Le sang des forêts
117 pages
Français

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Description

Le trafic de coke tisse des liens sanglants. Les zones interdites du Venezuela chaviste, les rumeurs anonymes de San Luca, les déchéances meurtrières de Montréal et les réserves amérindiennes contestataires du Québec libéral se mêlent dans la deuxième enquête de Jean Royer, Sergent détective au service de police de la ville de Montréal.
Échappant aux dérives criminelles du milieu de la construction, il se lance à la poursuite d’un mandataire sadique de la ‘ Ndrangheta :Ramone.
Ce prince du crime des bidonvilles de Caracas a décidé d’anéantir les forces de l’ordre de la Belle Province.
Borderline, Jean Royer, va oser se frotter à ces réalités et révéler le secret des contradictions québécoises. En contrepoint de cette deuxième enquête horrifique, le quotidien de “l’embrocheur” se dévoile progressivement. Ce pervers absolu né dans La sentence de juillet trouvera sa vérité dans l’épilogue de la trilogie : Le labyrinthe des mirages.
Le sang des forêts scelle le talent de l’un des écrivains les plus atypiques de sa génération. Son univers poétique rugueux épouse le rythme du jazz, créant une atmosphère unique, dérangeante, tant elle plonge dans les ténèbres.


ean-François LEBLANC est né à Montréal en 1980. Écrivain, poète (Éditions du Noroît), il est enseignant de français et de littérature au Collège Montmorency à Laval, au Collège de Maisonneuve à Montréal et mène des études doctorales en création littéraire à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Jean-François LEBLANC est le créateur de la trilogie des enquêtes du Sergent-détective Jean Royer, du SPVM. Il a obtenu en 2013 le prix Léopold à l’unanimité, lors du Festival du roman policier de Lunéville.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 août 2015
Nombre de lectures 9
EAN13 9791091590266
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Photo de couverture : Alexis Vertefeuille © La Valette-Éditeur
Collection Haret Noir www.lavalettediteur.fr
ISBN : 979-10-91590-26-6
À Liette Tessier, ma mère
La beauté, c’est ce que nous raconte
le temps avant de nous tuer .
Yvon Rivard, Le Siècle de Jeanne
Table des matières
Couverture
Page de titre
Page de copyright
Dédicace
Exergue
Prologue
Première partie
Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV
Chapitre V
Chapitre VI
Chapitre VII
Chapitre VIII
Chapitre IX
Chapitre X
Chapitre XI
Chapitre XII
Chapitre XIII
Chapitre XIV
Chapitre XV
Chapitre XVI
Deuxième partie
Chapitre XVII
Chapitre XVIII
Chapitre XIX
Chapitre XX
Chapitre XXI
Chapitre XXII
Chapitre XXIII
Chapitre XXIV
Chapitre XXV
Chapitre XXVI
Troisième partie
Chapitre XXVII
Chapitre XXVIII
Chapitre XXIX
Chapitre XXX
Chapitre XXXI
Chapitre XXXII
Chapitre XXXIII
Prologue

