L énigme de la tête coupée
67 pages
Français

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L'énigme de la tête coupée , livre ebook

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Description

Un petit matin d’avril, à Paris, avenue Henry-Martin, deux badauds découvrent un paquet déposé sous un banc.


Poussés par la curiosité, ils l’ouvrent et aperçoivent un spectacle effrayant : une tête surmonte un amoncellement sanglant de débris humains.


C’est le brigadier PONCET, auréolé de la gloire de ses enquêtes passées, qui est chargé de l’affaire.


Or celle-ci s’avère très compliquée du fait que la victime n’est pas identifiable, pas plus que les raisons du trépas à cause de l’absence des viscères et du cœur du défunt.


Si le médecin légiste penche pour l’hypothèse d’un empoisonnement suivi d’un dépeçage post-mortem, PONCET, lui, privilégie une théorie étrange, mais tout aussi difficile à démontrer : une mort naturelle par arrêt cardiaque...


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 décembre 2019
Nombre de lectures 3
EAN13 9782373479553
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENQUÊTES
DE
L'INSPECTEUR PRINCIPAL PONCET
L’ÉNIGME DE LA TÊTE COUPÉE
Roman policier
Henry DE GOLEN
I
UN PAQUET SOUS UN BANC
Le printemps s'annonçait déjà.
Il était cinq heures du matin.
En cette matinée d'avril, les rues de Paris étaient encore à peu près désertes.
Seules des voitures de laitiers filaient au grand t rot par la place du Trocadéro, à travers les diverses avenues qui y abo utissent.
Le jour montait.
La matinée s'annonçait radieuse, et dans les marron niers touffus de l'avenue Henri-Martin, des trilles joyeux d'oiseaux s'envolaient des branches.
Deux jeunes gens en chapeau haut de forme, élégamme nt gainés dans des pardessus impeccables, des souliers vernis aux pied s, débouchèrent de l'avenue Kléber.
— C'est tout de même idiot, mon cher Fortin, de pas ser ainsi une nuit blanche au cercle !
— À qui le dites-vous, mon cher Lussianne.
— Si encore on avait gagné !
— On ne gagne jamais !
— J'avais pourtant bien débuté.
— Vraiment ?
— À minuit, je gagnais dix mille.
— Vous auriez bien dû vous en aller. Je n'aurais pa s eu le plaisir de revenir à pied à travers Paris avec vous, mais vous auriez l'argent dans votre poche et vous seriez dans votre lit.
— Au lieu d'avoir la tête de papier mâché que je do is avoir. Et dire que j'ai un rendez-vous d'affaires à huit heures ; je vais ê tre joli pour discuter !
— Bah, vous prendrez une douche en rentrant chez vo us. Ne vous couchez pas, par exemple !
— Sûr que non. Si je pouvais, tenez, je resterais i ci sur cette avenue, à l'air ! Il y fait délicieux.
— Le fait est qu'il vaudrait mieux nous coucher tôt , et nous lever pour
assister au lever du soleil. C'est plus sain.
— Quelle belle matinée !
— Et comme cette admirable avenue Henri-Martin est tranquille ! Regardez, mon cher Fortin, toute cette verdure rayée de flamm èches d'or, et cette solitude ! Est-ce beau ?... Pas la peine d'aller chercher la c ampagne !...
— À Deauville surtout.
— Hormis cette pauvre balayeuse déguenillée qui com mence sa tâche quotidienne, il n'y a que la nature et nous !
Les deux cercleux venaient de traverser la place du Trocadéro, et échangeaient ces réflexions dans l'avenue Henri-Mar tin, en longeant le mur du cimetière de Passy qui surplombe l'avenue.
— Êtes-vous pressé de vous coucher, Fortin ?
— Ma foi non !... Maintenant...
— Alors, je vous propose de nous asseoir à respirer quelques minutes le bon air pur de printemps. Justement, voici un banc secourable qui nous appelle !
