Exuo
125 pages
Français

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Description

Mourir. Tout était flou autour de moi. Les objets, les murs. Je me redressai encore, plus lentement, du moins le pensais-je, révélant d’un simple coup d’œil l’incompréhension. À peine à l’affût. Ajustant ma respiration. Ma respiration s’était accélérée malgré tout. Je fermais les yeux pour parfaire une tranquillité encore trop friable. Ma quiétude perforée. La tête trop lourde, le pouls qui battait à cent à l’heure, la langue trop sèche, scotchée au palais.



La réalité n’existait plus.



J’avais soif, et c’était peu de le dire.



Le rêve volatile encore trop présent à l’esprit. Avais-je vraiment dormi ? Le besoin de sommeil était trop imposant pour que je n’y fasse pas attention.



La tête me tournait encore lorsque je vis la porte s’ouvrir, en face de moi. Ils arrivèrent, se penchèrent puis me soulevèrent du sol, l’un me prenant par les jambes, l’autre sous les aisselles. J’entendis la voix de Silbi, grave et apaisante, lointaine, en écho, alors je cherchais à analyser ses paroles.



« Effets secondaires. C’est normal. Alcool. Chaleur. Manque de sommeil. Il fait chaud ici. »



Je ne compris pas tout, comment l’aurais-je pu ? Je me sentais mourir, je mourrais peut-être et je me poussais à bout, mais trop épuisé je ne cherchais pas à comprendre l’aiguille qui s’enfonçait dans le creux de mon bras, laissais tomber ma tête sur l’oreiller moelleux de mon lit avec la curieuse impression qu’ils retiraient mes vêtements.



Puis plus rien. Le manque de sommeil était le plus fort.