Il n’était plus lui-même .
Plus du tout, tandis que l’urine baptisait l’écorce du chêne et ruisselait sur le sol où la vermine cherchait à poursuivre le premier banquet de la pleine lune, soit la dégustation d’un mulot de campagne, éventré. Arrivé du ciel tel une comète infernale, le mégot achevait ses triples vrilles pour mieux assassiner, au sol, quelques insectes encore résolus à manger toute la chair animale disponible. L’homme regardait la cigarette s’éteindre au contact de sa pisse. Ressassant en lui-même le souvenir des trois gamins embrochés derrière la grange désormais abandonnée de Sainte-Béatrix, son sang bouillait de plus en plus, créant une onde de choc dans ses tempes, ses bras, ses jambes, ses mains. Son sexe se gonflait ; le souffle rêche, il se souvenait du plaisir immonde ressenti lors du coït anal perpétré chez les trois garçons .
En lui, au cœur de mille et une représentations fantasmées de la réalité, se dressait un immense territoire vierge, toujours pur, impossible à violer de quiconque sinon de lui .
Seul, il régnait sur ces terres mentales difficiles à défricher, sur lesquelles des milliers d’arbres se dressaient, formant une armée opaque, dure, puissante, supportée de mille bêtes propres à la nuit, aux ténèbres, à l’horreur la plus abjecte et brutale qui soit .
Appuyant sa main gauche contre l’écorce du chêne, il dézippa de sa droite sa combinaison de travail, détacha sa ceinture, baissa frénétiquement son pantalon afin de libérer sa verge et il commença à se masturber au souvenir interdit des cadavres passés. Ne parvenant pas à revoir précisément le visage de ceux-ci avant leur rapt, il fronça plus encore les paupières, cherchant au creux de sa mémoire déficiente les traits si innocents de ses victimes sans défense .
Mais rien ne venait. Rien. Sinon du noir. Il était vide. Et son sexe, asséché par la réalité de sa condition .
Une colère sourde s’empara de lui, ne pouvant pas atteindre son plaisir, il se retourna, déchaîné, pour marcher d’un pas décidé vers l’Impala noire immobilisée sur le bord de l’autoroute 40, dans un tronçon perdu, entre Trois-Rivières et Montréal. Enfilant à nouveau sa cagoule réfugiée dans la poche arrière de sa combinaison de garagiste, il respira d’excitation, les yeux chargés d’adrénaline et de nouveauté. Sentant son sexe toujours aussi dur, il le recouvrit fébrilement d’un préservatif .
Le coffre du véhicule fut ouvert de ses mains tremblantes. Sous la lumière rouge logée dans les parois intérieures de la voiture, l’enfant terrifié le regarda, les mains ligotées, un bâillon sale sur la bouche, les jambes recouvertes d’urine et de merde éjectées par la peur .
Tous les deux se reconnurent dans la nuit obscure ; ils saisissaient ce qui viendrait irrémédiablement les séparer dans une union innommable. Sortant l’enfant, le tenant fermement par les cheveux, il le dirigea contre le chêne souillé de lui. Appuyant violemment ce doux visage contre l’écorce qui écorcha cette joue imberbe, il prit un couteau de chasse, extirpé agilement de son ceinturon. D’un trait direct, il égorgea l’enfant qui ne put émettre le moindre cri et qui sentit sa tête être tirée vers l’arrière, laissant les carotides du cou éjecter plus rapidement encore le sang du corps dont il s’évaporait, voyant dans le ciel couvert et totalement insensible à toute lumière, les visages pourtant blancs de sa mère, de son père, de sa sœur et de sa mort, vision qui coïncida avec une pénétration sordide .
L’homme râlait de plaisir en sentant s’écouler le sang sur son sexe, provenant de l’anus mais aussi d’une seconde coupure exercée dans le dos, telle une nouvelle fantaisie subite qui dérogeait à sa manière bien à lui de tuer l’enfance. La chaleur de l’hémoglobine et celle du corps faisaient en sorte de masquer l’humidité froide d’octobre .
Après un cri entendu de personne, l’homme se retira du cadavre saccagé. Immédiatement, il prit soin d’ôter minutieusement le préservatif afin de le ranger dans un ziploc 1 qu’il glissa dans une des poches de son bleu de travail. Essoufflé, il regarda l’autoroute, alluma une clope et décida d’éventrer le garçon afin d’accélérer le repérage des bêtes qui verraient à mâcher cette chair tendre. Le sang coula encore sur le sol de la forêt. Il saisit alors la tige de métal léchée par lui qui attendait sagement par terre, l’enfonça d’un trait pour empaler l’enfant, de l’anus à l’abdomen, puis il prit le cadavre massacré à bras-le-corps et s’enfonça davantage dans les bois. Il se sentait libre .
Libre de recommencer .
Notes
1 . Ziploc : sac plastique.
Première partie
I