— C'est une bonne idée. Ce bol d'air va me retaper. Je suis vaseux.
Les deux jeunes gens se laissèrent choir sur un ban c de l'avenue.
— Dieu qu'il fait bon !
— Et puis, ça nous change de l'atmosphère empestée du cercle !
— À force de fumer toute une nuit entre quatre murs , la cigarette devient odieuse à la longue. Tandis qu'ici...
— Une cigarette égyptienne, Fortin ?
— Avec plaisir, cher ami.
Le comte de Lussianne se leva du banc pour chercher son étui à cigarettes qu'il avait placé dans la poche-revolver de son smo king. Il le tendit à Fortin.
Son regard, à ce moment, aperçut sous le banc, just e sous la banquette de bois où ils étaient assis, un paquet assez volumine ux, fait avec du papier d'emballage goudronné, et soigneusement ficelé.
— Tiens, qu'est-ce que cela ?
Fortin regarda, et toucha le paquet de sa canne.
— Un paquet oublié, sans doute.
— Si c'était un trésor ?
— Ça m'irait bigrement, moi qui suis décavé !
Les deux jeunes gens éclatèrent de rire et Fortin, avec le bec de sa canne, attira devant lui le paquet.
— C'est lourd, dit-il, en le soupesant.
— Et c'est mou, déclara Lussianne, qui piquait le b out de sa canne sur divers points de l'enveloppe.
— Du linge ou des vêtements sans doute.
— Belle trouvaille ! Quoique décavé, je n'en ai pas encore besoin.
— On regarde ?
— Si vous voulez... Mais nous allons avoir une déce ption, je vous en avertis !...
— Tant pis, je suis curieux ! Sapristi, c'est bien ficelé ! Avez-vous un canif ?
— Voilà, cher ami, dit Fortin en fouillant dans ses poches. C'est égal, si les camarades du cercle nous voyaient sur ce banc avec notre paquet !
— Ils rigoleraient !
Fortin venait d'ouvrir son canif et se baissait sur la banquette où Lussianne avait posé le paquet.
— Dites donc, il ne sent pas bon, votre paquet !
— C'est peut-être de la vieille bidoche avariée.
— Ça, ce serait une affaire !
Et, d'un coup de canif, le cercleux fit sauter les ficelles.
Les deux amis déplièrent l'enveloppe. Une deuxième enveloppe semblable apparut, également ficelée.
— Sapristi, dit Fortin en riant, c'est bien emballé , mais cela sent bien mauvais !
Il coupa à nouveau les ficelles et déplia l'envelop pe.
— Ah !!!...
Cette exclamation d'horreur jaillit en même temps d e la poitrine des deux amis.
Fortin se redressa, chancelant, prêt à s'évanouir, et sa main convulsée se crispa sur le bras de Lussianne qui, le visage boul eversé, d'une pâleur de cire, fixait le paquet avec des yeux d'épouvante.
À travers la déchirure de l'enveloppe entrebâillée, au milieu d'un amoncellement sanglant de débris humains, une tête coupée d'homme les regardait.
— C'est horrible ! gémit Lussianne.
— Au secours ! clama Fortin.
Seul, un écho lui répondit. L'avenue Henri-Martin é tait toujours déserte et muette. La balayeuse des rues s'était même éloignée .
Lussianne fut le premier à reprendre conscience.
Du bout de sa canne, car il n'osait s'approcher, il rabattit l'enveloppe de papier sur les yeux de la tête humaine, dont le reg ard vitreux et fixe l'hallucinait.
Accoté contre un arbre, Fortin tremblait.
— Qu'allons-nous faire ? murmura Lussianne.
— Fuir ! proposa Fortin.
— Impossible... Un crime a été commis... Nous venon s d'en découvrir la preuve... Il faut prévenir la police.
— Ah ! mon cher ami, quelle sinistre idée j'ai eue de vouloir ouvrir ce paquet !
— Trop tard !... Maintenant, il faut agir... Le com missariat de police est là, à côté, rue Eugène-Delacroix... Vous sentez-vous la f orce d'aller prévenir les agents ?
