Je l ai assassinée !
38 pages
Français

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Description

Un drame s’est joué au Théâtre de l’Ambigu ! Adèle Hervey est poignardée par son amant, Antony, qui avant d’être maîtrisé par la police s’écrit : « Je l’ai assassinée ! »


Un drame s’est joué au Théâtre de l’Ambigu ! À la fin du dernier acte de la pièce « Antony », Claudine Lucas, l’actrice endossant le rôle d’Adèle Hervey, ne se relève pas pour s’offrir aux liesses d’un rare public... Le couteau planté dans sa poitrine n’est point aussi factice qu’à l’accoutumée.


Un drame s’est joué au Théâtre de l’Ambigu ! Et l’inspecteur Gonzague GAVEAU, dit « Le Professeur », va devoir évoluer dans un univers de tartufes, d’apparences, de jalousies et d’orgueils dans lequel il démêlera le vrai du faux et découvrira qui a remplacé l’arme de pacotille par une lame létale !

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Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782373475845
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE S E NQUÊ TE S DU P ROFE SSE UR
- 6 -
J E L ’AIASS ASS INÉE!
de René BYZANCE
C HAPITREPREMIER
UN DÉ NOUE ME NT IMP RÉ VU
« Elle me résistait, je l'ai assassinée ». Sur cett e phrase définitive, vient de s'achever auThéâtre de l'Ambigu une représentation d'« Antony », le vieux drame romantique d'Alexandre Dumas. Quelques douzai nes de spectateurs, perdus dans la vaste salle, font se relever le ride au sous de maigres applaudissements. Aldebert de Ragnac, la main sur l e cœur, salue le public et le rideau retombe lourdement.
— C'est tout de même rudement bien tapé cette pièce , confie une spectatrice à son mari, épicier rue du Château-d'Ea u. Quel dommage que de tels efforts d'art ne soient pas mieux récompensés !
— Le grand théâtre se meurt, répond le débitant de denrées diverses. Le cinéma l'a tué. Et puis tu conviendras, ma bonne, q ue l'été n'est pas la saison rêvée pour des spectacles en vase clos. Cristi qu'i l fait chaud !... Moi-même, si je n'avais pas reçu des billets d'affiches, j'aurai s préféré une promenade au Bois à une soirée àl'Ambigu.
Dehors, quoiqu'il fût presque minuit, l'asphalte br ûlait encore et demeurait spongieux sous les pas. Pas un souffle d'air ne bra ssait l'atmosphère tiède et lourde. Les passants avaient une allure harassée. A ucun d'eux ne pouvait se douter que, ce soir-là, un drame bien réel venait d e s'ajouter au « mélo » romantique.
Sur la scène del'Ambigu, une femme demeurait couchée, dans une attitude tout ensemble pathétique et harmonieuse. Sa mort, c ertes, était le dénouement normal de l'intrigue. Mais elle aurait dû ressuscit er cette nuit-là comme les autres : les armes de théâtre ne blessent pas et le s victimes des fictions dramatiques se portent d'ordinaire fort bien. Or, m algré l'appel de ses camarades, Claudine Lucas, grande jeune première de la troupe, s'obstinait à contrefaire un joli cadavre. Elle ne bougeait pas p lus qu'une statue de cire et sous le masque des fards son visage se décolorait :
— Elle a dû s'évanouir, dit César Lourfeuil, le père noble.
— Sa nuque a heurté les planches trop brutalement, fit Joseph Cercleux, titulaire de l'emploi des valets et, par surcroît, régisseur de la compagnie.
— Il faut dégrafer sa robe et l'asperger d'eau, pro posa Mireille Rosy, l'ingénue.
Autour du corps de Claudine Lucas, les comédiens s' affairaient et échangeaient des répliques avec de grands gestes co mme s'ils avaient continué, pour eux seuls, une représentation inutil e.
