Douze… et un treizième
63 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Douze… et un treizième , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
63 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

L’antiquaire Paget-Payen est retrouvé au petit matin, le crâne fracassé, dans sa boutique.


Mais le concierge est catégorique, aucun étranger n’est entré ou sorti de l’immeuble durant la nuit. Le coupable est donc, probablement, l’un des douze locataires que les murs abritent.


Les soupçons se portent rapidement sur l’un d’eux, Frantz Darbois, un musicien amoureux fou de la vendeuse du commerçant.


Le commissaire MARCASSIN, aidé du fils d’une vieille connaissance voulant entrer dans la police et de son ami OLD JEEP, va mener son enquête pour découvrir laquelle des douze personnes est le meurtrier.


Cependant, en est-il des suspects comme des marchandises ? Le commissaire MARCASSIN en recevra-t-il treize à la douzaine ?


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782373474282
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

OLDJEEP et MARCASSIN - 7 -
DOUZE...ET UN TREIZIÈME
De Marcel PRIOLLET
I
Chaque fois que Christiane Merval passait la soirée avec son amie Odette Grantet, elle informait ses parents qu'elle coucher ait chez cette dernière. C'était beaucoup plus pratique ainsi...
Les Merval habitaient au diable, à un quart d'heure à pied de la porte de Montreuil. Ce bout de chemin, du métro jusqu'à la m aison, manquait d'attrait, surtout en pleine nuit. Ora Odette vivait seule, di sposait d'un grand lit, et son logement, sous les toits, se situait rue Jacob, à l 'angle presque de la rue Bonaparte, tout près du magasin d'antiquités où tra vaillait Christiane.
Les bonnes causeries qu'elles faisaient alors, tout es les deux ! Car elles se connaissaient depuis la communale, étaient demeurée s très liées, n'avaient pas de secrets l'une pour l'autre.
Hier soir, au retour du cinéma, Christiane et Odett e avaient encore bavardé, jusqu'au moment où le sommeil était venu alourdir l eurs paupières. Le réveille-matin, tout à l'heure, n'avait réussi à les tirer d e leur torpeur qu'au dernier grelottement du timbre. Et, maintenant, il ne s'agi ssait plus de lambiner. Le travail les appelait. Mais le spectacle restait cha rmant de ces deux petites Parisiennes s'activant à leur toilette et que chaqu e geste transformait en de ravissantes poupées.
Elles étaient prêtes. Il ne leur restait plus qu'à dégringoler et aller prendre un café, en vitesse, au bar d'à côté. Odette Grantet — vaporeuse blonde — aéra la pièce, avant de sortir.
Elle se pencha à la fenêtre, puis, rappelant sa cam arade, déjà sur le seuil :
— Tu peux prendre ton temps, Christiane... Ta bouti que est encore bouclée. Mais moi, si je « pointe » après neuf heures, je n' y coupe pas d'un savon. Avec cette rosse de chef du personnel...
Christiane Merval — grande et élancée, le type de l a jolie brune aux yeux bleu-de-soir — avait rejoint son amie à la croisée de ce sixième étage, d'où la vue plongeait sur l'intersection des deux rues, et découvrait le rez-de-chaussée qu'occupait le magasin de M. Paget-Payen, l'antiqua ire bien connu.
Le rideau de fer aveuglait encore la vitrine, alors que, d'ordinaire, le garçon qui faisait le ménage et les courses se chargeait d e le relever, dès son arrivée, vers huit heures.
Ce manquement aux règles établies eût suffi à étonn er Christiane, car Gustave — c'était le nom du garçon — était la ponct ualité même. Mais la jeune fille, qui continuait à regarder, fut bien autremen t intriguée quand elle observa
qu'un rassemblement s'était formé et que deux agent s cyclistes semblaient garder la porte de la maison.
— Que se passe-t-il donc ? s'interrogea-t-elle.
Son regard s'accrocha à celui d'Odette. Il y eut al ors, entre elles, une muette communion, comme la transfusion d'un funeste présag e. Puis la fille brune, passant de la surprise à l'effroi, avoua :
— J'ai le trac...
Les femmes ont de ces prémonitions. C'est ainsi que lors que Christiane Merval, quelques instants plus tard, fendit la foul e des curieux et s'engagea dans le couloir de la maison, elle apprit de la bou che du concierge, le père Charbogne, que M. Paget-Payen, son patron, avait ét é assassiné cette nuit même, dans son magasin...