— Oui, oui, j'y vais, dit Fortin ; je préfère cela que rester ici ; je deviendrais fou !
— Alors, allez vite !... Moi, je crois que j'aurai la force de vous attendre devant... notre trouvaille. Mais, faites vite, Fortin...
— J'y cours, cher ami !
* * *
Fortin disparu, le comte de Lussianne essuya sa fac e livide où perlait une sueur froide, respira avec effort, et marcha de lon g en large sur le bord du trottoir, à quelque distance du banc.
Cette tête coupée ! Il avait dans ses yeux la visio n effroyable. Il se sentait tout seul. Il avait peur. Du fond de l'avenue, une voiture de boucher arrivait au grand trot.
C'était une de ces voitures qui vont chercher la viande aux abattoirs.
Lussianne, pour n'être plus seul, héla le conducteu r, lui fit des signes désespérés de s'arrêter. L'homme immobilisa son che val.
En quelques mots, Lussianne lui raconta sa trouvail le.
Curieusement, le boucher alla au paquet, défit l'en veloppe, remua la tête, palpa les membres épars.
— C'est du beau travail bien fait, dit-il, du trava il de boucher.
— Vous n'avez pas peur ?
— Oh ! j'en ai vu d'autres !...
— Je vous en prie, refermez l'enveloppe, que je ne voie pas ses yeux !
— Voilà, Monsieur... Vous n'êtes pas habitué, vous !... Voyez-vous, les bêtes qu'on tue et qu'on dépèce, c'est comme les ho mmes. Oui, ce crime-là, c'est du travail ! Je sais pas ce que trouvera la p olice, Monsieur, mais souvenez-vous bien de ce que je vais vous dire... C'est du t ravail de boucher. Tout ça, c'est coupé par un type qui connaît le métier. C'es t franc, c'est net, il y a pas de hachures !
— Vous croyez ?
— Sûr... Mais, motus, je tiens pas à être mêlé à to ut ça !... Tenez, voilà votre ami et les flics qui arrivent. Je me débine.
— Merci de m'avoir tenu compagnie.
— De rien... Au plaisir, Monsieur !
Le boucher fouetta son cheval, et disparut. Fortin revenait accompagné d'un brigadier et d'un agent de police. Il désigna le pa quet sur le banc, et se tint loin à l'écart. Les deux agents eurent un recul épouvanté devant ce tas innommable de chairs sanglantes.
— Messieurs, dit le brigadier, nous allons porter l es restes au commissariat. Veuillez venir avec nous.
— Est-ce indispensable ? dit Lussianne.
— Oui, je dois enregistrer vos déclarations et pren dre vos noms et adresses.
— Soit, allons-y, Fortin.
Les agents ficelèrent à nouveau le sinistre paquet, et, suivis des deux amis, le portèrent jusqu'au commissariat qui était heureu sement tout proche.
Un agent cycliste partit immédiatement réveiller le commissaire de police à son domicile. Celui-ci arriva, effaré, une heure ap rès, au moment où Lussianne et Fortin terminaient leurs déclarations transcrite s par le brigadier.
— Je vous remercie, messieurs, dit le commissaire. J'ai vos adresses. Je vous convoquerai bientôt. Malheureusement, vos décl arations ne me fournissent aucune piste pour mon enquête. Enfin, je vais voir. Je vais examiner ces restes macabres, voir si je ne trouve pas un indice.
— Permettez-nous de nous retirer, monsieur le commi ssaire de police, nous sommes à bout de forces, mon ami et moi. Nous ne so mmes pas habitués à pareilles émotions.
— Moi non plus, monsieur. Voici quinze ans que je s uis commissaire de police du quartier de la Muette, et je n'ai jamais vu crime pareil. Un quartier si riche, si tranquille ! C'est incroyable ! Incroyable !
— Au revoir, monsieur le commissaire de police.
— Au revoir, messieurs. Je vous convoquerai.
Dehors, Lussianne et Fortin...
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