L empreinte fourchue
63 pages
Français

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Description

Alors que son ami et fidèle collaborateur Gordon PERIWINKLE alias OLD JEEP est en vacances sur la Riviera, le commissaire MARCASSIN est chargé d’une bien curieuse affaire.


La toute récente comtesse de Maigneuse, lors de sa soirée de noces, est odieusement étranglée dans sa chambre et laissée pour morte. Le comte, son mari, qui a trouvé sa jeune femme inanimée dans son lit, est parvenu à la ramener à la vie, mais cette dernière a perdu la raison sous la violence du choc.


L’agresseur semble s’être servi d’une échelle pour entrer dans la pièce et en ressortir.


Mais, ce qui étonne le plus le policier, ce sont des empreintes fourchues, comme celles d’un énorme bouc unijambiste, retrouvées sur le sol.


MARCASSIN, tant pour faire bisquer son collègue détective que pour l’inciter à venir lui porter son aide, lui expédie un courrier lui expliquant le problème.


OLD JEEP ne tarde pas à lui envoyer une dépêche provenant du Morbihan lui annonçant qu’il lui apporte l’empreinte fourchue, et que celle-ci date de plus de soixante ans...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782373474244
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

OLDJEEP et MARCASSIN - 5 -
L 'EM P REINTE FOURCHUE
De Marcel PRIOLLET
I
Après avoir traversé le parc des Buttes-Chaumont, o ù l'automne, en cette fin d'octobre, déroulait le faste de ses cuivres et de ses ors, José-Joc se trouva rue des Pyrénées. Il n'eut qu'une centaine de mètres à parcourir pour découvrir la maison. Il parut surpris, un peu dérouté.
C'était un immeuble à six étages, tout en grisaille et qu'on devinait habité par des gens de classe moyenne : ouvriers et artisans, employés ou petits rentiers.
« Me serais-je trompé d'adresse ? »murmura José-Joc.
Il entra. Il trouva la concierge dans sa loge.
lle — M Jacqueline Griolin, c'est bien ici ?
— Sûr que c'est ici !
— Quel étage ?
La réponse ne vint pas tout de suite. Un regard int rigué, voilé de méfiance, enveloppait et détaillait le visiteur.
— Et d'abord... qu'est-ce que vous lui voulez, à Ja cqueline ?
Le ton avait été sans aménité. Une maîtresse femme, cette concierge. De solide carrure, des poings de boxeur, le teint colo ré et la lèvre moustachue, elle représentait le type accompli du cerbère veillant s ur la sécurité de ses locataires. Il est vrai qu'on avait signalé plusieu rs cambriolages, ces jours derniers, dans le quartier...
Le solliciteur décida de frapper un grand coup. Il exhiba une carte de visite, où la femme put déchiffrer :
JOSÉ-JOC Reporter mondain
Reporter mondain ? Cela ne signifiait rien, exactem ent rien pour le cerbère. Ni pour personne d'autre... N'empêche que l'effet fut immédiat.
— Donnez-vous la peine d'entrer, Monsieur. Jacqueli ne n'est pas là. Ce ne sont pas les courses qui lui manquent, rapport à so n mariage, qui est tout, proche... Elle ne sait plus où donner de la tête !. .. Mais si vous voulez bien me dire ce qui vous amène...
Et cette révélation :
— Je suis sa mère.
La surprise s'accrut sur les traits de José-Joc, le quel était un garçon
d'environ vingt-cinq ans, mince, pâle et blond. Une culotte de golf et un chandail à grands carreaux gris et noirs lui donnaient une a isance sportive. On le sentait audacieux, déluré, encore qu'une grande naïveté, vo isine de celle de l'enfance, stagnât dans ses yeux d'un bleu délavé, écarquillés derrière des lunettes à grosse monture.
Il triompha vite de son nouvel étonnement et, accep tant le siège que lui me offrait, M Griolin — celle-ci aussi empressée qu'elle avait é té rétive tout à l'heure — s'avoua à lui-même, en demi-teinte :
« Sa mère... Très intéressant ! »
Puis, avec une étourdissante volubilité :
