'exprimait en petites phrases sèches, courtes, d'u n ton posé, et Georges, désirant être le plus concis qu'il était possible devant un tel désir de sèche concision, approuva :
— Dès que vous aurez pris connaissance de l'annonce parue dansFrance-soir, vous m'avisez. Il eut un geste vague : — J'ai l'impression que l'enlèvement de votre fille a été réalisé par des gens qui connaissent leur affaire, mais j'essaierai de tenter l'impossible. De toute façon...
Pierre Renard se leva : — De toute façon, les quinze millions seront prêts ce soir. Je m'excuse d'insister mais je vous recommande la plus grande discrétion. Il y va de la vie de ma fille. Jo approuva, puis se leva pour accompagner l'industriel.
Sur le seuil de la porte, après une chaleureuse poi gnée de main, il lui souhaita bon courage. Pierre Renard approuva sèchement, mais Garnier constata que ses épaules étaient subitement voûtées pour entrer dans la cabine de l'ascenseur. Quand il revint dans son bureau, Christiane et Bernoux bavardaient avec animation. Ils se turent à son entrée, puis Bernoux explosa, le regard brillant : — Que nous vaut le grand, l'unique, le fantastique Pierre Renard ? Georges s'assit en grimaçant sur le bord du bureau, puis dans un regard ennuyé : — Sale affaire. Sa fille, vingt-deux ans, a été kidnappée cette nuit. On exige une rançon de quinze millions. Le tout en billet de mille « usagés », si j'ose dire. Pierre Renard a reçu ce matin, à 8 heures, le coup de fil l'avisant du kidnapping. Ce soir, une annonce parue dans France-soir sixième a un coup de téléphone luilui indiquera l'heure à laquelle il recevr donnant les dernières précisions quant à la manière dont il devra verser la rançon. Il ne doit évidemment aviser ni la police ni quiconque, sous peine de graves représailles concernant sa fille.
Bernoux siffla longuement entre ses lèvres :
— Ben, mon vieux !
Christiane questionna : — Pourquoi cette annonce dansFrance-soir?
— Vraisemblablement les ravisseurs téléphoneront d'une cabine publique. Ils veulent éviter que, d'une façon ou d'une autre, Renard puisse découvrir d'où vient l'appel. J'imagine que l'appel téléphonique arrivera tard dans la soirée, et qu'à ce moment-là Renard devra être prêt à aller déposer la rançon. — Et qu'est-ce qu'on fait là-dedans ? questionna Bernoux. — Renard a l'intention de payer. Mais il veut récupérer sa fille et savoir d'où vient le coup. En peu de temps et encore moins de termes, il m'a laissé entendre que la gosse désertait le foyer familial depuis un an ou deux, et que dans une certaine mesure elle lui donnait du fil à retordre. Mauvaises fréquentations, vie dissolue, mais rien à faire. Il faut vous dire que Renard est remarié depuis cinq ans, il a perdu la m ère de Madeleine il y a dix années. Il excuse la légèreté de la conduite de sa fille en mettant ça sur le compte de la mort de la mère. J'ai cru comprendre que Madeleine Renard détestait franchement sa belle-mère, laquelle, toujours d'après Renard, est apparemment douée de toutes les qualités. Que voulez-vous que fît cet homme, partagé entre son amour pour sa jeune femme et sa tendresse pour une fille insupportable ? Il laissait la gamine faire des conneries.
Jo soupira :
— D'où il ressort qu'il n'est pas drôle tous les jo urs d'être père de famille. — Encore heureux qu'il puisse allonger les quinze m illions sans que son compte en banque en soit par trop diminué ! grogna Bernoux, qui était anticapitaliste à ses heures. Jo haussa les épaules, et, d'une voix changée :
— Mine de rien, j'ai réussi à obtenir pas mal de renseignements du père Renard. J'ai, entre autres, diverses adresses de relations à elles — les huppées. Nous allons tenter un coup de sondage dans le coin. — Pourquoi mettez-vous ostensiblement les huppées entre parenthèses ? fit Christiane.
— Parce que, mon trésor, j'aime de temps à autre me délecter à la lecture des potins scandaleux concernant la vie des gens qui font partie du « Tout-Paris ». Or j'ai lu à diverses reprises que la belle Madeleine Renard aimait par instants s'encanailler. Je ne sais si le tuyau est d'importance. L'avenir nous l'apprendra.