Seul, Aldebert de Ragnac, le grand premier rôle, ne participait pas à l'agitation générale. À bout de forces, il s'était laissé tomber sur un fauteuil dont les ressorts avaient gémi douloureusement. Comme l' athlète à l'arrivée d'un marathon, il était vidé de toute substance. Le meil leur de lui-même, il l'avait donné à la foule en vivant intensément les malheurs frénétiques d'Antony.
— Transportons la malade sur un canapé, dit Louis B iju, le directeur. Si le médecin de service était encore là...
Sa phrase se cassa tout net. Biju poussa un cri d'h orreur qui n'était plus emprunté au répertoire de la tragédie. Tremblant, i l désignait du doigt quelque chose :
— Là ! là ! bredouillait-il.
Il avait vu. À leur tour, les autres contemplèrent ce qui l'avait frappé d'une stupeur angoissée. Prise de syncope, Mireille Rosy s'effondra.
Le poignard d'Antony était resté planté dans la poi trine de Claudine Lucas. La vie n'avait pas voulu être inférieure au drame. « Elle me résistait, je l'ai assassinée » n'était plus une phrase à effet, la co nclusion d'une parade. Antony avait bien tué son amante.
— Il faut appeler la police, dit Félix Tip, le comique grimé.
— Sans doute, répondit Biju, le directeur !... Je m e demande si nous pourrons remplacer Claudine pour le spectacle de de main. Quelle catastrophe s'il fallait afficher « relâche », les recettes com mençaient à monter.
Ainsi l'homme d'élite retrouve son sang-froid dans les circonstances les plus exceptionnelles.
L'inspecteur Gonzague Gaveau, dit le « professeur » se trouvait de permanence Quai des Orfèvres. Ce fut lui que le sta ndardiste informa qu'un drame venait de se produire àl'Ambigu.
— Un drame àl'Ambigu, mais c'est chose toute normale, fit Gonzague. Je m'étonne qu'on nous dérange pour cela.
— Une femme est morte. Dans le téléphone, une voix grasseyante m'a indiqué qu'il s'agissait d'un accident, mais que la présence de la police semblait malgré tout nécessaire.
— Je vais donc faire un tour du côté des Boulevards , dit Gonzague. Inutile de demander un chauffeur. J'irai à pied.
Sans qu'il voulût trop le manifester, Gonzague étai t enchanté. Parmi les servitudes de son métier, il détestait particulière ment les longues heures d'attente infligées, à tour de rôle, aux policiers. Se fondant sur la règle qu'un événement inopiné peut toujours se produire, la dir ection de la Police Judiciaire tient, de jour et de nuit, du personnel en réserve. La nuit, d'ordinaire, il ne se
passe rien. Les inspecteurs de service comblent le vide de leur veille en poursuivant d'interminables parties de belote. Il e n est qui s'endorment sur des banquettes. Quant aux commissaires qui, théoriqueme nt, doivent se trouver là, ils vont se coucher.
Le professeur avait de la répugnance pour les jeux, quels qu'ils fussent ; il n'avait jamais pu goûter de repos ailleurs que dans un lit, entre deux draps. Enfin, il était trop consciencieux pour s'absenter une minute. Retiré dans un coin tranquille, il s'efforçait, à l'aide de bouquins ré barbatifs de documenter la thèse qu'il avait entreprise depuis dix années sur « les variations du son de la voyelle O dans les dialectes ougaro-caucasiens ». Mais le c œur n'y était pas. Ses études anciennes ne passionnaient plus son esprit e t, s'il les poursuivait, c'était beaucoup plus pour justifier son surnom de « profes seur » que pour prendre rang parmi les lumières de la philologie.
CCHHAAPP IITTRREEV I
UNE ARRE STATION
Dans les locaux de la Police Judiciaire Louis Biju attendait avec une impatience fébrile le retour de Gonzague Gaveau. Il ne tenait pas en place et consultait toutes les cinq minutes une grosse montre qu'il tirait de son gousset.
— Enfin ! s'écria-t-il quand il vit paraître le pro fesseur qui avait pris une démarche nonchalante.
— Le temps de consulter mon courrier et je suis à...
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