— Le métier de reporter, Madame, a ses exigences. C 'est pourquoi je suis ici. Il a aussi ses spécialités. Certains de mes co nfrères parcourent l'univers, sautant d'un rapide dans un paquebot et d'un paqueb ot dans un avion. D'autres font leur pâture des fléaux, calamités ou catastrop hes : guerres et révolutions, séismes, inondations, naufrages, coups de grisou, a ccidents de chemin de fer... Il en est aussi qui vont interviewer les grands de ce monde. José-Joc, qui vous parle en ce moment, n'a pas de telles ambitions. Je ne suis qu'un débutant. Mais je revendique tout de même la paternité du tit re qui figure sur ma carte de visite. Chargé par le directeur de l'Impartial du Soircompte rendu des du grandes manifestations mondaines — réceptions, mari ages, obsèques, etc. — j'ai résolu de m'acquitter de ma tâche avec un zèle tout particulier et en employant des méthodes dont la nouveauté ne vous éc happera pas. Je ne me contente pas d'assister à la cérémonie, dont il m'a ppartient de retracer la pompe et de décrire l'assistance. C'est par avance que je réunis les éléments qui me permettront de donner à mon journal un « papier » s ensationnel. Je suis, vous le voyez, un innovateur. Toute ma carrière est liée au succès que je compte remporter. Mon coup d'essai doit être un coup de ma ître. Vous comprenez, Madame ?
— Oui, oui ! balbutia la concierge, qui avait eu pe ine à suivre son interlocuteur dans les méandres de sa profession de foi.
Celui-ci, cependant, tirait un calepin et un stylo. Il se faisait important et précis.
lle — Ainsi donc, c'est M Jacqueline Griolin, votre fille, qui épouse dans t rois jours le comte Dominique de Maigneuse ? Parfait... Pouvez-vous me fournir quelques détails au sujet de ce mariage, qui promet d'être un événement très parisien, eu égard à la personnalité du comte de Ma igneuse...
— Eu égard... comme vous dites, monsieur José-Joc ! fit la mère de Jacqueline, visiblement flattée d'un tel langage.
Et, à son tour, elle ouvrit toutes grandes les vann es de son éloquence. Sa
voix ronronna comme une machine bien graissée.
me Un véritable conte de fées ! À plusieurs reprises, M Griolin devait user de cette expression. Le « reporter mondain », lui, n'a llait pas manquer de renchérir, en déclarant qu'on était revenu au temps où les roi s épousaient des bergères.
L'histoire, la merveilleuse histoire de Jacqueline Griolin, eût pu fournir matière à tout un roman. Nous nous contenterons de la résumer.
me M Griolin, veuve d'un modeste employé d'octroi, avai t eu l'ambition de faire donner de l'instruction à l'enfant dont elle avait désormais la charge. Jacqueline, son brevet élémentaire obtenu, était de venue sténo-dactylographe. En même temps, elle s'était muée en une ravissante personne, dont la mère pouvait être fière et à qui les hommages masculins n'avaient pas manqué.
— Plus de dix fois qu'on me l'a demandée en mariage , ma Jacqueline ! Un seul coup, c'était sérieux. Il était toqué d'elle, le petit Bertrand Preugny. Jacqueline n'était pas très emballée. Songez : elle n'avait alors que dix-huit ans. Puis il y a eu la guerre... et ce pauvre Bertrand a fait cinq ans de captivité. Toujours dans les mêmes dispositions, quand il est, revenu. Et peut-être que ça se serait terminé par un mariage, si le patron de m a fille ne s'était pas mis sur les rangs. Car le comte de Maigneuse est son patron . Il l'était, du moins... vu que du jour où ça s'est décidé, Dominique — je l'ap pelle déjà comme ça — n'a plus voulu que Jacqueline travaille. C'est lui auss i qui a exigé qu'elle ait son « chez elle ». Justement, un petit logement est dev enu vacant, dans la maison, au cinquième. Jacqueline s'y est installée, en atte ndant qu'elle aille habiter avec son mari...
— Avenue Foch, si je suis bien renseigné ?
— C'est ça, oui... Un hôtel particulier, tout ce qu 'on fait de mieux, avec des domestiques qui ne parlent qu'à la troisième person ne, comme on dit. Ah ! c'est un beau rêve qu'elle fait là, ma Jacqueline ! Si so n pauvre père voyait ça...
me M Griolin écrasa une larme d'émotion.
— Mes félicitations, Madame ! dit José-Joc, qui n'a vait cessé de prendre des notes.
Il s'informa encore :
— Quelle est au juste la situation de M. de Maigneu se ?
— Attendez que je me rappelle bien... Voilà... Mon futur gendre, celui qui m'appellera maman dans quelques jours...
Elle se pavana et poursuivit :
— ... est directeur et président du conseil d'admin istration de la société Durban-Dontilly...
— Les pétroles ?
— Oui. Grosse affaire, il paraît. Un personnel fou. Des bureaux... faut voir ça ! Quand ma petite est entrée là, elle ne se dout ait guère qu'elle serait remarquée par son patron...
lle — M a dû faire des envieuses ?
