L'enfant aux mille sourires

Marie H. Marathée

Description

Un testament à récupérer, une histoire étonnante, un destin qui change...

RÉSUMÉ

Lorsque Claire Roche, se rend à l’hôpital afin de récupérer le testament d’un client, elle est loin d’imaginer qu’elle va devoir plonger dans le passé du vieil homme. Pourtant, peu à peu, elle se prend au jeu. Cette rencontre va tout changer.

EXTRAIT

— Tu aimerais que je t’apprenne à peindre ?

Le gamin reste sans voix, lui qui n’a jamais touché ne serait-ce qu’un crayon de couleur, lui qui n’a jamais su tenir un stylo sans trembler, et que l’école a rejeté. Lui que ces lettres inquiétantes et difformes hantent encore, parfois même jusque dans son sommeil. Elles se mélangent avec ironie dans ses rêves, se fondant en un informe magma dyslexique qui menace inlassablement de l’engloutir.

NOTE DE L'EDITEUR

Cette nouvelle numérique existe aussi sous format papier, via le titre "Itinéraires Bis".

Sujets

• Passé
• Peinture

Informations

• Publié par: Editions Plumes Solidaires
• Nombre de lectures: 4
• EAN13: 9791096622399
• Langue: Français

Extrait

Marie H. Marathée L’enfant aux mille sourires Nouvelle © E DITIONS P LUMES S OLIDAIRES

© E DITIONS P LUMES S OLIDAIRES A UTEUR : M ARIE H. M ARATHÉE I LLUSTRATIONDECOUVERTURE : P IXABAY R ÉALISATIONDE C OUVERTURE : I MAN E YITAYO C ORRECTIONSDUTEXTE : A UDREY M OUI C ORRECTIONSETVÉRIFICATIONSDU B ONÀTIRER : A UDREY M OUI C OLLECTIONNUMÉRIQUE : P LUMES L IBELLULES ISBN : 979-10-96622-39-9 © T OUSDROITSRÉSERVÉSPOURTOUSPAYS A OÛT 2018

Dans la même collection

L ADANSEDESTATOUAGES , D ’I MAN E YITAYO L’ APPELDUDESTIN , D ’I MAN E YITAYO L’ ENFANTAUXMILLESOURIRES , M ARIE H. M ARATHÉE

Note de l’éditeur

Cette nouvelle existe également en format papier, s ous le titre « Itinéraires Bis ».

Belle lecture !

Les Éditions Plumes Solidaires

Marie H. Marathée L’enfant aux mille sourires Nouvelle © E DITIONS P LUMES S OLIDAIRES

Lesdoigts agiles glissent sur la toile avec tellement de dextérité que les yeux émerveillés de l’enfant s’emplissent de larmes. Il ne connaît pas encore les mots qui pourraient décrire ce qu’il est en train de vivre. Cela viendra plus tard, ou peut-être pas. Peut-être que ces mots-là n’existent pas. Hypnotisé par le mouvement gracieux et rythmé des mains qui dansent à la lueur du crépuscu le doré, il en a oublié le but de sa visite. Il fixe intensément le splendide ballet où virevoltent les ombres portées, les reliefs délicats qui accrochent la lumière, les ple ins et les déliés soyeux, les douces courbes colorées qui explosent, parfois même avec v iolence, sur la toile éclatante. Il en a des frissons le long du corps. Cet homme qui domp te les éléments et domine la tempête des nuages chatoyants aux reflets écarlates , il le prend pour un dieu. La puissance qu’il dégage, ce qu’il fait naître sous s es doigts, tout cela déclenche dans son âme juvénile un bouillonnement qu’il ne maîtris e pas. Tout à coup, il comprend. Il sait. Ces instants resteront gravés en lui à tout jamais. Deux heures plus tard, l’homme se retourne d’un ges te vif et dévisage avec surprise cet enfant immobile qui l’observe sans ciller et do nt il n’a pas perçu la présence jusqu’alors. Que peut-il bien faire ici, ce mioche? On dirait une ombre, tapie contre le mur en contre-jour, une ombre chinoise qui contrast e avec la toile sublimée par l’artiste dont les couleurs débordent de la pénombre. L’enfan t relève la tête lentement et, à ce moment-là, quelque chose d’incroyable se produit. I l sourit. Tout simplement. Et ce sourire illumine son visage d’une clarté extraordin aire. L’homme s’arrête. Le temps s’arrête. — Qu’est-ce que tu fais là, toi, le mioche? L’enfant sourit toujours, l’artiste se sent ému. — Ça fait longtemps que tu es là? Doucement, le môme fait un signe de la tête. Puis s a toute petite voix s’élève, claire dans l’obscurité. — Je suis venu pour apporter la gazette de l’après- midi. Seulement deux francs, c’est une affairejour, elles sont! Les nouvelles du jour, demandez les nouvelles du toutes fraîches! Maladroitement, il se relève et sautille d’un pied sur l’autre pour se donner une contenance, il lui tend alors l’imprimé de la main gauche. Le regard de l’homme s’attarde un instant sur le quotidien avant de reve nir vers l’enfant. Ce tout petit être lui semble presque fragile, avec ses grands yeux étonné s qui lui mangent le visage. — Tu as attendu tout ce temps pour me vendre un vul gaire journal? Le gamin hausse les épaules et jette un coup d’œil circulaire dans la pièce. Brusquement, sa présence en ces lieux lui semble in congrue. Depuis combien de temps est-il là? Il ne le sait pas. Alors, il fait demi-tour et se dirige vers la porte d’un pas hésitant, avec le sentiment diffus d’avoir profané un sanctuaire. Son intrusion est une aberration, comme s’il avait volé quelques minutes d’éternité à ce dieu des couleurs. Au moment où il va franchir le seuil, l’homme l’interpelle rudement : — Elle te plaît, ma toile, au moins? L’enfant suspend son geste et, très lentement, pivo te sur lui-même. Alors, il sourit de nouveau. Dans ce sourire éblouissant, le peintre ap erçoit le ciel, la terre et les étoiles. Le souffle lui manque, il pose son pinceau sur la v ieille table de bois usée.

— Tu aimerais que je t’apprenne à peindre? Le gamin reste sans voix, lui qui n’a jamais touché ne serait-ce qu’un crayon de couleur, lui qui n’a jamais su tenir un stylo sans trembler, et que l’école a rejeté. Lui que ces lettres inquiétantes et difformes hantent encor e, parfois même jusque dans son sommeil. Elles...