Ni vu, ni connu
40 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
40 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description


NI VU, NI CONNU


Le docteur Joubert est appelé au chevet de Monsieur Giraud qui se tord de douleurs. Les manifestations sont celles du « tétanos ». Pourtant, malgré un remède de cheval, le malade décède.


Alors qu’il remplit le permis d’inhumer, le médecin se souvient d’un article scientifique qu’il vient de lire et dans lequel il est affirmé que les symptômes du « tétanos » peuvent être confondus avec ceux d’un empoisonnement à la strychnine. Il contacte alors immédiatement la police pour prévenir d’un crime.


C’est le Commissaire ODILON QUENTIN qui sera chargé de l’affaire. Aux dépens de la victime, il apprendra, lui, le « bon vivant », que l’appétit peut être un très vilain défaut.


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9782373471151
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

couve

Odilon QUENTIN

 

* 9 *

NI VU, NI CONNU

Roman policier

 

par Charles RICHEBOURG

CHAPITRE PREMIER

 

Comme il arrive très souvent, le hasard joua, au départ de l'affaire, un rôle primordial.

Vers trois heures du matin, le docteur Joubert fut appelé au chevet d'un malade qu'il ne connaissait pas. Le praticien était jeune encore puisqu'il avait à peine dépassé le milieu de la trentaine, mais la rapidité et la sûreté de son diagnostic lui avaient assuré, dans le quartier de la rue du Bac, où il était installé depuis six ans, une réputation d'habileté qui allait s'élargissant.

Il prit donc le chemin de l'appartement de son patient, tandis que la concierge de ce dernier, tout en gravissant les escaliers, lui donnait des explications confuses :

— Si c'est pas malheureux !... gémissait-elle. V'là ce brave homme qui se donne un peu de bon temps pendant l'absence de sa femme, et, crac... il tombe malade à crever !

— Il est tout seul en ce moment ?

— Naturellement, puisque m'ame Giraud est dans le Midi depuis cinq ou six jours !

— Il s'appelle Giraud ?

— Oui, Pierre Giraud ! Il est comptable en chef dans une grosse maison d'import-export de la rive droite. C'est des gens bien !

— Pourquoi m'avez-vous appelé plutôt que le médecin traitant ?

En voilà une question à poser ! Mme Pichon en eut le souffle coupé ; et pour y répondre, elle se campa sur le palier les deux poings sur les hanches, devant son interlocuteur à qui, résolument, elle barrait le passage :

— Pourquoi ? répéta-t-elle comme si le médecin venait de proférer une énormité. D'abord et primo, parce que j'le connais pas ! M'sieur Giraud a une santé de fer, sauf quand il a trop mangé et qu'il doit prendre du bicarbonate de soude pour son estomac. Ensuite et deuxio, parce que vous habitez comme qui dirait à côté de la porte !

Après avoir proféré cette explication définitive, elle laissa enfin passer l'homme de l'art, qui trouva son malade dans un état pitoyable.

Pierre Giraud était étendu, en pyjama, sur son lit dont les couvertures et les draps en désordre étaient roulés en boule ; robuste gaillard d'une quarantaine d'années, le malheureux était la proie d'une fièvre ardente, il hurlait comme un damné, et présentait au surplus des spasmes musculaires effroyables. Devant ces caractères nettement déterminés, Joubert n'hésita pas une seconde :

— Tétanos... décréta-t-il. Ma femme est réveillée ; c'est elle qui me sert d'infirmière ; courez lui demander des ampoules de chloral !

Malgré sa corpulence de quinquagénaire bien nourrie, la concierge s'exécuta avec une célérité qu'on ne lui eût que difficilement soupçonnée, et elle revint, dix minutes plus tard, essoufflée, tenant dans ses mains tremblantes d'émotion le médicament demandé, ainsi qu'une boîte nickelée qui contenait des seringues de Pravaz et les aiguilles indispensables.

Sans perdre un instant, le médecin fit deux injections consécutives, puis il posa la question qui lui brûlait les lèvres :

— M. Giraud était-il en contact fréquent avec des chevaux ?

— Ça, alors ! fit la grosse femme scandalisée, en jetant les bras au ciel. Si vous voulez « incinérer » qu'il allait aux courses, vous vous mettez le doigt dans l'œil. Il jouait au billard... C'était sa seule distraction !

— Je ne parle pas d'hippodromes, mais de chevaux en général... Des canassons, si vous préférez !

Cette précision eut pour effet de ramener un peu de calme dans l'esprit courroucé de la concierge. Elle avait été outrée que l'on pût soupçonner M. Giraud, un homme si bien, de dilapider son patrimoine sur le turf !

— Si c'est ça que vous voulez dire... admit-elle, c'est après tout bien possible ! Dans une grosse boîte comme la sienne, ils utilisent peut-être des charrettes pour leurs transports...

Visiblement, l'état du malade empirait de minute en minute ; les deux injections de chloral ne produisaient aucun effet, et Joubert en pratiqua une troisième, puis une quatrième.

— Impossible d'aller plus loin... déclara-t-il. Normalement, une dose aussi massive devrait produire un effet quasi instantané.

Il attendit encore une demi-heure, trois quarts d'heure... rien n'y fit. Pierre Giraud mourut sous ses yeux, dans un spasme atroce, cinquante minutes exactement après la dernière piqûre. Il était cinq heures du matin.

Affalée sur une chaise, sa volumineuse poitrine retombant en cascades sur les bourrelets de son ventre, Mme Pichon poussait de petits gémissements plaintifs, tandis que son regard apeuré faisait la navette entre le lit où reposait le cadavre et la table où écrivait le médecin.

Il rédigeait une courte note, avec la concision qui lui était habituelle ; elle contenait, simplement :

« Appelé ce matin à trois heures auprès de Giraud (Pierre), 73, rue du Bac, deuxième étage, j'y ai fait les constatations suivantes :

« Symptômes : contraction des mâchoires ;

« Convulsions et spasmes musculaires ;

« Température très élevée ; 41,8 ;

« Sueurs profuses.

« Diagnostic : tétanos.

« Médication : chloral à doses massives.

« Je signale que le patient est décédé à cinq heures trois minutes, sans que le traitement ait donné les résultats attendus. »

— Voici... dit-il en tendant le papier sous enveloppe à la concierge ; vous remettrez ce pli au médecin légiste, lorsqu'il viendra tout à l'heure.

Puis il ramassa ses instruments et prit congé, se demandant s'il irait se recoucher pendant une heure ou s'il ne ferait pas mieux de se rendre directement à Lariboisière, où il était adjoint au chef du service de cardiologie.

La pipelette, de son côté, ne resta pas...

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents