Le mystérieux monsieur Garret

Claude Ascain

Description

Une femme est retrouvée morte, étranglée, dans son lit, dans sa chambre d’hôtel, alors que le mari était absent.

Les soupçons se portent immédiatement sur un certain Jean Garret. Celui-ci s’est présenté à l’accueil de la pension, a demandé après l’époux et apprenant son absence, s’est rendu à l’appartement de la victime.

Mais le meurtrier est-il bien le mystérieux monsieur Garret ?

L’inspecteur GASPIN, chargé de l’enquête, semble miser sur un autre suspect. À tort ou à raison ? Peut-être un peu des deux...

Sujets

• Nouvelles
• Fiction

Informations

• Publié par: Oxymoron Éditions
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782373479690
• Langue: Français

Extrait

Inspecteur GASPIN

LE MYSTÉRIEUX MONSIEUR GARRET

Roman policier

par Claude ASCAIN

CHAPITRE PREMIER

PAUVRE MADAME BORAT !

Une soubrette frappa à la porte du bureau de la pen sion de famille. me M Langlois, la propriétaire, fut étonnée d'apprendre que la locataire du n° 9, me M Borat, n'avait pas encore sonné pour son petit déjeuner.

— Il est onze heures passées, madame. D'habitude, e lle se lève plus tôt.

— Vous êtes sûre qu'elle n'est pas sortie avec son mari ?

— Oh ! non, madame, elle est là. C'est moi-même qui avais monté le plateau pour tous deux. M. Borat me l'avait fait déposer da ns l'antichambre, il était allé prévenir sa femme, et j'ai distinctement entendu à travers la porte qu'elle répondait :

« — Laisse-moi, mon chéri... Je suis fatiguée... Je veux encore dormir... Je sonnerai plus tard...

« Il a donc déjeuné tout seul, et il est sorti tout seul aussi, naturellement.

me — Bon, dit M Langlois, je vais lui téléphoner.

— Mais ça ne marche pas chez elle. Il y a quelque c hose de détraqué. Vous savez, quand ce monsieur est venu la voir, vous vou liez la prévenir, et ça n'a pas répondu.

La propriétaire se souvint.

En effet, M. Borat était sorti à huit heures et dem ie. Un visiteur s'était présenté à dix heures et demie, avait demandé le lo cataire, et, apprenant qu'il n'était pas là, avait décidé de monter directement.

— Je suis un ami, avait-il ajouté, en donnant son n om : Jean Garret.

Il était resté un quart d'heure, on l'avait vu repa sser. Ceci signifiait qu'il avait me été reçu. Donc, M Borat ne dormait pas. Il fallait tout de même voir ce qu'elle faisait, et il y avait cette question de téléphone à réparer.

me M Langlois monta elle-même au premier étage. Elle fr appa. Pas de réponse. Alors, elle introduisit son passe-partout dans la serrure et entra dans l'antichambre. La porte de la chambre à coucher éta it entrebâillée.

— Se serait-elle recouchée, après tout ?

La propriétaire appela, discrètement d'abord, puis d'une voix plus nette. Il me régnait une atmosphère indéfinissable et M Langlois éprouva une brusque inquiétude.

Elle ressortit, appela Joseph, l'homme aux gros tra vaux.

— Montez. Je vous attends devant le n° 9...

Ils entrèrent ensemble. Les rideaux de la chambre é taient encore fermés, mais une veilleuse électrique répandait une lumière douce. Joseph tira les rideaux de deux coups secs.

me M Langlois étouffa un cri d'horreur.

On voyait, dans le lit, une tête émergeant des couv ertures, dans une grimace hideuse, les yeux grands ouverts et vitreux . Un mince cordonnet de soie enserrait le cou de la malheureuse.

Joseph dut soutenir sa patronne, la mener jusqu'à u n fauteuil. Elle parvint à reprendre ses esprits. Le domestique avait encore l e regard exorbité.

— On... on... on l'a assassinée !

me — Surtout, chuchota M Langlois, d'un ton imperceptible comme pour ne pas troubler le sommeil éternel de la morte, ne tou chez à rien. Et que... que personne ne se doute de quelque chose, dans la mais on...

Tous les locataires étaient sortis, fort heureuseme nt. Cette charmante pension, sise à Neuilly, à deux pas de la Seine, co mprenait une dizaine de petits appartements dont le prix permettait de boucler fort confortablement un budget.

— Ah ! pauvre femme !... Et quel choc pour son mari !...

M. Borat rentra vers treize heures. Il était gai, c omme le matin, au départ. Mais son sourire s'éteignit, la soubrette qui l'ava it croisé dans le hall le regardait avec une sorte de terreur.

— Vous en faites une tête, Alice ! s'exclama-t-il.

me — Je... Moi ?... Non, monsieur... Il y a M Langlois qui veut vous parler... Non, non... Ne montez pas !

Dans le bureau, il trouva la directrice des « Myrte s » en compagnie d'un homme au visage énergique aux yeux gris-fer.

Ce fut celui-ci, qui avec des ménagements, lui appr it la terrible nouvelle. Il ajouta :

— Je suis l'inspecteur Gaspin, de la Police Judicia ire. Je vous attendais. Nous allons monter ensemble, si vous le voulez bien .

M. Borat était hagard. Il donna l'impression de faire un effort gigantesque.

— Montons, dit-il, la gorge obstruée.

me La consigne avait déjà été donnée au personnel. M Borat était décédée d'une embolie. On n'en dirait pas davantage. Ceci é tait convenu avec

l'inspecteur.

— Ne rien ébruiter, ajouta Gaspin. Nous laisserons les journaux de côté, jusqu'à nouvel ordre.

Le médecin légiste était reparti. Gaspin attendit d ans l'antichambre, pendant que l'époux allait s'agenouiller devant la dépouill e étendue sur un lit funéraire.

Bientôt, M. Borat revint.

— Vous ne... cherchez pas... d'indices ?

— Ce n'est pas le moment, murmura le policier. Ces instants vous appartiennent. Je redescends, je vous attendrai en bas, dans le bureau, chez madame Langlois.

En vérité, Gaspin avait eu tout le temps nécessaire pour se livrer, avant l'arrivée du mari, à un examen des lieux...