— Oui, mademoiselle Christiane, c'est, comme je vou s le dis... À coups de casse-tête qu'il a été assommé... Il n'a pas dû avo ir le temps de souffrir... C'est Gustave qui a découvert la chose, lorsqu'il s'est a mené pour ouvrir le magasin, en passant par derrière, comme il fait tous les mat ins. Il n'en croyait pas ses yeux, le pauvre Gustave ! Il m'a tout de suite prév enu. On a averti les agents. Le commissaire est là, avec son secrétaire... Quelle a ffaire, bon dieu ! quelle affaire !
Il était dans tous ses états, le brave père Charbog ne. Brave, oui... Là-dessus, tout le monde s'accordait. Veuf depuis plus ieurs années, il avait continué d'assurer la garde de la maison. Les locat aires, qui s'absentaient, lui confiaient volontiers leurs clefs. Jamais un mot av ec personne... Et vigilant ! Il savait toujours qui entrait et qui sortait. Du fond de sa loge, qu'on trouvait sur la gauche du couloir d'entrée, il avait l'œil à tout. Dès neuf heures du soir, la porte était bouclée. Et chacun avait l'obligation de dire son nom en rentrant. Pour une maison bien tenue, c'était une maison bien tenue. E t voilà que cette nuit...
— Mais, je vous en prie, mademoiselle Christiane, v enez un instant chez moi. Il faut vous remettre. Vous êtes d'une pâleur...
La jeune fille accepta. La nouvelle était si effara nte, le coup si brutal, qu'elle en avait le souffle coupé, les jambes brisées.
Dans la loge, elle s'affaissa sur un vieux fauteuil crapaud, couvert d'une housse. Elle le connaissait ce fauteuil. M. Paget-P ayen lui-même en avait fait me cadeau aux concierges, en guise d'étrennes, lorsque M Charbogne était tombée malade. Il avait de ces gestes-là, M. Paget- Payen. Il est vrai que le fauteuil ne valait pas cher et qu'il le considérait comme indigne de sa clientèle.
Ce que Christiane n'ignorait pas davantage, c'est q u'à l'aide de meubles
jugés invendables, l'antiquaire avait aménagé, dans son arrière-boutique et pour ses besoins personnels, un bureau et un studio où i l lui arrivait parfois de passer la nuit. Certes, ce commerçant, qu'on disait fort r iche, disposait d'un autre domicile, un bel appartement, avenue Mozart. Mais d ans cet appartement régnait Mme Paget-Payen, c'est-à-dire une épouse sa ns charme, autoritaire et emportée. Quoi d'étonnant, dès lors, à ce que le ma ri de cette virago éprouvât de temps à autre le besoin d'une nuit, de solitude ? Il profitait alors de la soirée pour faire des comptes, mettre du courrier à jour, classer des paperasses. Et ce n'est que très tard qu'il allait s'étendre sur le d ivan-lit du studio.
lle Comme s'il eût surpris les pensées qu'abritait le f ront blanc de M Merval, le père Charbogne émit :
— Il aurait mieux fait d'aller coucher chez lui. On ne me retirera pas de l'idée que les malfaiteurs croyaient trouver le magasin vi de. Quand ils ont vu qu'il y avait quelqu'un, ils ont cogné. Ces gens-là, ça ne recule devant rien.
Christiane se ressaisissait un peu. Elle demanda :
— Vous croyez qu'ils étaient plusieurs ?
— Je n'en sais encore rien. Une idée à moi, comme ç a...
À ce moment, la porte de la loge s'ouvrit et deux h ommes entrèrent. Charbogne avança des chaises et dit :
— Monsieur le Commissaire, voici justement mademois elle Merval, la vendeuse dont je vous parlais tout à l'heure. Elle vient d'arriver. Elle ne se doutait de rien, bien sûr ! Elle s'apprêtait à pren dre son service, comme, tous les jours.
Le commissaire de police du quartier, qu'accompagna it un secrétaire, dévisagea à peine la jeune fille. Le secrétaire que stionna brièvement :
— Vous savez quelque chose sur le crime qui a été c ommis cette nuit ?
— Mon Dieu, non, Monsieur...
— Réfléchissez bien. Votre patron n'aurait pas reçu , ces temps derniers, la visite de clients suspects, venus pour étudier la d isposition des lieux ?
— Je ne vois pas... Et pourtant...
— Et pourtant ? s'intéressa à son tour le commissaire.