... Et c'est ainsi que deux heures plus tard, convo qué courtoisement par un coup de téléphone discret, après que Paul Mansion eût affir mé avoir aperçu Madeleine Renard la veille, à deux heures du matin, au« Lapin Boiteux », le jeune homme, après avoir promis de garder le plus parfait silence sur l'entrevue, cont a à Georges Garnier dans quelles circonstances il avait vu Madeleine Renard disparaître souriante, et aux trois quarts ivre, vers un destin sensiblement plus moche qu'elle n'avait l'air de le supposer.
Paul, aux affres avec une gueule de bois carabinée, ne put que donner une très vague description des compagnons de Madeleine.
Georges et Bernoux le regardèrent disparaître, et, quand la porte se fut refermée sur lui,
Bernoux hocha tristement la tête :
— J'ai l'impression que cette gosse s'est fourrée délibérément dans la gueule du loup...
— Sale histoire ! approuva Jo mélancolique.
Bernoux arracha machinalement une feuille du bloc-notes de bureau, et, dans un soupir, il constata : — Eh ! oui... Il n'y a que dans la pègre, qu'il arrive des histoires faramineuses... Il s'en passe des choses dans le monde, tout de même... Jo le fixa en souriant :
— Toi, je sais à quoi tu penses ! Tu te dis que nou s avons une profession à la fois sordide et passionnante, hein ?
Bernoux se tapa sur la cuisse :
— Tu parles ! Se coltiner avec des histoires peu communes !
— ... Et toutes celles qu'on ignore, fit Georges évasif.
***
Le taxi s'arrêta, et la jeune femme descendit pour régler. Le chauffeur se répéta qu'elle était bien jolie, bien élégante, et qu'elle avait l'air un peu effarouchée. Il constata que sa main droite tremblait légèrement quand il lui rendit la monnaie qu'elle considéra fixement avant de lui remettre. Le pourboire était royal. Le chauffeu r se confondit en remerciements, puis embraya en se disant à part lui que, pour une petite femme aussi élégante et aussi distinguée, elle se rendait dans un bien curieux quartier.
La jeune femme, d'une démarche hésitante, avança. Ses yeux avec une inquiétante fixité regardaient le décor lépreux. L'herbe poussait rare et noire entre les pavés luisants. Au loin, la route nationale. Elle ouvrit son sac, prit son calepin, regarda et avança.« C'est bien ça ! » murmura-t-elle.
Malgré le froid, elle sentait une fine transpiratio n l'imprégner toute. Elle ne voulait pas s'avouer qu'elle avait peur. Elle avança plus vite, en se disant que d'ici une heure la nuit commencerait à tomber. Elle voulait retrouver l'air libre, la paix. Au plus tôt.
Elle marcha pendant dix minutes, puis s'arrêta devant un pavillon esseulé, clôturé de barricades. C'était bien là. Elle se souvenait parfaitement de tout ce qu'on lui avait indiqué au téléphone. Elle avait éprouvé le besoin de le noter sur le carnet, mais c'était comme si les mots étaient inscrits en lettres de feu dans sa têt e. Elle s'arrêta devant la clôture, regarda fixement la chaîne de fer rouillé qui pendait, puis avança la main, et tira à trois reprises sur la sonnette. Elle entendit le tintement résonner quelque part, puis, peu de temps après, la porte du pavillon s'ouvrit, un homme dévala les quatre marches et avança vers elle, ouvrit la porte. Il avait un visage très beau, mais l'éclatante lueu r de son regard brun avait quelque chose de
démoniaque. Elle eut un mouvement de recul, il la prit par le bras : — Ça va, pas de bêtises, entrez !
Son haleine empestait l'alcool. La jeune femme, subjuguée, le suivit. Elle se senta it monstrueusement, horriblement imbibée de peur.
— Non ! hurla-t-elle, non !
***
L'un des trois hommes ricana. Il se versa une autre rasade et avança vers elle : — Écris ! — Non !
Il s'avança vers elle d'une démarche pesante, et, brusquement, sa main se posa sur le sommet de son crâne. Il prit une pleine poignée de cheveux, tira son visage en arrière ? — Écris ! La porte s'ouvrit doucement et la jeune femme, le visage luisant de pleurs, regarda le personnage qui entrait. Elle eut durant quelques secondes un étrange sentiment d'irréalité. Elle rêvait tout cela, rien de ce qui lui arrivait n'était réel. Pour quelles raisons était-elle venue ici, dans ce pavillon sordide, trouver trois hommes qui devaient lui rendre un fameux service, pour quelles raisons un quatrième larron, masqué d'un loup de velours noir, était-il venu assister à cet entretien auquel elle ne comprenait plus rien ?
Le quatrième homme...
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