Le renard a de nouvelles lunettes
626 pages
Français

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Le renard a de nouvelles lunettes , livre ebook

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Description

André Rosén, un ancien résistant norvégien, part pour Paris, le cœur plein d'espoir. Martin Cohen, jovial sculpteur des Baux-de-Provence, est chamboulé par des faits relatés dans la presse. Alex, un SDF proche du mouvement Les Amis de Jean Valjean, campe au canal Saint-Martin. Une femme est retrouvée dans la Seine. La Franco-Norvégienne Éva Lévy enquête, car des indices pointent vers son pays natal. La journaliste Sarah Blanc la suit de près. L'affaire s'avère complexe et empreinte de réminiscences du passé. Dans ce polar qui flirte avec le roman historique, l'auteur nous embarque jusqu'au Telemark en Norvège, la Seconde Guerre mondiale et l'héritage transgénérationnel lourd de conséquences.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 avril 2016
Nombre de lectures 47
EAN13 9782140005787
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
COLLECTION ÉNIGME
COLLECTION ÉNIGME
Alioua Madani, Boston-en-Périgord
Bron Alain, Le Fond tu toucheras
Bron Alain, Le Fruit du doute
Bron Alain, Mille et Deux
Calvez Hélène, Bâb
Debout François, Quand la nuit tombe
(Droits cédés pour une publication club, France Loisirs)
Dewit Marie-Solène, Meurtre avec accusés de réception
Erny-Newton Emmanuelle, Requiem Blues ,
Forge Sylvain, La Ligne des rats
Fossum Karin, L’Œil d’Ève
(Droits cédés pour une publication poche, coll. Points, éditions du Seuil)
Fossum Karin, Ne te retourne pas !
(Droits cédés pour une publication poche, coll. Points, éditions du Seuil, et en club, France Loisirs)
Holt Anne, Bienheureux ceux qui ont soif
(Droits cédés pour une publication poche, coll. Points, éditions du Seuil)
Holt Anne, La Déesse aveugle
(Droits cédés pour une publication poche, coll. Points, éditions du Seuil)
Holt Anne, La Mort du démon
Lodie Hélène, Derrière les paupières closes
Tsobgny Brigitte, L’Afro-Parisienne et la suite arithmétique du Saigneur de Paris
Vix Élisa, La Baba-Yaga
(Adaptation télévisuelle par CAPA Drama pour France 2)
Vix Elisa, Bad Dog
(Prix du meilleur polar francophone 2007, adaptation télévisuelle par CAPA Drama pour France 2)
Titre


G.T.TROLLET




LE RENARD A
DE NOUVELLES LUNETTES

roman

TRADUIT DU NORVÉGIEN PAR L’AUTEUR
Copyright
















Titre original : Skygger
Éditeur original : Vigmostad & Bjørke, Oslo
© original : Vigmostad & Bjørke, Oslo ISBN original : 978-82-8143-452-3
EAN Epub : 978-2-336-75814-5
© ODIN éditions, mars 2016, pour la traduction française
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
www.odin-editions.com
Dédicaces



À tous les miens, vivants et morts
Citation



I ain’t lookin’ to compete with you Beat or cheat or mistreat you Simplify you, classify you Deny, defy or crucify you All I really want to do Is, baby, be friends with you *
All I really want to do, Bob Dylan, 1964 i
* Traduction en note de fin.