— JE NE SORTIRAI PAS D’ICI !
Royer fixait droit dans les yeux le revendeur de cocaïne, totalement boosté par la coke, alors que la musique du bar continuait de défoncer l’endroit. Plus personne ne bougeait : les agents du Groupe tactique d’intervention du SPVM, communément appelé le GTI, tous placés sous la direction de Royer pour l’occasion, encerclaient et dominaient l’endroit, un bar clandestin de l’avenue du Parc.
— T’ENTENDS, ESPÈCE DE CONNARD ? JE NE SORTIRAI PAS D’ICI !
Imperturbable, Royer fit un signe de la main à la sous-merde placée à quelques pas devant lui. Armé, le type menaçait de tirer sur trois jeunes femmes, qui se soudaient les unes aux autres, se retenant de respirer.
— QU’EST-CE QUE TU FOUS ?
Royer enleva lentement son veston qu’il lança d’un geste latéral sur le bar. Il retira par la suite le ceinturon retenant son arme et le laissa à l’attention d’un agent du GTI placé derrière lui.
— SALE CON DE FLIC ! ARRÊTE TON CINÉMA ET NE BOUGE PLUS !
Royer s’avança en direction du désespéré, d’un pas lent, les mains libres et les bras levés. Parvenu devant l’individu, il resta immobile, silencieux, continuant de fixer sa proie, le regard braisé.
— Je vais te buter… SALE PUTAIN DE FLIC !
Royer ne broncha pas et attendit. Le gars ramena son arme dans sa direction, à la hauteur de sa poitrine protégée par son gilet pare-balles. The Revolution électrisait l’atmosphère avec la pièce Cuba Boom . Au travers des lumières multicolores de l’endroit, le laser rouge d’un tireur d’élite du GTI apparut sur le bras du revendeur qui, s’apercevant de la chose lui-même, eut un mouvement de recul, jumelé à un retournement instinctif de sa tête. Royer saisit alors son bras, le retroussa par une clé de judo, s’accapara l’arme, qu’il laissa tomber derrière lui, pour ensuite asséner six coups précis de sa paume droite au plexus de l’énergumène.
Le souffle coupé, le type tenta de plier son corps, ce que Royer empêcha, le saisissant par les cheveux, le retournant face au mur pour mieux aller lui fracasser le crâne d’un geste radical. Lui tirant les cheveux vers l’arrière et s’approchant de son oreille, il commença finalement à lui parler.
— Ramone.
— Va chier !
— Ramone, je veux Ramone…
— ARRRGGGGGHHH !
— Donne-moi Ramone.
— MEEEERRRRDDDEEEE, MON BRAAAAASSSSS !
— Ramone, je veux Ramone…
— TU VAS ME PÉTER LE BRAASSSS !
— Donne-le-moi…
— JAMAAARRRRGGGHHHH!!!
Royer acheva de lui casser le bras, tandis que la pièce Cuba Boom du groupe The Revolution continuait d’ensevelir les lieux dans les couleurs vives des luminaires, malgré le fait que personne ne dansait plus depuis un bon moment déjà dans ce bouge illégal de l’arrondissement Ville-Marie.
Laissant tomber le type qui chialait comme un fou, Royer récupéra son arme des mains de l’agent d’intervention placé derrière lui lors de son approche, et totalement soufflé par sa première descente vécue au sein du GTI du SPVM.
Se dirigeant vers le bar, Royer reprit son veston qu’il enfila simplement ; regardant le barman, il lui fit signe de s’approcher.
— Ramone…
— Je lui dirai…
— Donne-moi Ramone…
— Il ne vient ici que rarement et je…
Royer s’approcha encore de son visage.
— Je le ferai venir demain, sans faute, vers vingt heures ! Ici, au bar même, je le jure, je ferai tout mon possible pour qu’il vienne.
— Ton nom.
— Jim… Jim Daniels.
Royer nota son nom dans son iPhone.
— Demain.
— Je serai là, je serai là !
Royer fixa une dernière fois Jim Daniels.
— C’est dans ton intérêt.
Puis, il s’adressa à deux agents d’intervention du GTI. L’un d’eux s’appelait Karim Khoury.
— Vous deux, avec moi, à l’extérieur.
Dehors, l’avenue du Parc débordait de Montréalais se rendant au parc du Mont-Royal, par l’intersection de l’avenue des Pins, afin de pénétrer dans l’enceinte du Stade Memorial Percival-Molson, où les Alouettes de Montréal recevaient les Stampeders de Calgary. La clameur de la foule s’entendait déjà, portée par le vent de cette fin d’octobre qui frôlait le Mont-Royal pour mieux aller embrasser les promeneurs.
Parvenu près de son nouvel Audi SQ5, d’un bleu clair de lune métallisé, Royer leur dicta ses directives.
— Vous vous pointerez ici demain, en civil, pour dix-huit heures. Une équipe vous couvrira de l’extérieur, sur la terrasse attenante à l’endroit, ainsi que de l’autre côté de la rue, à partir des balcons que l’on voit d’ici. Dès que Ramone se pointe, vous me contactez directement à ce numéro. Ne tentez rien sans ma présence

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