— Il y a déjà quelques semaines de cela, M. Paget-P ayen a eu une longue conversation avec un homme que je n'avais jamais vu . Un grand garçon aux cheveux châtain, très chic, l'air d'un étranger. Il était arrivé dans une grosse voiture qu'il conduisait lui-même. Après le départ de ce monsieur, le patron semblait tout chose...
— Que se sont-ils dit, tous les deux ?
— Je ne sais pas. Je n'ai pas quitté le petit burea u du fond, pendant qu'ils bavardaient et le patron ne m'a fait aucune confide nce.
— Vous reconnaîtriez ce client, Mademoiselle ?
— Certes ! Mais à proprement parler, il ne s'agissa it pas d'un client, car aucune vente n'a été faite ce jour-là. L'inconnu ne semblait nullement intéressé par le magasin. Nous avions pourtant des meubles précieux, des pièces rares...
Le commissaire de police eut un geste qui semblait signifier :« Après tout, ce n'est pas mon affaire. Je suis ici, moi, pour le s constatations... »
Gustave, le garçon de courses, pénétrait à son tour dans la loge. À la vue de Christiane effondrée, il leva les bras au ciel.
— Enfin, vous v'là ! Quelle histoire, ma pauvre dem oiselle ! Heureusement que vous étiez partie. Voyez-vous que vous vous soy ez attardée à travailler avec le patron, une fois le magasin fermé, comme ça vous arrive, certains soirs ? Vous étiez bien capable d'avoir le même sort que lui...
Ces mots sombrèrent dans une sorte de brouhaha qui, venu du dehors, emplit un instant le couloir, puis se propagea dans la courette voisine. Une voix dominait toutes les autres. C'était celle d'un homm e fort en colère.
— « Lui » ! fit le commissaire de police.
— « Il » n'a pas mis longtemps à accourir ! reconnu t le secrétaire.
Tous deux s'élancèrent.
C'était par un coup de téléphone à son domicile per sonnel que le commissaire Marcassin avait appris qu'il était char gé du crime de la rue Bonaparte. Il avait alerté aussitôt deux de ses ins pecteurs et, flanqué d'eux, il faisait son apparition. Ainsi, il damait le pion au x magistrats et au médecin légiste, moins diligents.
Les badauds l'avaient tout de suite reconnu. Person ne d'autre, parmi les gens de police, n'avait cette carrure massive, ce c ou enfoncé dans les épaules, cette moustache et ce sourcil broussailleux, cette face de bouledogue, cette éternelle cigarette au coin de la lèvre, ni cette v oix perçante et hargneuse qui avait crié :« Allez-vous me laisser passer, oui ou non, tas de feignants ? On ne travaille donc pas aujourd'hui ? »
Donc, impossible de s'y méprendre. C'était le fameu x limier de la Police judiciaire qui prenait l'affaire en main. Les coupa bles n'avaient qu'à bien se tenir...
Ayant franchi le couloir en quelques enjambées, Mar cassin s'emportait à nouveau devant le spectacle qu'offrait la cour.
— Qu'est-ce que c'est que tout ce populo ? C'est la foire ici ! Mais ne vous
gênez pas, je vous en prie... Envoyez des faire-par t à vos amis et connaissances, pendant que vous y êtes ! Et quand j e pense qu'on a mis deux cyclistes à la porte pour empêcher qu'on entre !...
Le père Charbogne, qui s'était faufilé afin d'arriv er bon premier auprès du nouveau venu, crut devoir expliquer :
— Monsieur le commissaire, ce sont pour la plupart des locataires de la maison...
— Rien que ça ! Eh bien, les locataires, rentrez ch ez vous !
L'ordre eût peut-être été exécuté, si Marcassin ava it continué de se montrer courroucé et menaçant. Mais, déjà, son attention ét ait requise par le commissaire et son secrétaire soucieux de lui rendr e compte de leurs constatations.
Il leur serra distraitement la main, les écouta d'u ne oreille plus distraite encore et, tout en roulant une nouvelle cigarette, il conserva un air assez détaché jusqu'au moment où il s'aperçut qu'autour d e lui la masse des curieux, quelque peu accrue, faisait le cercle.
Marcassin avait horreur des oisifs et des gêneurs. Tout laissait donc prévoir qu'il allait à nouveau bondir et vociférer, quand i l darda soudain son petit œil gris sur l'un des assistants et se prit à sourire. Il se mblait surpris et amusé.
Celui qui motivait cette métamorphose était un gran d jeune homme, très jeune, très grand et très blond, oui... et qui semb lait se trouver fort à l'aise...
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents