Le crime sans preuves
41 pages
Français

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Description

Un crime a eu lieu, la nuit, à la sortie d’une guinguette fréquentée par les bateliers de passage.


Un Hollandais a été abattu d’une balle dans la tête.


Le commissaire Odilon QUENTIN, chargé de l’enquête, n’a, à se mettre sous la dent, que le témoignage du jeune homme qui a trouvé le corps.


Seule certitude, le défunt avait rendez-vous avec la voluptueuse Suzy, la femme d’un marinier costaud, violent et jaloux, un triptyque qui conduit souvent au drame passionnel...


Mais le policier va constater, à ses dépens, que le monde des bateliers est impénétrable et solidaire...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 16
EAN13 9782373474404
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Odilon QUENTIN
* 41 *
LE CRIME SANS PREUVES
Roman policier
par Charles RICHEBOURG
CHAPITRE PREMIER
L'homme était accoudé au zinc poisseux du comptoir et il affectait des airs avantageux, riant à tout propos pour montrer ses de nts, qu'il avait d'ailleurs fort belles. Les taches qui maculaient son chandail bleu marine orné d'une ancre noire le laissaient froidement indifférent et consc ient d'être le centre de l'intérêt général, il répétait son histoire pour la vingtième fois, de sa voix traînante de jeune voyou fatigué :
— Alors, comme le bac était amarré à cinq cents mèt res d'ici, je m'suis décidé à piquer une tête jusqu'à la« Guinguette Rouge ». On turbine sec à bord, et à vingt-six ans, on a bien droit à une petite di straction, pas vrai ?
Tout l'auditoire approuva pour se concilier les bon nes grâces du narrateur, et Pierre Laforêt estima opportun de faire preuve d e générosité, en vue d'asseoir définitivement le prestige du canard qu'il représen tait.
— Sers un verre à Monsieur, Ginette ! beugla-t-il. Ce qu'il voudra.
La servante-serveuse de l'établissement contempla l 'objet de cette gracieuse invitation avec des yeux de merlan frit, puis elle risqua une suggestion en l'accompagnant d'un clin d'œil complice :
— Ce sera un mandarin-curaçao comme d'habitude, M's ieu Gaby ?
L'interpellé approuva d'un signe de tête, et une fo is en possession de son verre, il s'approcha en se dandinant du généreux do nateur, dans l'intention de trinquer avec lui, à titre de reconnaissance.
— Je suis reporter au« Fanion », le grand quotidien d'informations mondiales, expliqua Laforêt, pressé de tirer de sa libéralité un maximum d'avantages. Je compte parler de vous dans mon proc hain article, et sans vous promettre la célébrité du jour au lendemain, je pui s du moins vous affirmer que vous y occuperez une place de vedette. Mais asseyez -vous donc, Monsieur... Monsieur comment ?
— Gabriel Pirson, dit « Gaby les Belles Dents ».
— Vous en étiez donc au moment où vous avez quitté votre bateau ; quelle heure était-il ? Je m'excuse d'insister, mais les l ecteurs se montrent friands de détails précis, comprenez-vous ?
— Euh... neuf heures du soir !... Neuf heures et de mie peut-être !...
— Parfait ! J'arrangerai ça. Vous connaissiez la gu inguette de longue date ?... Vous y étiez déjà venu précédemment ?
— Au même titre que tous les bateliers qui fréquent ent le canal de l'Ourcq.
La boîte est située à mi-chemin entre Pavillons-sou s-Bois et Sevran ; alors on s'y arrête pour boire un verre ou acheter un roulea u de filin.
— Vous pensiez donc rencontrer quelques amis et dis puter en leur compagnie une fraternelle belote, si je comprends b ien ?
— Je ne me serais pas dérangé pour si peu ! Le same di soir, on danse jusqu'aux petites heures. Tenez, vous voyez l'orche strion qu'est là, dans le fond ?... Eh bien, si j'avais toutes les thunes que j'ai glissées dans l'bastringue, je s'rais rupin à l'heure actuelle. Pas vrai, Ginette ?
L'instrument en question passait difficilement inap erçu ; il était monumental, ciré, astiqué, et il brillait dans l'ombre, de l'éc lat de ses cuivres et de ses miroirs biseautés.
— Faut vous dire que j'aime pas les appareils à dis ques, poursuivait Gaby en crachant par terre afin d'exprimer son mépris. L a musique en conserve, c'est bon pour les Amerlocks !
Une digression ne servait pas les intérêts du journ aliste et il reprit son interrogatoire en douce, sans avoir l'air d'y touch er, revenant à l'objet principal de ses préoccupations :
— Il y avait beaucoup de monde lorsque vous êtes arrivé ?
— Une vingtaine de personnes ; on dansait déjà et d u premier coup j'ai repéré la Suzy !
Ce nom suffit à couvrir de sombres nuages le front serein de la servante ; mais l'homme aux quenottes éblouissantes n'y attach a aucune importance, et il se fit lyrique pour esquisser le portrait de l'inco nnue :
— Tudieu, quelle belle femme, Monsieur ! Vous autre s de la presse, vous êtes habitués à fréquenter des actrices, des chante uses ou des poules de la haute qu'ont la frousse de casser la graine de crai nte de prendre quelques centimètres de tour de taille ; eh bien, c'est pas l'genre : Suzy s'en fout ; elle est nature, elle ne se farde même pas les lèvres... pou rtant, sa bouche, c'est une framboise couverte de rosée !
« Grande et forte avec ça ; mais on ne s'en aperçoi t pas tant elle est légère, quand on danse avec elle. Certains prétendent qu'el le approche de la quarantaine, mais c'est des menteries : elle a cons ervé un sourire de bébé, plein de rêve, d'illusions et d'innocence ; et ses mirett es, c'est deux petits morceaux de ciel, au mois de mai, après une ondée ! On compa re parfois les femmes à des déesses, dans les romans ; eh bien, moi, j'ai c ompris ce que ça voulait dire le jour où j'ai vu Suzy pour la première fois !
— Cette dame habite-t-elle la région ?
— Pensez-vous ! C'est une Flamande, une Limbourgeoi se pour préciser ; et
elle vit avec son mari, le vieux Max Hildebrandt, à bord de la« Maria-Magdalena », une allège à moteur de deux cent vingt tonnes.
— Je vois... Vous avez donc dansé avec l'opulente m arinière ?
— V'là comment on écrit l'histoire ! gouailla Pirso n en ébauchant une moue de dépit rétrospectif. C'est pas l'cœur qui manquai t, notez bien... Mais la môme n'était pas abordable, rapport qu'elle était accomp agnée.
— Par l'époux encombrant ?
— Non, par un étranger, un compatriote à elle proba blement, car ils parlaient un drôle de jargon, quelque chose comme de l'allema nd, mais en plus doux. En tous cas, le mec n'avait pas l'air commode, avec so n crâne passé au papier de verre et sa gueule de forçat !
— Je sais, acquiesça le rédacteur du«...
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