L énigme de la sacristie
40 pages
Français

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Description

Le commissaire Odilon QUENTIN est chargé d’élucider le meurtre par empoisonnement du vieil abbé du village de Bonneuil-sur-Marne, durant une messe.


Le policier, lors de ses divers interrogatoires, se rend compte qu’une guerre ouverte y oppose les dévots et les anticléricaux, chaque clan rejetant les soupçons sur l’autre avec, pour seul élément de preuve, la haine qui l’anime.


Entre la justice de Dieu et celles des Hommes, Odilon QUENTIN va tout faire pour que la seconde triomphe...


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Informations

Publié par
Nombre de lectures 6
EAN13 9782373475043
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Odilon QUENTIN
* 43 *
L’ÉNIGME DE LA SACRISTIE
Roman policier
par Charles RICHEBOURG
CHAPITRE PREMIER
La porte brune grinça sur ses gonds et le commissai re Odilon Quentin entra dans l'église Sainte-Suzanne, à Bonneuil-sur-Marne.
Ébloui par le soleil printanier du dehors, le fonct ionnaire de la P. J. eut besoin d'une bonne minute pour s'habituer à la péno mbre qui remplissait l'édifice d'une sorte de brouillard gris, où l'on r etrouvait le parfum de l'encens mêlé à des relents de moisi ; puis il trempa ses gr os doigts boudinés dans l'eau du bénitier, ébaucha un vague signe de croix, s'inc lina dans la direction de la lampe rouge qui, là-bas au fond du chœur, symbolisa it la présence divine, puis il alla s'appuyer à un prie-Dieu, juste à côté du tron c de Saint-Antoine.
Énorme et massif, il s'intégrait parfaitement dans le cadre austère de la nef ; peut-être parce qu'il professait que toutes les opi nions sincères sont respectables, et qu'un homme peut adorer son créate ur dans une cathédrale aussi bien que dans une mosquée, un temple protesta nt ou une synagogue.
Il était sept heures dix du matin et un prêtre offi ciait à l'autel, un jeune ecclésiastique au visage torturé d'ascète ; convain cu de la grandeur sublime de son ministère, il récita lePater noster qui es in coeliss'il s'adressait à comme une personne présente, d'une voix profonde, vibrant e de foi et d'espérance, résumant dans sa prière l'admirable philosophie duSermon sur la montagne.
Le gros policier ne perdait ni une parole ni un ges te de l'officiant ; mais en même temps il suivait l'arabesque fuyante de ses pe nsées, cherchant surtout à se pénétrer de l'atmosphère presque provinciale de cette église de banlieue qui avait servi de cadre à une tragédie inexplicable.
Simple messe basse : une douzaine de personnes, tou t au plus, assistaient à l'office. Au premier rang, côte à côte, trois vie illes femmes égrenaient leur chapelet ; des habituées sans aucun doute, qui deva ient faire partie du mobilier. Les autres étaient disséminées de-ci, de-là. Sous u ne statue de plâtre figurant un Saint-Joseph candide, une jeune femme très blond e pleurait silencieusement.
— Ite, missa est !
Il y eut un bruit de chaises remuées, un léger brou haha ; les fidèles se dirigèrent vers la sortie et, de son côté, à pas le nts, comme s'il désirait s'accorder un ultime instant de répit, Quentin remo nta vers l'autel, traversa le chœur et frappa à la porte de la sacristie.
— Entrez...
L'invitation manquait de franchise ; elle contenait une réticence qui trahissait
une certaine contrariété, peut-être même de la crai nte ; et en pénétrant dans la petite pièce poussiéreuse où une énorme armoire en chêne contenait les archives paroissiales, le représentant du Quai des Orfèvres se heurta à une espèce de gnome au teint cireux, qui se présenta en esquissant une courbette obséquieuse :
— Émile Boissot, sacristain, chevrota-t-il.
Ce marmouset, sculpté dans la cire des vieux cierge s puait l'hypocrisie à plein nez ; par contre, l'abbé réserva à l'intrus u n accueil froid, qui n'était pas dénué de dignité :
— L'archevêché m'a désigné comme desservant tempora ire de Sainte-Suzanne, expliqua-t-il en saluant d'un signe de têt e. Je resterai donc à Bonneuil en attendant qu'il soit pourvu au remplacement de l 'ancien curé, récemment décédé. À qui ai-je l'honneur ?
— Commissaire Quentin, de Carnaux, je suppose ?
— En effet : Louis Carnaux.
la Brigade Criminelle. Vo us êtes l'abbé
— Connaissiez-vous personnellement votre prédécesse ur ?
— L'homme, non ! Toutefois, sa réputation avait dep uis longtemps franchi les limites trop étroites de sa paroisse. Feu le cu ré Félicien Lacaume était un saint, monsieur ; il menait le bon combat avec la d iscipline d'un soldat jointe au zèle d'un apôtre !
— Rien d'étonnant ! pleurnicha le mouche-chandelles . Il avait fait la guerre e de 1914-1918 comme aumônier, au 132 régiment d'artillerie de campagne.
Au cours d'une carrière de vingt-cinq années de ser vice à la Judiciaire, Quentin avait exercé son activité dans les milieux les plus divers : bouges empestant l'alcool frelaté(1), chambres de malades où traînaient des souvenirs pharmaceutiques, boudoirs de cocottes imprégnés d'a mbre, de jasmin ou de patchouli...
Jamais pourtant le commissaire n'avait respiré l'od eur caractéristique d'une sacristie ; il la sentait s'infiltrer dans ses poum ons, insidieuse et sournoise, s'accrocher aux plis de ses vêtements comme une men ace imprécise, et il répliqua d'une voix rauque, presque agressive :
— Je sais tout cela ; et je me demandepourquoion a assassiné cet homme foncièrement bon et honnête !
Sans oser se l'avouer, il avait lancé la phrase com me un ballon d'essai, dans l'espoir qu'elle provoque une réaction quelcon que ; il n'y en eut aucune, car en guise de réponse ses deux interlocuteurs se contentèrent de hocher la tête.
— Alors... aboya-t-il, brutal ; comment savez-vous qu'il s'agit d'un meurtre ? Seule, l'autopsie pratiquée à l'Institut médico-lég al m'en a apporté la preuve formelle, et je n'ai reçu le rapport officiel qu'hier, tard dans la soirée !
— On parle beaucoup dans la région, bêla le sacrist ain, pressé de tirer son épingle du jeu. En écoutant les dépositions des per sonnes dignes de foi, vous n'éprouverez aucune peine à découvrir le coupable !
— Merci du conseil ! Et vous, Monsieur l'Abbé, est- ce également la rumeur publique qui vous a appris la vérité ?
Le jeune prêtre frissonna de la tête aux pieds et i l tendit ses deux bras en avant, comme s'il cherchait à se soustraire à l'emp rise d'un obscur maléfice :
— C'est horrible... murmura-t-il d'une voix à peine perceptible. Je connais tous les détails de l'atroce sacrilège, mais il m'e st impossible de vous aider : l'assassin m'a avoué son forfait dans le silence sa cré du confessionnal !
— Lui avez-vous donné l'absolution ?
— Non ! se révolta l'ecclésiastique, au bord de la crise de nerfs. Je lui ai ordonné de se...
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