Loana Hoarau vit à Belfort dans l’Est de la France où elle consacre le plus clair de son temps à l’écriture. Auteure depuis plus de vingt ans, ses romans et scénarii sont basés uniquement sur le drame psychologique, le réalisme et l’horreur. Les enfants ont toujours une grande importance dans ses écrits et sont souvent les protagonistes réels ou rêvés, le thème principal de l’intrigue. Amoureuse des mots, des contrastes et des phrases à double sens, Loana offre un univers sombre et dérangeant à celui ou celle qui voudra bien la suivre. Exuo est son cinquième roman.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 13
EAN13 9782924550410
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EXUO
LOANA HOARAU
© ÉLP éditeur, 2018 www.elpediteur.com ecrirelirepenser@gmail.com
ISBN 978-2-924550-41-0
Conception graphique : Allan E. Berger
Image de la couverture : © David Heinis, 2017
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ÉLP éditeur est une maison d’édition 100% numérique fondée au printemps 2010. Immatriculée au Québec (Canada), ÉLP a toutefois un e vocation transatlantique : ses auteurs comme les membres de son comité éditorial p roviennent de toute la Francophonie. Pour toute question ou commentaire co ncernant cet ouvrage, n’hésitez pas à écrire à : ecrirelirepenser@gmail.com
« Pour apaiser sa souffrance, il faut d'abord la vivre jusqu'au bout. »
Marcel Proust
Prologue
« C’est le temps. C’est ce sale temps. C’est toujou rs àcause de ce sale temps. »
C’est la première chose àlaquelle j’ai penséen ouvrant les yeux, gisant àl’intérieur de ce grand fracas de poussière noire, de cailloux aiguisés et de feuilles humides, le corps anesthésiéet la bouche largement ouverte pour y laisser entrer un peu de cet air sain. Ou alors c’était peut-être bien les premières paroles que j’ai entendues lorsque j’ai repris connaissance. Le monde voyeur qui s’att roupait autour de nous. Glissant dans la brèche, semblable à une épidémie. Curieux comme des commères. Appuyant son regard sur mes vêtements déchiquetés, des entailles saillantes, le sang qui fuyait, mon sang et surtout le sang des autres.
Ce monde voyeur qui faisait des messes basses récitées presque comme des psaumes interdits. « C’est le temps. C’est ce sale temps. C’est toujours àcause de ce sale temps. »
Il comprenait que trop bien comment ça avait pu arriver. Comment nous avions échoué auprèe. Sur le moment, ils de ces arbres solides et ce roc presque incassabl fallait un coupable que l’on ne pouvait évidemment pas punir, comme la route abîmée, ah, sacré! virage rds attentionnela neige abondante, ou encore la pluie. Et les rega ́s autour de moi étaient plutôt plaintifs. Attendris. Résignés. « C’est le temps. C’est ce sale temps. C’est toujours àcause de ce sale temps. »
Il est vrai que la pluie était brutale, ce soir-là. Des trombes d’eau glacée. Une belle averse, alternéa ree de poudreuse compacte, qui arrosait abondamment l ́gion depuis plus de quinze jours. Une météo pas folichonne pour un sou. Une vague de froid qu i perdurait, molle, empotée, pareille àchaque hiver dans le nord de la France.
On y avait notre compte, c’était bien peu de le dire. Comme si la région était vraiment maudite, marquéee au fer afin de ne jamais oublier une punition ant ́rieure dont nous n’étions pas encore réellement lavés. Nous étions condamnés à nous adapter à ce sale temps, toujours ce sale temps, celui pervers q ui produisait des dégâts sur les routes et des résignations dans les cœurs, ce sale temps, toujours ce sale temps, qui était le seul coupable parce qu’il ne pouvait en être autrement.
Je revenais un peu plus àa moi ̀seconde et j’entendais les comme chaque ̀res plus proches, d’autres encore retournées au chaud à l’intérieur de leurs véhicules, qui expliquaient toutes excitées le moindre fait à leurs interlocuteurs au téléphone. « Je sais pas trop ce qu’il s’est passé. Mais oui, je te jure, il y a du verre et du sang partout, tu sais, comme dans les accidents qu’on voit àla télé! »
On croit que ça n’arrive pas, ou alors que ça arrive seulement àla téléet que ce sera amplifiédes journalistes foireux pour faire grossir l’ audimat, parce que les par journalistes mentent, la télément, elle nous ment depuis toujours, mais bien-sûr que ça arrive en vrai. Ça arrive et ça change la donne.
La pluie caressait encore la carrosserie froissée et boueuse. On se délectait d’avoir réussi àla routine. C casser ̧a mettait de l’ambiance. Un peu d’animation pour le s badauds, observant dans une attention malsaine les corps extirpés du carnage avec l’aide des secours. Je levais les yeux vers eux. Je comprenais enfin, la conscience
totalement revenue, ce qui se passait, là, àdix mètres de moi. Je voyais cet homme et cet enfant sur des brancards, et je les savais sans vie. Une femme en sang hurlait. Elle se dés ce qui restait de sa famille.battait dans le but de pouvoir prendre dans ses bra