— Pas trop. Ses camarades l'aiment bien.
— En somme, tout le monde est content ?
— Sauf Bertrand Preugny, comme de juste. C'est moi qui lui ai annoncé la chose. Quelle douche ! Il y a aussi M. Florimond, q ui est furieux. Il ne décolère pas...
— Qui est ce Florimond ?
— Un de mes locataires... un type qui s'occupe de c inéma. Il nous cassait toujours les oreilles, à Jacqueline et à moi. Il vo ulait lancer la petite et en faire, comme il disait, une grande vedette de l'écran. Jol ie comme elle est, elle aurait peut-être réussi. Mais je préfère tout de même la v oir mariée au comte. Une position comme ça, c'est du solide, du cousu main...
Quand José-Joc ressortit de la maison, après une he ure d'entretien, il n'était qu'à moitié satisfait. Certes, la moisson lui sembl ait bonne, mais il regrettait de n'avoir point rencontré la future comtesse. Il lui faudrait revenir, s'il voulait parachever son enquête. Néanmoins, il allait profit er de sa présence dans le me quartier pour pousser jusqu'aux studios voisins, do nt M Griolin lui avait livré l'adresse, tout en lui certifiant qu'à cette heure il avait de grandes chances d'y trouver le dénommé Florimond.
Dix minutes plus tard, l'envoyé de l'Impartial du Soirdonc la faisait connaissance du cinéaste. Ce dernier, lorsqu'il sut de quoi il s'agissait, se montra amer, violent et emporté.
— C'est une perte irréparable pour l'art cinématogr aphique. Cette petite Griolin, j'en aurais fait l'égale de Greta Garbo ou d'une Irène Dunne. Une sensibilité frémissante... Une grâce, des yeux, un chic... Tout, et tout, quoi ! C'est foutu !...
De cette entrevue avec Florimond, José-Joc emporta le sentiment que, peut-être, les regrets exprimés n'étaient pas uniquement professionnels. Et il déplora davantage de n'avoir pas pu s'assurer, de visu, des mérites exceptionnels de Jacqueline Griolin.
Il déjeuna dans une gargote. Très mal. Et, dès le d ébut de l'après-midi, à une heure où il était certain de dénicher l'oiseau au nid — lui-même usa de cette
expression — il se présentait avenue Foch, chez le comte Dominique de Maigneuse.
Là, il fut proprement éconduit par un valet de cham bre d'âge vénérable et de style impressionnant. Sa carte de visite, son insis tance et son bagout ne lui ouvrirent pas les portes.
Il se dédommagea de ce cuisant échec, en se livrant à un examen attentif des lieux. La maison lui apparut à la fois coquette et somptueuse, blottie dans des verdures qui s'étendaient jusqu'à la rue de Vil lejust. Il compta trois étages. Il ne put qu'imaginer le jardin, que des murs envahis de feuillage et des grilles à panneaux pleins protégeaient contre les regards ind iscrets.
Le zélé reporter ne manqua pas de prendre quelques notes. Il releva même un croquis. Les lecteurs de l'Impartial du Soirseraient gâtés...
Sa conscience professionnelle était telle qu'il s'a ttardait encore dans ces parages, quand une voiture particulière vint s'arrê ter devant la porte principale de l'hôtel. Dès que cette porte s'ouvrit, le chauff eur se précipita. Un homme apparut. Aucun doute : c'était le comte Dominique d e Maigneuse.
José-Joc n'osa pas l'aborder. Il réagit seulement à la façon d'un photographe qui prend un instantané et clicha dans sa mémoire la silhouette d'un personnage d'environ trente-cinq ans, au teint mat, aux cheveux bruns, aux traits fortement accusés, à l'œil sombre et un peu fiévreux.
« Pas l'air commode ! » conclut-il au moment où, la portière s'étant refermée, le chauffeur remontait sur son siège et e mbrayait.
Ce jugement allait recevoir une éclatante confirmat ion. À peine la voiture avait-elle démarré et parcouru quelques mètres, qu' elle stoppait. Le comte de Maigneuse sautait à terre et, très résolu, marchait droit vers José-Joc. Sans doute lui avait-on dépeint le personnage qu'il s'ét ait refusé à recevoir, car, l'ayant toisé avec hauteur, il dit :
— C'est vous qui avez demandé à me voir, tout à l'h eure ?
— Oui, monsieur, oui... de la part de l'Impartial du Soir... pour vous interviewer au sujet de votre prochain mariage.
La riposte fut cinglante.
— J'ai horreur des curiosités déplacées. Mon mariag e n'a besoin d'aucune publicité. Il me...
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