Le chalet d’été peint en rouge se reflétait dans l’eau du lac assombrie par les nuages lourds. Dans le petit séjour, elle lui tourna pudiquement le dos, comme si cela avait de l’importance à présent, fit tomber sa jupe, retira sa culotte, se coucha sur la table basse, resserra son tricot sur sa poitrine, remonta les genoux et écarta ses rondes cuisses blanches.
– Je suis prête, marmonna-t-elle.
Il s’agenouilla devant elle, dévissa la bouteille de gnôle, les doigts érigés, et versa le liquide translucide sur la longue aiguille à tricoter.
PARIS, OCTOBRE 2006
Alex éprouvait un semblant de bonheur ; il lui restait une bonne bouteille de la veille, achetée pour quelques euros qui avaient atterri dans son chapeau quand il avait poussé la chansonnette – des airs lyriques et presque sobres – devant la bouche de métro tout près du fleuve et du majestueux hôtel de ville. Il y avait mis toute son âme, comme s’il était Ferré même, le cœur ému et les cordes vocales vibrant sur Avec le temps , et comme s’il tentait de se convaincre que le sens des paroles lui était tout destiné. Quelques passants s’étaient même attardés quelques minutes pour l’écouter, l’applaudissant avec enthousiasme, comme lui autrefois avec d’autres troubadours. Lors de ces deux petites heures, Alex s’était à nouveau senti humain, un chanteur de talent, pas seulement un animal parasite. Il allait le refaire, voulait encore connaitre le rare sentiment de bien-être se répandre dans son corps imposant, regarder les gens droit dans les yeux sans honte. Pour après aller s’acheter quelques bouteilles avec des sous bien mérités et honnêtement gagnés. Il ne faisait pas dans la mendicité, ne le ferait jamais, il voulait garder son honneur jusqu’à son dernier souffle, c’était tout ce qu’il lui restait.
Il poussa de côté le grand carton dont il s’était couvert, tel un plafond qui le protégeait du monde extérieur, et se glissa hors du sac de couchage qu’il avait apporté du canal où se trouvaient les quelques biens matériels qu’il avait gardés ; le classeur rempli de vieux souvenirs dans lequel il cherchait de l’apaisement quand l’existence devenait trop écrasante ; les petits trésors que les gens avaient abandonnés sur les trottoirs ou dans les poubelles et qu’il allait retaper et revendre au marché aux puces de Clignancourt. Mais au canal, tout le monde connaissait tout le monde, en tout cas, tout le monde le connaissait lui. On venait le solliciter pour une oreille attentive, du réconfort pour une âme perdue ou pour une tape paternelle sur l’épaule. Un peu trop souvent dernièrement. Mais même dans la misère, il y avait une hiérarchie, et le destin des autres, il s’en préoccupait, il était ainsi fait. Mais quand il avait besoin de paix, il descendait ici, sur les bords de Seine, au port du Louvre. Quand il éprouvait le besoin de faire un tri dans ses pensées. Ou tout simplement pour se saouler tout seul. Avec du vin, pas un casse-pattes brutal, l’ivresse cotonneuse du rouge le laissait sombrer lentement dans un monde propre à lui, le ramenait vers ce dont il avait fait partie, donnant à la volonté le temps de repousser tout ce qui était douloureux. Sans devoir parler avec qui que ce soit. Mais ce matin, il avait presque envie de saisir la vie à nouveau, se réveillant la tête remplie de musique. Embrasse-moi d’Aznavour. Il sourit tout seul quand il s’aperçut de son haleine d’ivrogne chargée, son odeur corporelle pugnace ; obtenir un baiser serait certainement compliqué.
Il passa sa paluche dans sa tignasse épaisse, salua d’un hochement de tête amical un homme passant par là avec sa mallette et qui le lui rendit brièvement en accélérant le pas. Probablement par peur de se faire importuner.
La bonne humeur d’Alex s’envola aussi vite que les miettes de pain qu’il avait pour habitude de donner aux moineaux au petit matin. Il chercha dans son sac de couchage la bouteille de vin, la déboucha et la vida à moitié d’un seul trait, lâcha un profond soupir, fit les quelques pas jusqu’à la rive, monta sur l’embarcadère et se coucha sur le ventre. Il avait beaucoup plu à l’intérieur des terres, le fleuve était plein, il allait probablement déborder comme l’année précédente. L’eau de la Seine était à peu près propre, elle dégageait en tout cas moins de puanteur que sa barbe de quelques jours ; il avait dû vomir, il ne s’en souvenait plus. Il cracha au loin, plongea les deux mains dans l’eau froide pour s’en asperger la tête, mais frôla quelque chose coincé dans le métal sous une amarre pour les péniches. Des cheveux. Des cheveux de femme. Mais, que diable…
1
Quand la sonnerie du portable envoya son jazz manouche enfiévré, Éva Lévy était déjà réveillée. Le numéro de la brigade s’afficha. Elle laissa sonner, ils n’avaient qu’à lui laisser un message. Mais Samuel se leva, lui fit un baiser dans le cou et, comme chaque matin, passa ses doigts dans ses longs cheveux avant de disparaitre dans la cuisine, mettre en route la cafetière et prendre sa douche. Éva demeura couchée, muette et immobile, le cœur en miettes et le corps raidi. En se réveillant, elle avait su d’emblée que ça s’était encore mal passé. Sans l’ombre d’un doute.
Elle se retourna sur le ventre, enfonça le nez dans l’oreiller moelleux et tira la couette fleurie par-dessus sa tête, restant ainsi jusqu’à ce que Samuel revienne de la douche. Elle n’avait pas le courage de lui dire, pas maintenant… Alors, elle prétendait dormir, mais le savait debout là, à ses côtés, en train de se préparer ; grand et sec, ses cheveux châtains encore humides frisant légèrement au-dessus du col de sa chemise, ses yeux doux et enjoués la contemplant tout en faisant son nœud de cravate. Il souriait probablement un peu du fait qu’elle ne semb

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