Des pompiers venaient vers moi. J’adoptais une atti tude qui aurait pu leur faire penser que j’avais encore toutes mes facultés. J’étais un gars solide, dans la belle force de l’âge. À peine dix-neuf ans au compteur. L’innocence de la jeunesse. Ils pouvaient y croire. Or, sacrilège ! Je souriais. Aucunement maître de moi-même.
Au-delàde la conscience.
Je n’avais même pas mal. J’aurais dûavoir mal.
Allongésur le dos, défaillant, au sein de ma sphère, je devinais leurs mains sur moi, le timbre du vent brutal venant de la forêt. Des dizaines de branches arrachées par son courroux. Les cimes entraînées par ce souffle étourdissant. L’obscur. La nuit, passable. Le sol, trop froid. La pluie qui ne lavai t pas les péchés.
Il n’y avait plus rien à faire. Plus rien àde ces corps, trempe faire ́s par le flot de la pluie incessante. Plus rien àde cette me faire ̀re perdante. Plus rien à faire de celui, cruel, qui avait causétout cela, je me disais que j’aurais dûmourir, il aurait mieux valu que je meure, pour ne pas croiser les regards ou en core les questionnements.
Tu veux mourir pour fuir, tu fuis comme si la peste te poursuivait, et la peste c’est ta conscience, celle que tu n’as jamais écoutée. Tu fuis tes responsabilités, tu entends ton père te rabâcher qu’il faut savoir être un homme quelquefois, être un homme qui se rend compte des actes qu’il peut engendrer, des act es punissables, plein d’infractions, car tu le mét pour rien et tu le sais.rites, petite merde que tu es. Le sale temps n’y es C’est toi, le responsable de ce qu’il vient de se p asser. Toi seul. Et tu devras répondre de tout ça.
Tout était sombre. La nuit, passable. Le sol, trop froid. Ce sale temps. Il n’y avait plus rien àfaire. Plus rien d’autre àfaire que d’attendre la sanction. Irréversible.
PREMIÈRE PARTIE
«Petit Traitédu Désastre »
UN.
Il y avait des barreaux indestructibles devant mes y eux. Six longues années de prison. Enfermétte meentre quatre murs avec quatre autres types dans ce ̂me cellule. A tourner en rond. Ànt comme desposer d’innombrables questions que l’on maintie  se confessions. Prédestiné à n’obtenir aucune miséricorde. Àle repentir, a chercher ̀ le teindre d’une couleur nostalgique. «Si j’avais pu... Si j’avais fait... »L’embellie viendrait sûrement un de ces jours. Or je savais bi en au fond de moi que je n’étais plus rien.
Plus rien qui ne puisse être sauvé. Tu n’as jamais été qu’une immonde erreur, tes parents te l’ont dit, tes amis te l’ont fait sentir , ta copine te haïssait, tu ne t’en doutais pas, hein, mais elle te haïssait parce que tu n’as jamais su l’écouter ni même la surprendre. Elle te haïs te haissait, et tous tes proches, cette bande de faux-cul ̈ssaient aussi parce que tu ne penses qu’à ta gueule. Tu n’es rien, Jérémi. Tu n’es rien, ou alors rien de plus qu’une grosse erreur.
J’avais été condamné pourhomicide involontaire. Ayant entraîné la mort de. Conduite en état d’ivresse.Homicide involontaire. Des mots qui ne percutaient pas. Comment cela aurait-il pu être involontaire, je savais très bien ce que je faisais à ce moment-là, où j’allais, ma têunete tournait un peu, les yeux de la voiture en face, petite voiture grise, ou blanche, je ne sais plus t rop bien, la nuit, la flotte, le pied qui ripe sur l’accélérateur àla place du frein, mon rire gras, le verglas.
Le choc. Involontaire.
Une belle connerie, oui. Involontaire, mon cul.
Je revenais d’une fêrass ette folle de deux jours. Un sympathique week-end “St Paillettes”, avec tout ce qu’il fallait pour bien s ’en souvenir. Un savant mélange de filles, de produits illicites, de bonne musique. Un poumon nécessaire à tout étudiant avant l’enfermement hebdomadaire dans de grandes sa lles de classe.
Je voulais entrer àl’université. Alors cette année avait étécruciale. Pour moi surtout, mais aussi pour prouver qu’un gars qui avait toujou rs eu des notes très moyennes pouvait lui aussi, àd’ardeur et de compromis, acce force ́der quand même àbel un avenir.
Un gars qui venait d’un petit village paumé et issu d’une famille pauvre d’éducation. Je m’étais juré cette année-là, surtout cette année-là, que je m’amuserais, évidemment, mais aussi que je travaillerais àla manière d’un acharnéafin de parvenir à mes fins. J’étais aussi capable qu’un autre, je me l’affirmais. Je ne voulais pas finir comme mes parents ou comme les gens qui gravitaient autour de nous, d’une telle instabilitéd’une telle idiotie qu’elles m’en e et ́taient insupportables. Bien loin de m’imaginer la tournure que cela prendrait. Mais alo rs, vraiment très loin. Par mégarde, mes amis suppliants et moqueurs – étaient-ils vraiment des amis – m’avaient entraîné àcette fête pleine de débauche et de paris aussi idiots les uns que les autres.
Par mégarde, j’avais un peu trop bu.
Versquatreheuresdumatin,jenetenaisplusdebo ut.«Jepeuxconduire,çava.»,
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